Régionales 2004 : Île-de-France
Je suis candidat...

Jean-Paul Huchon
Entretien avec Jean-Paul Huchon, président du conseil régional d'Île-de-France, paru dans Le Parisien daté du lundi 15 septembre 2003.
Propos recueillis par Dominique de Montvalon et Nathalie Segaunes
 

Êtes-vous candidat à un nouveau mandat à la tête de la région Île-de-France ?
Oui. Je viens d'envoyer une lettre en ce sens à tous les adhérents du PS. Ils se prononceront le 7 octobre.

Avez-vous hésité ?
Non. Nous pouvons être fiers du travail réalisé dans des conditions très difficiles puisque je n'avais qu'une majorité relative, et que j'ai affronté l'hostilité de la droite qui s'est parfois alliée à l'extrême droite. Ce travail mérite d'être poursuivi, et amplifié.

Vous êtes simple candidat, ou déjà désigné ?
Je suis candidat. Et ce sont les 19 000 adhérents du PS qui vont, j'y compte bien, me faire confiance. D'ailleurs, je vais aller à leur rencontre. Je n'ai pas le sentiment que, sur l'autre bord, qu'il s'agisse de la droite ou de l'extrême droite, le cursus soit aussi... démocratique. Marine Le Pen est désignée par son père. Et, à droite, on se livre une bataille florentine d'ambitions personnelles, alors qu'on attend une ambition pour les Franciliens. Ce qui est terrible dans un film ou une pièce de théâtre, c'est quand ça n'intéresse plus que les acteurs.

Sur vos listes, il y aura toute la gauche ?
J'ai géré cette région dans un climat de confiance totale avec toutes les forces de gauche : communistes, Verts, chevénementistes, radicaux et, bien sûr, socialistes. Tous ont eu des responsabilités. Chacun aura donné sa couleur. Nous avons été très ouverts. Pourquoi, alors que nous sommes aujourd'hui un contre-pouvoir efficace pour les Franciliens contre les dégâts de la politique d'une droite qui veut un pouvoir sans partage, ne réussirions-nous pas à nouveau tous ensemble ? A priori, ce sera plus facile de faire demain mieux qu'hier, car le nouveau mode de scrutin dégagera automatiquement une vraie majorité.

Ne craignez-vous pas que Bertrand Delanoë vous vole la vedette ?
Ah, pas du tout ! Je suis convaincu, au contraire, que la gestion de Bertrand Delanoë va beaucoup m'aider. Et sa personnalité aussi. C'est même un des atouts de ma campagne. Nous sommes totalement en phase.

Comment la droite s'est-elle, à vos yeux, comportée ?
D'une manière générale, la droite n'a pas mêlé ses voix à l'extrême droite. Il n'y a pas eu, de sa part, volonté de blocage systématique. Par exemple, choix décisif, elle ne s'est pas opposée au contrat de plan entre l'Etat et la région. Mais, pour le reste, elle s'est montrée formidablement rétrograde.

A l'heure du bilan, de quoi êtes-vous le plus fier ?
D'abord, on parle de ce que fait la région, et non plus des comptes qu'elle devait rendre devant les tribunaux. C'est le retour à une certaine dignité de la politique en Île-de-France. Ensuite, j'avais promis de rénover nos établissements scolaires, et de faciliter la vie des lycéens. On a beaucoup avancé. Ma troisième fierté : avoir commencé à donner une vraie priorité aux transports en commun. Nous avons lancé la réalisation de liaisons de banlieue à banlieue, sans passer par Paris. Nous avons initié douze projets de tramways, qui pourraient être opérationnels dès 2007. Outre la rénovation et l'acquisition de rames SNCF, nous avons financé à 100 % les bus « propres », et mis en œuvre une politique d'accessibilité des transports aux handicapés. J'espère, même si nous n'avons pas encore pu intervenir sur ce dossier faute d'en avoir la responsabilité directe, pouvoir proposer rapidement une nouvelle tarification plus juste des transports. Car il est paradoxal que ceux qui ont le moins de choix pour se déplacer paient plus cher que les autres.

Les impôts vont augmenter ?
Nous avons baissé les impôts régionaux de 6 %. Je n'ai pas fait de magie : on a simplement géré de façon plus dynamique que le gouvernement Raffarin ne le fait d'aujourd'hui. Mais ce qui doit être mis en rapport avec l'impôt prélevé, c'est la qualité des services rendus aux Franciliens sur le plan des transports, de l'éducation, du cadre de vie.

La droite menace de ne pas voter le financement du tramway parisien...
Pour moi, les choses sont très simples : le tramway fait partie du contrat de plan. Un contrat que j'ai signé au départ avec M. Tiberi. Puis Bertrand Delanoë a repris l'ensemble du projet. Je ne veux pas imaginer que l'on bloque le tramway : c'est un engagement solennel à la fois de l'Etat et de la région. Comme la mairie de Paris, très enthousiaste, fait des efforts pour le financement, il n'y a aucune raison que ce dossier soit pris en otage.

Pourquoi ne parle-t-on plus, ou presque, de sécurité en Île-de-France ? Ça va mieux ?
J'ai été l'un des socialistes - avec quelques autres : Daniel Vaillant, Manuel Valls... - à dire que la gauche devait prendre à bras-le-corps le problème de l'insécurité...

Vous refusez l'angélisme ?
Je n'ai aucune vocation pour l'angélisme. Sur la sécurité, l'Etat doit faire son travail, puisque c'est lui qui est en charge de la sécurité. Indiscutablement, il y a eu un effort. En vérité, il ne date pas de 2002. Même s'il exigerait, aujourd'hui, d'être complété par un effort parallèlle sur la prévention, l'éducation et l'animation, dans les cités en particulier. Et la région aide puissamment à cela. Pour le reste, depuis 1998, la région finance la rénovation des commissariats, des maisons de la justice et du droit, et l'équipement des policiers. Nous consacrons chaque année un peu plus de 100 M€ à la sécurité en Île-de-France. Je fais donc plus que mon boulot.

Qu'est-ce qui vous différencie en Île-de-France de la droite ?
La droite - qui se montre frileuse sur beaucoup de plans - démantèle des pans entiers de la protection sociale, fait preuve d'immobilisme, laisse se multiplier sans réagir les plans sociaux, et paraît tout attendre de la reprise américaine. Il faut être plus volontariste. Nous voulons, nous, une Île-de-France moins dure, plus solidaire, plus humaine.

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