Je crois en l'avenir | |
Devant une assemblée de chercheurs rassemblés au génopole d'Evry, Lionel Jospin a énoncé ses propositions visant à " relever le défi de la compétition scientifique internationale " (loi-cadre, grand ministère de l'enseignement supérieur, de la recherche et de la technologie, aides aux jeunes chercheurs pour favoriser leur mobilité...). Dans une période où la droite développe une vision pessimiste de la France, Lionel Jospin affiche sa confiance dans notre pays, confiance nourrie par sa volonté de " mettre la recherche au service du progrès de nos sociétés ". |
Monsieur le directeur, Mesdames, Mesdemoiselles, Messieurs, Je suis très heureux de m’exprimer aujourd’hui devant vous dans l’enceinte de génopole d’Evry, cœur battant de la recherche française en matière de génétique, de génomique et de biotechnologies, belle illustration du partenariat entre le monde de la recherche et le secteur de l’industrie, entre l’Etat et les collectivités locales, notamment la région Ile de France, entre les pouvoirs publics et une association, l’Association française contre les myopathies (AFM). Ces 20 laboratoires, ces 39 entreprises et plus de 1.300 emplois créés n’auraient pas vu le jour sans cette convergence d’intérêts, cette synergie de moyens et d’enthousiasmes. Ils tiennent aussi beaucoup à la ténacité d’un homme, Pierre Tambourin, à qui j’adresse mes remerciements et mes encouragements. Quatre ans après sa création, génopole est devenu, de l’avis de tous, un site de référence, la “ vallée européenne de la génétique ”. Quel meilleur endroit, dès lors, pour parler avec vous de la recherche de demain, que vous incarnez ? Je tiens avant toute chose à redire tout l’intérêt que j’attache à la recherche ainsi qu’aux hommes et aux femmes qui la font avancer chaque jour. Comme beaucoup de nos concitoyens, j’éprouve de l’admiration pour ceux qui, avec abnégation, toujours avec passion, feront avancer la connaissance, reculer les limites du savoir. Les sociétés modernes se sont toujours construites sur les progrès de la connaissance. C’est vrai au plan économique -le risque de se faire distancier dans la course internationale à l’innovation est grand, et nous savons combien un retard pris dans la modernité peut avoir des répercussions fortes sur une économie toute entière. C’est vrai aussi et surtout d’un point de vue social et culturel : certains disent que le XXIe siècle sera le siècle du savoir, j’ajouterai qu’il doit être le siècle du savoir partagé et des choix assumés collectivement et démocratiquement. C’est ainsi, et ainsi seulement, que nous ferons progresser le modèle résolument humaniste du progrès scientifique auquel nous sommes attachés. Pour répondre à ces enjeux à la fois économiques, sociaux et culturels, nous devons affirmer haut et fort la priorité à la recherche. Cette priorité, nous ne sommes pas les seuls à l’affirmer, mais je crois pouvoir dire que nous sommes les seuls à l’avoir, au cours des dernières décennies, mise en œuvre effectivement. Après quatre années de vaches maigres, de 1993 à 1997, nous avons entrepris depuis cinq ans de donner un nouvel élan à la recherche en France en rattrapant le retard pris et en augmentant ses moyens. Cet effort doit être affirmé davantage. Nous avons d’abord fait des choix scientifiques clairs pour permettre à notre pays d’avoir toute sa place dans la compétition scientifique mondiale. Des efforts spécifiques ont été faits dans des disciplines nouvelles comme les biotechnologies et les technologies de l’information et de la communication, mais aussi dans le domaine des sciences humaines et sociales et de l’environnement. Le plan de gestion prévisionnelle de l’emploi scientifique, annoncé au début de cette année par Roger-Gérard Schwarzenberg, reflète ces priorités : c’est une première en France, et c’est dans cette direction que nous continuerons à agir. Nous avons également remis l’université au cœur de notre dispositif de recherche. Comme dans tous les grands pays modernes, l’université, lieu de formation des jeunes et de transmission du savoir, doit aussi être le lieu principal de création de ce savoir puis doit en permettre la valorisation. Elle est naturellement le premier partenaire des organismes de recherche. Pour mettre en œuvre ces priorités, nous avons consacré à la recherche un effort budgétaire significatif. Cet effort était indispensable pour relancer un secteur exsangue après quatre années de coupes budgétaires et de suppressions d’emplois. Les chercheurs dans les laboratoires n’ont pas oublié la “ remontée ” d’un milliard de Francs, terme pudique pour masquer des reprises de crédits qu’ils n’ont jamais revus. 