Régionales 2004 : Rassemblement des secrétaires de section
Cela vaut la peine
de voter socialiste

François Hollande
Discours de François Hollande, Premier secrétaire du Parti socialiste, prononcé à la tribune le 25 janvier 2004
 
Chers camarades,

Notre 9ème rassemblement des secrétaires de section correspond au lancement de la campagne nationale des socialistes pour les élections régionales et cantonales de mars prochain.

J’avoue attendre longtemps ce moment. Pas simplement le moment de notre réunion des secrétaires de section, mais le moment de la campagne, le moment de l’élection. Cela fait presque deux ans que nous avons cette puissante envie d’aller devant les Français. Non pas pour demander justice, non pas pour demander réparation ; il n’y a rien ici à regretter quant au vote qui s’est produit. Il nous a frappés durement. Mais, aujourd’hui, il s’agit de préparer l’avenir. Il s’agit d’engager la campagne victorieuse. Aujourd’hui, il s’agit d’en finir avec une élection et d’en préparer une autre. Enfin, les citoyens vont pouvoir faire entendre leur voix. Enfin, la droite va subir le jugement des Français. Enfin, la gauche va être en mesure de présenter son projet et, peut-être, de lever une espérance.

Chacun, ici, mesure l’enjeu :
     Pour nos territoires, à l’évidence, puisqu’il s’agit de l’avenir de nos régions et de nos départements pour une durée de 6 ans.
     Pour notre pays, à l’évidence aussi, puisque le rapport de forces issu des élections fixera les limites même de l’action de la droite jusqu’à la fin de la législature.
     Pour la gauche, dont les structures et les formes sortiront modifiées par le résultat de la consultation.
     Pour la politique, puisque nous avons la responsabilité d’en assurer le renouveau, au risque - et nous l’avons mesuré - d’affaiblir dangereusement le pacte démocratique.

Chacun, ici, sent bien la caractéristique particulière, presque exceptionnelle, de ce scrutin. Véritable élection intermédiaire au cœur d’un quinquennat marqué par son origine, à savoir le 21 avril, et dont nous devons nous-mêmes relever le défi non pour l’effacer mais pour le dépasser.

Alors, pour toutes ces raisons, il faut gagner. Il faut que la gauche gagne les élections régionales et cantonales de mars prochain. Il faut gagner, parce que c’est la condition du progrès, parce que c’est l’étape indispensable et parce que c’est le moment où un pays peut retrouver la confiance quand, en l’occurrence, la droite retrouve le doute dans lequel et duquel elle n’aurait jamais dû sortir.

Chacun, ici, est déjà engagé depuis plusieurs semaines dans la confrontation qui s’annonce. Je connais votre implication militante. Je mesure déjà la force même de notre mobilisation derrière nos chefs de file dans les Régions et les Départements. Déjà, nos réunions se multiplient. Nous sentons même un mouvement qui s’ébauche, des sympathies qui se confirment, des soutiens qui se marquent, des encouragements qui se donnent.
Nous voyons aussi combien l’élection - encore lointaine - préoccupe bon nombre de nos concitoyens, peut-être ceux qui n’avaient complètement perçu l’enjeu d’il y a deux ans. J’en veux pour preuve la forte progression des inscriptions sur les listes électorales qui renseigne déjà sur l’envie du vote.

On nous demande d’aller plus loin, d’aller plus vite - mais là, ça ne dépend pas de nous. Ce que nous voulons faire, nous, c’est parler fort - sans doute -, c’est parler juste - nécessairement -, et en même temps, c’est de bien fixer la nature de l’échéance. Ce qui se joue là, au printemps, c’est une élection intermédiaire à caractère nationale, c’est une élection politique. Sans doute le gouvernement peut s’en inquiéter, et le Premier ministre d’abord. Sûrement voudrait-il qu’il n’y ait pas d’enjeu, pas d’interprétation, pas de compréhension du résultat. Mais, ce sont les électeurs qui vont se déterminer. Mais nous, nous devons avoir la franchise de dire que ces élections ne changeront sans doute pas la majorité - nous n’y pouvons rien ; elles changeront peut-être le gouvernement - c’est au Président le moment d’en décider éventuellement ; mais ce qui est sûr, c’est que si nous en décidons, un coup d’arrêt pourrait être marqué à l’égard de cette droite.

