Régionales 2004 : Île-de-France
Décidément, M. Copé est un sectaire et un diviseur

Jean-Paul Huchon
Entretien avec Jean-Paul Huchon, président du conseil régional d'Île-de-France, paru dans Le Monde daté du jeudi 25 mars 2004.
Propos recueillis par Christine Garin et Caroline Monnot
 

Dans quel état d'esprit abordez-vous cette campagne de second tour ?
Confiant. Je crois qu'il y aura une amplification de la participation. Compte tenu de l'accord que nous avons conclu avec le PCF et la Gauche populaire et citoyenne, nous devrions bénéficier d'un bon report de voix. J'ai noté que certains membres de la LCR avaient lancé un appel à battre la droite.
Ce gouvernement a suscité tellement de mécontentement, de colère, d'angoisse, que toute la gauche a progressé. Face à ce gouvernement qui veut casser notre pacte social, les électeurs ont fait confiance à des partis et à des listes de transformation sociale qui ne se contentent pas de prophétiser et de vaticiner. Je ne vois pas comment un certain nombre d'électeurs humanistes et démocrates, qui ont voté Santini au premier tour, pourraient voter Copé au regard du caractère brutal de sa campagne, de son arrogance et de la déclaration de guerre qu'il a lancée à Paris et aux départements de gauche. Décidément, M. Copé est un sectaire et un diviseur.

Les Verts ont fait de bons scores là où ils conduisaient des listes autonomes. L'union au premier tour était-elle la bonne stratégie ?
En Ile-de-France, l'accord avec les Verts nous a donné une dynamique importante et fait disparaître le syndrome du 21 avril 2002. Avec le rassemblement complet de la gauche au second tour, la page est vraiment tournée. L'accord avec les Verts était essentiel dans la mesure où notre programme est structuré autour de la notion d'éco-région. Partout où je suis passé, les militants Verts étaient là en nombre.

Si la gauche perd la région, vous serez celui qui aura contribué à relativiser la déroute de la droite. C'est une grosse responsabilité...
Mais la gauche va gagner la région ! Je sens le poids qui pèse sur mes épaules. J'ai été président pendant six ans dans des conditions politiques extrêmement difficiles. J'ai accepté ce défi à nouveau parce que je veux continuer à être utile aux Franciliens.

La droite va se concentrer sur l'Ile-de-France. Cela va-t-il modifier le ton de votre campagne ?
Plus nous verrons défiler ministres et premier ministre, plus il apparaîtra que M. Copé est le porte-parole du gouvernement plus que le candidat à la présidence de la région. Etre porte-parole d'un gouvernement parvenu à ce niveau d'impopularité, ce n'est pas un atout. Pour ma part, je vais continuer ma campagne de terrain.

L'échec des négociations, à gauche, en Midi-Pyrénées et en Champagne-Ardenne va-t-il peser ?
J'ai mené des négociations sérieuses, qui prolongeaient des habitudes de travail, une gestion commune de six ans mais aussi un vrai climat d'amitié. Si nous avons réussi l'union au premier tour avec les Verts, c'est qu'ils ont été respectés. Nous avons construit un programme ensemble, pendant six mois. Les écologistes ont apporté un plus en matière d'environnement mais aussi sur le plan social. Je ne suis pas un président qui prend seul toutes les responsabilités. Je veux des vraies délégations, arbitrées au sein d'un exécutif collégial. C'est ce que j'ai pratiqué pendant six ans. C'est comme cela que nous travaillerons à l'avenir.

Certains responsables socialistes ont regretté que Bertrand Delanoë ne soit pas plus présent dans la campagne. Vous l'avez tenu à l'écart ?
Vous rendez hommage à l'efficacité de ma campagne en suggérant qu'on me voit autant que le maire de Paris... C'est ce que nous voulions tous les deux. Je suis président de la région, je dois m'occuper de tous les départements, sans idée de hiérarchie. Ce que je reproche à M. Copé, c'est cette obsession de la hiérarchie. Moi, je ne cherche pas à être un super-maire, contrairement à mon adversaire. J'ai signé des contrats avec des départements de gauche comme de droite. Beaucoup de maires ou d'associations locales savent qu'ils pourront poursuivre cette coopération avec le candidat Huchon. Pas avec le candidat Copé, car avec lui on assistera au retour du sectarisme et à la mise en coupe réglée de la région par l'UMP.

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