13.600 emplois ont été créés dans l’enseignement supérieur et la recherche depuis 1997, et 17 000 postes de chercheurs et d’enseignants-chercheurs seront ouverts aux concours de 2002 à 2005, sans compter les postes de techniciens, d’ingénieurs et de personnels administratifs. L’augmentation des crédits des laboratoires à hauteur de plus de 450 millions d’euros, a fait plus que simplement compenser le retard pris les années précédentes. Elle a permis de relancer la recherche dans les sciences du vivant, les sciences de l’information et l’environnement. Dans chacun de ces domaines, les crédits ont cru d’au moins 25 %. Dans le même temps, nous avons accru le parc des grands équipements, avec la construction du synchrotron Soleil, de centres de calcul à haute capacité, de plates-formes biologiques et médicales (dont les génopoles, celle où nous nous trouvons en étant la tête de réseau, et les nouveaux instituts fédératifs de recherche) et de maisons des sciences de l’homme sur tout le territoire. Au cours des cinq dernières années, nous avons également mené une politique volontariste en direction des jeunes, en augmentant le nombre d’allocations de recherche et de conventions de formation à la recherche en entreprise et en les revalorisant : une hausse de 5,5 % du montant de ces allocations a permis de rattraper le pouvoir d’achat perdu depuis 1996. Ce n’est qu’un premier pas, nous voulons aller plus loin encore. Parallèlement, nous avons conduit, sous l’égide de Claude Allègre et Dominique Strauss-Kahn, une politique ambitieuse d’encouragement à l’innovation et de valorisation de la recherche. Les résultats de cette politique, nous les connaissons : le vote de la loi Innovation, plus de 750 millions d’euros de financements publics sont désormais consacrés au financement de l’innovation et à la recherche industrielle. Et plus de 500 entreprises innovantes ont vu le jour depuis cinq ans. Enfin, et sans m’étendre davantage sur notre bilan, je dirai que nous avons initié depuis 1997 une véritable politique de transparence et d’efficacité en matière de choix scientifiques : en apportant une attention soutenue aux propositions de l’Office parlementaire d’évaluation des choix scientifiques et technologiques et du Conseil supérieur à la recherche et à la technologie, en initiant des débats publics sur les organismes génétiquement modifiés, en mettant en place un comité d’experts indépendants sur l’encéphalopathie spongiforme bovine, ou encore en faisant précéder l’élaboration de la loi sur la bioéthique par une large consultation, en généralisant l’usage de l’évaluation, en introduisant une coordination des organismes de recherche, en assurant une ouverture à l’Europe, nous avons posé les bases d’un vrai débat citoyen, démocratique, éthique et transparent, sur les choix scientifiques et technologiques qui s’imposent à notre société : ce débat indispensable débute à peine, nous en sommes bien conscients, mais c’est en le systématisant qu’on le rendra fructueux. En l’espace de cinq ans, nous avons donc fait progresser la recherche en France. Ce sont évidemment les chercheurs eux-mêmes qui l’ont fait progresser le plus par leurs découvertes. Mais beaucoup reste à faire, pour relever le défi de la compétition scientifique internationale et mettre la recherche au service de notre projet de société. I/ Cela suppose tout d'abord d'affirmer, dans notre action, la priorité donnée à la rechercheL’entrée de ce pays dans le “ siècle de la matière grise ” ne se fera pas sans un investissement public fort : comment admettre que la France et les pays d’Europe ne consacrent aujourd’hui qu’environ 2 % de leur PIB à la recherche, quand les Etats-Unis ou le Japon sont à plus de 3 % ? Un nouvel élan pour la recherche est nécessaire ; il passe par une plus grande implication du parlement et pourrait se traduire par une loi cadre, garantissant l’augmentation progressive de notre budget de recherche publique. Cet effort sera d’autant plus efficace que nous ne le ferons pas seuls, mais en étroite coordination avec nos voisins européens. Le 6ème programme cadre européen de recherche et de développement, qui entrera en vigueur en janvier 2003, doit nous permettre d’instaurer