Alors oui ! Nous pourrons dire ensemble : ça suffit ! Il faut maintenant avancer, il faut maintenant réagir, il faut maintenant proposer une autre politique.

Et pourtant, si nous avons conscience, nous, de l’enjeu, nous savons que rien n’est acquis. Rien n’est sûr. Beaucoup de nos concitoyens sont encore loin de l’acte électoral. Certains doutent même de la nature de l’enjeu. Il y en a sûrement qui ignorent même l’existence d’une élection au printemps. C’est à eux qu’il faut s’adresser. C’est vers eux qu’il faut se tourner, parce que c’est par eux que la victoire passera.

Certes la droite parie sur une faible participation civique pour atténuer d’avance le sens qui pourrait être donné à l’élection elle-même. L’abstention la menace moins que le vote. Ce qu’elle redoute ce n’est pas l’indifférence, c’est au contraire l’implication. Ce qu’elle craint, c’est que cette France qui va mal lui dise enfin son fait.

Car il est vrai que cette France s’inquiète. Elle s’inquiète pour son avenir économique, et il y a de quoi. La croissance est au plus bas, les déficits sont au plus haut. Il y a cette panne de l’investissement, cette chute de la consommation, cet affaiblissement du pouvoir d’achat… Bref, le doute une nouvelle fois s’est installé.

L’inquiétude est aussi sociale avec la montée du chômage, la multiplication des plans sociaux dans le secteur privé (Nestlé France avec 15 000 suppressions d’emplois d’ici à 2007, Kodak…), mais aussi dans le secteur public (France Télécom, SNCF, EDF…). L’Etat lui-même montre le pire exemple en supprimant les emplois jeunes et en réduisant les recrutements des enseignants.

Et puis, il y a cette souffrance sociale qui ne s’exprime pas toujours, faite de précarité, de dureté des conditions de travail, d’instabilité, d’éclatement de la relation professionnelle. Situation d’autant plus insupportable que la droite régulièrement évoque une valorisation du travail qui ne se traduit nulle part sauf dans cette stigmatisation des chômeurs intolérable quand tant de femmes et d’hommes voudraient travailler.
Aux difficultés du présent s’ajoute une peur de l’avenir, entretenue comme à plaisir par les forces économiques qui en font commerce, mais, comme par calcul, par le Président de la République et le gouvernement pour justifier des réformes douloureuses au nom des adaptations indispensables. Elle fait passer pour du courage des réformes qui en fait ont la lâcheté de s’en prendre aux plus modestes et aux plus pauvres.

Dans cette France inquiète, souffrante même, ce que l’on attend du politique c’est de porter un projet collectif fixant clairement les objectifs, garantissant les solidarités indispensables, mobilisant les citoyens dans une démarche d’intérêt général. Mais, le pouvoir n’a pas choisi ni cette méthode ni cette façon de faire. Il navigue comme à la godille, il tire des bords pour escamoter les problèmes, cache ses intentions pleinement libérales dans des formules creuses et oppose les Français entre eux, de peur qu’ils ne s’opposent collectivement à lui. Le responsable, c’est les autres et jamais le pouvoir.

Le risque, ce n’est pas seulement la colère, mais le repli sur soi, le retour des communautarismes, c’est l’égoïsme. Dans tous les cas, c’est l’affaiblissement du modèle républicain et l’érosion de la communauté de destin que constitue notre Nation et que peut prolonger l’Europe.

La droite peut s’accommoder de cette crise civique. Elle a permis son succès, il y a deux ans. Elle peut encore la protéger demain si les extrémismes de toute nature venaient à progresser.

