Présider autrement
Marseille - Jeudi 21 mars 2002

 Discours de Lionel Jospin prononcé lors du troisième grand meeting de la campagne présidentielle, à Marseille (Bouches-du-Rhône).


 

Mesdames, Messieurs,
Mes chers amis,
Chers camarades,

Je voudrais vous remercier d’abord de l’accueil chaleureux au double sens du terme d’ailleurs, que vous me faites, que vous nous faites à Marseille, il paraîtrait même qu’il y a plus de monde dans cette réunion publique ce soir que le 12 mars, où un autre candidat était présent dans cette salle.

Avant, généralement, ceux qui m’accompagnent me disent : « Lionel, il ne faut pas que tu dépasses une heure ». Mais j’ai l’impression que tel que ça démarre, il faut que je limite mon discours à un quart d’heure, ce qui n’est vraiment pas ce que j’avais prévu, parce que j’ai un certain nombre de choses à vous dire.

Je voudrais vous indiquer qu’avant de venir vers vous, j’ai participé à un débat, à une expérience démocratique, qui m’a rempli de plaisir et d’espoir.

En effet, invité à dialoguer avec des citoyens, avec des lecteurs de journaux, par les grands quotidiens du Club de la presse du grand sud, j’ai pu, pendant une heure et demie, dans les locaux de « La Provence », répondre à leurs questions. Ce qui m’a frappé, c’est la qualité de ces hommes et de ces femmes, la pertinence de leurs questions, la simplicité du rapport qu’ils introduisaient immédiatement avec moi, rien de hargneux, de mesquin, en même temps, rien de complaisant, des vraies interrogations sur des vrais sujets où l’esprit politicien n’était jamais présent.

Je voudrais vous dire qu’avant de vous retrouver ici dans ce qui est, d’une certaine façon face à vous, un monologue, le plaisir que j’avais pris à cet échange avec des citoyens de cette région et le sentiment d’optimisme que cela m’a donné à un moment où beaucoup brode sur une France qui ne s’intéresserait plus au débat démocratique. Vous en retrouverez sans doute la transcription dans l’ensemble des journaux de cette région et même dans ma région, Midi-Pyrénées, puisque « La Dépêche du Midi » était là.

C’est vous dire que j’ai bien l’intention, pendant cette campagne, à travers tout le pays et sous toutes les formes de débats qui se présenteront, de dialoguer au maximum avec les Français. De les écouter, mais aussi de leur parler d’eux-mêmes, de leur avenir, de leur façon de vivre ensemble, de leur parler des valeurs sur lesquelles ils appuient la République au quotidien, de leur parler de la France, de son avenir, de son ambition, de son identité, du rôle qu’elle peut encore jouer dans le monde.

Hier, j’étais à Grenoble ; demain, je serai à Sarcelles, aux côtés de Dominique Strauss-Kahn ; samedi, je me rendrai dans les Landes, mais pourquoi ne pas vous dire à quel point je suis heureux d’être, ce soir, à Marseille, Marseille la belle, Marseille la fière, Marseille vers qui aller est toujours un moment de bonheur.

C’est vrai que je fréquente davantage un autre sud. Par mes racines maternelles, par le choix des luttes que j’ai fait, c’est dans l’Occitanie, voisine de la Provence, que je mène mon action de militant. Je sais aussi ce qu’est l’ardeur du soleil, je mesure aussi le plaisir de la douceur de l’ombre.

Vous avez le mistral, nous avons le vent d’autan. De l’autre côté du fameux partage des eaux, venir vers vous est un chemin familier que j’accomplis souvent.

Je voudrais vous dire aussi que je partage beaucoup des passions qui font vibrer cette ville de Marseille, et d’abord la passion du sport, la passion du foot, et donc aussi la passion de l’OM. De ce point de vue, je serai moins exigeant que Dominique Strauss-Kahn, j’ajouterai même peut-être moins imprudent que Dominique Strauss-Kahn, je vous autorise donc librement d’aller au contact de nos concitoyens et distribuer le projet ou nos tracts, non pas à la place du match de l’OM mais après le match.

D’ailleurs, je peux vous dire que comme mon fils cadet est un supporter convaincu de l’OM, chaque dimanche, avec des moments inégaux cette saison, je partage les affres ou les bonheurs des Marseillais.
Je partage aussi le goût de la mer.

C’est une merveille qu’une ville qui est en même temps un port. C’est une merveille de voir comment cette ville et ce port ne seraient rien sans l’enracinement terrien dont ils sont le débouché, mais en même temps comment cette ville est forcément habitée par les rêves de voyage, par le désir d’ailleurs, par l’ouverture sur le monde, par une forme de cosmopolitisme dans lequel on ne veut pas perdre en même temps son identité.

