8ème rassemblement des secrétaires de section


 Intervention de François Hollande à La Mutualité le dimanche 27 janvier 2002
 

Cher(e)s camarades,
Cher(e)s ami(e)s,

Je veux d’abord remercier tous les secrétaires de section pour votre fidélité à ce rendez-vous désormais rituel. Vous y êtes sans doute encore plus nombreux que les autres années. Et je vous sens mobilisés au point même d’être parfois impatient.

Notre 8ème réunion des Secrétaires de section prend, il est vrai aujourd’hui, un tour particulier. Nous sommes à moins de trois mois du premier tour d’une élection présidentielle que chacun sent à notre portée, mais aussi décisive pour le pays, décisive pour l’avenir de notre formation politique, décisive pour conforter notre majorité à l’Assemblée nationale.

Nous partons à cette bataille démocratique avec un acquis considérable : le travail accompli par le Gouvernement de Lionel Jospin qui nous fournit un socle de crédibilité par rapport à nos prédécesseurs et au bilan du Président sortant. Mais nous disposons – par rapport à nos concurrents - d’un autre atout, plus modeste sans doute, mais tout aussi majeur   C’est notre parti.

 Un parti rassemblé et uni, comme il l’a rarement été dans son histoire.

 Un parti qui, pendant cinq ans associé aux décisions du Gouvernement, a fait entendre sa voix, sans être obligé de créer le fracas.

 Un parti qui a débattu à l’occasion de deux Congrès et de nombreuses Conventions et qui a su faire vivre sa diversité.

 Un parti qui a affronté, depuis 1997, trois élections nationales majeures, avec un relatif succès (8 régions, 1ère place aux élections européennes, gain de villes aussi symboliques que Paris et je salue ici la présence de Bertrand Delanoë).

 Un parti qui, malgré ou grâce au nombre de personnalités de talent, a toujours préservé sa cohésion ; il faut d’ailleurs continuer à y veiller. Je m’y emploie raisonnablement et l’image de la Droite reste, pour nous tous, notre meilleure boussole, tant elle nous renseigne toujours sur ce qu’il ne faut pas faire.

 Un parti qui a gardé le cap stratégique qu’il s’était fixé en 1997 : la Gauche plurielle. Cela n’a pas toujours été simple. Ça ne l’est toujours pas. Mais cette majorité a tenu, sans artifice parlementaire ni échec législatif, tous nos textes sont passés. Cette gauche plurielle reste la clé du succès. Et nul en son sein – quoi qu’il en dise - ne dispose d’une solution alternative, sauf à accepter le repli solitaire (qui n’est pas gage d’avenir brillant) et la défaite collective.

 Enfin, un parti qui a su ces dernières semaines se mettre en ordre de marche : nous avons largement rendu compte de notre bilan, désigné la plupart de nos candidats et de nos candidates aux élections législatives, en respectant l’objectif de parité et en préparant les conditions d’un accord politique avec nos partenaires, et nous venons d’approuver largement notre projet, préparé depuis près d’un an par Martine Aubry.

Bref, nous sommes prêts. Rien ne manque. Pas même un candidat, même si le temps de la déclaration n’est pas encore venu. Il n’est pas loin, ni le candidat ni le moment. J’en connais qui s’interroge, rarement en notre sein, parfois à l’extérieur. Mais quand viendra-t-il ? Cet après-midi, nous le savons. Mais quand se déclarera-t-il ? J’appelle tous ses amis, ou qui se prétendent tels, de lire cette information décisive qui figure dans le calendrier de désignation de notre parti et qui a été présenté et arrêté d’ailleurs depuis de nombreux mois : la procédure s’ouvrira mi-février et se terminera fin février. Voilà, vous savez tout.

Aussi l’essentiel aujourd’hui est de se tourner vers l’avenir et vers les Français. Nous avons à préciser les grands enjeux de 2002 et à faire que notre campagne soit une campagne de victoires.