Voilà pourquoi ces élections ne s’inscrivent pas dans n’importe quel contexte. Il y a de la gravité dans l’enjeu. Le caractère national est au moins aussi important que les conséquences locales du vote.
Il y a de l’urgence désormais à intervenir. C’est maintenant qu’il faut réagir pour défendre l’essentiel. C’est maintenant qu’il faut dire : Stop, ça suffit ! C’est maintenant qu’il faut offrir des perspectives de changement. Et ça c’est le rôle de la gauche.

C’est pourquoi, à travers le vote socialiste, il s’agira à la fois de sanctionner, de dissuader et de proposer.

SANCTIONNER

Elle est légitime, elle est nécessaire, elle est méritée.

Le 21 mars, les Français ont une occasion exceptionnelle de porter un coup d’arrêt à une droite qui, depuis 20 mois, organise la régression sociale dans la confusion politique.

La régression

    La régression est générale : d’abord pour les plus pauvres, les chômeurs qui ont vu leurs allocations réduites, qui ont été exclus de l’UNEDIC, renvoyés vers l’ASS, renvoyés vers le RMI, avec comme seul espoir le RMA, c’est-à-dire un travail sans contrepartie et sans droit supplémentaire.

    Le gouvernement ne s’est pas arrêté là : il a aussi engagé un processus de démantèlement de l’ensemble des droits des salariés : remise en cause des 35 heures, suppression d’un jour férié, consécration des accords dérogatoires (ce que l’on appelle la Loi Fillon), développement des contrats précaires (travailleurs pauvres), suppression de la loi de modernisation sociale.

    C’est ce même gouvernement qui, au prétexte de rétablir des comptes sociaux - lesquels n’ont jamais été aussi déséquilibrés -, veut faire porter l’effort sur les mêmes, à travers l’allongement de la durée de cotisations pour les retraites, la hausse du forfait hospitalier, les déremboursements de médicaments.

    C’est cette même conception de la solidarité qui lui fait préférer la baisse de l’impôt sur le revenu et la hausse de tous les prélèvements indirects. C’est ce même souci de la justice sociale qui l’a conduit à supprimer tous les avantages des produits d’épargne populaire pour accorder de nouveaux privilèges fiscaux aux placements immobiliers et aux fonds de pension.

    La régression, c’est aussi le transfert par l’Etat de ses responsabilités sur les collectivités locales. Et, de la manière la plus inégalitaire qui soit, puisque, faute de compensations réelles et de péréquation sérieuse, les citoyens n’auront plus les mêmes droits selon leur lieu de résidence. Des collectivités rendues incapables d’assurer les compétences qui leur sont accordées. Tout cela au nom d’une décentralisation désormais dévoyée qui avait fait tant espérer et qui, aujourd’hui, inquiète.

    Mais, le gouvernement ne s’est pas simplement attaqué au présent. Il a aussi sacrifié l’avenir. L’Education n’est plus une priorité, mais une variable d’ajustement budgétaire. La culture vivante est déstabilisée par les modifications du régime des intermittents du spectacle.

    Et quel plus bel exemple de régression, de démission même devant l’avenir que le renoncement à l’effort de recherche. C’est toute la communauté scientifique qui est aujourd’hui en mouvement, non pour défendre ses droits, mais ses laboratoires menacés, pour défendre non pas son statut, mais la possibilité pour demain d’assurer la recherche fondamentale garantissant les progrès de la science, de la médecine, de la connaissance. Ce qu’ils font n’est pas seulement grave pour le présent, cela ampute toute possibilité de travailler pour l’avenir.

    Enfin, la régression, elle est aussi dans le droit, c’est-à-dire, dans la Justice. Au nom de la lutte légitime contre le crime, c’est un bouleversement des règles de droit pénal qui est engagé. La loi Perben est bien plus que la remise en cause - déjà grave - de la présomption d’innocence. Elle introduit, à travers une formule que l’on appelle « le plaider coupable », une condamnation sans procès, un système juridique qui rompt l’égalité entre les justiciables, permet tous les arrangements entre amis et fait du procureur le pivot central de la Justice au détriment des magistrats du siège. Il ne s’agit pas simplement d’une réforme, d’un recul, mais du retour de l’arbitraire.