Quand je vous vois, rassemblés devant moi avec ces multiples pancartes qui s’élèvent, j’ai l’impression justement que c’est la Méditerranée qui est devant moi et qui danse.

Je partage l’amour de la culture, la vitalité des jeunes créateurs, la force de l’opéra, la présence du Théâtre de la Criée, mais aussi les rappeurs de « I am », de la prise de « La Belle de Mai » ou de la Fiesta des Sud, là où les traditions locales et les nouvelles créations se mêlent pour donner à Marseille un timbre, une musique, une capacité de création qui ensuite essaiment ensuite dans toute la France, comme un jour il y a plus de deux siècles essaima dans toute la France le chant des Marseillais, devenu notre hymne national.

Je partage le culte de l’amitié, avec Michel Vauzelle, président de la région Provence Côte d’Azur, avec Jean-Noël Guerini, président du Conseil général des Bouches-du-Rhône, avec Jean-Louis Bianco, président du Conseil général des Alpes-de-Haute-Provence, mon mandataire national et mandataire de cette région, Claude Haut, président du Conseil général du Vaucluse, les socialistes du conseil municipal de Marseille - en attendant la reconquête - et puis tous les élus de cette région Provence-Alpes-Côte d'Azur, les militants socialistes, les sympathisants et tous les libres citoyens venus, ici, à ma rencontre.

Je suis animé ,comme vous, par la fidélité. Et dire la fidélité, c’est pour moi rendre hommage à la mémoire de Gaston Defferre.

Sérieux disait-on de lui, presque parfois austère, même s’il savait aussi nous faire rire, autant Cévenol que Marseillais, mais surtout bâtisseur, homme de rigueur, militant, ayant contribué à donner à cette ville son élan initial.

Il fut un grand ministre de la République, ministre de l’Outre-mer d’abord sous la IVème République, et si on l’avait écouté davantage, y compris dans son propre Parti, si on s’était inspiré de cette loi cadre évolutive qui conduirait l’Afrique noire vers l’indépendance tranquille, peut-être aurait-on évité ce traumatisme de la guerre d’Algérie avec ses souffrances, avec ses exils.

Il fut aussi, 25 ans après, ministre de Pierre Mauroy, de François Mitterrand, le ministre de l’Intérieur qui fit la décentralisation en France, qui défit les citadelles centralisées, héritières de la monarchie, de l’empire mais même aussi des républiques ultra-jacobines, lui qui avait l’expérience de l'État, qui était en même temps un homme du sud, il sut faire la synthèse dans des grandes lois de décentralisation, que comme d’habitude la droite combattit, avant de prétendre maintenant qu’elle serait plus décentralisatrice que nous.

Oui, on me l’avait dit, les Marseillais sont engagés dans la campagne présidentielle. Il est normal que je redonne devant vous le sens de ma démarche et de mon projet.

Je veux, comme l’ont dit ceux qui se sont succédés sur cette tribune avant moi, présider une France plus juste, parce qu’il le faut à la lumière de l’expérience, mais pas présider pour présider, mais pas être au pouvoir par goût du pouvoir, non, présider pour servir et pour servir une France qui elle-même prend le chemin de la modernité et de la justice.

Lundi, dans cette semaine assez nourrie, j’ai présenté mon projet, moi-même, devant la presse, et j’ai répondu, naturellement, aux questions et aux interpellations.

Mais si j’ai présenté moi-même mon projet, je ne l’ai pas présenté seul. Je l’ai présenté entouré d’une équipe, d’hommes et de femmes de générations différentes mais mêlées, certains ayant déjà une solide expérience gouvernementale acquise parfois avant, ou expérimentée et concrétisée depuis cinq ans dans le gouvernement que je dirige ; d’autres, jeunes députés, élus de villes, militants, représentant les pousses nouvelles, les couches nouvelles qui vont aussi nous pousser devant nous et qui représentent cette formidable capacité de renouvellement du parti socialiste.

J’ai souhaité présenter mon projet moi-même pour montrer qu’il m’engageait et je l’ai présenté entouré d’hommes et de femmes, car le futur président ne devra pas être un homme seul, déléguant l’exercice réel du pouvoir à son premier ministre ou à un gouvernement, se détachant de ses promesses comme ce fut fait par le passé. Non, il faudra que ce président joue pleinement son rôle, activement, fortement, veille à ce que les grandes orientations qu’il aura présentées devant le pays soient respectées, servent de guide, ne soient pas simplement des promesses sans lendemain mais en même temps travaille au côté du gouvernement, du premier ministre ou de la premier ministre qui résulterait d’élections législatives victorieuses. Et qu’il ne passe pas cinq années de quinquennat à critiquer le gouvernement ou à se désintéresser de ce qu’il fait, mais au contraire soit pleinement en appui de ce gouvernement pour l’aider dans sa tâche.

Le projet que je présente aux Français est adapté au temps et au monde dans lequel nous vivons aujourd’hui.

