Présider autrement
Berlin - Vendredi 5 avril 2002

 Discours de Lionel Jospin devant la communauté française résidant en Allemagne.


 

Monsieur le Président de la République Richard Von Weiszeker,
Monsieur le Chancelier Schröder,

Je suis particulièrement heureux de passer ce moment à Berlin avec mes amis allemands et mes compatriotes vivant en Allemagne. Je suis heureux de prononcer ce discours devant vous en cette période de troubles et d'intolérance dans une partie du monde. Ce voyage en Allemagne sera d'ailleurs mon unique déplacement hors de France dans le cadre de la campagne électorale en cours. Il exprime bien sûr ma volonté d’associer au débat démocratique de l’élection présidentielle nos concitoyens vivant à l’étranger. Il marque aussi toute l’importance que j’attache à la relation entre nos deux pays et la volonté qui est la mienne de voir cette relation se développer et s’enrichir, sur la base d’un contrat de confiance renouvelé et d’une ambition partagée.

Je suis heureux du témoignage de la présence des Français de l'étranger auprès de moi. Je souhaite bien sûr remercier nos hôtes, nos amis du Parti social-démocrate, le SPD, et tout particulièrement son président, Gerhard Schröder, qui nous fait l’honneur d’être avec nous ce soir. Le SPD n’a ménagé aucun effort pour faire de cette soirée une réussite et je lui en suis très reconnaissant. Je serais content de retrouver Gerhard Schroeder plus tard avec sa femme Doris et la mienne.

Je suis accompagné de Dominique Strauss-Kahn, un des plus allemands ou germanistes des Français, de Claude Estier, Henri Nallet et Pervenche Berès.

Je veux également rendre hommage à la Fédération socialiste des Français de l’étranger et à son responsable, Richard Yung, qui ont été également des organisateurs efficaces de cette rencontre et je tiens à saluer la qualité de leur engagement et de leur dévouement. Quant à la présence à mes côtés de Monique Cerisier ben Guigua et de Guy Penne, tous deux sénateurs représentant les Français établis hors de France, elle atteste de la vitalité des instances qui portent vos préoccupations et vos attentes.

Ce soir, je voudrais présenter aux Français résidant en Allemagne et à travers aux 2 millions de Français du monde mes engagements à leur égard, pour faire vivre pleinement l’exigence de solidarité nationale, quelles que soient les distances géographiques qui séparent les Français les uns des autres.

A mes amis allemands ensuite, je souhaiterais proposer une relance de la coopération entre nos deux pays, pour mieux travailler ensemble à la refondation du projet européen que la perspective de l’Union élargie appelle. Bien sûr, il s’agit d’une même adresse, car vous êtes tous les symboles vivants de l’amitié franco-allemande, de l’Europe des citoyens et de l’ouverture au monde.

Je dis d'abord ma totale solidarité avec les Français résidant en Allemagne et à l’étranger

Je suis heureux de m’exprimer ce soir devant les représentants de la deuxième communauté française résidant hors de France. Forte de plus de 155.000 personnes, la communauté française en Allemagne se caractérise par sa jeunesse, son dynamisme et sa qualité d'intégration dans le pays qui l’accueille. L’augmentation du nombre de résidents français, le très grand nombre de personnes bi-nationales et celui de mariages mixtes l’attestent.

Je suis frappé par la diversité de votre communauté : si la majorité est salariée dans le secteur tertiaire, nombreux sont les entrepreneurs, créateurs, artistes, mais aussi sportifs de haut niveau qui vivent et travaillent ici. Cette multiplicité d’origines et d’activités est un atout précieux : par la qualité de leur intégration, nos compatriotes contribuent à la vitalité de la relation franco-allemande et sont au cœur de la solidarité qui nous unit.

Si la situation globale de la communauté française vivant en Allemagne n’inspire pas de souci - elle est même comparée à d'autres communautés plutôt satisfaisante -, je veux néanmoins dire devant vous que ma priorité est de répondre au besoin de solidarité nationale que votre communauté ici, et plus généralement toutes les communautés vivant hors de France, expriment légitimement.