    AINSI VA NOTRE PAYS DEPUIS 18 MOIS : de remises en cause, en reculs, de reniements en renoncements.

La confusion politique

    Mais, à la régression sociale s’ajoute la confusion politique. Elle est permanente.

    Confusion sciemment entretenue au plus haut sommet de l’Etat
    . C’est cette façon inimitable qu’a le Président de la République d’utiliser les mots, souvent les nôtres d’ailleurs, pour les priver de contenu, les détourner de leur sens. Ainsi, la décentralisation pour désengager l’Etat ; le développement durable pour augmenter l’impôt, la mobilisation pour l’emploi pour justifier la précarité, la sauvegarde de la Sécurité Sociale pour préparer le recours aux assurances privées.

    La volonté politique devient une litanie interminable de vœux dont on ne sait plus s’ils relèvent de l’engagement ou de la prière. Sur chaque sujet, chaque problème, des lois sont promues : loi sur l’emploi, loi sur l’Education, la recherche, la désindustrialisation… Qu’importe le flacon, pourvu qu’il y ait l’ivresse de l’annonce. Et, pour les plus récalcitrants, les plus dubitatifs, les plus incrédules, on fera miroiter une baisse de la TVA pour les uns et des TGV pour les autres. Qu’importe si, au bout du compte, les réalités démentent au même instant les proclamations, que les actes contredisent les paroles, pourvu que l’opinion s’y perde juste le temps d’un scrutin. C’est le seul objectif recherché. Terrible méthode qui abîme la politique, qui creuse l’écart entre les Français et leurs représentants, qui jette le trouble sur l’ensemble des engagements publics.

    Mais, il y a aussi la confusion politique dont je veux croire qu’elle est involontaire, même si elle n’en est pas moins pernicieuse. Car quand, sur un sujet aussi sensible que le projet de loi sur les signes religieux à l’école qui exige clarté et pédagogie, le Ministre en charge du dossier allie la maladresse à l’incompétence pour tomber dans je ne sais quel développement capillaire ou pileux, le risque n’est pas le ridicule pour l’intéressé - l’objectif est atteint au-delà de toute limite - mais le discrédit de la démarche qui doit fixer une règle, la même pour tous, et ne stigmatiser aucune religion.

    Et, comment comprendre que, sur une telle question, la liberté de vote ait pu être accordée aux parlementaires de l’UMP ? Et comment admettre les propos - même démentis - du Ministre des Affaires Etrangères qui fait savoir qu’il pourrait y avoir trouble avec tel ou tel régime ?

    La laïcité n’est pas l’embrouillamini, ce n’est pas la contorsion contrite. La laïcité, c’est la clarté ; la laïcité, c’est la liberté ; la laïcité, c’est l’égalité ; la laïcité, c’est la neutralité de l’espace scolaire. Voilà ce que l’on voudrait entendre aujourd’hui d’un gouvernement et d’un Président de la République, et non pas cette confusion regrettable qui finit par douter même des intentions de leurs auteurs.

    Aussi, sur une loi qui nous est apparue comme une réponse nécessaire, quoique insuffisante, les socialistes veilleront à faire prévaloir trois principes : la clarté dans l’énoncé de la règle, la simplicité dans son application et l’ouverture à travers le dialogue et la médiation avant toute décision. C’est le respect de ces principes qui guidera notre attitude au moment du vote de la loi et aucune autre considération.

