Présider autrement | |
Discours de Lionel Jospin prononcé lors de son dernier grand meeting avant le premier tour, à Rennes. |
Mesdames, Messieurs, Chers amis, Chers camarades, Merci à tous, mes chers amis, de la chaleur extraordinaire de votre accueil. Merci à Edmond Hervé, le maire de Rennes, l’ancien ministre, dont l’intégrité, le désintéressement, le haut degré d’exigence dans l’engagement civique et le respect des Rennaises et des Rennais m’accompagnent dans cette campagne et je lui dit merci de m’accueillir ici chez lui. Je remercie François Hollande, Premier secrétaire du parti socialiste, poste que je connais un peu, pour le talent avec lequel il l’incarne, il l’anime et pour le dévouement militant de notre formation politique qui s’exprime à travers ce rassemblement même s’il y a ici des hommes et des femmes qui sont venus comme sympathisants, hommes et femmes de gauche, citoyennes et citoyens, curieux du débat public et qui ne sont pas forcément membre du parti socialiste. En 1995, Rennes avait été le premier de mes meetings du premier tour de l’élection présidentielle. En 2002, Rennes est le dernier de mes meetings de ce premier tour de l’élection présidentielle. En 1995, nous sommes restés au seuil de la victoire après une belle campagne et cette fois, je nous propose d’aller avec le peuple français, jusqu’à la victoire. Je ne vais pas saluer tous les amis, les élus, les responsables et les militants que je connais pourtant nombreux dans cette salle. Je saluerai Louis Le Pensec, Marylise Lebranchu, Charles Josselin, qui ont été ou sont membres du gouvernement, la Bretagne restant dignement représentée au sein de l’équipe gouvernementale que j’anime. Je voudrais saluer au côté d’Edmond Hervé, bien sûr, les anciens ministres que furent Jean-Yves Le Drian, et Kofi Yagmame, Pierre Maille, Président du conseil général du Finistère, Claudy Lebreton, Président du Conseil général des Côtes-d'Armor, Bernard Poignant, ancien Président de la FNESR, tous les parlementaires et les élus de Bretagne, tous ceux venus de régions voisines, notamment, sans que j’entre dans des débats de définition, et notamment en tant que Président du groupe socialiste à l'Assemblée nationale, le Nantais Jean-Marc Ayrault. Je voudrais aussi saluer certains des membres de mon comité de soutien qui sont venus ce soir : Macha Méril, Marie-France Pisier, Luce Perrot, Max Dublin, Ernst Stetter, Danièle Evenou. Meeting après meeting, ces femmes et ces hommes de talent reconnu, m’apportent leur témoignage de leur confiance, leur engagement propre, leur crédit reconnu ailleurs, et j’y suis très sensible. Vous êtes venus très nombreux de Bretagne, bien sûr, mais aussi de Basse-Normandie, des pays de Loire, peut-être même encore d’un peu plus loin, qui sait ? Merci à tous les élus, les militants, les sympathisants d’être venus à ma rencontre. A travers vous, qui êtes présents dans cette salle, c’est le grand Ouest de la France, cet immense arc atlantique qui ouvre notre pays sur l’océan, qui se présente à moi. Si je voulais évoquer le charme des villes, et des départements d’où vous venez, où j’ai été souvent durant ma vie militante. Je ne suis pas sûr que j’aurais le temps de les égrener d’ici la fin du premier tour. Comprenez alors que je n’évoque ce soir que la région qui m’accueille, qui nous accueille tous, la Bretagne. La Bretagne, et c’est ce qui me fascine toujours chez elle, quand je rencontre ceux qui la font vivre, quand je rencontre ceux qui l’incarnent, quand je rencontre ceux qui la défendent comme les élus, est une terre à la fois profondément attachée à ses racines, et en même temps ouverte sur le monde qui l’entoure. Attachement aux racines dont a témoigné l’immense émotion suscitée par l’incendie du Parlement de Bretagne à Rennes en 1994, un Parlement reconstruit avec l’aide de l'État. Témoignent aussi de cet attachement et c’est fois plus joyeux, toutes ces fest'noz, où l’on danse à partir de traditions que l’on aime, que l’on respecte et qu’en même temps on modernise. Attachement aux racines encore, cette beauté des terroirs bretons. La forêt de Brocéliande, aux légendes nombreuses, à ce mystère non encore révélé du site de Carnac, à cette nature où