Assises des libertés locales de l'Ile-de-France |
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Messieurs les Ministres, Mesdames, Messieurs, Chers collègues et chers amis, A mon tour, après l’aimable accueil du maire de Port Marly, de vous souhaiter la bienvenue en Ile-de-France où se conclue la série des Assises organisées dans l’hexagone. Depuis l’annonce de cette nouvelle étape, le débat s’est déployé, bien que nous ne disposions à présent que d’un premier cadre constitutionnel. Mais chacun sait que c’est avec les annonces précises et programmées de transferts réels de compétences qu’on entrera vraiment dans le vif du sujet. Quelles sont, en cette matière, les intentions du gouvernement et les indications qu’il peut nous donner sur les modalités de ces transferts ? J’espère que ces Assises nous permettront d’y voir plus clair. Nos concitoyens veulent une vraie réforme qui renforce notre Région, la première d’Europe, ses atouts dans la compétition mondiale et l’efficacité de sa puissance publique. Il s’agit, en somme, de reconnaître enfin l’Ile-de-France comme acteur majeur de son développement. Je vous le dis avec franchise : je ne crois pas à la spécificité francilienne. Nous avons nos particularités mais quelle région n’a pas les siennes ? L’exception francilienne a, dans notre histoire, justifié des régimes dérogatoires qui ont conduit dans notre région à la présence excessive de l’Etat. Il nous en reste quelques séquelles institutionnelles auxquelles il est temps de mettre un terme. C’est pourquoi je propose la suppression de l’exception francilienne pour nos transports en commun. Cette spécificité anachronique laisse encore la responsabilité du STIF à l’Etat, maître des décisions, et non, comme c’est le cas dans les autres régions, aux élus. Je revendique donc cette responsabilité pour notre Région. Dans le respect des statuts des personnels des entreprises publiques de transports. Et en partenariat étroit avec les autres collectivités (Ville de Paris, intercommunalités, départements) qui ont, elles aussi, des compétences indiscutables en matière de déplacements. Aujourd’hui, nous apportons une contribution financière majeure mais nous n’avons pas réellement voix au chapitre. Nous pourrions, si la responsabilité était pleinement nôtre, faire plus et mieux pour améliorer la qualité du service, l’accessibilité, la tarification, les réseaux pour des Franciliens dont la caractéristique commune est la mobilité, les incessants déplacements. Réussir une bonne décentralisation en Ile de France, cela commence par là. C’est une révolution au regard des pratiques administratives antérieures. Elle doit venir vite. Face au morcellement et à l’enchevêtrement des compétences dont souffre notre pays, clarifier pour mieux coopérer est une priorité. C’est le sens de la démarche que la Région Ile-de-France met en œuvre pour les contrats particuliers qu’elle élabore et conclut avec les départements qui doivent, eux aussi, obtenir des compétences élargies. Toutes les collectivités doivent y gagner et c’est seulement ensemble que nous réussirons une décentralisation efficace. C’est pourquoi je vois, pour la Région Ile de France, 5 domaines prioritaires de compétences à transférer : ![]() ![]() ![]() ![]() ![]() Ce sont là des ambitions raisonnées et raisonnables, ni timorées ni boulimiques. Je les ai présentées au Conseil Régional qui arrêtera sa position, sur des bases que j’espère largement partagées, lorsque nous y verrons plus clair sur les intentions du gouvernement. Ce temps viendra, j’en suis sûr. Ce redéploiement des compétences que je souhaite pour notre Région suppose des règles du jeu claires et équitables. Je vois essentiellement trois conditions garantes d’une méthode honnête, rigoureuse et réaliste. Première condition : des transferts fermes et définitifs plutôt que des expérimentations incertaines. Je ne suis pas hostile à l’expérimentation par principe mais partisan de réserver son usage à ce qui a besoin d’être exploré : par exemple, avec les régions du bassin parisien, une gestion partagée de la ressource en eau. Comme de nombreux Présidents de région de tous bords, je ne souhaite pas qu’on en abuse et je m’interroge : qui décidera des expérimentations ? Avec quels moyens et quel encadrement ? Qui les validera ou y mettra fin et sur la base de quelle évaluation ? La décentralisation ne doit pas déboucher sur l’insécurité territoriale et la confusion. Deuxième condition : un audit préalable, impartial et contradictoire des moyens et du patrimoine transférés à la Région. Une évaluation équitable des compensations financières de l’Etat et leur indexation correcte. Je ne souhaite pas que nous revivions l’expérience du transfert des lycées en 1986, pour lesquels la Région doit aujourd’hui dépenser dix fois la dotation de l’Etat. Troisième condition : il n’y a pas de décentralisation sérieuse sans autonomie financière et fiscale des collectivités. Je formule à ce sujet une proposition simple : partageons l’impôt national puisque l’Etat nous propose de partager les responsabilités. J’ai été le premier à évoquer la TIPP et nous y avons travaillé avec les Présidents de Conseils Régionaux. L’idée a cheminé. Mais, au fond, peu m’importe la nature de l’instrument fiscal transféré s’il est dynamique et permet à l’Ile-de-France comme aux autres régions de faire face à leurs tâches nouvelles et à leurs besoins d’équipement. Ce qu’il nous faut, c’est la maîtrise d’une part prépondérante de nos ressources. Et ce qu’il faut aux citoyens et contribuables franciliens, c’est la garantie d’une stabilité globale de la fiscalité. Ce qu’il nous faut, enfin, c’est qu’un nouveau partage de l’impôt renforce également la solidarité nationale et une péréquation aujourd’hui excessivement complexe et insuffisamment correctrice. La Région Ile de France, première contributrice à l’effort de compensation des inégalités territoriales, est bien placée pour demander clarté et efficacité. Elle ne se dérobera pas à la solidarité. Tels sont, Messieurs les Ministres, Mesdames, Messieurs, les souhaits et les conditions que je formule aujourd’hui devant vous pour avancer demain. Il y a plus de deux siècles, en 1789, un autre 24 janvier, les convocations pour les Etats-Généraux étaient expédiées, assorties d’explications sur le mode de scrutin selon les provinces. Vous connaissez la suite et la subversion historique du scénario royal qui en résulta. La question de la représentation se pose donc aussi : les droits et les devoirs nouveaux dont la décentralisation est porteuse ne valent que si les assemblées locales sont assurées de leur légitimité par un mode de scrutin stable, garant de vraies majorités et du pluralisme politique. Nous le savons tous : le 21 avril dernier, notre République a montré sa fragilité puis sa capacité de réagir. Une juste décentralisation, ce peut être, ce doit être une République plus forte, plus moderne, plus solidaire. Aussi n’avons-nous pas le droit d’échouer. C’est à dire : il nous faut réussir ! Je vous remercie. |
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