Oui, c’est vrai, il ne présente pas exactement les mêmes caractéristiques que c’était le cas il y a quelques années. Le monde a changé. Les murs de Berlin sont tombés. La gauche a gouverné, et donc fait l’expérience de la difficulté du pouvoir. Les idéologies ont perdu de leur force. L’ancienne Union soviétique a disparu, donc nous avons une nouvelle réalité, multiforme, plus chaotique souvent,plus difficile à interpréter et aussi à réguler que par le passé.

La République s’est apaisée, les conflits en son sein semblent moins forts, mais les idées, les valeurs, les convictions, elles sont restées vivantes, et je peux vous assurer - cette campagne sera faite pour en faire la démonstration - que les idées et les valeurs de la droite et de la gauche ne sont pas les mêmes. Nous acceptons l’économie de marché parce qu’il semble bien que c’est elle qui finalement permet de produire le plus souplement, mais en même temps, nous voulons qu’elle soit régulée, régulée par l'État, organisée à l’échelle mondiale, c’est le problème de la globalisation.

Nous voulons bien d’une économie de marché régulée, mais nous ne voulons pas d’une société de marché. Pour nous, la culture, l’éducation, la recherche, la science, les biens essentiels de la vie, la santé ne sont pas des marchandises, des biens qu’on échange selon les critères du profit ; la société doit rester une société de citoyens, fondée sur des valeurs d’égalité, de progrès, de solidarité.

C’est pourquoi, si mon projet comporte parfois des mesures précises, il est avant tout une vision de l’avenir, un dessein pour la France, une véritable profession de foi en des valeurs et des principes, que le gouvernement aura ensuite, épaulé par le président, à concrétiser et à faire entrer dans la vie.

La solidarité à l’échelle nationale et internationale, la responsabilité de chacun, y compris sur les problèmes de chacun, y compris de sécurité, l’intérêt général, veillant à ce que ce ne soit pas le chacun pour soi, la loi du plus fort, qui disloque la société, mais que là encore nous fixions les règles du vivre ensemble, entre Françaises et Français ou pour accueillir les étrangers qui viennent sur notre terre.

La croyance aux progrès qui fait que l’éducation et la recherche sont des priorités de l’action de la gauche depuis toujours, alors qu’elles sont souvent négligées par la droite.

Parmi ces valeurs, une est essentielle, au cœur de mon projet : la justice. C’est pourquoi je m’engage pour l’emploi, car le chômage, malgré les pas qui ont été faits, reste la première des inégalités.

J’ai dit hier, à Grenoble, parlant de production, de création d’emplois, mais aussi de précarité, d’injustice, de formation tout au long de la vie que ce que nous proposions, c’était une société de la croissance et du travail C’est pourquoi, j’ai fixé comme objectif, crédible parce que nous l’avons fait dans les cinq années qui viennent de s’écouler, de faire reculer le chômage à nouveau de 900 000 hommes et femmes pour aller vers cette société du plein-emploi que nous pouvons réaliser.

C’est pourquoi j’ai préconisé, pour ceux qui sont le plus éloignés de l’emploi, des contrats de retour à l’emploi ; c’est pourquoi je propose la formation tout au long de la vie. Je m’engage contre les inégalités de revenus. Je veux favoriser les revenus modestes et moyens par l’extension de la prime pour l’emploi, par la diminution de moitié de la taxe d'habitation, pour l’augmentation de la taxation sur le capital dont l’affectation ira à la baisse de l’impôt sur le revenu et à cet égard, je le montrerai encore tout à l’heure, les différences sont patentes entre le projet de Jacques Chirac et celui que je présente aux Français.

Je m’engage à instaurer une couverture logement universelle pour garantir le droit au logement pour tous.

Un logement, c’est essentiel, pas de travail sans logement, pas de vie familiale sans logement, pas d’accès à la solidarité sociale sans logement, pas de sécurité sans logement ; c’est pourquoi, je le dis ici solennellement à Marseille, où je sais que 2000 familles attendent encore un toit décent, la couverture logement universelle facilitera l’accès au logement pour des milliers de Français, des jeunes couples qui ne peuvent pas souvent accéder au logement parce qu’ils n’ont pas les moyens de payer les cautions et les garanties exorbitantes qui sont demandées, simplement pour avoir le droit de payer son premier loyer.

Je m’engage contre l’exclusion.
C’est vrai que j’ai avancé ce mot d’ordre : zéro SDF d’ici cinq ans. Je n’ai pas l’illusion de penser que dans cinq ans, il n’y aura plus de « clochards », comme on disait à une autre époque, parce qu’ils auront, ballotés par la vie, traversés par les épreuves, déchirés parfois par des drames personnels, déstructurés par ce qui les unie aux autres et choisis cette forme de solitude et d’abandon. Si j’ai avancé ce mot d’ordre, c’est qu’aujourd’hui le problème est d’une ampleur différente de ce qu’il fut, c’est que ce sont des dizaines de milliers d’hommes et de femmes, étrangers souvent, mais Français aussi, et en particulier des jeunes qui dérivent et qui tombent dans cette situation. C’est pour eux que je veux mobiliser l'État, les collectivités locales, et les organisations non gouvernementales.

