Présider autrement
Bordeaux - jeudi 11 avril 2002

 Discours de Lionel Jospin prononcé d'un grand meeting à Bordeaux.


 

Mesdames et Messieurs,
Mes cher(e)s camarades,
Cher(e)s ami(e)s,

Merci pour la chaleur de votre accueil. Je salue tout particulièrement mon ami Lula (Luiz Inacio « Lula » da Silva) qui vient de s’exprimer devant vous. Je le remercie d’être venu du Brésil pour me témoigner son soutien. Il est le candidat du Parti des travailleurs – brésilien – à l’élection présidentielle brésilienne, en octobre prochain, et je lui souhaite bonne chance. Je le remercie des mots à mon égard. Je crois qu’on peut lui faire confiance pour distinguer ce qu’est un gouvernement de gauche.

J’aime l’Aquitaine parce que c’est une très belle terre.
L’Aquitaine, ouverte sur l’Océan Atlantique, allant des sommets pyrénéens jusqu’aux contreforts du Limousin en Dordogne, en passant par la vaste plaine des Landes, où le parfum de la mer le dispute à celui des pins.
L’Aquitaine qui trouve son unité dans la si belle lumière qui la baigne. Une lumière chaleureuse qui caresse ses paysages et illumine son patrimoine : la tour Saint-Michel à Bordeaux, l’abbaye de Brantôme.
L’Aquitaine où l’alliance du soleil, du sol et surtout du travail et du savoir-faire des hommes nous offre les plus grands vins. Les crus prestigieux du Bordelais, bien sûr, les plus réputés au monde, mais les autres aussi, qui tous peuvent accompagner les meilleurs repas et les plus mémorables discussions entre amis : depuis l’Irouléguy du Pays Basque jusqu’au Bergeracois.
L’Aquitaine qui offre tout ce qu’il faut pour mener une vie équilibrée. Les villes sont belles, la nature est proche. On y aime les bonnes choses - j’ai évoqué le vin, il y a aussi le foie gras du Périgord, le confit des Landes, les huîtres du bassin d’Arcachon – mais on y cultive aussi l’excellence de l’esprit : Montesquieu et Montaigne seraient fiers de vos universités et de vos centres de recherche… On y aime le rugby, mais aussi le football.

On y aime aussi la chasse, cette tradition inséparable d’un art de vivre populaire auquel nous sommes très attachés. En fixant de façon claire les droits et les devoirs du chasseur, la loi du 20 juillet 2000 a légalisé et donc pérennisé une activité fortement ancrée dans l’histoire et les cultures de France.
 La loi a permis d’aplanir le contentieux communautaire né de la transcription d’une directive européenne élaborée en 1979 à l’initiative de la droite lorsqu’elle assumait la Présidence de l’Union.
 La loi a apporté une reconnaissance de la chasse de nuit, de la chasse à « la passée » et de la chasse le week-end. Elle prévoit des schémas de gestion pour assurer l’équilibre des espèces et des espaces.
 Elle a créé un Office national renforcé et démocratisé les fédérations de chasse.
 Elle sécurise l’acte de chasser par la formation au permis de chasse.
 Le Gouvernement avait l’ambition de faire de la chasse française un modèle intégrant plusieurs exigences : l’équilibre des milieux naturels, la légitimité d’une activité populaire à laquelle beaucoup de Français sont attachés, le droit européen. Nous avons tenu promesse en créant les conditions pour une chasse mieux comprise, mieux acceptée, plus populaire.

J’aime aussi l’Aquitaine parce que, pour la gauche, c’est une terre de reconquête.
En 1997, lors des élections législatives, l’Aquitaine a donné une très belle victoire à la gauche plurielle. Grand chelem dans les Landes, avec Henri Emmanuelli que je salue amicalement. Grand chelem aussi en Dordogne. Grand chelem encore - et c’était difficile - dans le Lot-et-Garonne. Et résultats historiques pour la gauche en Pyrénées-Atlantiques avec Nicole PÉRY, que je salue, et surtout en Gironde (9 députés sur 11).
En 1998, lors des élections régionales, l’Aquitaine a choisi l’alternance à gauche. Je salue Alain Rousset, président du Conseil régional. Progrès encore de la gauche lors des élections cantonales.
J’espère que le meilleur reste à venir… Les 21 avril et 5 mai prochains, lors de l’élection présidentielle, puis lors des élections législatives.