LES ENJEUX DE 2002

Les enjeux de 2002 se ne sont pas une confrontation personnelle, un règlement de compte entre protagonistes de la cohabitation ou un pugilat confus entre forces politiques. L’enjeu, c’est un débat essentiel qui engagera pendant cinq ans l’avenir de notre peuple et au-delà.

Ce scrutin intervient dans un contexte qui n’est déjà plus celui de 1995 (occasion ratée) ni celui de 1997 (sursaut réussi). La France a changé, et les aspirations des Français aussi. Le contexte international s’est lui-même modifié. Et l’Europe est devant un choix décisif.

Nous devons donc répondre à trois questions majeures à l’occasion de ce beau rendez-vous démocratique.

1°/ - Quel monde voulons-nous organiser ?

La France, parce qu’elle a toujours délivré un message universel, a son mot à dire sur la nécessaire régulation du monde. Elle ne peut laisser à une seule puissance, fut-elle alliée, en déterminer l’équilibre. Elle ne peut accepter la défaillance démocratique d’institutions internationales qui mettent, comme en Argentine, des pays à genoux.

La France ne peut tolérer que des défis aussi majeurs pour notre planète que l’environnement - et notamment l’eau et l’air - ne soient pas appréhendés avec la force et la vigilance qu’il conviendrait. La France doit prendre des initiatives pour le développement, pour lutter contre la faim dans le monde ou les maladies, pour traiter avec dignité l’autre partie du monde oubliée de tous et qui est pourtant la plus nombreuse. C’est le sens de notre proposition que nous continuerons à scander, celle de l’annulation de la dette des pays les plus pauvres.

Parce que nous sommes Français, parce que nous sommes socialistes, nous sommes responsables du monde, de ses progrès comme de ses plaies. Et je pense notamment au Proche-Orient, où Israéliens et Palestiniens n’en finissent pas de pleurer leurs morts et de nous appeler à l’aide pour conclure une paix qui ne vient pas. C’est aussi notre responsabilité dans cette élection que de le dire.

2°/ - Quelle Europe voulons-nous construire ?

Nous avons réalisé le mandat que François Mitterrand nous avait confié. Nous avons réussi le passage à l’euro.

Mais, une autre tâche nous attend, bien plus considérable encore : l’Europe politique -sans laquelle le monde ne retrouvera pas son équilibre, l’Europe sociale - sans laquelle le libéralisme ne sera jamais maîtrisé -, l’Europe de la culture - sans laquelle les identités, les diversités ne résisteront pas aux grands empires médiatiques.

3°/ - Quel modèle de société entendons-nous promouvoir ?

Celui de l’argent roi, de la réussite individuelle, du chacun pour soi ou des produits télé ? Ou celui de la solidarité, des garanties collectives, de l’égalité, de la laïcité, du civisme ? Bref, de l’intérêt général ?

Dans cette campagne, nous sommes le Parti de l’intérêt général. Notre plus grand adversaire, c’est le corporatisme, l’individualisme, l’indifférence civique.

C’est pourquoi, nous devons revenir dans les prochaines semaines, si nous voulons être convaincants, au sens même de la politique. Tel est le principe que nous posons dans notre projet :
 Concilier les Aspirations personnelles et garanties collectives ;
 Réduire les inégalités parce que c’est là notre drapeau : l’égalité et nous avons chaque fois à le porter toujours plus haut pour être fidèles à ceux qui nous ont précédés. Réduire les inégalités mais pas simplement dans leurs manifestations les plus criantes, mais les racines même ;
 Agir à la bonne dimension et au bon niveau : au niveau du Monde, de l’Europe, de la France, mais aussi au niveau des pouvoirs locaux.

