Régionales 2004 : Île-de-France
Maintenant, j'existe

Jean-Paul Huchon
Entretien avec Jean-Paul Huchon, président du conseil régional d'Île-de-France, paru dans Le Parisien daté du lundi 29 mars 2004.
Propos recueillis par Nathalie Segaunes
 

Êtes-vous un homme heureux ?
Oui, profondément. A la fin de cette campagne, je me sentais porté par des centaines de milliers de gens qui souhaitaient passer un message. Et ils comptaient sur moi pour le faire passer. Le bonheur que j'ai aussi, c'est d'être arrivé au bout de ce marathon infernal.

Ce fut dur ?
Oui. La droite avait mis le paquet. Sarkozy s'est engagé à fond avec Copé, en espèce de pseudo-sauveur. Je les ai battus tous les deux, ce qui confirme que la région n'était pas si facile à prendre pour la droite et contre moi.

L'Ile-de-France est-elle devenue une terre de gauche ?
Non, elle reste fortement marquée à droite. Mais un changement est apparu : une partie de l'électorat qui se portait sur la droite habituellement nous a rejoints. Car nos propositions et le type de gestion que j'incarne étaient de nature à répondre à leurs préoccupations. C'est une élection fortement personnalisée. Il y a au fond trois raisons à ce succès : un type de campagne et un bilan reconnus. Une poussée contre le gouvernement. Et mon comportement rassembleur et fédérateur, alors que la droite cherchait à diviser et à casser les énergies des uns et des autres.

Êtes-vous surpris par le raz de marée de gauche dans le reste du pays ?
Non. Je l'attendais comme une confirmation du premier tour. C'était visible dans la rue. Cela nous donne beaucoup de responsabilités car, en tant que partis d'opposition, nous devons être efficaces et entendus. Nous avons à bâtir maintenant des propositions pour donner une réponse à la protestation montée des profondeurs du peuple. La confiance qu'on nous a faite n'est ni aveugle ni gratuite, il ne faut pas la trahir.

Avez-vous l'intention de peser désormais davantage au sein du PS ?
J'espère, bien sûr, que je serai utile auprès de François Hollande, mais c'est à la région que je vais consacrer l'essentiel de mon temps et de mon énergie. On n'a plus cet obstacle d'une majorité relative, les dossiers vont donc aller plus vite. Au fond, ce dont je suis le plus content, c'est d'avoir apporté à la gauche la victoire qui lui manquait pour mettre un frein à la politique de Raffarin. Sans cette victoire, la fête n'aurait pas été complète et même son sens en aurait été détourné.

C'est une revanche pour vous ?
Je n'avais pas de revanche à prendre car j'étais déjà président, mais j'avais une grande envie de battre des gens qui expliquaient que je n'existais pas. Aujourd'hui, j'ai l'impression que j'existe.

C'est au moins une revanche sur ceux qui doutaient de vous au PS...
Je pense qu'ils sont totalement convaincus que cette campagne a été géniale.

Qu'est-ce que cela fait de recevoir tous ces messages de félicitations, d'être harcelé par les télés ?
C'est gratifiant, c'est émouvant, et en même temps, ça ne tourne pas la tête du tout. Il faut savourer ces moments pour ce qu'ils sont, du pur bonheur.

Vous êtes resté très calme ce soir. Vous n'explosez jamais de joie ?
Mes explosions, je les réserve à la vie tout court. Je suis un homme politique, je dois respecter les électeurs jusqu'au bout. Mais maintenant, la nuit va s'ouvrir, et cela va être beaucoup d'émotion.

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