Ségolène Royal est incontestablement la plus populaire

François Hollande



Entretien avec François Hollande, premier secrétaire du Parti socialiste, paru dans le quotidien gratuit 20 Minutes daté du 13 novembre 2006
Propos recueillis par Stéphane Colineau et Bastien Bonnefous


 

La campagne interne au PS touche à sa fin. Que changeriez-vous si c'était à refaire ?
La campagne a été longue. Ayant commencé avant le dépôt officiel des candidatures, elle a duré près de dix mois. Pour l'avenir, je vois deux méthodes possibles. Soit c'est le congrès du PS qui investit le candidat ou la candidate un an avant l'élection présidentielle. Soit, deuxième option, nous pourrions soumettre la désignation de notre candidat à tous les électeurs socialistes. Comme lors des primaires à l'italienne. Si nous allions plus loin dans le rassemblement autour du PS dans les années qui viennent, alors je serais favorable à cette formule pour qu'il n'y ait qu'un seul candidat pour toute la gauche de gouvernement.

La partialité des débats a été mise en cause. Y a-t-il des garde-fous à mettre en place ?
Les principales vigies sont les militants eux-mêmes. Quand il y a un débordement, une dérive, la sanction vient toujours par le vote. Certains ont utilisé des procédés, nous verrons comment l'interpréteront les militants.

A quels procédés faites-vous allusion ?
Il n'y avait pas besoin d'utiliser une vidéo, un document qui n'avait pas à être diffusé et qui datait de janvier, pour interpeller Ségolène Royal sur des positions sur l'école qu'elle avait déjà exprimées. Il valait mieux lui demander des explications pendant les débats.

S'il s'avère que c'est un élu proche de DSK qui a diffusé cette vidéo, faut-il envisager des sanctions à son encontre ?
Le temps n'est pas aux sanctions, il est au rassemblement et au vote. La démocratie est la plus belle des disciplines.

Ne craignez-vous pas que cette campagne laisse des divisions profondes ?
On ne pourra se passer d'aucune sensibilité, d'aucune compétence, d'aucune personnalité. C'est mon rôle d'y veiller. C'est pourquoi, en tant que premier secrétaire, j'ai veillé à ne pas exprimer mon choix avant le vote.

C'est inédit de la part d'un premier secrétaire du PS.
Tout est inédit dans cette primaire. Le premier secrétaire n'est pas candidat, et il y a trois prétendants. Mon rôle n'est pas de peser sur le vote mais de faire en sorte que le choix des militants devienne celui des Français.

Alors ne faut-il pas intervenir quand le fabiusien Jean-Luc Mélenchon dénonce par avance des fraudes de la part de certaines fédérations ?
Oui, parce que toutes les garanties ont été données pour un vote loyal. Des contrôles pourront être faits dans chaque fédération le jour du scrutin. Et la liste électorale des 220 000 adhérents du PS est connue de tous. Jamais une élection n'aura été aussi transparente.

Tous les candidats sont-ils restés dans les clous du projet ?
Certains sont allés plus loin : Laurent Fabius sur le smic, Dominique Strauss-Kahn sur l'enseignement supérieur, Ségolène Royal sur la démocratie participative. Mais ils ne sont pas sortis de leur rôle. Ce que je n'aurais pas admis, c'est que l'un d'eux puisse dire que telle proposition du projet ne serait pas appliquée.

Une idée nouvelle a-t-elle retenu votre attention ?
J'ai trouvé que les meilleures idées étaient déjà dans notre projet. Beaucoup n'ont d'ailleurs pas été assez défendues. Par exemple, celle du «bouclier logement», qui garantirait à chaque ménage modeste de ne pas consacrer plus de 25 % de son revenu à son loyer. Je le signalerai moi-même au candidat une fois désigné.

Au vu des sondages, peut-on dire que Ségolène Royal est la socialiste la mieux armée pour battre la droite ?
Elle est incontestablement la plus populaire des socialistes. Mais ça ne veut pas dire qu'elle sera désignée. Les militants sont libres de savoir qui peut les faire gagner. Et ça ne veut pas dire que la présidentielle soit d'ores et déjà gagnée. Notre candidat n'y arrivera pas seul. Nous devrons absolument porter un projet collectif.

Comme en 2002 la gauche parait divisée. La candidature Chevènement vous semble-t-elle utile ?
Elle n'est pas utile, ni souhaitable, mais à nous de faire des propositions pour qu'il puisse se retrouver derrière notre propre candidature. Après, je le dis clairement, une fois que nous aurons fait toutes les démarches de rassemblement, moi, je ferai campagne sur le thème du vote utile. On ne peut prendre le risque de ne pas être au second tour, et je rappelle que la dynamique de victoire s'installe dès le premier tour.

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