le granit est là constamment présent, comme pour rappeler aux promeneurs la force et la détermination du breton sur sa terre. Beauté de ces côtes aux reliefs changeants, depuis le Golf du Morbihan en passant par la pointe du Raz, où je vais naviguer quelquefois avec Jean Glavany, mon directeur de campagne, quand il consent à m’emmener en bateau. Attachement aux racines, toujours, à travers la culture bretonne, mais culture qui marie en même temps l’attachement au patrimoine avec l’accueil de toutes les créations d’Europe et du monde. Je pense au grand festival que vous avez su faire naître et développer, le festival inter celtique, les tombées de la nuit. Je pense à ce qui permettra bientôt à Rennes avec le nouvel équipement culturel, de manifester la vitalité de cette ville et de cette région. Je ne peux non plus parler de la Bretagne, ouverte sur la façade Atlantique, sans évoquer mais j’y reviendrai tout à l’heure à la fin de mon propos, son ouverture sur l'Europe et son ouverture sur le monde. Combien de marins, combien d’explorateurs, combien de missionnaires même ont fait le renom de cette terre bretonne à travers l’ensemble du monde, combien ont contribué au rayonnement de la France de notre pays. Et combien aujourd’hui à travers les collectivités locales ou les organisations non gouvernementales sont engagés, si nombreuses, dans l’aide humanitaire ou dans l’aide au développement, témoignage encore de cette générosité des bretons envers les autres. La Bretagne est cette terre où l’authenticité et la tradition font bon ménage avec la modernité et composent une identité particulière. Ces activités traditionnelles, je veux qu’elles gardent toute leur place dans ce siècle neuf : la pêche dont j’ai parlé dans un déplacement précédent à Brest ou à Lorient, mais en même temps des activités comme l'agriculture, l’élevage qui doivent mieux respecter encore leur environnement. Car les Bretons ont droit au développement économique, mais ils ont droit aussi à une eau pure, à des terroirs sains, à des côtes non polluées, et je sais que c’est une gageure pour vous que d’essayer de préserver à la fois la vitalité du secteur économique, agricole et de l’élevage, et en même temps de prendre en compte ces nécessités du développement durable et du respect de nos terres. Je veux aussi signaler la puissance ici d’industries traditionnelles qui ont su relever le défi de la productivité avec l’automobile, avec la construction navale, avec les télécommunications. Mais une terre tournée vers l’avenir comme celle-ci, c’est d’abord une terre qui fait sa place à l’éducation. La qualité et la densité de l’enseignement supérieur dans cette région, avec ces quatre universités, ont toujours fait l’admiration du Ministre de l’Education nationale que je fus, il y a dix ans. Plus précieux encore peut-être, pour le militant que je suis, pour le citoyen que je suis, et la façon dont cette terre singulière, précieuse, originale, a su, avec nos élus et avec nos militants socialistes, réaliser une synthèse politique féconde entre l’humanisme laïque si présent et si ferme dans cette région, le christianisme social qui devait trouver un moment son chemin vers la gauche, la République démocratique avec ce qu’elle signifie d’égalité et en même temps d’identité régionale. C’est cette capacité des hommes et des femmes qui sont devant moi, des syndicalistes, des militants associatifs, des élus à faire cette synthèse entre la laïcité et le progressisme chrétien, entre l’appartenance à la République et l’affirmation d’une identité régionale qui amène la force du courant socialiste dans ce pays de Bretagne depuis trente ans. La Bretagne est une terre d’équilibre et de synthèse, une sorte de laboratoire, mais vivant, humain, charnel, de la gauche et de la France du 21ème siècle telle que je la vois et telle que je la veux. En effet, nous ne séparons pas l’efficacité économique du progrès social, et le message des socialistes aujourd’hui et de la gauche et que nous voulons, au contraire, fonder l’une sur l’autre : efficacité, solidarité, production, distribution. La gauche tient aujourd’hui les deux bouts de la chaîne. Bien sûr la gauche reste le camp de la solidarité et du progrès