A travers ces élections, la France a rendez-vous avec elle-même. Il s’agit de l’avenir de la France. Il s’agit de sa place en Europe, de son rôle dans le monde.
Il s’agit de l’avenir de tous les Français. De leurs conditions de vie : leur travail, l’éducation de leurs enfants, leur sécurité, leur santé, leur logement, leur retraite. Pour eux, pour leurs enfants aussi. Nos concitoyens doivent choisir. Je veux qu’ils choisissent en connaissance de cause. Je veux qu’ils choisissent les yeux ouverts. En percevant, derrière l’apparence des promesses, la réalité des engagements. En distinguant le discours et les actes. En distinguant la droite et la gauche.
Le critère le plus simple pour distinguer la gauche et la droite, c’est celui de la justice sociale. L’exigence de justice est profonde dans notre pays. Je la porte en moi. Et pour moi qui suis un homme de gauche, de la gauche qui gouverne et qui accepte les risques de la responsabilité politique, la gauche « réelle », la justice sociale, c’est des réformes concrètes, des améliorations dans le vie quotidienne, c’est du pouvoir d’achat en plus. C’est, en un mot, le progrès social.


I – Je suis le candidat
du progrès social



Le progrès social est au cœur de mon projet politique.
Pour moi, le progrès social, c’est refuser la misère, refuser les humiliations, refuser les inégalités qui séparent les hommes.
Pour moi, le progrès social, c’est construire concrètement l’égalité, c’est rechercher concrètement la justice sociale.
Pour moi, le progrès social, c’est faire mieux respecter des droits essentiels ;
c’est ouvrir de nouveaux droits aux Français ;
c’est faire vivre de nouvelles solidarités entre eux.

C’est la gauche, historiquement, qui s’est battue pour faire avancer le progrès social, pour réussir . L’Histoire de notre pays en témoigne :
 les grandes lois de la Troisième République : la loi interdisant le travail des enfants de moins de douze ans, la loi de Waldeck-Rousseau autorisant les syndicats ; la loi sur les accidents du travail ; les lois de Jules Ferry instaurant l’enseignement obligatoire, gratuit et laïque ;
 1936 et le Front populaire de Léon BLUM, avec les congés payés et la semaine des 40 heures ;
 1945 et la Libération : le droit de vote des femmes, les ordonnances créant la Sécurité sociale ;
 1956 et la loi sur les trois semaines de congés payés ;
 1981 et la grande alternance avec, grâce à François Mitterrand et Pierre Mauroy, les 39 heures, la cinquième semaine de congés payés et la retraite à 60 ans, puis les lois Auroux qui ouvrirent des droits nouveaux aux salariés au sein de l’entreprise ;
 1988 avec, grâce à Michel Rocard, la création du RMI ;
 et pourquoi pas ajouter à cette belle liste : depuis 1997, les 35 heures, la loi de lutte contre les exclusions, la CMU, l’APA.

Mais trop de Français mènent encore une vie difficile, au regard de l’éducation, du travail, du loisir, de la culture.

Face à cette réalité, il y a bien une gauche et une droite.
 Pour les libéraux, les chômeurs, les petits salariés précarisés, bref ce quart malheureux de notre société est comme la part du feu, le « dommage collatéral » de l’économie de marché.
 Pour nous socialistes, il incombe à l’État de poursuivre opiniâtrement l’objectif de solidarité qui anime la gauche. A gauche, nous ne pensons pas que ce qui est bon pour le patronat soit forcément bon pour la France, ni forcément bon pour les Français.

Aujourd’hui, c’est encore et toujours la gauche qui continue de regarder le réel en face, la France telle qu’elle est, la vie de très nombreux Français telle qu’ils la vivent.
 La gauche sait qu’un jeune sur trois, aujourd’hui, ne part jamais en vacances. Ce taux est plus élevé encore chez les 8-13 ans vivant en HLM, ceux-là mêmes qui, si souvent, font problème. Et 70 % d’entre eux affirment penser aux vacances tout au long de l’année. A l’inverse, plus de 92 % des cadres et de leurs familles partent régulièrement en vacances.