    Mais, la confusion règne également au sein même du pouvoir. Etonnant spectacle en effet que celui d’un Président de la République défié chaque jour par son Ministre de l’Intérieur à l’intérieur même du gouvernement, et même moqué à travers un débat bien étrange sur les mérites d’un sport de combat japonais. Curieuse situation où la popularité d’un ministre, qui s’efforce d’ailleurs de l’organiser méthodiquement, est évoquée par le Chef de gouvernement comme principale raison de son maintien. Incroyable scène que le Conseil des Ministres transformé en chambre des rivalités ! Bientôt, j’en connais qui vont regretter la cohabitation ! Pas nous, je vous rassure.

    Mais, le malaise n’a pas touché que nous. C’est désormais le Président de l’Assemblée nationale qui l’exprime. Son malaise est multiple. Il dit qu’il a l’impression qu’on gère la France comme un boutiquier gère sa boutique. Ce n’est pas gentil ; ce n’est pas gentil pour les boutiquiers qui méritent mieux que d’être comparés avec les gouvernants actuels. Parce qu’avec de tels comptes, ils seraient déjà en faillite.

    Confusion toujours au sein de la droite. Avec les parlementaires de l’UDF qui, conscients de l’impopularité de l’UMP, voudraient faire croire qu’ils ne figurent pas eux-mêmes au gouvernement, alors que l’un d’entre eux les représente, et qu’ils ne sont même pas dans la majorité, alors qu’ils approuvent tous les textes en solidarité avec l’UMP. Et ce n’est pas une abstention sur le budget qui peut occulter tous les votes jusqu’aux plus contestables : des retraites jusqu’au RMA. Il n’y a donc pas de raison que l’UDF échappe, elle aussi, à la sanction ; elle la mérite tout autant.

DISSUADER

Les Français ont à se prononcer sur un jugement à l’égard du gouvernement, sur une gestion de près de deux ans. Mais, ils ont aussi à éviter le pire pour les mois qui viennent. Chacun a bien compris que le gouvernement a reporté au-delà des élections les décisions et les choix les plus cruciaux de la législature.

Ce qui sera en cause dès l’été prochain, c’est rien moins que le démantèlement du droit du travail et l’avenir de la protection sociale.

Aujourd’hui, sur ces sujets, les rapports s’accumulent, la concertation s’engage. Rien ne presse nous dit-on. Rien n’engage le gouvernement, même s’il prend déjà des orientations. Rien n’est fixé, nous assure-t-on.

Mais, nous connaissons les intentions et la méthode.

Les intentions, c’est la fin programmée du CDI, remplacé par un contrat de mission qui n’est rien d’autre qu’un contrat de démission puisque le licenciement est lui-même incorporé au contrat. L’intention, c’est le toilettage méticuleux du code du travail et la remise en cause des règles de la négociation collective. Les intentions, c’est aussi le relèvement de la CSG - pas pour tous - pour les pauvres, les chômeurs et les retraités et le transfert du petit risque sur les assurances et les mutuelles.

La méthode, c’est le recours aux ordonnances en plein été dans ces deux domaines, pour contourner le parlement - surtout pour aller vite et en finir une bonne fois pour toute avec les résistances de toute nature.

Si, dans deux mois, la droite – par négligence civique, par astuce démocratique, par insuffisance de notre part ou par désengagement de ceux qui sont le plus concernés par les démantèlements - venait à avoir les mains libres, car elle aurait tant bien que mal passé l’obstacle électoral, alors les menaces d’aujourd’hui deviendraient les réalités de demain.

C’est cela le sens du vote du mois de mars. Nous avons notre propre responsabilité. C’est à nous qu’il revient d’incarner la sanction mais aussi d’établir - grâce au suffrage - une relation de force qui nous permette de conjurer les menaces sociales qui s’accumulent. C’est à nous donc d’expliquer l’enjeu, d’appeler à la nécessité de la participation électorale et au vote utile. Au vote pour être utile. Pour empêcher, mais aussi pour changer dès aujourd’hui. Il faut empêcher, il faut arrêter, il faut peser.