un espace européen de la recherche exploitant les synergies et l’effet d’échelle de l’Europe, au lieu de juxtaposer une politique européenne de la recherche, minimaliste, à quinze politiques nationales indépendantes, au mieux redondantes, au pire concurrentes. Dans les années qui viennent, nous devrons privilégier la mobilité des hommes et des femmes - enseignants, chercheurs et futurs chercheurs - en Europe, en favorisant le développement d’équipes de recherche commune à plusieurs pays, en renforçant les réseaux entre universités, en développant les bourses, les diplômes communs, les échanges d’heures de cours, l’accueil de professeurs associés… Cette politique européenne ambitieuse doit, en parallèle, favoriser l’émergence de pôles structurants au niveau régional. Plus de quinze pôles de ce type se sont développés ces dernières années en France : qu’il s’agisse de la recherche sur les matériaux nouveaux à Limoges, ou de la recherche sur l’environnement en Lorraine pour lutter contre les pollutions des industries sidérurgiques ou minières, la recherche apparaît à chaque fois comme un élément fort du développement local. L’Europe de la recherche repose sur la complémentarité entre ces pôles d’excellence au niveau local. C’est grâce à cette “ politique de site ” que nous éviterons les phénomènes de concurrence et de dispersion pour atteindre la taille critique, dans le respect d’une répartition équilibrée de notre potentiel de recherche sur l’ensemble du territoire européen. II/ Relever le défi de la compétition internationale, c'est se donner les moyens, dès aujourd'hui, d'attirer les chercheurs de demainLes années difficiles que nous avons connu de 1993 à 1997, tant d’un point de vue budgétaire qu’en termes de considération apportée à la recherche, ont accrédité chez les jeunes l’idée que les carrières scientifiques étaient bouchées. Non seulement les conditions matérielles y sont insuffisamment attrayantes, mais la perspective de se voir rapidement confier la responsabilité d’un projet de recherche autonome et les moyens de la mener à bien sont faibles, comme l’a montré avec force le rapport que m’ont remis les députés Pierre Cohen et Jean-Yves Le Déaut. C’est d’autant plus inquiétant que nous devons, d’ici à 2010, renouveler près de la moitié de notre élite scientifique. Comme dans presque tous les métiers de la fonction publique, plus de 40 % des personnels de recherche et de l’enseignement supérieur partiront à la retraite au cours des dix prochaines années. Cet appel d’air peut constituer une opportunité exceptionnelle pour rajeunir la recherche et l’enseignement supérieur français et lui donner une nouvelle dynamique, à plusieurs conditions: que nous nous donnions les moyens d’attirer davantage de jeunes vers les sciences et les disciplines fondamentales, et que nous engagions une réflexion de fond sur les nouvelles disciplines et les nouveaux équilibres. Depuis 20 ans, la compétition est de plus en plus difficile avec les secteurs de l’industrie et de la finance où les rémunérations sont plus attractives, et avec les autres pays. Elle n’est pas perdue pour autant. J’ai développé plusieurs dispositifs, notamment d’encouragement au retour des post-doctorants à l’étranger. Pour attirer aujourd’hui les chercheurs de demain, je nous propose de travailler dans quatre directions : Je propose tout d’abord une amélioration conséquente de la situation des doctorants, au moyen d’une nouvelle allocation de recherche et de formation doctorale, modernisée et revalorisée, combinant soutien financier à la thèse et préparation à une insertion professionnelle. Le suivi des docteurs et des post-doctorants par les écoles doctorales (que j’ai créées) doit être renforcé, leur protection sociale assurée, les chartes de thèse mieux respectées. III/ Je veux, en troisième lieu, donner à la recherche les moyens de son efficacitéPour ce faire, nous travaillerons dans trois directions : Nous donnerons plus d’autonomie et plus de responsabilité aux différents acteurs de la recherche, car il y va de la réactivité, et donc de l’efficacité, de notre appareil de recherche. Beaucoup de laboratoires n’ont aujourd’hui leur mot à dire que sur l’utilisation de leurs crédits de fonctionnement, les locaux et les personnels étant gérés par ailleurs. La politique de décentralisation des responsabilités que nous engageons au sein de l’Etat avec la réforme de l’ordonnance de 1959 doit s’appliquer de la