social. Pour nous socialistes, la solidarité est une valeur fondatrice de notre engagement, de notre identité et de notre combat. Comme François Hollande l’a rappelé tout à l’heure en évoquant quelques grandes dates de notre histoire sociale, c’est la gauche historiquement, et en particulier les socialistes qui se sont battus pour faire vivre la solidarité depuis les grandes lois sociales de la IIIème République, les grandes lois sur l’école aussi pour l’éducation du peuple jusqu’aux grandes avancées sociales du Front populaire, de la Libération, du 10 mai 1981, et à nouveau les réformes que nous avons su faire pendant ces cinq ans de gouvernement. Alors au moment où nous arrivons dans les derniers jours de ce premier tour de l’élection présidentielle, il faut que tous les hommes et les femmes de progrès de notre pays avant de faire leur devoir civique, se rappellent que c’est la gauche, et en particulier la gauche socialiste, qui a fait et continue à faire les grandes réformes sociales, qui deviennent ensuite autant d’acquis dont on se réclame mais qu’on n’a pas forcément construit. Il faut qu’ils se rappellent ces hommes et ces femmes au moment du vote, que c’est la gauche de la responsabilité, la gauche du réel, et en particulier la gauche socialiste, qui accepte les difficultés de l’action, qui prend le risque de l’échec, qui supporte les critiques et les reproches, mais qui s’engage réellement à faire reculer l’injustice et qui y parvient. Il faut qu’ils se rappellent que c’est cette gauche-là, qui ne dit plus que les choses ont cessé de l’intéresser dès que le premier tour s’arrête, mais qui, elle, se préoccupe de la suite, veut transformer l’expression du premier tour en une construction positive au deuxième tour. C’est cette gauche qui travaille constamment à renforcer le pacte social de la nation, a créé ce lien social entre les individus morcelés, séparés, sans lequel lien social toute communauté se défait ou s’affaiblit. Au centre de ce pacte, il y a, à l’évidence, la Sécurité sociale et les retraites par répartition. La Sécurité sociale et les retraites sont la plus forte expression de la solidarité entre les Français de toutes les générations. Cette solidarité, nous nous sommes battus pour l’obtenir, pour l’étendre et pour la conforter, et nous ne les laisserons pas remettre en cause par quiconque à l’occasion de cette élection présidentielle. Aujourd’hui, c’est cette solidarité qui est menacée par le candidat du RPR qui, il faut en être tout à fait conscient, prépare la privatisation du modèle social français, en introduisant les fonds de pension dans notre système de retraite. Je m’engage, moi, pour que vive le lien de solidarité entre générations. Je m’engage à garantir le système par répartition. Je m’engage à garantir le droit de tous à partir à la retraite à 60 ans. Je m’engage à garantir le niveau des retraites, c’est-à-dire le taux de remplacement, même si des efforts doivent être consentis pour assurer le financement à terme de nos régimes de retraite par répartition. Je m’engage à approfondir encore ce droit à la retraite. Nous l’avons fait d’ailleurs pour les retraites agricoles grâce à un plan pluri-annuel de revalorisation de près de 30 milliards de francs, jamais autant n’avait été fait en matière de retraite pour les exploitants agricoles, leurs conjoints et les aides familiaux. Je veux aussi agir pour tous les Français qui ont commencé à travailler très jeunes, à quinze ou quatorze ans, ceux qui ont souvent eu les fonctions les plus pénibles. Ils doivent après 40 ans de travail, pouvoir partir à la retraite quel que soit leur âge et même avant 60 ans. Au centre de ce pacte social, il y a le plein-emploi. Je veux une économie de croissance, je veux une société du travail, je veux une France du plein-emploi. Une société du travail, c’est ce que nous proposons, et le travail doit payer, c’est pourquoi je propose l’extension de la prime pour l’emploi et non pas des exonérations fiscales pour les revenus du capital ou les plus hautes tranches de revenus. C’est pourquoi je propose la diminution de moitié de la taxe d'habitation. Je propose l’augmentation de la taxation de certains revenus du capital dont l’affectation