PROPOSER

Il ne s’agit pas pour nous de confondre les enjeux, les périodes. Le scrutin régional n’est pas une revanche. Ce qui a été fait en 2002, aussi douloureux soit-il, ne s’efface pas. Il ne dépend pas de nous d’interrompre la législature. Le sort du gouvernement Raffarin va peut-être se jouer au printemps prochain, mais ce sera toujours la même majorité avec le même Président. Il faut encore s’armer de patience. Et respecter l’échéance et la nature de la prochaine élection : elle va déterminer la force du refus mais aussi la couleur politique des régions et des départements pour les six ans qui viennent. Et ce n’est déjà pas mince.

Certes, nous ne pouvons prétendre que notre contrat régional et départemental peut, à lui seul, inverser les tendances néfastes de la politique gouvernementale en matière d’emploi et de services publics.

Et nous connaissons les limites de l’action territoriale surtout dans le cadre d’une décentralisation dévoyée et de finances locales asséchées. Il ne peut s’agir pour nous ni de nous substituer à un Etat défaillant ni de compenser ses manquements. Ce serait abuser l’opinion et nous exposer dangereusement à l’avenir que de laisser penser que notre victoire en mars prochain serait une fin en soi.

Mais, nous avons l’obligation d’agir partout où les socialistes détiennent une parcelle de pouvoir ou de responsabilités. C’est notre identité de socialistes. C’est notre conception de la politique. C’est notre devoir d’élus. Si, à l’occasion des élections régionales, nous voulons sanctionner le gouvernement, nous voulons aussi agir dès à présent pour changer la vie quotidienne de nos concitoyens. Et cela nous distingue de tous les autres ; de ceux qui ne veulent rien modifié, rien prendre comme responsabilité. Nous, nous voulons agir. Et plus nous serons nombreux dans les régions, dans les départements, plus notre intervention, plus la transformation de notre société pourra commencer dès à présent, dès 2004. Sans doute, le rendez-vous principal est-il en 2007 !

Mais, si nous pouvons être utiles en 2004, poursuivre l’action que nous menons dans les régions que nous gouvernons déjà, en conquérir d’autres, modifier les rapports de force partout, alors ne laissons pas passer cette chance. Car, ce n’est pas une chance pour nous, c’est une chance pour nos concitoyens.

Notre projet correspond à la fois aux compétences des Régions et des Départements comme aux besoins des citoyens. Il fixe des priorités qui préfigurent celles que nous proposerons aux Français pour le rendez-vous de 2007. Il démontre que l’on peut changer la vie quotidienne dès à présent.

C’est la première étape de la reconquête, à travers la revendication immédiate de la plus large responsabilité.

Nous prenons cinq engagements majeurs :
     Emploi

    Il reste pour nous la priorité. Cela relève sans doute d’une politique économique engagée par l’état. Mais si nous ne pesons pas sur les conditions de la création d’emplois, si nous n’assurons pas le développement économique dans les territoires où nous sommes en responsabilité, alors qui le fera ?

    - Ces emplois, cela veut dire ces emplois associatifs pour les jeunes avec des CDI, ces emplois, cela veut dire des emplois d’utilité sociale pour la santé, l’environnement, l’accompagnement des personnes âgées
    - L’emploi, cela signifie le droit au reclassement régional, une formation professionnelle pour tous.

    Oui, cela vaut la peine de voter socialiste, de voter à gauche si on veut une nouvelle fois donner priorité à l’emploi.

     Education

    Deuxième engagement majeur pour nous, essentiel parce qu’il s’agit de notre identité. Nous l’avons déjà fait dans plusieurs régions, nous le ferons dans toutes, dans les 22 peut-être ! Certains voudraient croire que nos ambitions s’arrêteraient à une petite victoire ; ce serait déjà pas mal ! Ne préjugeons pas de nos forces, soyons prudents. Depuis le temps que l’on nous dit que l’on va mieux ! Une petite victoire serait déjà un triomphe. Mais, si nous avions les 22 !