Les priorités : elles se résument dans un principe : le mieux est possible à condition de le réaliser ensemble :

 le mieux avec une société du plein emploi :
Ce qui suppose de lutter avec encore plus d’intensité contre le chômage de longue durée. C’est la proposition des 200 000 contrats sociaux de travail :

 le mieux avec une société du savoir :
avec l’Education sur toute la vie et le compte épargne temps :

  le mieux à travers une société solidaire :
- avec la jeunesse (contrat volontaire de solidarité) ;
- avec les familles pour réconcilier la vie professionnelle avec la vie personnelle à travers le congé parental et les modes de garde) ;
- pour les retraites pour renforcer les régimes de répartition et créer l’épargne collective) ;
- pour les Territoires à travers une réforme de la fiscalité locale, et notamment de la Taxe d’Habitation, sans perdre l’autonomie des élus du choix de l’impôt :

 le mieux aussi en matière de sûreté :
Mieux punir (plus vite, plus juste) c’est nécessaire. Mieux prévenir surtout à travers l’Education, la santé, le suivi social. Faire en sorte que nous puissions au plus tôt - dans la vie scolaire notamment - repérer ceux qui vont s’enfuir, échapper aux règles collectives, qui sont prêts déjà à les transgresser. Cela coûtera cher pour l’éducation, la formation, l’insertion, le suivi social et les moyens supplémentaires pour la Justice et la police. Mais nous devons aussi promouvoir une société sûre d’elle-même, de ses valeurs, de ses principes, de ses règles et qui n’envisage pas pour lutter contre l’insécurité de transgresser les règles de droit qui valent pour tous.
Nous avons, sur ce domaine même de la sécurité dont la droite voudrait faire son terreau de prédilection pour les élections, une longueur d’avance parce que nous sommes les seuls à parler globalement de cette question, à trouver les réponses et surtout à y mettre les moyens. Car, comment faire autrement si on veut réduire le nombre de fonctionnaires, si on veut réduire les impôts drastiquement, si on veut entamer les dépenses publiques si ce n’est d’en privatiser les moyens ou d’en municipaliser les formes ?

 le mieux dans une société citoyenne :
Ce qui suppose de changer toutes les règles qui régissent tous les pouvoirs :
- le statut du chef de l’Etat ;
- le rôle du Parlement ;
- la Décentralisation ;
- la Démocratie sociale.
Tout doit être aujourd’hui repensé et renouvelé.

C’est en ce sens que le projet que nous présentons aujourd’hui est plus ambitieux encore qu’en 1997. D’abord parce que la dissolution nous avait pris de court dans notre effort de réflexion, ensuite parce que nous avons gouverné pendant cinq ans. Nous en avons tiré les leçons et évalué les contraintes par ailleurs nombreuses : un président de droite, un sénat de droite, un Conseil constitutionnel… de droite… L’idée c’est quand même de desserrer quelques contraintes. Alors, pour le Conseil constitutionnel nous verrons bien, pour le sénat ce sera long, mais pour le président de la République, c’est vraiment devenu nécessaire.
Un projet, le nôtre, n’existe jamais par lui-même. Il doit être confronté à d’autres, et notamment à celui de la droite.

La droite s’est longtemps dissimulée, masquée, cachée de peur de faire peur. Elle avait raison d’avoir cette crainte, elle est parfois lucide. Mais arrive le temps des épreuves, le temps des élections. Et il faut bien avancer des projets, des propositions. Mais lesquels ? Toujours les mêmes. Et son projet est aussi inquiétant, voire d’avantage que par le passé. Dans ce que nous dit le RPR, pour le moment, l’UEM se prépare et Jacques Chirac attend. Ce que nous dit déjà le RPR, c’est des mesures d’exclusion, toujours les mêmes.

Par exemple, l’exonération de charges sociales pour les jeunes dans les entreprises… On connaît. C’était déjà vrai sous Raymond Barre… C’est vous dire ! Et déjà à ce moment-là on prévoyait d’exonérer les charges sociales pour les jeunes et ça n’a eu qu’un seul effet : exclure les autres et de faire en sorte que des employeurs préfèrent embaucher ceux qui ne leur coûtent pas plutôt que ceux qui leur coûtent plus cher. Dans ces conditions, nous avons la version des files d’attente devant l’ANPE et rien d’autre. Nous avons hélas toujours ces phénomènes où l’on utilise les effets d’aubaine.