L’amélioration de la protection sociale est la première des exigences, quel que soit le lieu de résidence des Français. Etant en Europe, je mettrai l’accent sur la nécessité de réformer la coordination communautaire des mécanismes nationaux de sécurité sociale, notamment, dans les domaines de l’assurance maladie, les prestations pour les handicapés et les retraites complémentaires. Plus généralement, mon ambition est de développer l’harmonisation européenne en matière sociale, pour faire de l’Europe non seulement un ensemble économique mais aussi un espace social exigeant. À cet égard, la mise en place d’un contrat de travail européen, comme celle d’une carte européenne de sécurité sociale, seraient une étape importante.

L’investissement dans la formation tout au long de la vie
est fondamental. Ce nouveau droit social, qui est au cœur de mon projet pour lutter contre le chômage, concerne aussi les Français établis hors de nos frontières. C’est pourquoi, je souhaite négocier avec nos partenaires de nouveaux accords bilatéraux de formation professionnelle, qui permettraient le recours aux structures locales de formation et la validation des acquis professionnels. Je propose également la création - qui concernerait, bien sûr, principalement les Français établis dans des pays en développement - d’une Allocation locale d’insertion sociale qui serait utilisable aussi pour financer une formation, dans le cadre des accords bilatéraux, ou encore la création de micro-entreprises dans les pays du Sud.

La scolarisation des enfants français à l’étranger est une autre priorité, pour que, partout dans le monde, nos compatriotes puissent se sentir à la fois bien intégrés dans leur pays d’accueil et pleinement français. Le programme "français langue maternelle" (FLAM) sera poursuivi et développé. Je m’engage à renforcer, par ailleurs, les filières d’enseignement bilingues et biculturelles. Je souhaite, en outre, une réduction substantielle des frais de scolarité pour les enfants français scolarisés dans le réseau de l’Agence pour l’enseignement français à l’étranger. L'institution de la co-tutelle de cette agence avec le Ministère de l'éducation nationale et le Ministère des affaires étrangères facilitera cette démarche.

Plus de solidarité, c’est aussi une meilleure participation à la vie démocratique. Notre démocratie doit être rénovée afin d’améliorer les conditions d’exercice de la citoyenneté. Je propose de réviser notre constitution par voie de référendum afin, notamment, d’introduire une part de scrutin proportionnel pour l’élection des députés, comme cela existe en Allemagne, qui permettra aux Français établis hors de France d’être représentés à l’Assemblée nationale, ce qui n'est pas encore le cas aujourd'hui. Par ailleurs, l’actuel Conseil supérieur des Français de l’étranger (CSFE) sera transformé en une véritable collectivité publique, dotée de pouvoirs de conseil et de décision.

Enfin, je ne voudrais pas achever cette partie de mon propos sans évoquer un sujet qui vous tient particulièrement à cœur, à vous Français résidant en Allemagne, mais qui parle aux cœurs de certains Allemands, celui du délicat problème des conflits familiaux bi-nationaux. Mon gouvernement et celui de Gerhard Schröder ont entrepris de rechercher des solutions à des situations douloureuses tant pour les parents que pour les enfants. Les parlementaires des deux pays ont, dans leur mission de médiation conduites depuis plusieurs mois, obtenu des résultats importants mais encore insuffisants. Il faudra donc continuer de travailler activement sur cette très difficile question.
C’est pourquoi aussi, convaincu du caractère primordial de notre coopération, je veux être l’artisan d’un contrat fondé sur une confiance renouvelée entre la France et l’Allemagne.

Je veux donc me prononcer pour un contrat fondé sur une confiance renouvelée entre la France et l’Allemagne.

Certains en France ont sous-estimé l’ampleur et la profondeur des mutations intervenues en Allemagne à la faveur de la réunification bienheureuse du pays. Inversement, d’autres ont souligné les conséquences qu’elles pourraient avoir sur la relation franco-allemande ou les risques qu’elles pourraient faire planer sur la construction européenne. Je n’ai été ni de ceux-ci, ni de ceux-là. Profondément convaincu de la force de nos liens, de leur caractère durable et indispensable, j’ai toujours été partisan de l’échange, d’une meilleure compréhension mutuelle et d’un dialogue de fond sur nos perceptions respectives des enjeux européens et de la place de nos deux pays dans le monde.

