Régionales 2004 : Île-de-France
Rechercher toutes les voix de l'union

Jean-Paul Huchon
Intervention de Jean-Paul Huchon, président du conseil régional d'Ile-de-France, lors du Conseil national du Parti socialiste du 11 octobre 2003.


 
Mes camarades,

merci à François Hollande d’avoir, dès le début de son discours, souligné que les élections régionales commencent aujourd’hui ici après ce Conseil national et après la désignation démocratique des têtes de listes.

Ce scrutin, nous le savons, sera un test national véritable pour le gouvernement de droite bien sûr, et pour nous la gauche.

Première consultation électorale en vraie grandeur depuis le 21 avril, donc un scrutin très politique et qu’il faudra bien entendu politiser. C’est aussi un véritable scrutin régional avec un mode de scrutin qui entraîne à une logique bipolaire et aussi à une certaine forme de présidentialisation. Donc un scrutin qui ne peut pas faire l’impasse sur les enjeux locaux et régionaux qui exigent une vision pour nos régions car ici, et jusqu’ici, que ce soit en 1986, en 1992 ou en 1998, on a peu parlé, vous le savez, de la région pour elle-même, cela reste la collectivité locale la moins bien connue, la plus éloignée des citoyens, cette bataille où on en parlera véritablement est un enjeu. Enfin, c’est un scrutin qui pose le problème de la manière dont on fait dans notre pays la décentralisation. À l’heure d’un désengagement général de l'État qui confine d’ailleurs à son démantèlement, les régions peuvent-elles constituer une alternative à un service public rendu de manière plus juste et plus efficace ? En tout cas, il faudra répondre à Raffarin et à son équipe qui a réussi à sinistrer jusqu’au concept, à l’idée même de décentralisation et je me souviens que Laurent Fabius, lorsqu’il nous avait reçus avec quelques élus, se posait la question de savoir si on ne devait pas changer de vocabulaire sur ce sujet.

Pour le gouvernement, ce rendez-vous électoral peut et doit sanctionner une politique économique qui entraîne le pays dans une spirale récessive, qui aggrave les déficits publics et qui provoque un chômage de masse, une politique clairement affichée en faveur des puissants, qui mélange le libéralisme brutal, le néo-thatcherisme, quand il ne prend pas carré ment les couleurs des relents nauséabonds du doriotiste, de Maurasse et jusqu’à Joseph de Maistre pour ceux qui regardent carrément dans le rétroviseur.

Quand M. Baverez dit que les 35 heures sont coupables de l’alcoolisme et des violences conjugales, je dis comme Alain Bashung dans une de ses chansons : « Là, il faut savoir dire stop. »

L’action du gouvernement suscite l’inquiétude, elle provoque le malheur, elle casse la confiance, elle arrête la consommation, elle arrête l’investissement. Cela fabrique du vote protestataire et donc cela profite aux populistes, et notamment à l’extrême droite, c’est notre ennemie aussi, nous le savons. On se souvient du 21 avril et cela oblige encore à plus de rassemblements. À gauche, en effet, ces élections peuvent nous mettre dans une dynamique de reconquête. Compte tenu du nouveau mode de scrutin où il faut arriver le premier au deuxième tour, compte tenu aussi du travail accompli ensemble, chacun apportant à l’union, chacun conservant sa couleur et sa personnalité, il nous faut rechercher toutes les voix de l’union, être bien entendu les champions de l’union, être exigeants avec nos partenaires sur l’union. C’est possible, pourquoi ? Parce que nous avons su le faire ensemble pendant six ans.

Des listes séparées sont dangereuses parce qu’elles diminuent la portée de notre bilan, elles l’annulent et qu’elles conduisent, quelle que soit la bonne volonté des uns ou des autres, à la confrontation, à l’invective, à la différenciation. Comment est-ce que les électeurs peuvent comprendre que nous préparons actuellement, par exemple en Île-de-France où le budget 2004 nous allons le voter ensemble, et qu’après on se séparait pour conduire des listes séparées avec des projets séparés, des volontés séparées ? Alors oui, il faut que le Parti, au plan national, nous aide et nous appuie, il le fait, il faut qu’il lance un appel national, nous le relaierons bien sûr dans les régions et nous avons tous commencé à travailler avec nos partenaires.