même manière aux laboratoires publics : je souhaite qu’ils passent, dans un très proche avenir, des “ contrats de recherche et d’action ” avec leurs tutelles. Cet accès à une plus grande autonomie doit concerner au premier chef les universités, qui pourront ainsi prendre en main leur politique de recherche. J’en ai lancé les bases il y a bien des années avec les contrats quadriennaux de recherche. En contrepartie d’engagements clairs et précis sur des résultats, ces contrats donneront à leurs signataires une grande souplesse dans la gestion, au jour le jour, de leur dotation globale : l’achat d’un ordinateur, d’un voltmètre ou d’un litre d’acétone, la sélection et le recrutement d’un “ post-doc ” relèvent de la responsabilité du laboratoire ou de l’université : libre à eux de prendre ces décisions, et charge à nous d’accompagner ce surcroît d’autonomie par une évaluation a posteriori plus fine et plus rigoureuse des résultats engrangés. La plus grande efficacité de notre dispositif de recherche passe aussi par une meilleure synergie entre l’enseignement supérieur et la recherche. Encore une fois, c’est si important que je n’hésite pas à le répéter, l’université doit être fondée sur la recherche. Vingt ans après la loi de programmation d’orientation de la recherche de 1982, l’organisation de la recherche en France doit aujourd’hui franchir une nouvelle étape. Par-delà les différences de statut, les activités des universités et des organismes de recherche sont naturellement imbriquées et complémentaires. Leur symbiose doit être renforcée, pour aller vers des échanges encore plus systématiques, encore plus fructueux. Tout en préservant le dynamisme propre des disciplines, nous voulons favoriser les convergences et la pluridisciplinarité, en poursuivant le décloisonnement et la conclusion d’accords entre organismes. Pour refléter ce décloisonnement, je propose notamment le retour à un grand ministère réunissant l’enseignement supérieur, la recherche et la technologie, interlocuteur unique des universités et des établissements de recherche, porteur d’une vision globale et d’une gestion coordonnée des emplois et des moyens sur l’ensemble du territoire. Les instances d’évaluation des équipes de recherche doivent également se rapprocher. Enfin, nous savons tous que la valorisation de la recherche est un facteur important d’efficacité. Ces dernières années, nous avons je crois su réconcilier l’impératif d’excellence de la recherche fondamentale et le nécessaire transfert vers l’innovation technologique. Dans ce dernier domaine, des efforts sans précédents ont été faits depuis cinq ans et la loi Innovation en a matérialisé la réalité. Mais la place de notre pays dans les dépôts mondiaux de brevets reste trop faible, et même parfois de plus en plus faible. Pour y remédier, je propose la création d’une grande agence de l’innovation concentrant l’ensemble des aides aux entreprises en matière de recherche technologique. Cette grande agence de l’innovation, qui reprendrait en les élargissant les attributions de l’ANVAR, gèrerait tous les financements accordés aujourd’hui aux entreprises par les ministères en charge de l’industrie de la recherche et par l’ANVAR. À ces aides, je propose d’ajouter un crédit d’impôt innovation, destiné aux PME-PMI pour les aider à financer leurs dépenses de recherche, les frais de dépôt d’un brevet, les diverses études de marché et la conception de produits innovants. Le rôle des collectivités locales, et notamment des régions, dans le soutien à la création d’entreprises innovantes doit également s’accroître, au travers par exemple des fonds d’amorçage. IV/ Enfin, permettez-moi d’achever mon propos sur l’essentiel : toutes les mesures que je viens d’énoncer devant vous concourent en effet au même objectif, mettre la recherche au service du progrès de nos sociétés.Pour y parvenir, un impératif : donner à chacune et à chacun d’entre nous l’occasion et les moyens de participer aux choix scientifiques de la France et de l’Europe. Cet impératif ne date pas d’aujourd’hui, il est même, avec l’accès au droit, l’un des ferments d’une démocratie vivante. Mais au fur et à mesure que la science progresse, il devient plus aigu, plus fort. Aujourd’hui plus qu’hier, les inquiétudes de nos concitoyens sont largement relayées par les médias. La demande d’expertise est de plus en plus vive, on demande au scientifique de s’emparer de tous les sujets où la recherche