ira à la baisse de l’impôt sur le revenu. C’est aussi dans la bataille de l’emploi que nous mettons l’accent dans notre projet sur la formation tout au long de la vie. Cinq millions de salariés partiront à la retraite dans les dix ans qui viennent parce que les classes nombreuses de l’après-guerre arrivent à cet âge et les emplois de demain seront des emplois de plus en plus qualifiés. C’est pourquoi je veux aider chacun à prendre sa place dans l’économie de la connaissance et des savoir-faire qui se dessinent devant nous. Je veux aider, par 200 000 contrats, les chômeurs de plus de 50 ans mis en pré-retraite prématurément, alors qu’ils sont encore aptes encore à travailler et qu’on aurait besoin de leurs cotisations pour équilibrer nos systèmes de retraite. Cette question ignorée totalement par mon adversaire principal de la droite et une question clé que je proposerai à la négociation avec les organisations syndicales et professionnelles. Je veux engager une lutte nouvelle contre la précarité et c’est pourquoi je propose là aussi d’en faire l’objet d’une grande négociation avec les partenaires sociaux. Je veux la défense des droits des salariés et c’est pourquoi je propose d’organiser la représentation des salariés dans les conseils de surveillance des entreprises, les entreprises appartiennent à toute la communauté de travail. Je dirai tout à l’heure sous un autre angle, quelques mots sur l’affaire de Vivendi Universal Canal+ , mais cela montre, ces décisions et les conditions dans lesquelles elles ont été prises, à quel point des évolutions sur ce point dans notre droit du travail sont nécessaires. Et comme il y a dans la salle des salariés de Mitsubishi, et qu’ils ont souhaité très courtoisement que j’évoque ces questions, celle du risque de fermeture d’un site de production de téléphone mobile, je voudrais dire ici que ce dossier est l’un des premiers cas d’application de la loi de modernisation sociale dont l’objectif est de renforcer la protection des salariés. Le gouvernement au niveau du ministère de la solidarité et de l’emploi, au niveau du ministère de l’industrie, suivra de très près ce dossier, et veillera à l’application authentique et stricte de la loi, aussi bien en ce qui concerne le dossier économique que le reclassement ou que la réindustrialisation sur place. Une délégation a été reçue par mon équipe de campagne, elle a posé une série de questions précises et je voudrais dire à ces salariés que nous répondrons rapidement. La France du plein emploi, vous le savez, nous sommes crédibles pour le fixer comme perspective parce que c’est le chemin que nous avons commencé à tracer ensemble. En cinq ans, le chômage a baissé de plus de 900 000 personnes dans notre pays, nous avons rompu avec la fatalité du chômage croissant. Nous l’avons fait grâce au retour à la confiance par une bonne politique économique. Nous l’avons fait grâce à la croissance, mais aussi grâce aux 35 heures et aux emplois jeunes, et attention à ceux qui les remettraient en cause les 35 heures et les emplois-jeunes. C’est pourquoi je me suis engagé à un nouvel objectif du prochain quinquennat visant à faire baisser le chômage à nouveau de 900000 personnes dans ce pays. Pour servir cette ambition de solidarité et de justice sociale, il faut une économie forte. Pour distribuer, il faut produire. La production précède et permet la redistribution des fruits de la croissance économique. C’est pourquoi la gauche, dans ce pays, est aussi le camp de l’efficacité économique et de la compétitivité. La gauche, d’ailleurs, historiquement, s’est toujours intéressée à la question de la production. Saint-Simon, les socialistes utopiques, et Marx lui-même : tous les socialistes de la révolution industrielle, des premiers combats du prolétariat dans notre pays ont concentré leur réflexion sur la façon la plus juste et la plus efficace de créer des richesses. Ce n’est que plus tard au XXème siècle, après la grande crise des années trente que de nouveaux penseurs socialistes ont mis la redistribution elle aussi essentielle au cœur de la pensée de la gauche. Et aujourd’hui, par notre vision de l’économie et de la société, par les propositions que je fais pour cette