Régionales 2004 : Île-de-France
Le scénario d'un 21 avril francilien s'éloigne

Jean-Paul Huchon
Entretien avec Jean-Paul Huchon, président du conseil régional d'Île-de-France, paru dans Le Figaro daté du lundi 1er décembre 2003.
Propos recueillis par Pascale Sauvage
 

Êtes-vous soulagé de la décision des Verts d'Ile-de-France de se joindre à vous dès le premier tour ?
Je suis heureux de cette décision, qui représente la première pierre posée à une union de la gauche reconstituée et appelée à s'élargir. Je vois deux raisons majeures à la décision des Verts. D'abord six années de travail ensemble dans le respect de l'identité de chacun et une certaine forme d'amitié ont pesé. Ensuite, nos propositions en termes de programme et d'équilibre politique au sein de notre liste ont été considérées comme sérieuses et responsables par les Verts.

La décision des Verts a-t-elle vocation à faire exemple auprès des autres formations de gauche ?
Dès samedi après-midi, j'ai repris contact avec l'ensemble de nos partenaires, radicaux de gauche, proches de Chevènement et communistes. Ces derniers se prononceront dans les prochains jours. Il n'est pas trop tard pour essayer de conclure un accord équitable avec toutes les parties. Nous avons gouverné ensemble pendant six ans, nos électeurs considèrent que nous devons continuer et amplifier les résultats d'une action en commun.

N'est-ce pas un accord très coûteux en termes de places éligibles et que vous reste-t-il à proposer aux autres partenaires de l'ex-gauche plurielle ?
Dans un accord politique, c'est toujours le parti le plus important en potentiel de voix qui doit faire les premiers pas. Il est légitime que les socialistes ouvrent le jeu et je ne regrette pas cette ouverture. Au contraire, il faut la confirmer. En raison de la modification du mode de scrutin, il y a un contingent de sièges plus important à négocier : il est possible de faire de la place à des ambitions légitimes. Le mot « légitime » signifiant qu'on ne se trompe pas sur le degré de représentativité des uns et des autres. En somme, il nous reste une marge de manœuvre.

Une union des forces sortantes dès le premier tour facilite-t-elle vraiment votre entrée en campagne, dans la mesure où une partie des Verts risque tout de même de renâcler à vous soutenir ?
Si je n'avais pas réussi à faire l'union avec les Verts, on m'aurait dit promis à un nouveau 21 avril. Jusqu'à preuve du contraire, il n'y a pas de candidat Vert, radical de gauche ou chevènementiste contre moi. Tout ce qui peut rappeler le scénario vécu par Lionel Jospin en 2002 s'éloigne. Un rassemblement à gauche dès le premier tour est très important en termes de dynamique. Celui qui virera en tête au premier tour aura un avantage, surtout si nous devons affronter, comme c'est probable, une triangulaire. Car le vote Front national risque d'être au même niveau qu'en 1998, c'est-à-dire de donner accès au second tour à l'extrême droite.

Vous sentez-vous mieux armé face à la droite maintenant que les Verts sont avec vous ?
La charge de la preuve de l'union porte désormais sur la droite. Le gouvernement est entré en hibernation. Là, le PS prouve qu'il redevient attractif en permettant à la gauche d'amorcer l'union, alors qu'en face UDF et UMP se déchirent. Dans la tournée des départements que je poursuis, j'ai confirmation que la préoccupation environnementale au sens large (transports, habitat, urbanisme, pollution) est déterminante pour les Franciliens. Avec l'appui des Verts et ma sensibilité personnelle à la notion de « développement durable », la campagne devrait avoir une coloration très marquée de ce point de vue. Notre programme répondra aux échéances qui nous attendent, à savoir la remise à plat de tout le projet d'aménagement de l'Ile-de-France.

Quelle conséquence l'alliance avec les Verts peut-elle avoir sur le vote extrême gauche ?
Certains Verts déçus par l'accord estiment que celui-ci va gonfler l'extrême gauche. Mais l'électorat Vert n'est pas d'extrême gauche. Il préfère une gauche utile, capable d'améliorer son cadre de vie, à une gauche impuissante. Je continue de croire que l'extrême gauche ne fera pas un score historique aux régionales. La mémoire du 21 avril reste vive.

Au moment décisif, lorsque la question sera : plus de transports publics, des logements accessibles, un environnement préservé, je ne doute pas que beaucoup d'électeurs d'extrême gauche sachent alors faire la différence entre la gauche et la droite.

© Copyright Le Figaro


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