n’a pas encore apporté des réponses définitives, on attend de lui des résultats rapides précis, non équivoques. La recherche doit être, plus que jamais, à la hauteur de ces attentes, de ces espoirs, mais aussi de ces craintes, de ces interrogations. Elle ne peut plus fonctionner en vase clos, repliée sur ses certitudes. Elle doit accepter que le questionnement sur l’éthique devienne le corollaire obligatoire du progrès scientifique. Nous devons être collectivement mieux armés pour débattre des applications de la science. Je crois profondément à notre intelligence, à notre responsabilité collective, et c’est pourquoi je souhaite que nous adaptions, comme nous avons commencé à le faire depuis cinq ans, nos pratiques et notre culture aux nouveaux enjeux de la science : sur le nucléaire, les OGM, la bioéthique, et il ne s’agit pas là d’une liste limitative - nous devons être en permanence à l’écoute des citoyens, acteurs à part entière du débat au même titre que les chercheurs et les spécialistes. Nous devons enfin former les générations montantes à la science en temps qu’élément essentiel de la culture et de la réflexion citoyenne. Le désintérêt apparent des jeunes pour les études scientifiques et la montée d’un certain irrationnel ont de quoi inquiéter. Nous devons y apporter des éléments de réponse. Pour cela, nous devons donner à tous les “ armes de l’intelligence ” pour participer au débat : le déficit de la vulgarisation scientifique est un déficit de démocratie, dans la mesure où il obère l’expression citoyenne. De nouveaux musées scientifiques et de nouveaux espaces de découvertes doivent voir le jour à travers toute la France. Le développement d’expositions mobiles, d’émissions scientifiques pour la télévision, de documents pédagogiques est une priorité, de même que les évènements qui permettent aux citoyens de discuter avec des spécialistes, comme l’université de tous les savoirs ou les conférences du collège de France. L’éducation à la science doit être rénovée et amorcée dès le plus jeune âge, comme dans le programme de la Main à la Pâte animé par Georges Charpak et que j’ai fortement soutenu. Le refus de la connaissance ne constitue pas une réponse aux défis nouveaux que rencontre notre société. La recherche doit pouvoir être menée, même si ces résultats n’ont pas toujours à être appliqués. De même, la relation entre les sciences fondamentales et les sciences humaines doit être approfondie : les ingénieurs et les scientifiques doivent être formés aux sciences humaines et à la philosophie ; ceux que j’appellerai les “ intellectuels sociaux ” doivent en retour mieux maîtriser les débats scientifiques. Cette formation réciproque, pour les nouvelles générations, est une nécessité si nous voulons pouvoir répondre démocratiquement aux questions sociales qui se posent comme l’utilisation des nouvelles technologies ou la maîtrise des biotechnologies. Nous devons refonder notre réflexion éthique. Les cadres de notre savoir ont été davantage bouleversés en quelques années qu’ils ne l’avaient été en plusieurs décennies. Le progrès scientifique est une nécessité, il doit être maîtrisé pour favoriser le progrès social. L’ignorance explique souvent les peurs. La diffusion du savoir est la responsabilité des enseignants-chercheurs et des chercheurs que vous êtes. Son accessibilité à tous est de celle des politiques : la transparence est nécessaire sur les grands débats du moment. Les Français doivent être mieux associés à des enjeux majeurs qui les concernent. ConclusionMonsieur le directeur, Mesdames, Mesdemoiselles, Messieurs, Ces propositions pour une recherche moderne, en phase avec la société, seront autant d’armes pour gagner, ensemble, la bataille du savoir et de l’intelligence. Cette bataille est âpre, difficile, et c’est pour ne laisser personne de côté que nous travaillons aussi avec et pour les pays les moins avancés. Elle est aussi enthousiasmante et source d’espoir. Ce que nous ferons des progrès de la science conditionnera l’avenir de notre société et de toutes celles qui nous entourent. Parce que je crois en l’avenir, en un monde plus moderne, certes, mais aussi plus juste et plus sûr, je veux le préparer aujourd’hui avec vous, et avec tous les jeunes que vous formez et qui seront les forces vives de notre recherche demain. Ensemble, nous le préparerons aussi avec tous nos concitoyens. Je vous remercie. |
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