Je m’engage contre l’insécurité qui est aussi une inégalité.
Car ce sont les Français les plus modestes qui vivent dans les quartiers les plus difficiles, qui souffrent le plus de la délinquance. Tous les Français ont droit à la sécurité, je m’engage à passer avec eux un contrat national de sécurité. A cet égard, j’ai été surpris par une déclaration de Jacques Chirac hier à la télévision, même si je n’ai naturellement pas eu de mal à deviner qu’il pensait, avec une bonne partie de la droite, que c’était peut-être sur le seul terrain de l’insécurité qu’il pourrait essayer de faire une différence par rapport à d’autres grandes questions sur lesquelles la gauche est plus crédible. Je crois qu’il a tort, je crois qu’il agite des peurs, je crois que nous devons tous agir contre l’insécurité, que les Français savent que cette action est difficile, que ce gouvernement n’est pas laxiste, qu’il a fait plus que ses prédécesseurs, notamment pour créer des postes de policiers ou de magistrats que l’on aurait mieux fait de créer avant nous. Mais ce qui m’a frappé, c’est cette étrange affirmation de Jacques Chirac, selon laquelle pour lui, pour les socialistes, l'insécurité est un point parmi d’autres, alors que dans son programme, c’est un préalable.

Or, pour moi, la lutte contre l'insécurité est une priorité, un impératif, mais considérer que cette lutte serait un préalable à toutes les actions ; considérer qu’il faudrait attendre que l’insécurité que l’on ne ramènera pas à un taux supportable ni en quelques jours, ni en quelques semaines, que tant que cette insécurité n’aurait pas été surmontée, il ne faudrait pas lutter contre le chômage, il ne faudrait pas se saisir du problème des retraites, il ne faudrait pas veiller à la place de la France dans le monde, il ne faudrait pas réduire les inégalités, c’est véritablement une absurdité que d’affirmer cela.

Oui, je m’engage contre l'insécurité, mais je m’engage en même temps pour la lutte contre le chômage, la lutte pour l’éducation, la lutte pour préserver notre système de retraite par répartition, cela doit être mené en même temps que la lutte contre l'insécurité.

Par rapport aux propositions faites par la droite et notamment par Jacques Chirac, je crois aussi que mon projet a aussi une réalité importante qui est le fait qu’il est crédible. Il est crédible parce qu’il s’appuie sur le travail accompli pendant cinq ans.

Quand nous disons que nous nous fondons sur un taux de croissance de 3 %, nous sommes crédibles parce que par notre politique économique, en particulier par celle conduite par Dominique Strauss-Kahn au début de cette législature, nous avons su créer cette croissance de 3 %. Alors que lorsque la droite était au pouvoir, elle n’a jamais pu dépasser en moyenne 1,5 % du PIB.

Quand nous disons que nous allons faire reculer le chômage de 900 000 personnes supplémentaires, nous sommes crédibles parce que sous mon gouvernement, plus 2 millions d’emplois ont été créés en France et à certains moments, 1 million de chômeurs en moins avait été dénombré.

Mon projet est crédible parce qu’il est financé.
Nous avons défini une politique économique et budgétaire qui dit quelles sont les marges de croissance dont nous pourrons disposer dans les cinq ans qui viennent.

A partir de là, nous avons indiqué ce que nous réserverions à la maîtrise des déficits publics afin que la dette ne progresse pas, que nos finances publiques soient assainies et que nos engagements européens soient respectés,nous avons dit ce que nous mettrions dans les dépenses publiques, en indiquant clairement celles qui auraient la priorité –les dépenses de sécurité (pour la police et la justice) les dépenses d’avenir (pour la formation, l’éducation, la recherche, la société de l’information ou l’environnement). Nous avons dit aussi ce que nous réserverions aux baisses d’impôt en le rendant plus juste : plus favorable à l’emploi, plus favorable aux revenus modestes. Nous n’avons pas aligné les promesses de réductions de recettes, les promesses d’augmentation de dépenses et puis l’affirmation selon laquelle nous ferions quand même baisser les déficits. Les Français savent pertinemment que les propositions faites par le candidat de la droite ne peuvent tenir la route.

Mon projet est crédible parce qu’il est porté par une équipe crédible.
Il sera mis en œuvre par des hommes et des femmes expérimentés, habitués à travailler ensemble et fraternellement unis - ce qui n’est nullement le cas des personnalités de la droite.