    - La gratuité des livres scolaires, la gratuité du matériel pédagogique, la mise à disposition de l’ordinateur.

    Cela vaut la peine de voter socialiste pour avoir ces progrès !

     Cadre de vie

    - Cela vaut la peine de créer l’établissement public régional, pour mettre à disposition des terrains, pour lutter contre la spéculation foncière et immobilière.
    - Si l’on veut s’engager sur un plan de dépollution des sites les plus dégradés, nous pouvons le faire à l’échelle des régions puisque le gouvernement se désengage.

     Égalité

    - « Passeport culture »
    - Licence sportive pour tous

    Cela vaut la peine de voter socialiste si nous pouvons l’obtenir dans la plupart des régions.

     Citoyenneté

    - La démocratie participative : ce n’est pas seulement à Porto Alegre ; elle peut se faire partout dans les 22 régions. Ce ne sont pas seulement des forums, ce sont aussi des compte-rendus publics de mandat et la vérification que les engagements sont respectés.
    - Lutte contre les discriminations : on a fait un premier pas encore insuffisant à travers l’élaboration de nos listes ; mais nous avons beaucoup plus à assurer : c’est la lutte contre toutes les formes d’inégalité. Et dans les régions, sur l’accès à la culture, au sport, au travail, nous pouvons y veiller. Ce sera notre engagement.

    Cela vaut donc la peine de voter socialiste.
    - Si l’on veut engager une solidarité à l’égard des plus pauvres, du Sud, cette coopération décentralisée, cette solidarité avec les pays du Sud, les Régions où la direction sera socialiste peuvent le faire. Les régions peuvent s’engager.

    Si nous avons un projet, c’est pour être utile dès aujourd’hui ; si nous avons un projet, c’est pour donner à espérer dans la politique. Si nous avons un projet, c’est pour être efficaces, concrets et patients en attendant le rendez-vous de 2007.

LES VOIES DU SUCCÈS

Dans cette confrontation, nous avons une obligation de résultats. Car il y va du rééquilibrage du pouvoir dans notre pays et du visage de notre démocratie.

Nous connaissons les conditions de la réussite :
     Un parti rassemblé : l’élaboration des listes est toujours une épreuve. Nous l’avons franchie correctement. Nous avons tâché de donner une image du pluralisme et en notre sein et en même temps de renouveler nos candidats. Nous avons franchi cette étape, parce que nous l’avions voulu ainsi, conformément à nos engagements de Congrès. Aujourd’hui, nous sommes dans la campagne avec une seule obsession en tête : gagner cette élection-là parce qu’elle est majeure, parce qu’il n’y en aura pas d’autre avant trois ans, parce qu’elle conditionne toutes les autres. Nous sommes tous sur le pont.

     Une campagne militante exceptionnelle. Elle doit être menée contre la droite sur le terrain social, économique et sur l’emploi. Nous comparerons les résultats d’aujourd’hui, les nôtres lorsque nous étions en responsabilité. Cette campagne militante doit être portée contre toutes les illusions : celle de l’UDF qui a pris la tactique de la chauve-souris, je suis oiseau, regardez mes ailes, voyez ma queue, vive les rats.

    Mais, cette forme spécifique ne doit pas nous faire peur car ce spécimen finira là où est son destin, c’est-à-dire dans la cage de l’UMP. Et Bayrou ne défie pas -  comme il prétend lui-même - Juppé en Aquitaine ; il vient briguer, au nom de la droite, une présidence de Région aujourd’hui détenue par la gauche. C’est en ce sens que l’UDF n’est qu’une composante de la droite ; légitime, respectable, mais en même temps ce n’est que la droite.