Depuis le Conseil européen de Nice, nous avons engagé avec nos amis allemands des rencontres informelles et régulières. Mais, ce n’était qu’une première étape, qu’il s’agit aujourd’hui de compléter et de parfaire. Et, il me paraît évident qu’une unité de pensée et d’action de l’exécutif français après les élections faciliterait le dialogue, la compréhension mutuelle, la confiance, - oserais-je dire l’intimité -, que j’appelle de mes vœux.

A cet égard, deux attitudes sont possibles. Soit on se contente de développer une approche pragmatique, technique, consistant à prévenir les difficultés et les éventuelles divergences par une amélioration mécanique des échanges d’information et des consultations. Soit on ambitionne un renouveau politique de notre coopération, par la recherche de nouveaux projets communs et d’une conception partagée des priorités européennes et de l’avenir de l’Europe.

Je souhaite, si je suis élu à la Présidence de la République, privilégier cette seconde voie. Dans ce nouveau contexte, je serais désireux de renforcer la relation personnelle et étroite que j’entretiens avec le Chancelier Gerhard Schröder et les responsables politiques allemands, qui nous permettra d’inspirer et de mettre en oeuvre ensemble de grands desseins, comme ont su le faire en leur temps des socialistes comme Willy Brandt, Helmut Schmidt ou François Mitterrand. C’est pourquoi, je souhaite, dès aujourd’hui, soumettre à la réflexion quelques pistes, qui pourraient être approfondies avec nos amis allemands, en vue de premières concrétisations après les échéances électorales allemandes de l’automne.

Il existe une idée récurrente, consistant à envisager un nouveau pacte franco-allemand pour redonner un élan à notre coopération. Je ne suis pas persuadé, pour ma part, qu’il faille modifier le cadre général de notre relation bilatérale. Le traité de l’Élysée, dont nous fêterons le 40ème anniversaire en janvier prochain, reste la base et la référence de la relation entre nos deux pays. À la veille de l’élargissement, il convient de réaffirmer solennellement la vocation initiale de ce traité - une coopération franco-allemande entièrement dévolue à la construction d’une Europe forte et solidaire - et de l’actualiser pour répondre aux enjeux de la mondialisation.

Je me réjouis de la richesse et de l’intensité des échanges entre les sociétés civiles de nos deux pays. Je n’en dresserai pas une liste exhaustive, mais j’ai à l’esprit de très nombreuses initiatives réussies dans les domaines culturel, politique, éducatif ou de l’entreprise. Je considère qu’il est essentiel de continuer à développer et multiplier ces expériences entre tous les acteurs de nos deux pays, tant la coopération franco-allemande a besoin de se nourrir de la richesse de nos peuples et de leurs talents.

Ce qui semble manquer aujourd’hui, c’est la capacité à conduire une coordination et un pilotage politique des dossiers. À cet égard, le renforcement des relations personnelles entre responsables politiques et administratifs des deux pays est indispensable. Je souhaite que l’on puisse à l’avenir multiplier les échanges de fonctionnaires à des postes stratégiques dans les ministères, tant auprès des ministres eux-mêmes que dans les administrations, à l’image de ce qui se pratique avec bonheur depuis plusieurs années déjà dans nos deux ministères des affaires étrangères. Et l’idée de nommer, si je suis élu à la Présidence de la République, un conseiller de nationalité allemande à l’Élysée, à l'image de l’initiative prise il y a déjà quelques années par Gerhard Schröder, me paraît tout à fait intéressante.

Je suis aussi très attentif aux projets en cours visant à réformer les structures de coordination des affaires européennes dans chacun de nos deux pays.

Par ailleurs, il serait opportun d’améliorer la concertation sur des questions de société et d'éthique, indépendamment de certaines négociations en cours : je pense, par exemple, au domaine de l’énergie, dans toutes ses composantes, à celui de la préservation de l’environnement ou, encore, à celui de la génétique et des sciences du vivant, avec tous les problèmes scientifiques, médicaux et les exigences éthiques qui se posent.

Ce contrat renouvelé entre nos deux pays doit nous permettre de donner un nouvel élan à la construction européenne, avec le double objectif politique de conforter le modèle européen de civilisation et d’aider à humaniser la mondialisation.

Il faut, d'une certaine façon, refonder le projet européen.