Mon projet est crédible parce qu’il s’appuiera sur une majorité.
J’ai entendu dire que j’aurais un problème de majorité, mais je rappelle que dans notre pays, pour le moment, nous sommes la majorité. Il y a une majorité.

Jusqu’à la fin de la session parlementaire, tous les textes présentés par le gouvernement ont été votés. Toutes les initiatives parlementaires pour de nouveaux projets ont été votées par la majorité et sans problème.

Donc j’ai une majorité aujourd’hui, je la remercie du soutien qu’elle m’a apporté pendant cinq ans. Je salue chacun des membres de cette majorité engagés dans le débat pluraliste du premier tour. Cela ne me gêne pas. Cela ne me choque pas. Au moins, n’ai-je pas essayé de déstabiliser mes adversaires en allant débaucher leurs lieutenants principaux. Je les ai respectés totalement. On a plus de chances de réunir des gens qu’on a respectés que des gens qu’on a déstabilisés dans un deuxième tour d’élections présidentielles.

J’ai une majorité aujourd’hui en tant que chef de gouvernement. L’hypothèse serait que je gagne l’élection présidentielle... - c’est l’hypothèse de Jacques Chirac ! Je vais vous faire une confidence : le fait que Jacques Chirac ait évoqué, comme un argument contre moi, le fait que je n’aurai pas de majorité parlementaire, signifiait qu’il me plaçait dans la position du président élu, je le remercie. - Alors donc, pour prendre cette hypothèse : j’ai une majorité aujourd’hui, une majorité de Françaises et de Français me font confiance et votent pour moi, et au lendemain j’aurais un problème pour faire une majorité ! Cela n’a aucune crédibilité politique.

Pour construire cette France plus juste, il faut et je veux présider autrement.
Présider autrement, c’est présider en rassemblant tous les Français, en réconciliant l’esprit d’initiative et le souci de justice. Ma France n’est pas seulement celle des classes favorisées, elle n’est pas celle de ceux qui tirent aisément leur épingle du jeu dans les nouveaux flux de la mondialisation, ceux qui sont à l’aise ; non, elle est aussi et fondamentalement la France des ouvriers, des employés, des petits retraités, des petits et moyens agriculteurs, la France qui peine, mais aussi la France qui produit et qui crée, sans le produit de laquelle l’innovation, la création, la culture ne seraient finalement pas possibles. Présider autrement, pour moi, c’est présider en ne séparant pas la France de l'Europe ; je veux construire une France forte dans une Europe unie.

Présider autrement, c’est répondre à l’exigence de sécurité et donc lutter contre la violence de certains, y compris de certains jeunes ; mais lutter contre la violence de certains, indiquer à ces jeunes qu’ils s’autodétruisent autant qu’ils détruisent quand ils se livrent à la violence, ce n’est pas, comme le font certains, stigmatiser toute la jeunesse. J’aime la jeunesse de notre pays et je lui propose un pacte de confiance.

C’est pourquoi je propose un pacte de confiance à la jeunesse, c’est pourquoi je fais de l’éducation une priorité dans ce pays.

C’est pourquoi je propose pour les jeunes un contrat d’autonomie afin de permettre à ceux-ci d’affirmer leur créativité.

Présider autrement, c’est proposer aux Français un pacte, c’est faire des choix, prendre des engagements et c’est ensuite les tenir, c’est-à-dire ne pas séparer la campagne présidentielle de la présidence elle-même en n’en faisant pas deux moments séparés.

Je veux une présidence de vérité. Je mène une campagne de vérité.

Les engagements que je prends sont clairs et précis et si les Français en décident ainsi, ils seront tenus. Oui, si je suis élu, j’appliquerai mon projet avec le gouvernement, comme nous l’avons fait depuis cinq ans. Devant vous tous, je m’y engage.

Les Françaises et les Français ont un vrai choix à faire. Il faut qu’ils en mesurent pleinement la portée, l’enjeu et l’importance. Et je veux que les Français fassent ce choix les yeux ouverts, sur des projets et des pratiques différents.

La droite existe, la gauche existe, c’est légitime. C’est le produit de notre histoire. C’est né avec la République. Il serait bon d’ailleurs que ceux qui se réclament toujours de la République n’oublient pas que le clivage gauche-droite est né et a vécu justement avec la République. Un examen des deux projets présentés par M. Chirac et par moi-même est éclairant, à condition de ne pas en rester aux généralités.

La lutte contre le chômage, le candidat du RPR promet de baisser les charges des entreprises, sans aucune contrepartie, notamment en matière d’emploi. Cela plaît au MEDEF, c’était déjà la méthode employée par MM. Balladur et Juppé entre 93 et 97, on connaît le résultat : 200 000 chômeurs de plus pendant cette période.