 La gauche sait que pour des millions de Français les logements manquent ou ne conviennent pas, que les loyers sont chers, que devenir locataire suppose des démarches impossibles pour trop de ménages modestes.
 La gauche sait qu’il n’y a pas de vrai droit à la santé si les remboursements ne sont pas pris en charge, si les soins sont comptés, si l’hôpital est trop loin ou l’attente trop longue.
 La gauche sait que pour trop de salariés le travail, qui doit apporter la sécurité, est en fait synonyme de précarité ; que des hommes et des femmes de cinquante ans sont jugés trop âgés pour travailler.
 La gauche sait que beaucoup de Français ne vont jamais au théâtre ou à un concert de musique, parce que c’est trop cher ou parce qu’ils pensent que « ça n’est pas pour eux ».

Tout cela, la gauche le dénonce. Mais surtout, la gauche s’y affronte. Elle ne rêve pas seulement l’avenir. Elle veut transformer le réel.

Comme Victor Hugo, nous savons que « la misère n’attend pas ». Et que les réformes qui peuvent être menées dès à présent, doivent être accomplies. Bien sûr, l’action est nécessairement imparfaite. Bien sûr, même en cinq ans, même quand on réalise beaucoup, ce n’est pas assez. Mais la gauche, aux responsabilités, avec les socialistes, par la réforme, améliore concrètement la vie :
 la vie de ces Françaises et de ces Français qui travaillent sur une chaîne d’usine, derrière une caisse de supermarché, auprès des malades dans les hôpitaux, au volant d’un camion ou d’un bus et bien sûr d’un tracteur dans les petites exploitations ;
 la vie de ces deux millions de Françaises et de Français qui voudraient travailler mais qui ne le peuvent pas et dont la vie reste comme suspendue par le chômage ;
 de ces millions de Françaises et de Français qui ont travaillé toute leur vie et qui, aujourd’hui retraités, ne veulent pas être oubliés par la société.

Durant cinq ans, à la tête du Gouvernement, j’ai agi pour le progrès social. Le travail accompli a permis, pour une part, de répondre aux attentes des Français. Mais je mesure le chemin qu’il reste à parcourir vers une France plus juste.

Aujourd’hui, ma préoccupation continue d’aller en priorité à cette France qui travaille dur et qui gagne peu. C’est pour tous ces Français que je veux poursuivre le mouvement de progrès social. Pour permettre à chacun de vivre dans la dignité et d’exercer ses droits. Je veux une économie de la croissance, une société du travail, une France du plein emploi.

C’est mon projet pour une France plus juste.

Je m’engage à continuer le combat pour l’emploi
 :
 900 000 chômeurs en moins d’ici 2007 ;
 le droit à la formation tout au long de la vie ;
 200 000 contrats pour les chômeurs de plus de 50 ans ;
 l’innovation, la croissance, la création d’entreprise.

Je m’engage à approfondir la lutte contre l’exclusion :
 « 0 SDF » avec l’aide des ONG.

Je m’engage pour le logement décent de tous les Français :
 la Couverture logement universelle ;
 300 000 HLM reconstruits en 10 ans.

Je m’engage à étendre les droits des salariés :
 ouvrir une négociation avec les partenaires sociaux pour lutter contre la précarité ;
 organiser la représentation des salariés dans les conseils de surveillance des entreprises ;
 assurer l’égalité professionnelle (salaires et accès aux responsabilités) entre les femmes et les hommes.

Je m’engage pour la santé de tous les Français :
 investir pour rénover les hôpitaux, renforcer l’effort de recherche et offrir de nouveaux médicaments ;
 dépister systématiquement plus de maladies et combler le retard en matière de prévention ; de nombreuses vies humaines pourraient ainsi être sauvées ;
 garantir l’égalité d’accès aux soins pour tous sur tout le territoire ;
 améliorer le remboursement de l’optique, des soins et des prothèses dentaires.

Mes cher(e)s camarades,

Je m’engage pour une France plus juste. C’est aujourd’hui que je veux construire le progrès social. Pour les femmes et les hommes d’aujourd’hui. Mais pas seulement pour eux. Le progrès ne vaut que s’il prépare l’avenir. Que s’il sert les générations suivantes.