campagne : production et redistribution recherchées ensemble, nous tenons les deux bouts de la chaîne. Et là aussi nous avons fait preuve de notre efficacité : la gauche a obtenu en cinq ans de gouvernement cinq années de croissance forte, plus forte du double que celle qu’avait su créer nos prédécesseurs pendant les quatre années précédentes, plus forte que chez nos voisins de l'Europe. Car la croissance ne se décrète pas, elle se construit. Pendant cinq ans nous l’avons ranimée, réveillée, apprivoisée, nourrie, protégée, et je pense que nous sommes les mieux placés pour la faire vivre dans la période qui vient. La gauche a su sous mon gouvernement donner l’impulsion nécessaire pour que la France entre enfin dans la société de l’information. La gauche a su mener une politique industrielle volontariste composant des groupes puissants capables de lutter dans l’économie mondiale. Nous n’avons pas voulu vendre Thomson pour 1 franc à Daewoo, nous avons fait à nouveau de Thomson un des premiers groupes mondiaux dans son secteur. C’est cette politique qui a permis d’attirer en France un nombre croissant d’investisseurs étrangers. Au début de mon quinquennat législatif et gouvernemental, avec l’installation de l’usine Toyota près de Valenciennes les mêmes, le MEDEF et la droite, nous disaient : « il ne viendra pas de grandes entreprises à cause des 35 heures ». Mais quand j’ai rencontré le PDG de Toyota avec que cette décision ne soit prise, il m’a répondu : « les 35 heures, c’est vous qui les décidez, moi je pense qu’investir en France, c’est un bon choix, parce que vous avez de bons équipements collectifs, parce que vous avez des travailleurs qui savent travailler, qui ont la culture du travail ; parce que nos cadres auront de bonnes écoles pour leurs enfants, parce que nos cadres pourront se faire bien soigner dans vos hôpitaux qui sont les meilleurs du monde ; parce que vous avez des équipements collectifs dignes de ce nom. Oui, c’est intéressant d’investir en France ». Aujourd’hui, à la fin de ces cinq années de gouvernement, certains nous chantent à nouveau l’hymne morose du déclin, comme s’ils n’aimaient pas notre pays ; comme s’ils ne voyaient pas la force de ceux qui s’y engage ; s’ils n’avaient pas confiance en nos savants, nos ouvriers, nos techniciens, nos cadres, nos laboratoires. Les mêmes décrient le système éducatif français, au risque de décourager nos enseignants, qui travaillent pour remplir leur mission. Les mêmes décrivent la France comme à feu et à sang, au risque de décourager les magistrats et les policiers qui dont leur travail chaque jour et qui ont envie d’entendre qu’on les encourage et qu’on les appuie plutôt que de chanter cet hymne morose une fois de plus. A la fin de ces cinq années de gouvernement, au moment où la droite essaie de nous faire croire au mépris des réalités que la France serait une terre dans laquelle on ne voudrait plus investir, une décision majeure a été prise par Stmicroelectronics, le groupe Philips, Motorala qui vont développer près de Grenoble leurs nouvelles générations de composants électroniques. Voilà bien le plus sévère démenti accordé à la théorie du déclin. La gauche a su investir pour l’avenir: éducation, recherche, équipement, télécommunication, transport, rénovation de la ville. Aujourd’hui, je m’engage pour une France de l’innovation. Une grande bataille de l’intelligence est en cours à l’échelle du monde, elle se déroule dans les laboratoires de recherche, au sein des universités et des grandes écoles, dans les colloques scientifiques internationaux, dans les ateliers des créateurs et des artistes, là se joue aussi l’avenir de notre pays, sa puissance scientifique et technologique, son poids économique, son rayonnement culturel, sa place dans le monde, la solidité de son identité, sa capacité à se projeter dans l’avenir. Je veux que notre pays soit au premier rang de cette bataille, et cela dépend de notre capacité collective à inventer, à innover et à créer. Cela dépend d’abord de l'État car aucune entreprise même la plus grande ne peut investir assez d’argent sur une période assez longue pour garantir les succès de la recherche fondamentale. Parce que l'État est capable, soit de