Pour ce qui me concerne, je m’engage à poursuivre et à amplifier la politique économique et sociale qui a permis de créer des emplois depuis 97, de créer au total plus de 2 millions d’emplois. Cet objectif des 900.000 chômeurs et chômeuses de moins dans les cinq années qui viennent, nous y parviendrons en construisant avec l’Europe mais aussi en France une croissance forte en relevant le défi de la formation tout au long de la vie, en luttant contre le chômage des plus de 50 ans avec un plan spécifique de 200.000 emplois. Ces travailleurs de plus de 50 ans, écartés par les plans sociaux, salariés expérimentés, en pleine force intellectuelle et physique, qui s’ils retrouvaient le chemin du travail ou s’ils n’étaient pas écartés de la production, seraient des cotisants pour nos systèmes de retraite et aideraient à les stabiliser, c’est une question majeure que je veux mettre au cœur des négociations sociales et qui n’est pas évoquée par le candidat du RPR.

Nous le ferons en continuant à équiper la France et former les Français pour réussir la nouvelle révolution des nouvelles technologies de l’information.

Voyons les retraites : Jacques Chirac prépare la privatisation du modèle social français en introduisant les fonds de pension dans notre système de retraite.

Ce système mis en place à la Libération, notamment par le Général de Gaulle et la gauche rassemblée, serait ainsi ébranlé par ceux-là même qui se réclament du gaullisme. Il est vrai que j’ai cru constater qu’un certain nombre de gaullistes historiques ne soutenaient pas leur candidat supposé naturel, mais je dois dire que je suis fier personnellement que Jean-Marcel Jeanneney, ministre du Général de Gaulle, père de Jean-Noël Jeanneney, appelle à soutenir ma candidature dans cette élection.

Je m’engage à garantir le système de retraites par répartition.
A garantir le droit de tous à partir à la retraite à 60 ans, même si nous donnerons à chaque salarié une liberté plus grande ; à garantir le niveau des retraites, c’est-à-dire le taux de remplacement. Je pose une question essentielle et j’apporte un début de solution pour les travailleurs de plus de 50 ans : je veux que le lien de solidarité entre les générations qui est le fondement de notre système de retraite continue à fonctionner, et j’ouvrirai la discussion avec les partenaires sociaux, plus exactement le gouvernement, dès le lendemain des élections présidentielle et législatives. Et si nous ne sommes pas hostiles à utiliser des formes d’épargne, pour nous, c’est de l’épargne salariale, collective - ce n’est pas l’individu qui s’assure lui-même pour la retraite en créant l’inégalité des patrimoines ou des revenus -, ce sont les mêmes salariés d’une entreprise ou d’une branche qui, dans des accords collectifs, participent à des fonds d’épargne salariale et en assurent le contrôle. C’est là une différence naturellement essentielle.

La justice : on nous indique à nouveau, après avoir prétendu le contraire, que l’autorité du Garde des sceaux serait restaurée sur les procureurs, ce qui veut dire qu'on donnerait au futur ministre de la justice à nouveau le pouvoir d’interférer dans les procédures judiciaires. Nous avons coupé avec cette pratique. Les Français ne veulent pas son retour et là aussi, c’est une distinction importante.

Je ne parlerai pas des impôts, Dominique en a parlé.
Les propositions de baisses d’impôts proposées par Jacques Chirac, outre qu’elles soient irréalistes sur le plan économique et qu’elles ne seraient pas appliquées, apporteraient des millions d’euros pour ceux qui se situent tout en haut de l’échelle, quelques centaines d’euros pour ceux qui se situent dans la catégorie des classes moyennes, et naturellement rien du tout comme baisse pour ceux qui ne paient pas d’impôts aujourd’hui. Par la prime pour l’emploi et la baisse de la taxe d'habitation, nous assurons la justice fiscale tout en diminuant les prélèvements et là aussi les conceptions sont totalement différentes.

Les inégalités : j’ai cherché dans le programme du candidat du RPR, mais je n’ai rien trouvé à cet égard.

Rien sur le droit à la santé si ce n’est quelques incitations fiscales ; sur le droit au logement, pas une ligne ; sur les familles en difficulté d’autorité, pas une ligne ; pour les bas salaires, pas un mot ; pour les travailleurs de plus de cinquante ans sans emplois, silence !

L’égalité entre les hommes et les femmes, après avoir refusé d’introduire le mot de parité dans la Constitution comme je le lui proposais, Jacques Chirac entend favoriser à sa façon l’égalité entre les hommes et les femmes en réinventant le salaire maternel. Mais ce n’est pas cela que les femmes d’aujourd’hui demandent ! Ce qu’elles demandent c’est l’égalité dans le travail, c’est la même rémunération à qualification égale, c’est la fin des emplois précaires subis, c’est aussi le partage des tâches domestiques de façon à ce qu’il y ait plus d’égalité sur le plan professionnel.