La construction européenne a toujours été et reste le cœur de la coopération franco-allemande. Aujourd’hui, l'Union est confrontée à d'immenses défis. C'est à une véritable refondation qu'il faut nous atteler. Nous devons réussir le grand élargissement, qui consacre la réunification de l’Europe ; et nous devrons avoir autant de courage et d’ambition que nos amis allemands en ont eu pour réaliser la réunification de l’Allemagne. Cette Union élargie devra être ancrée à des valeurs partagées ; elle devra rechercher l'enrichissement de politiques communes, adaptées au nouveau contexte ; elle devra promouvoir une Europe puissance, contribuant à la paix et la prospérité dans ce monde globalisé. Enfin, nous devrons incarner et couronner notre vision dans une Constitution européenne, permettant à nos peuples de préserver leur identité et leur souveraineté, et de bâtir ensemble une communauté de destin.

En définitive, ces défis nous renvoient à une question à la fois majeure et simple : quelle Europe voulons-nous faire ensemble ? Notre responsabilité est grande, car ces défis, nous ne pourrons les relever qu'ensemble : un accord franco-allemand ne suffira sans doute pas, et la relation franco-allemande n’est d'ailleurs pas exclusive d’autres partenariats que l’un et l’autre peuvent être amenés à établir pour promouvoir de nouvelles idées ; mais sans accord franco-allemand, le blocage de la construction européenne est une certitude. Je souhaite donc que Français et Allemands réunis expriment une réelle force d’entraînement, que nos partenaires européens attendent, non pour imposer des solutions conçues à deux, mais pour favoriser l'émergence de compromis susceptibles d’emporter l’adhésion de tous les Européens.

Je constate des évolutions dans la conception allemande de l’Europe ces dernières années, et je me réjouis de voir que le nouveau consensus qui se dessine ici est de nature à rapprocher nos visions de l’avenir de l'Europe. L'Allemagne unifiée aspire à une participation active aux affaires internationales et le Gouvernement de Gerhard Schröder a assumé, avec beaucoup de courage et de détermination, la participation de son pays aux opérations militaires internationales au Kosovo et en Afghanistan. Dans ce monde en voie d’unification, mais qui, en même temps, reste instable, il est normal que l’Allemagne, aux côtés de ses principaux partenaires, joue tout son rôle et prenne toute sa place, pour défendre et promouvoir les valeurs que nous partageons si profondément : le respect du droit, la paix et le développement.

Pour nourrir un partenariat qu’elle veut privilégié, la France a besoin d’une Allemagne confiante et consciente de ses responsabilités, sûre de ses valeurs, fière de son identité et ouverte au monde. C’est le cas. La France a besoin, elle-même, de mettre au clair sa vision. Pour moi, notre relation est d’autant plus forte et féconde qu’elle est équilibrée et dynamique. C’est en connaissant nos intérêts respectifs et en reconnaissant le rôle que joue notre cadre national dans la construction européenne, que nous pourrons mieux définir le rôle politique que l’Europe veut et peut jouer dans le monde, ainsi que la volonté commune de mettre l’accent sur la capacité de l’Europe à créer de la solidarité, comme réponse à la mondialisation. Je connais nos convergences de vues, exprimées encore tout récemment par Gerhard Schröder que je remercie, et cela me semble de bon augure pour engager ensemble les nouveaux chantiers qui feront l’Europe de demain.

C’est en mettant l’accent sur le contenu des projets et des politiques à conduire ensemble, que nous réussirons à donner un nouvel élan à l’Europe, guidés en permanence par le souci de délivrer des " preuves d’Europe " à nos peuples et répondre ainsi à leurs attentes très concrètes, comme l'a été, par exemple, le formidable accueil fait à l'euro par nos peuples respectifs. Il me semble que nos deux pays pourraient relancer les travaux selon les objectifs suivants :
     confirmer et réformer les politiques communes, notamment pour tenir compte de l'élargissement : la politique agricole commune, en mettant l’accent sur le développement rural, sur la qualité des produits et sur un meilleur respect de l'environnement ; et la politique régionale, en pensant dans tous les pays aux régions qui en ont le plus besoin ;