Il en est de même sur leur proposition, non pas de revenir sur les 35 heures nous disent-ils, mais de rendre libre les heures supplémentaires. Ce qui revient exactement au même et qui aboutirait d’ailleurs au pire, c’est-à-dire qu’il n’y ait plus d’embauches dans les entreprises puisqu’il y aurait cette possibilité de recourir jusqu’à satiété aux heures supplémentaires, sans que les salariés d’ailleurs n’aient le moindre choix, obligés d’accepter ces heures supplémentaires ou la porte, d’autant que la porte leur est largement ouverte puisque ce qui est demandé par la droite, c’est tout simplement l’abrogation de la loi de modernisation sociale.

Mesures aussi de creusement des inégalités. Je pensais que la droite avait fait sa réflexion sur les baisses d’impôts (puisque nous nous les avons réalisées). Mais de quels impôts parlent-ils aujourd’hui de baisser ? L’impôt des plus faibles ? L’impôt de tous ? NON ! D’abord l’ISF, extraordinaire retour ! Il s’agirait d’abord de supprimer la tranche supérieure de l’ISF ! Ils auraient dit au moins la tranche inférieure, c’eût été pour quelques classes moyennes qui auraient fait un héritage ! NON ! La tranche supérieure de l’ISF ! Et, pendant qu’ils y sont, ils mettent la réforme de l’impôt sur les successions ; ils veulent baisser l’impôt sur le revenu, notamment sur la tranche supérieure ; et introduire des mécanismes fiscaux, individuels bien sûr, pour favoriser la capitalisation. Mais, il n’y a pas que cela. Il y a aussi la baisse des impôts sur les sociétés ! Qu’ils nous disent au plus bas niveau européen (30 %). Et puis, pour faire bon poids, l’impôt sur les plus values serait aussi supprimé.

Alors, pour compenser sans doute les effets de cette politique, ils envisagent d’aider les familles sans condition de ressources ! Ce serait tellement plus injuste de procéder autrement !

Mesures dangereuses sur la Justice. Ils s’étaient un moment laissés aller vers l’indépendance de la Justice. Ils en sont revenus.

Mesures dangereuses pour les fonctionnaires. Ah ! Voilà l’ennemi de la droite : le fonctionnaire ! Il est prévu de remplacer de ne remplacer qu’un ou deux fonctionnaires sur trois partant à la retraite. Et, en même temps, les mêmes nous disent qu’il en faut d’avantage pour la police, la Justice, la santé, et même les militaires. Car la seule dépense que le RPR propose d’augmenter clairement, c’est la loi de programmation militaire. C’est sans doute pour répondre à la volonté de Jacques Chirac de créer un deuxième porte-avion… Ce qui est, c’est vrai, l’attente majeure des Français aujourd’hui !

Alors, à regarder de près et sans tomber dans la caricature, quand on regarde les baisses d’impôts, la capitalisation, la concurrence de la Sécurité sociale et les mises en cause de la dépense publique, il ne s’agit de rien d’autre que du programme du Medef ; et en fait, sans doute que Jacques Chirac est le Chef d’orchestre, mais c’est tout de même le Medef qui tient la baguette.

Il nous faut, maintenant que nous connaissons le programme et des autres et que nous sommes en ordre de marche, engager la campagne de 2002 pour gagner

LA CAMPAGNE DE 2002

Elle ne peut être la campagne d’un seul, même du plus illustre d’entre nous. Il ne s’agit pas dans une élection présidentielle d’un combat personnel. Certes, il s’agit d’abord de choisir le Président (ce ne sera pas simple d’expliquer pour Jacques Chirac pourquoi, après avoir échoué 7 ans, il serait possible de réussir pendant les cinq prochaines années), mais aussi une équipe (ce ne sera pas facile de les réunir tous à droite. Et hier, au siège de campagne de Jacques Chirac - à l’Elysée donc - leur participation devenait un événement. Les gazettes nous rapportent dans un langage diplomatique insondable que la réunion s’est passée dans une " assez bonne ambiance "). C’est vous dire le climat.