Je m’engage à aller au-delà de la parité pour favoriser l’égalité professionnelle et notamment faciliter la garde des enfants, grâce aux chèques-enfants.

Mes chers amis, le programme de la droite n’est ni crédible ni réaliste, car la droite ne fait pas de choix, empile les promesses, accumule les contradictions.

On ne peut à la fois abaisser massivement les recettes, augmenter la dépense publique –civile et militaire- et maîtriser les déficits.

On devine alors comment s’effectueraient ces choix. On sait qu’on propose de ne pas remplacer les fonctionnaires, les membres des services publics qui partent à la retraite et donc de faire des coupes sombres de l’emploi dans la Fonction publique. On sait qu’on ne baissera pas réellement les impôts. D’ailleurs, M. Juppé, avec sa franchise coutumière mais glaciale, a proposé de revenir sur la prime pour l’emploi, ce qui indique, là aussi, que le projet de la droite n’est pas fait pour les mêmes catégories sociales que nous. Mes chers amis, je suis persuadé que le projet de la gauche est utile à la France, c’est pourquoi il doit recevoir tout votre soutien dans le premier tour de l’élection présidentielle.

Ici, à Marseille, ce soir, je voulais évoquer l’ambition qui est la mienne pour l'Europe et la Méditerranée.

A Marseille, vous le savez, on est Français, on se sent européen, et on se veut Méditerranéen.

De même qu’il existe une civilisation européenne, il y a une civilisation méditerranéenne et elles sont inséparables.

Elles se recouvrent géographiquement, sont liées historiquement, elles sont complémentaires culturellement et humainement.

Je vois dans la Méditerranée, quelque soient vos héritages, quelque soient vos convictions, quelque soient vos spiritualismes si vous en avez, la source féconde de notre héritage philosophique, culturel et religieux.

Cette diversité précieuse du monde méditerranéen, - diversité de peuples, d’identité, d’art de vivre, tous différents et pourtant cousins d’une manière ou d’une autre -, c’est une communauté de destins dont l'Europe est partie prenante.

Au moment où l'Europe prépare un élargissement à l’Est, il faut veiller à l’équilibre de cet élargissement. Certes, cette vague d’élargissement n’est pas la première, l'Europe est passée de six à neuf, puis à dix, à douze et enfin à quinze, mais cet élargissement très important qui parachèvera l’unité de l'Europe après la chute du Mur de Berlin, s’il est une chance pour l'Europe, peut receler aussi un risque : un risque de dilution du modèle européen. Mais cela, comme président de la République, je peux assurer que j’y veillerai, que l’Union européenne, que la Communauté européenne restera fondée sur un modèle économique et sociale et sur une identité culturelle.

Je ne veux pas que le déplacement du centre de l'Europe se fasse au détriment de la rive méditerranéenne de l'Europe.

L’Union a besoin de régions comme la vôtre qui restent ouvertes sur la Méditerranée et le Sud. C’est pourquoi nous ne pouvons nous satisfaire de construire une Europe forte, mais qui serait entourée de monde pauvre et violent ni à l’Est, ni au Sud.

Je le dis ici, à Marseille, avec force : un mur s’est effondré à l’Est, il faut empêcher qu’un autre s’élève au sud.

La France doit jouer un rôle important pour que la Méditerranée reste un pont entre l'Europe et le Sud. La France doit ranimer le processus de Barcelone et le forum euro-méditerranéen qui rassemble 27 pays des rives méditerranéennes. Elle doit prendre l’initiative de proposer un pacte euro-méditerranéen, un pacte de dialogue et de coopération politiques entre deux grandes régions du monde, pour évoquer les sujets qui la concernent - l’insécurité collective, la lutte contre les trafics de drogue et d’êtres humains, la prostitution, la gestion de l’eau, l’émigration de population, la paix au Proche-Orient bien sûr, la diversité culturelle : un pacte de solidarité et de développement économique et social dépassant les simples accords d’associations bilatéraux.

C’est pourquoi, dans cet esprit, je proposerai à nos partenaires européens, empruntant d’ailleurs à Dominique Strauss-Kahn cette idée, de réfléchir à une grande initiative pour le développement des pays de la Méditerranée : un emprunt européen permettant de financer l’équipement de ces pays dans de nombreux secteurs essentiels : l’éducation, la santé, les transports publics, l’énergie, ce qui d’ailleurs fera vivre les entreprises de cette région et d’autres entreprises françaises. Cette grande initiative doit aller de pair avec une relance de la coopération décentralisée qui associe les sociétés civiles des pays concernés.

Cette ouverture, je la veux pour la France, pour l'Europe, et je sais que pour cela, je peux m’appuyer sur Marseille et sur les Marseillais.
Marseille qui est à la pointe des nouvelles technologies.
Marseille Fos, le premier port de France et de Méditerranée.
Je sais que je peux m’appuyer sur Marseille la battante, la solaire.
Je suis fier d’avoir aidé votre ville et votre région cinq années durant à construire leur développement.