     développer une plus grande intégration économique, avec un saut qualitatif dans la coordination des politiques économiques, avec plus d'attention aux politiques industrielles, avec plus d'ambition pour la recherche, pour l’innovation et les nouvelles technologies de l'information : à cet égard, l’encourageant exemple de Galileo nous montre la voie. Et, nous pouvons être fiers, Gerhard Schröder et moi-même, d'avoir bâti EADS qui, si elle n'avait pas été créée, ne nous permettrait pas de mener la compétition mondiale contre Boeing. Et cela, nous l'avons fait ensemble ;

     promouvoir une Europe sociale, fondée sur une exigence de convergence vers des normes ambitieuses ainsi que sur un dialogue social européen renouvelé, qui permettrait à l’Europe de renforcer son droit du travail et ses mécanismes de régulation sociale, d’améliorer sa protection sociale et de consolider les services publics, garants de la cohésion sociale, territoriale et régionale ;

     mettre en place un véritable espace européen de liberté, de sécurité et de justice, sur la base de nos positions communes sur la police européenne criminelle, le parquet européen, la police européenne aux frontières extérieures, ou l’harmonisation des politiques d'immigration et d'asile ;

     développer un cadre européen ambitieux, en articulant au mieux l'intervention au niveau de l'Union et celle au niveau des Etats et de leurs régions, dans des domaines tangibles pour les citoyens : l’éducation et, plus généralement, la levée des obstacles à la mobilité, la culture et l'environnement, dans l’enrichissement de notre diversité culturelle ;

     faire accomplir un saut qualitatif à la politique étrangère et de sécurité commune et faire de la défense européenne un enjeu stratégique, y compris dans sa dimension industrielle.

Enfin, je veux ajouter à cet agenda le souhait d’une concertation constante et approfondie entre nos deux pays sur tous les aspects de l’élargissement de l’Europe, son rythme, son intensité, son impact sur les politiques communes, sa dimension humaine, ses conséquences pour les peuples de nos deux nations.

A cette redéfinition du projet européen et à cette profonde rénovation des politiques communes doit correspondre une réforme ambitieuse de l’architecture de l’Union. Pour répondre, là aussi, aux attentes très concrètes de nos peuples, nous devrons satisfaire une double exigence, au cœur des enjeux institutionnels européens : celle du fonctionnement, - avec ses impératifs d'efficacité, de transparence, de responsabilité ; celle de la représentation politique, - avec ses impératifs de démocratie, d'identification des pouvoirs et des processus de décision.

Dans cet esprit, nos positions sont, aujourd’hui, proches sur de nombreux points.

Nous partageons, au fond, le même objectif politique : une Constitution établissant une fédération européenne des États-nations, dont le cœur sera la Charte des droits fondamentaux, autre projet qui n'aurait pu voir le jour sans une coopération franco-allemande étroite et exigeante.

Nous sommes d’accord pour rechercher ensemble une meilleure articulation et réelle clarification des compétences entre l’Union et les Etats-membres.

Par ailleurs, le renforcement de l’efficacité et de la légitimité de l’ensemble des institutions européennes, ainsi qu’une conduite plus politique des travaux européens, sont pour nous des impératifs sur lesquels il nous faut travailler ensemble. A cette fin, nos deux pays pourraient aisément, je le crois, unir leurs efforts en vue de promouvoir quelques progrès décisifs : par exemple, faire des élections au Parlement européen le temps fort de la vie démocratique européenne, dont le résultat inspirerait la désignation du Président de la Commission.

Par le passé, nos dirigeants ont nourri le dialogue franco-allemand de leurs relations personnelles. Pour la première fois depuis longtemps, cette responsabilité déterminante reviendrait à deux hommes qui appartiennent à la même famille politique, qui partagent les mêmes valeurs et les mêmes ambitions pour l’Europe… Nous pourrions dès lors nous fixer comme objectif politique de parvenir à des résultats substantiels pour le 40ème anniversaire du traité de l’Elysée en janvier 2003.

Depuis le début, l'histoire de la construction européenne se confond avec celle des liens de la France avec l'Allemagne. A mes yeux, cette conviction a aujourd'hui une signification encore plus forte car il s'agit de faire de notre Europe un modèle de civilisation à l'échelle du monde, inspiré par la vitalité des identités nationales et la force de projets communs. Il me reste à souhaiter que nous continuions à cheminer ensemble au cours des prochaines années pour donner corps à notre vision politique d'une Europe au service de nos peuples.

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