II – C’est pourquoi
je suis le candidat
tourner vers la jeunesse



J’ai en tête un mot cher à beaucoup de jeunes d’aujourd’hui : « respect ».

Eh bien, je veux être le candidat du respect. Le respect est au centre de ma conception de la vie politique.
 Respect des engagements pris. Respect de la parole donnée.
 Respect de la confiance accordée par les Français.
 Respect de soi-même, respect de ses alliés, de ses adversaires aussi.

Les jeunes ont été cruellement déçus en 1995. Ils ont apprécié que nous ayons travaillé pour eux et avec eux depuis 1997.

Les jeunes savent bien que « présider autrement » est une exigence de respect.
 L’exemple doit venir d’en haut.
 La loi doit être la même pour tout le monde. La sanction aussi.
 Il faut avoir le sens de l’équipe et du jeu collectif.
 Il faut savoir reconnaître ses erreurs et en tirer les leçons.
 Il faut être simple. Vrai. Franc. Net. Au clair avec soi-même et avec les autres.

Je vais vers eux. Et ils me le rendent. Je veux remercier ici Charlotte Brun, Présidente du Mouvement des Jeunes Socialistes, et tous ces jeunes qui, meeting après meeting, apportent à cette campagne leur enthousiasme, leur énergie, leur joie de vivre…

Sur le socle de ce respect, je veux passer un pacte de confiance avec la jeunesse. Cette confiance se fonde aussi sur la reconnaissance de ce qu’est la jeunesse et de ce qu’elle n’est pas.

Je ne stigmatise pas les jeunes. Je refuse que l’on confonde les jeunes et les délinquants, comme si la jeunesse était une sorte de nouvelle classe dangereuse, à la manière des classes laborieuses du XIXème siècle. Les jeunes sont des jeunes. Les délinquants sont des délinquants.

Je sais que les jeunes sont parmi les premières victimes de la violence : du racket, des agressions... Mais je veux rappeler aux jeunes qui sont à la dérive qu’ils n’ont pas d’avenir s’ils ne respectent pas la règle commune. La jeunesse ne me fait pas peur, ne nous fait pas peur, ne doit pas faire peur aux Français. La jeunesse est le sourire de la France.

A cette jeunesse, je propose un pacte pour répondre à son envie de liberté.

Liberté de choix, liberté de style de vie
.
 Je continuerai à lutter contre les discriminations de toute nature.
 Je veux une jeunesse libre mais informée : prévention des comportements à risque ; information sur la contraception.
 Je veux une jeunesse qui puisse vivre sa vie et faire la fête sans être pénalisée par son faible pouvoir d’achat : je m’engage à défendre à Bruxelles l’application du taux réduit de TVA sur les CD et DVD.

Liberté de parcours.
 Je veux lutter contre les stéréotypes qui enferment les garçons et les filles dans certaines filières de formation.

Liberté d’expression.
 Je m’engage à développer pour les jeunes des lieux de création, de répétition, de diffusion au service de leurs activités artistiques.

Un pacte pour ouvrir un avenir à la jeunesse.

En maintenant l’Education comme priorité nationale.

 Investir dans l’éducation : priorité budgétaire.
 Egalité des chances : 100 % des jeunes avec une qualification.
 Prise en charge des élèves en difficulté.
 Expérimentation et généralisation des bonnes pratiques venues du terrain.
 Un ordinateur pour chaque jeune, de l’Ecole à l’Université.

En ouvrant l’Education sur l’Europe et le monde.
 Apprentissage de deux langues vivantes.
 Un séjour de 3 mois (lycéens) à 6 mois (étudiants) à l’étranger.
 L’espace européen de l’éducation : reconnaissance des diplômes et mobilité.