Cela repose sur un bilan. Ici, mes Camarades, un peu de couleur locale, après avoir dit quand même pour ceux qui ne parleront pas peut-être derrière moi, qu’il y a eu de formidables choses de faites en Aquitaine, en Midi-Pyrénées, dans la région Centre, dans toutes les régions que nous dirigions, les huit présidents de gauche métropolitaine.
Cela repose sur un bilan. Ici, en Île-de-France, cela veut dire d’abord et avant tout la transparence des marchés publics à l’heure du procès Juppé, cela a un certain poids. La construction et la rénovation de 175 lycées pour 3 milliards d’euros en six ans, des livres scolaires gratuits, un ordinateur pour quatre élèves, un effort sans précédent pour les transports publics, quatre lignes de métro, douze lignes de tramway, dont cet emblématique tramway des Maréchaux qui est notre souci constant et qui illustre la nécessité d’une entente entre Paris et la Région et qui éclaire d’une lumière aveuglante les contradictions de la droite. Copé est pour le tramway, il est au gouvernement, le gouvernement finance et appuie le tramway. Copé est contre le tramway, il est conseiller régional. Quelle est la différence ? Il est candidat. Quelle est la différence ? Il se trompe de campagne. Bertrand et moi sommes pour depuis toujours, depuis le début, parce que nous pensons que le tramway est un bon projet pour les Parisiens et pour les Franciliens contre la pollution, pour faire reculer la circulation automobile, pour connecter enfin Paris à sa banlieue comme Bertrand a commencé de le faire. Le transport, c’est aussi la carte Imagin’R pour les jeunes, c’est aussi une politique du logement, et Laurent Fabius a eu raison d’insister sur le caractère déterminant de la politique du logement aussi. Alors qu’en 1998 il n’y avait pas un franc, en Île-de-France, dépensé pour le logement, et notamment le logement social, alors que nous avons 300 000 demandeurs de logements et sept fois moins de places pour nos étudiants dans les résidences universitaires qu’en province, et la pétition lancée par l’UNEF a été lancée ce matin et va faire des petits.

Au moment où le gouvernement diminue tous les crédits des logements sociaux, moins 700 millions d’euros, au moment où le gouvernement diminue les crédits pour les transports publics, au moment où M. Borloo fait du bonneteau avec les crédits des collectivités locales sur la politique de la ville alors que Julien Dray, qui gère cela à côté de moi comme vice-président, fait du solide et du sérieux avec les associations et dans les villes en difficulté, ces élections régionales seront donc l’occasion de montrer en quoi une gestion de gauche de nos régions peut constituer un rempart, une protection contre cette droite arrogante et chaque jour plus rétrograde.

Nous pouvons le montrer dans nos régions en prenant clairement nos responsabilités en matière d’emplois, par exemple pour les emplois-jeunes et la formation des plus faibles, en décidant d’une politique d’urgence pour le logement, et notamment le logement social et accessible à tous, en prolongeant et en amplifiant l’effort dans les transports publics, finir les liaisons banlieue à banlieue, ouvrir des services de nuit et de week-end, rendre plus juste la tarification comme l’ont fait nos camarades des régions de province, en lançant un grand plan pour le rattrapage scolaire et pour lutter contre le décrochage dans nos établissements, dans les zones difficiles, en aidant les étudiants par des bourses et des logements plus nombreux. Nous devons construire une région plus humaine et moins dure. La région Île-de-France est une région puissante, oui, sans doute, c’est la première région d’Europe, mais elle est aussi une des plus inégales, une terre où reste à construire le « vivre ensemble », où il nous faut donner leur chance à tous ces jeunes laissés pour compte et qui veulent réussir et qui veulent que l’ascenseur social reparte. Il faut donc que cette puissance soit mise au service de la réduction des inégalités et qu’elle contribue à une alliance entre ceux qui avancent, ceux qui veulent réussir et ceux qui souffrent et qui veulent continuer et remonter dans le train de la réussite.

C’est cela l’enjeu des régionales en Île-de-France, c’est aussi l’enjeu des régionales partout en France. Il y faut le rassemblement du Parti. Tête de liste maintenant désigné par les militants et le Parti, je me porterai pour ma part garant du respect de chacun et de chacune des sensibilités dans la composition des listes.

Et, sur la parité, nous poursuivrons l’effort engagé en 1998 et qui fait qu’au Conseil régional, non seulement il y a toutes tendances confondues dans notre groupe socialiste évidemment, 50 % de femmes, mais aussi six femmes vice-présidentes et beaucoup qui occupent des responsabilités.

Sur la parité, il faut en effet aller un peu plus loin encore, la loi ne dit pas tout. Et sur le renouvellement, comme l’a dit François Hollande, comme l’a dit Malek Boutih, il faudra être courageux et ce sera aussi mon travail d’aider les fédérations de notre Parti sur ces trois thèmes.

Il y faut le rassemblement de la gauche, j’y travaillerai sans relâche en liaison constante avec la Direction du Parti et nos fédérations, et nous avons besoin que le Parti nous aide parce que j’ai l’impression que l’Île-de-France, comme PACA peut-être et d’autres régions, auront une portée symbolique dans cette élection.

Et il y faut votre mobilisation, cela suppose que les militants se sentent acteurs de la campagne, associés au projet, actifs sur le terrain. Pour cela, il faut tout simplement leur donner envie, être à leurs côtés chaque jour, ils savent, je sais que la victoire est possible, que les circonstances sont porteuses au moment où l’équipe de France rencontre l’équipe des Fidji, très loin de nous, nous pouvons transformer l’essai.

Merci.



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