Il faut avoir confiance
dans la France
Mardi 12 mars 2002

 Intervention de Lionel Jospin à l'issue de la réunion avec les députés, sénateurs et députés européens socialistes et des candidats socialistes aux élections législatives, le mardi 12 mars 2002 à l'Atelier de campagne.

 

Je suis heureux de vous accueillir ici avec Pervenche Beres, qui représente la délégation socialiste au Parlement européen, Claude Estier, président de notre groupe au Sénat et Jean-Marc Ayrault, président de notre groupe à l'Assemblée nationale. Il y a aussi avec nous des candidats et des candidates aux prochaines élections législatives qui vont se présenter ou se représenter au suffrage du peuple.

Ma candidature à l ‘élection présidentielle est à la fois un engagement personnel et un acte politique qui engage bien au-delà de moi-même. Un acte personnel car je me mobilise tout entier, mais, pas tout le temps car j'ai à assumer ma tâche de chef du gouvernement mais dans le temps de cette campagne et comme candidat, cette campagne me mobilise. C'est aussi un acte politique au sens large, dans la mesure où je me veux le représentant de quelque chose de plus vaste que moi-même.

Je suis candidat pour débattre et échanger, en parti culier avec les Français et j'espère bien commencer à aller à leur rencontre soit dans des meetings soit lors de rencontres jour après jour. Je suis candidat pour proposer un projet à la France. J'ai déjà exprimé un certain nombre d'idées dans un livre et parlé de notre action au gouvernement. Et puis dans ma lettre de candidature aux Français, j'ai indiqué les cinq engagements qui seraient les miens outre la volonté de faire fonctionner la vie démocratique autrement et de présider autrement.

J'ai commencé à décliner un certain nombre des thèmes du projet par exemple sur la famille, demain sur la recherche. Les porte-parole et les responsables les plus connus s'expriment également dans la campagne.

Et je crois d'ailleurs qu'une partie de la crédibilité de ce que nous proposons vient de la façon dont nous avons gouverné pendant cinq ans en tenant nos engagements en avançant sur les orientations que nous nous étions fixées et c'est une situation qui nous est particulière en quelque sorte. Je suis naturellement candidat pour gagner et pour faire gagner une conception de la politique fondée sur la clarté et sur la vérité.

Et dans cette campagne , c'est pour moi précieux, et c'est peut être ce qui nous caractérise le plus me semble-t-il, je suis entouré totalement par une équipe d'hommes et de femmes de valeur qui ont fait leurs preuves en exerçant des fonctions gouvernementales et en qui les Français marquent une certaine confiance.

Cela nous distingue là aussi de l'opposition de droite, des hommes et des femmes de conviction qui resteront fidèles à leurs engagements s'ils ont à nouveau des responsabilités. Ce sont des hommes et des femmes qui ont marqué leur compétence et qui ont une autre caractéristique, c'est qu'ils veulent et peuvent travailler ensemble dans un esprit collectif et dans une attitude fraternelle. Et cela, à la veille ou dans le cours d'une campagne, à la veille d'une élection présidentielle qui va précéder des élections législatives et qui va ouvrir à la fois un quinquennat présidentiel et un quinquennat législatif, normalement du moins, c'est un élément extrêmement important du jugement et de l'appréciation des Français que cette capacité pour un Président élu de travailler de façon harmonieuse et solide avec une équipe gouvernementale et je l'espère, avec une majorité parlementaire.

Ces deux combats vont intervenir dans le bon ordre, celui que nous avons voulu, celui qu'il a fallu imposer. C'est un ordre logique, conforme à l'esprit des institutions et qui garantit l'efficacité et la cohérence de la vie politique.

J'ai mon rôle particulier à jouer dans cette campagne présidentielle, j'ai commencé à le faire, mais je ne suis pas isolé.

Si cette élection présidentielle est un combat collectif, il s'agira néanmoins de choisir un homme pour porter une vision pour le pays, un homme qui a besoin de l'engagement d'une équipe nombreuse, fraternelle et efficace pour remplir sa mission.