La campagne de 2002 n’est pas non plus une affaire de communication, un art du paraître, une façon de s’habiller (ou de se déshabiller) ou un concours de poignées de mains ou de générosité organisée parfois à d’autres fins. Non que la sympathie, la chaleur personnelle, l’écoute des autres, l’humanité la plus élémentaire ne comptent pas pour nous, nous avons aussi un cœur humain. Mais, là-dessus, nous ne craignons rien. Nous, nous n’avons pas fait notre succès sur la désolation de notre camp, de notre famille politique ou la destruction de nos amis. Nous n’avons pas besoin de prendre des cours de maintien de l’expression publique, pas besoin non plus de lire un prompteur pour présenter nos vœux ! Il nous suffit simplement de faire de la politique.

Mais, l’élection de 2002 sera surtout le choix d’une conception de la politique.

La crédibilité

Elle est essentielle lorsque nous sommes en confrontation électorale. Promettre n’est rien. Tenir est tout. C’est ce qui distingue les hommes d’Etat des hommes de l’Etat. Les premiers veulent pouvoir agir, les autres veulent simplement le pouvoir.

Cinq ans après notre victoire de 1997, nous ne prétendons pas avoir tout fait ni tout bien fait. Mais au moins, ce que nous avions dit (emplois jeunes, 35 heures, CMU, parité…) nous l’avons réalisé. Nous pouvons venir devant les Français rendre compte de nos mandats respectifs, de nos actes et demandé à être jugés sur pièces. Qu’en est-il du Président sortant ? Quel bilan peut-il présenter ? Celui d’Alain Juppé pendant deux ans avec le succès que l’on sait et une suite – longue, très longue - de commentaires, de petites phrases, de conciliabules… Avec deux moments forts pendant ces cinq ans : le 14 juillet et le 31 décembre. Finalement, en matière de RTT, nous n’avions jamais pensé aller aussi loin ! Et qu’en est-il de l’autorité de l’Etat qui serait dégradée, affaiblie ? Qui a exercé pendant sept ans toutes la responsabilité de Chef de l’Etat ? Constater donc son affaiblissement, c’est avouer sa propre faiblesse.
Décidément, Philippe Séguin a raison parlant de son propre camp : " notre problème majeur aujourd’hui est un problème de crédibilité ". Pour une fois, Philippe Séguin mérite d’être écouté.

La vérité

Pierre Mendés France, dans un beau livre sur quelques grands hommes de notre Histoire, avait résumé leur parcours par la formule suivante : " la vérité guidait leurs pas ". Elle doit encore scander notre marche : Sur la sécurité, les retraites, l’Etat, nous devons dire vrai, avancer des propositions en rapport avec ce que nous voyons et non pas forcément en fonction de ce que nous espérons. La réalité est là, elle est incontestable ; elle nous frappe (on le voit bien sur la sécurité), elle est prochaine (on le voit bien sur les retraites). Nous devons porter la vérité en développant un discours d’intérêt général. Car quelle autre formule autrement ? Dire oui à tout le monde, c’est finalement dire non à chacun. C’est pourquoi, dans cette campagne qui s’ouvre, la vérité doit guider nos pas.

La volonté

Elle doit être l’expression de notre campagne qui ne peut se résumer à une épreuve de dissertation générale, de vœux pieux ou d’intentions louables. Elle doit être programmatique avec des objectifs connus à l’avance, une évaluation des engagements, un calendrier… Bref, un contrat avec le pays. Notre volonté doit se traduire par des réformes souvent retardées :

 Sur les Institutions : cumul des mandats, Sénat, droit de vote des étrangers. Il faudra sur ces questions-là ne pas perdre de temps et aller, sans doute, vers une consultation populaire pour en décider ;

 Sur la réforme de la Justice (non autorisée par le chef de l’Etat et la majorité au sénat) :
- Réforme de la Justice autour de deux règles : l’indépendance – nécessairement - et responsabilité. Il faudra aller vite si l’on veut avancer et mettre l’opinion à témoin ;

 Sur la Décentralisation : organisation de notre territoire, répartir également les moyens et réformer la fiscalité.