    Nous devons aussi lutter contre l’illusion de l’extrême gauche dont le discours sera radical à l’égard de la droite, mais dont la tactique fait son jeu. Aujourd’hui, elle nous convie à manifester contre les reculs sociaux du gouvernement, mais elle continue de ne pas faire de différence entre la gauche et la droite. Comment nous convier à manifester, à défendre les droits, les acquis des salariés, à défendre le bilan, le nôtre, de Lionel Jospin, et nous refuser ses suffrages au moment des élections ? Comment faire croire qu’on voudrait lutter contre la droite sans la battre. L’extrême gauche veut lutter contre la droite, le meilleur moyen est de l’aider à perdre. Car l’indifférence aujourd’hui fait le jeu objectif de la droite.

    Nous devons aussi lutter contre l’illusion de l’extrême droite. Nous savons ce qu’il en coûte de sous estimer la menace ou d’ignorer le péril. Aujourd’hui, notre premier devoir c’est de ne pas oublier ceux qui se font oublier. Le FN a changé de méthode. Il s’est installé, il y a 15 ans, par la provocation et l’outrance. Il se consolide par le silence. Les images parlent à sa place. Les peurs sont ses tracts. Le malheur son marché. Il ne cache pas sa xénophobie mais son programme : un ultra-libéralisme dont les premières victimes seraient ses électeurs, les catégories les plus populaires, les pauvres qui se laissent abuser par les discours de l’exclusion de l’autre. Notre premier devoir est de faire reculer l’extrême droite.

Nous n’en aurons pas terminé avec ce qui s’est produit le 21 avril si nous ne battons pas la droite, si nous ne récusons pas les illusions, les semeurs de troubles et si nous ne battons pas l’extrême droite.

Voilà l’enjeu : combat social, combat républicain, combat civique… Voilà le combat des socialistes
.

L’UNION DE TOUTE LA GAUCHE

Dans cette campagne, nous ne serons pas seuls. Dans une grande majorité de régions, nous serons avec toute la gauche, avec les Verts, avec les Communistes, avec les Radicaux, avec les Républicains de tout poil ! Mais, c’est une force que d’être ainsi rassemblés. Et d’ailleurs, c’est - reconnaissons-le après les dispersions, les divisions d’hier - une situation que peu avaient imaginé. Beaucoup s’attendaient à ce que nous reproduisions, à l’occasion des élections régionales, les séparations d’hier, à ce que chacun y aille sous sa bannière. Tel n’est pas le cas. Et si tel n’est pas le cas, c’est que les socialistes eux-mêmes ont pris l’initiative partout, parce qu’ils ont été les porteurs de la belle idée de l’union, parce qu’ils ont convaincu, parce qu’ils ont fait l’effort d’accorder des places, et pas toujours en fonction de l’influence réelle.

Nous avons fait le pari de l’union parce que nous savons que chaque fois que la gauche est unie, rien ne peut l’arrêter. Nous avons fait le choix du rassemblement qui s’est également proposé à nous. Il se fera dans la plupart des régions dès le premier tour, il se fera dans de très bonnes conditions au deuxième tour. Nous avons fixé le cadre pour qu’il en soit ainsi.

Nous avons su donc dépasser les intérêts de partis, les replis identitaires et résisté à d’apparentes hégémonies… Bref, nous avons fait le choix de la victoire.

Voilà quelle était notre responsabilité : le rassemblement.

Voilà quel est notre enjeu : sanctionner, défendre, empêcher, proposer
.

Vous devez partir dans cette bataille avec la fierté indispensable, avec la confiance d’être une force sereine et rassemblée. Vous devez partir avec la conviction que le combat sera dur, que rien ne nous sera épargné. Vous devez partir dans cette campagne avec des ambitions élevées, pas simplement pour nous, pas simplement pour la gauche, mais pour la politique et la démocratie.

Dans un moment difficile pour le pays, les élections du printemps offrent une nouvelle chance à la démocratie, à la politique, à la gauche. Ne la laissons pas passer. Deux mois de travail nous attendent. Si nous savons convaincre, si nous saurons vaincre. Alors le temps de l’action viendra, c’est aussi le temps de l’espérance. Nous sommes proches du but.

Soyons, demain, au rendez-vous de l’espoir.



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