Je voudrais terminer sur quelques points qui sont autant d'atouts dans cette campagne. D'abord, nous avons pris des engagements en 1997 à l'occasion de la campagne des élections législatives. Et nous les avons tenus. Parfois nous les avons réalisés, dans d'autres, nous les avons avancés considérablement dans leur concrétisation. D' autre part, nous avons un bilan qui est significatif et je pense que dans cette élection présidentielle, il faut s'appuyer sur le socle de ce que nous avons réalisé en cinq années et que je ressens personnellement, non pas comme un fardeau mais au contraire, comme un atout dans la campagne présidentielle que je conduis. Et d'ailleurs la question de savoir si un certain nombre de nos réalisations ne seraient pas remises en cause malgré le discours très prudent de la droite, sur les 35 heures, sur les emplois-jeunes, sur d'autres propositions et cette question doit être très présente dans la campagne car il ne s'agit pas simplement de promesses que l'on fait, il s'agit aussi des intentions que l'on a parfois à l'égard de ce qui a été réalisé. Ce bilan crédibilise d'une certaine façon nos propositions car les Français peuvent se dire : bon, ils n'ont pas tout réussi, mais ils avaient dit qu'ils feraient un certain nombre de choses ils les ont faites , ils proposent à nouveau des termes de contrat, nous pouvons raisonnablement penser qu'ils tiendront les termes de ce contrat .

Les équipes de la gauche réunies autour de moi me semblent plus solides, plus harmonieuses que celles de l‘opposition. Elles sont d'ailleurs, en règle générale reconnues par l'opinion et j'en suis fier.

J'en termine par deux idées importantes. La première, c'est que nous avons une vision lucide de la France . Nous voyons bien à quel point elle est contrastée, à quel point elle est composée d'hommes et de femmes qui ne sont pas tous dans la même situation, à quel point elle peut s'interroger sur son identité, son avenir, donc nous n'avons pas du tout une vision euphorique de la France. Mais nous en avons une idée lucide au sens où nous voyons aussi ses forces, sa capacité créative, sa volonté d'aller de l'avant, sa capacité à s'adapter aux nouveaux défis, on l'a vu par exemple avec l'euro, et la conscience d'une identité n'a pas empêché de projeter sa force et ses propositions dans l'Europe et puis une certaine vision du monde à partager avec nos interlocuteurs.

Donc, cette France nous la voyons avec toutes ses virtualités , avec ses vertus, mais sans nous dissimuler les ombres, mais sans non plus négliger les ressources d'énergie, de progrès de capacité à exister dans le monde d'aujourd'hui. Et je trouve que du côté de l'opposition, et des candidats de l'opposition, c'est une vision sombre de la France. Au point qu'on ait prononcé à son propos le mot de maladie, qui ne me paraît certainement pas l'idée de la conscience que les Français ont d'eux mêmes. Il faut avoir confiance dans la France, lucide mais pas au point de ne pas rendre aux Français l'hommage qu'ils méritent.

Dernière idée, nous sommes les mieux placés pour avoir dirigé, conduit et accompagné le mouvement même de la France dans ce début du nouveau siècle. Je pense et j'espère que les Français le penseront aussi et que nous les en convaincrons, que nous sommes les mieux à même de réaliser les très grands compromis qui seront nécessaire entre la recherche de la compétition, l'efficacité économique, la capacité à se mettre dans le flux de la modernité, sinon, nous serons définitivement rejetés, marginalisés et en même temps la volonté de préserver les acquis fondamentaux ou d'opérer à travers ce mouvement d'adaptation et de modernisation, les progrès sociaux, les changements qui sont aussi nécessaire.

Nos valeurs restent fondamentalement des valeurs de liberté, de solidarité de justice, de progrès, nous sommes des évolutionnistes par rapport aux statiques.

Le deuxième compromis que nous pouvons mieux opérer que d'autres, concerne la société, c'est à dire la façon que les Français ont de vivre ensemble.

Ce compromis, c'est celui qui existe entre l'identité de la France à laquelle nous sommes attachés. Je ne suis en rien chauvin, mais je suis fier d'être Français . J'ai conscience d'une certaine originalité française. Je suis profondément attaché comme beaucoup de Français à l'idée que nous gardons de l'identité, que nous ne nous noyons pas dans une certaine uniformité mondiale mais en même temps cette identité n'a de sens que si on en fait une identité motrice, quelque chose pour aller à la rencontre des autres et d'abord de nos partenaires européens.

En même temps, la France veut, en s'appuyant sur l'idée qu'elle se fait d'elle, de sa propre conscience de soi même, veut être une force motrice en Europe.

La France veut aussi avec sa voix particulière, jouer un rôle dans le monde. Celui-ci ne peut être livré aux rapports de force nus.

Cette campagne a du sens, elle le prendra de plus en plus. Je demande que ce sens on l'écoute, qu'on veuille bien l'entendre et c'est ce que je m'efforcerai de faire valoir en votre nom et avec vous.

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