Nous devons aller vers les électeurs, non pas simplement avec des idées larges, non pas simplement avec des orientations générales, mais avec des engagements précis fondés sur une analyse de la société, marqués par nos priorités – notamment sociales - et exprimant une volonté de réforme forte. L’élection de 2002 ne doit pas être une occasion perdue. C’est un grand moment démocratique.

C’est pourquoi, il faut se garder des adhésions irraisonnées et faire une campagne d’arguments, une campagne de raison. Il y a quelques jours, à l’occasion d’une allocution à l’Ecole Saint Cyr, le président de la République a livré sa conception du commandement. Le seul ordre qui vaille a-t-il dit est aussi le plus simple : suivez-moi ! Et bien, le réflexe dont il faut absolument se préserver.

Il ne s’agit pas, pour nous, de demander aux Français de nous suivre. Il ne s’agit pas non plus de suivre les Français.

Il s’agit d’avoir un rapport du politique au citoyen, un rapport fondant clairement la relation avec des exigences d’un côté – la société qui nous appelle à la responsabilité - et de l’autre les engagements qui supposent une traduction.

LE RÔLE DU PS DANS CETTE CAMPAGNE

Il sera majeur. Alain Claeys (pour l’organisation et la trésorerie) François Rebsamen (pour les déplacements) Alain Bergounioux (pour la communication), et bien d’autres, sont déjà mobilisés avec leurs équipes.

Les premiers secrétaires de nos fédérations sont directement associés à la préparation des événements.

La FNESR intègre tous les élus dans nos dispositifs. Les groupes parlementaires (Jean-Marc Ayrault, Claude Estier, Pervenche Bérès) sont également sensibilisés à l’approche de l’élection présidentielle et des élections législatives, ce qui généralement intéresse davantage nos collègues parlementaires. Mais, ils savent bien que leur succès dépend aussi pour beaucoup de notre victoire.
L’équipe de campagne de notre candidat reposera - si Lionel Jospin est notre candidat - largement sur le PS, même s’il faut veiller à ne pas confondre les structures et à laisser de la liberté à celui qui nous représentera dans une élection où il sera bien plus que l’émanation de notre propre parti.

Les secrétaires de section seront les rouages essentiels à l’échelle locale.

Le PS dans cette campagne sortira encore plus fort et n’a pas vocation à disparaître. Nous avons nous à être plus fort encore, à être plus mobilisés encore, et à faire que quelle que soit l’issue du scrutin que ce que nous représentons demeure. Car le socialisme ne se réduit pas à une élection, c’est un mouvement qui a ses racines dans l’Histoire et qui a un avenir pour les prochaines années, parce que nous portons un idéal, une valeur qui dépassent tous les autres, qui dépassent toutes les aventures personnelles, toutes les ambitions individuelles : c’est la valeur de l’égalité et de la lutte pour que le progrès humain soit chaque fois porté dans une vie politique démocratique. C’est ce message-là que nous devons porter, chers camarades, au reste de notre pays. Nous sommes les seuls défenseurs dans cette campagne de notre idéal, bien sûr, mais du sens même de la politique.

CONCLUSION

C’est un rendez-vous pour la France. Il faut en respecter l’importance, l’enjeu, la gravité.

C’est un débat sérieux : nous n’avons pas besoin de manœuvre pour l’emporter. Nous laissons cela à d’autres, mais qu’il ne nous fasse pas le reproche d’inventer des affaires qui les concernent tous. Notre conception de la politique est d’abord de gagner sur des idées, sur des programmes, sur des projets et non pas sur des croches pieds, des chausses trappes ou des malentendus. C’est un débat clair sur des sujets de société et sur les hommes pour les porter.

Je suis confiant dans l’issue. Confiant, à regarder votre mobilisation d’aujourd’hui ; Confiant à regarder l’enjeu qui se présente à nous ; Confiant dans le rapport que nous avons su tisser avec les Français. Et, néanmoins, tout dépendra de vous et donc de nous. Disons-le fortement, beaucoup dépendra de Lionel. Parce qu’il est l’homme de cette situation.


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