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Si Jacques Chirac soumet à référendum la nouvelle Constitution européenne, voterez-vous oui ou non ?Je voterai oui sans hésitation. Il est des moments où il faut savoir distinguer l'essentiel du moins important. Conforter l'Europe dans ses avancées démocratiques et la doter d'une véritable Constitution sont bien plus importants que les reproches indiscutables qu'on peut lui faire.
Laurent Fabius se dit troublé !On ne doit pas lâcher prise. On doit plus que jamais se battre sur le terrain social et fiscal. Mais, pour atteindre nos objectifs, il faut en Europe plus de gouvernements socialistes, davantage de gouvernements de gauche.
Comprenez-vous la déception de certains ?Oui. Mais, par rapport au traité de Nice qui était véritablement calamiteux, cette Constitution ratifiée à Bruxelles est un indiscutable progrès. J'insiste : il faut en rester à l'essentiel. Or, l'essentiel, c'est de conforter l'Europe au moment où l'euroscepticisme gagne du terrain, y compris à gauche.
Ne craignez-vous pas de vous couper de vos électeurs ?Non. Les électeurs de gauche, et notamment les électeurs socialistes, sont très proeuropéens, comme ceux des Verts et de l'UDF. En disant oui à la Constitution, je ne crains donc pas de m'isoler. Quand on examinera le bilan de François Mitterrand et des gouvernements socialistes, on verra que la construction européenne a été une constante et une force. Mitterrand a eu du courage, nous devons en avoir, nous aussi.
Des électeurs PS ne veulent pas, dit-on, recommencer à voter Chirac...Même si ça ne fait pas plaisir, il est des moments où certains votes s'imposent. Voter Chirac contre Le Pen, c'était hier légitime. Dire oui demain à la Constitution européenne, ce sera de la même façon légitime. D'ailleurs, ce ne sera pas un vote pour Chirac, mais pour l'Europe. Les socialistes doivent avoir le courage et l'intelligence de voter selon leurs convictions et pas en fonction de considérations politiciennes.
Une Europe sociale, ça voudrait dire quoi ?Deux exemples : une protection législative minimale dans chacun des pays de l'Europe pour la durée et les conditions du travail ; une protection sociale et un salaire minimum dans chaque pays. Un salaire qui, évidemment, ne peut pas être le même dans tous les pays. On parle d'une dérive libérale, voire ultralibérale en Europe... Soyons clairs : par rapport à la construction européenne avant la Constitution, un certain nombre d'avancées sont maintenant acquises, notamment sur les services publics. Le vote à la majorité qualifiée sera la règle générale, sauf exception. Le rôle du Parlement européen est conforté. La plupart des observateurs, même très critiques, sont d'accord : cette Constitution, c'est un progrès par rapport à Nice. Faire mieux ? Oui. Mettre à bas tout l'édifice parce qu'il n'est pas parfait ? Ce serait irresponsable.
Qu'attendez-vous du PS ?Qu'il soit courageux. Qu'il soit européen.
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