En aidant les jeunes à trouver leur place dans la vie professionnelle.
 Je m’engage à proposer aux jeunes un service civique pouvant être validé dans leur formation.
 Je m’engage à continuer le combat pour l’emploi des jeunes.
 Je m’engage à mettre en place un contrat d’autonomie pour aider les 18-25 ans dans leur démarche de formation et d’insertion professionnelle. La droite est contre, comme toujours. Je dis que c’est une grande réforme de société, lorsqu’on sait que 60 % des jeunes vivent encore chez leurs parents, parfois au-delà même de 25 ans, alors qu’ils aimeraient pouvoir s’assumer en tant que jeunes adultes. Les jeunes ne demandent pas l’aumône. La logique d’un RMI-jeunes serait celle de l’assistanat, d’un sous-statut. Le contrat que je propose est conditionné à un projet d’étude ou de formation professionnelle. Et c’est à cette condition qu’il aidera vraiment nos enfants à conquérir leur autonomie.

Je veux répondre à l’envie de justice exprimée par la jeunesse.
A Porto Allegre - Lula était un peu notre hôte -, à Gênes, les jeunes sont aux avant-postes de la mobilisation internationale pour dénoncer le libéralisme, cette loi du plus fort, et pour proposer « un autre monde ».

Je suis avec la jeunesse pour construire un monde plus juste.
 Je propose l’annulation de la dette des pays en développement.
 Je veux augmenter l’aide publique à 0,7% du PIB.
 Pour un partage plus équitable des richesses et du pouvoir, je propose de créer un Conseil de sécurité économique et social à l’ONU, ouvert aux pays en développement.
 Et puisque j’évoque le monde, je suis heureux de saluer ici, après la soixantième ratification d’Etat, le fait que la Cour pénale internationale va pouvoir se mettre en place et commencer son travail. La contribution de mon gouvernement à ce succès a été totale. Nous nous sommes engagés pleinement. La lutte contre l’impunité de ceux qui déclenchent des guerres ou violent les droits de l’homme sera plus vigoureuse. Aujourd’hui est un progrès de la conscience universelle.

Mes cher(e)s camarades,

Cette jeunesse, je ne cherche pas à l’instrumentaliser. Je ne lui tiens pas le discours de la démagogie. J’attends d’elle le respect :
 respect des personnes, sans distinction d’âge ni d’origine ;
 respect des règles, celles de la vie en société ;
 respect des lois, celles de la République. Je voudrais vous en donner ma vision.


III – La République
a besoin de la jeunesse



La République est le régime que s’est donné la Nation.
La République est le bien commun des Français réunis par la volonté de vivre ensemble.
La République, c’est un ensemble de valeurs.

Si elle est partie prenante de la République, la jeunesse en apprendra mieux les valeurs. Valeurs de liberté, d’égalité, de fraternité. Ces valeurs ont besoin, pour vivre, de la laïcité.
 La laïcité est une idée moderne, indispensable, précieuse entre toutes. Elle est le socle sur lequel peuvent s’élever la liberté de conscience, le respect des différentes appartenances et confessions.
 Je sais qu’il existe des appartenances communautaires, même si la première communauté est pour moi nationale, celle des citoyens.
 Je refuse le communautarisme.
 Je ne connais qu’une seule communauté : celle des citoyens. Elle définit la Nation.

Je le dis aujourd’hui avec d’autant plus de force qu’il existe la tentation pour certains de répercuter la situation dramatique du Proche-Orient au sein de la communauté des citoyens.

Je condamne solennellement, et de la manière la plus ferme, les actes antisémites. L’inacceptable n’a pas sa place au sein de la République. Lancer des cocktails Molotov contre des synagogues est abject. S’en prendre à des écoles juives est intolérable. Quelle que soit leur nature, les actes ou les insultes qui visent nos concitoyens juifs soulèvent l’indignation.

A ma place, avec le Gouvernement, je mets tout en œuvre :
 pour pourchasser les coupables. Ils sont et seront châtiés avec sévérité. C’est le cas à Montpellier, par exemple, où les individus qui avaient lancé des cocktails Molotov sur une synagogue ont été poursuivis, appréhendés, sont passés aux aveux et ont été déférés au Parquet ;
 pour prévenir de tels actes : Daniel Vaillant a déployé de nouveaux moyens autour des sites pouvant être visés ;
 pour éveiller les consciences sur ce que signifie vivre ensemble.