J’ai entendu dire que le maire de Marseille avait prétendu que le gouvernement qui est le mien n’aurait pas aidé Marseille comme il aurait dû. Il ne serait pas courtois de ma part de polémiquer avec le maire de la ville qui me reçoit. Je veux seulement donner des faits.

Pour PACA, le contrat de plan représente 1,1 milliard d’euros pour 2000-2006, c’est sans équivalant pour une autre région de la France métropolitaine. Connaissant Michel, vous pouvez être sûr que jamais il n’aurait signé un contrat qui n’aurait pas été au niveau de la région PACA.

Or pour Marseille, l’investissement de l'État au cœur de la région a été encore plus intense. Marseille bénéficie au premier chef de notre apport au Contrat de Plan. Pour les contournements routiers, pour le port autonome, pour l’enseignement supérieur, mon gouvernement a accepté de financer au-delà du financement ordinaire.

En outre mon gouvernement s’est battu auprès de la Commission européenne pour que Marseille puisse continuer à bénéficier des fonds structurels européens à titre dérogatoire, alors que normalement elle n’y avait plus droit.

Au total, près de 600 millions d’euros que l'État va consacrer à Marseille, c’est sans équivalant dans les grandes villes françaises. A cela s’ajoute ce qu’a apporté le département des Bouches-du-Rhône, et la région. Marseille en avait besoin et nous aimons Marseille.

M. Gaudin a dit que j’avais aidé Marseille au compte-gouttes : si vous regardez ce que nous avons fait, il s’agit plutôt d’un pipeline.

Pour toute cette politique de la Méditerranée, je peux compter sur les Marseillais qui vivent la diversité méditerranéenne. Si la France se nomme diversité, alors Marseille est la plus française de notre pays.

Je salue ceux qui ont rejoint Marseille, les juifs de Thessalonique, les Italiens et les Espagnols qui ont fui la misère et le fascisme, les Marocains et les Sénégalais qui ont fui ici. Oui, chacun a les mêmes droits et les mêmes devoirs, la différence n’empêche ni le respect ni la compréhension mutuelle, ni surtout l’envie de vivre ensemble. Mes chers amis, l’espace d’un instant, je tiens à rappeler à nos mémoires un événement du passé, un événement d’il y a quarante ans. Quarante ans après les accords d’Evian, je pense à toutes les victimes, à toutes les souffrances, je pense aux soldats du contingent, aux pieds-noirs, aux harkis, à toutes les victimes.

Le temps est venu pour que nous écrivions ensemble une histoire commune de nos relations. Dans chacune de nos patries voisines, ce besoin de vérité et de mémoire est considérable au cœur des peuples qui aspirent à retrouver le chemin de la fraternité.

Justement, puisque je parle de la Méditerranée, nous qui avons eu l’expérience de ce traumatisme historique de la guerre d’Algérie, nous disons à nos amis israéliens, à nos amis palestiniens : la guerre n’est pas chemin, il n’y a pas de solutions dans la violence, vous souffrirez davantage à vous laisser aller à l’engrenage de la haine.

Il faut reprendre le chemin de la compréhension mutuelle. Il faut condamner la violence terroriste. Il faut éviter le surcroît de répliques qui ajoutent au désespoir. Il faut donner une perspective politique, cette perspective, c’est la paix.

Le moment de la paix au Proche-Orient doit revenir.

Chers amis, il nous reste cette semaine pour dialoguer, pour convaincre. L’enjeu est considérable, décisif. Il nous appartient de faire comprendre ces enjeux. Soyez sûrs que je ne ménagerai pas ma peine, parce que cette peine est en même temps pour moi un bonheur et un plaisir de mener cette campagne avec vous, devant vous, à la rencontre de Français et de Françaises en plein esprit de liberté et de responsabilité.

Après cinq années de travail, jour après jour, attelé à ma tâche, cette campagne est un moment de respiration plus ample. Je sens battre dans cette campagne le cœur de la France, et mon cœur bat avec ce cœur qui bat. Je suis habité par elle, par son histoire, ses paysages. Cette France rebelle et joyeuse, diverse et aspirant à l’égalité, ouverte sur l'Europe et sur le monde, c’est celle-ci à qui je veux donner la force que j’ai, et l’expérience que j’ai acquise.

Je ressens les craintes et les révoltes des Français parce qu’il y a encore trop de misère, d’injustice et de violence. Mais je sais qu’ils sont prêts à agir, qu’ils sont debout.

C’est cette France que je veux construire dans l'Europe et pour le monde avec les Français. Oui, tous ensemble, nous allons répondre à cet espoir et préparer la victoire.

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