Vivre ensemble suppose le respect.
Respect de la loi commune
, celle que tous les citoyens acceptent parce qu’elle garantit la liberté, les libertés, de chacun.
Respect de l’égale dignité de tous. Quelle que soit l’origine, quels que soient les choix de vie.

Que l’on viole la loi, que l’on porte atteinte à la dignité de l’autre, et c’est la République que l’on insulte. Chaque citoyen doit être vigilant et, lorsqu’il le faut, se dresser et refuser l’inacceptable. Si les Français m’élisent Président de la République, je serai le premier à veiller à ce respect - respect de la loi, respect de l’autre - sans lequel il n’est pas de vie en société possible.

Le respect de la loi n’empêche pas que la loi commune puisse évoluer pour tenir compte de la marche des sociétés et des mœurs. Je veux une République vivante, adaptée à notre temps.

Cette République, je la veux forte, vivante, féconde, moderne.
 Je ne veux pas d’une République figée dans un passé idéalisé qui n’a jamais existé.
 Je veux qu’elle soit un atout pour la France du XXIème siècle, pas une nostalgie de la France du XIXème siècle.

Ainsi, je n’oppose pas la République à la démocratie. Je suis convaincu qu’en approfondissant la démocratie, on sert la République.

Je pense que la décentralisation, qu’a voulue la gauche et qui a fait naître puis s’épanouir la démocratie locale en France, sert la République.
 François Mitterrand, Pierre Mauroy, Gaston Defferre puis Pierre Joxe ont donné des libertés nouvelles aux villes, départements et régions. Encore une réforme historique dont chacun se réjouit aujourd’hui mais que la droite, à l’époque, avait combattue.
 Au sein de mon Gouvernement, Jean-Pierre Chevènement puis Daniel Vaillant ont continué à tracer le sillon de la décentralisation.

Demain, si les Français le veulent, nous ouvrirons une seconde étape de la décentralisation.

Je pense que la parité entre les femmes et les hommes, approfondissement majeur de la démocratie, sert la République.
Je pense que la restriction du cumul des mandats, en apportant un souffle nouveau à la démocratie, sert la République.
Je pense que l’indépendance de la Justice sert la République. Nous l’avons pratiquée dans les faits. Nous avons essayé de l’inscrire dans la loi. La droite s’y est opposée. Demain, si les Français nous font confiance, nous consacrerons définitivement l’indépendance et la responsabilité de la Justice en France.

Mesdames et Messieurs,
Mes cher(e)s camarades,
Cher(e)s ami(e)s,

Progrès social, confiance en la jeunesse, attachement indéfectible à la République : voilà trois idées fortes qui fondent l’identité de la gauche. Trois idées fortes qui sont au centre de mon projet.

C’est un projet pour la France. C’est aussi un projet pour le rôle de la France en Europe et dans le monde.

L’Union européenne sera d’autant plus puissante qu’elle se bâtira sur un contrat social fort, sur le progrès social, sur la confiance en la jeunesse, sur le respect de chacun.

Et plus elle sera forte, plus l’Europe pourra ouvrir à ce siècle neuf un chemin de paix, de solidarité, de liberté. Elle doit se donner comme objectif de façonner un continent juste, un continent solidaire, un continent innovant. Un continent où les Etats seront assez puissants pour ne pas dépendre des marchés, un continent où l’affaire Enron sera impossible, un continent où les services publics seront garantis.

La France doit prendre la tête de ce combat pour cette Europe-là. J’y suis résolu.

En Europe et dans le monde, la France doit continuer à faire vivre ses valeurs et ses principes. La France doit rester fidèle à la philosophie des Lumières, à son héritage révolutionnaire. Elle doit être la terre d’accueil des idées neuves, des combats justes, d’une vision du XXIème siècle qui soit celle du développement planétaire durable. La France doit continuer à être le pays qui innove en matière sociale, un pays qui ne confond pas modernité et libéralisme, un pays qui explore le nouveau contrat social qui doit être celui du XXIème siècle pour l’ensemble du monde.

Dans l’époque mondiale qui est désormais la nôtre, la France doit rester fidèle à la mission qui l’a fondée dans le passé, la mission qu’elle s’est donnée à elle-même. La mission qui nous réunit et qui fait que nous sommes fiers d’être Français.

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