créer seul, soit de faciliter auprès des collectivités et des entreprises la mise en place d’infrastructures collectives dont la recherche et l’innovation ont besoin. On sait à chaque fois que la droite a été au pouvoir, les budgets qu’elle a remis en cause immédiatement ont toujours été le budget de la recherche, de la culture et de l’éducation. Si je suis élu Président de la République, la recherche comme la culture, comme l’éducation seront des priorités de mon quinquennat. C’était dans mon programme de 95, ça n’avait pas été voulu par mon adversaire, il a gagné, mais au moins sur ce point, grâce à cinq ans de gouvernement, c’est finalement mon programme qui s’est appliqué. Quitte à faire appliquer un programme, autant le faire appliquer par celui qui le défend, c’est-à-dire par moi. Garantir des moyens financiers importants pour le budget de la recherche, mettre en réseau la France de la recherche, rapprocher la recherche du monde économique pour faciliter la création de jeunes pousses, améliorer la carrière des chercheurs et favoriser leur mobilité, accélérer la mise en place d’un espace européen de la recherche, tel que nous avons commencé de le faire, voilà des objectifs pour le quinquennat qui vient. En ce domaine d’ailleurs l'État ne doit pas être seul. C’est la société tout entière qui doit reconnaître l’innovation, la créativité, l’invention comme des valeurs essentielles. Il faut qu’elle sache les valoriser et les récompenser, inventer et innover doit devenir une habitude partagée par tous les Français et qui entraîne le pays tout entier. C’est pourquoi je veux aider nos compatriotes, par l’éducation et la formation, à prendre part à ce mouvement. Mes chers amis. La Bretagne est attachée à l’unité nationale, à l’égalité républicaine, à la diversité culturelle, au respect des langues parlées notamment sur sa terre, à l’approfondissement de la décentralisation, elle est donc un lieu privilégié pour que j’évoque ici quelques aspects de ma vision de la République. Notre République, qui a connu tant de tumultes, tant de passions, parfois de drames, est aujourd’hui apaisée, mais je veux profondément qu’elle reste vivante. La République est le régime que s’est donné la nation après tant de luttes. La République est aujourd’hui le bien commun des Français, réunis par la volonté de vivre ensemble. La République, si elle a été un combat, est surtout aujourd’hui une inspiration, un corps de valeurs autour desquelles les citoyens peuvent trouver un sens commun à leur vie collective dans laquelle s’inscrit leur parcours, leur itinéraire, leur choix individuel. Aujourd’hui, la République est apaisée, mais elle doit toujours être confortée. Nous ne sommes plus en 1792. La République n’est pas menacée, ni son unité, et j’ai d’ailleurs même entendu tout récemment, honnêtement, je me suis pincé, le Président de la République approuver en Corse le processus de Matignon et demander (je le cite) « la pleine réalisation des accords de Matignon ». Merci de cet hommage tardif. Nous sommes en 2002, la République entre dans le XXIème siècle, et je suis convaincu qu’elle y a toute sa place, qu’elle reste une idée neuve, féconde et forte. La République n’appartient à personne, nul n’en a le monopole, elle vit dans le cœur de chaque Français. Elle vit dans le cœur de chaque Français, et pourtant, on dit qu’à l’occasion de cette élection présidentielle, un certain nombre de nos concitoyens en âge de voter, détenteur d’une carte d’électeur, n’iront pas voter au premier, et peut-être même au deuxième tour. Je lisais, avant d’entrer dans cette salle, une dépêche d’agence, un sondage qui disait que peut-être 30 % de Français disaient qu’ils n’iraient pas voter. Ils évoquaient deux motifs : une fois élus, les hommes politiques ne tiennent pas leurs promesses. Ça, c’est peut-être un motif pour ne pas voter pour M. Chirac, mais certainement pas un motif pour ne pas voter pour moi. Car nos engagements, nos promesses : les 35 heures, la lutte prioritaire contre le chômage, la loi contre les exclusions, nous les avons tenus. Le deuxième motif qu’ils avançaient était de dire : voter n’apportera pas de changements à notre vie quotidienne. Des changements assez rapides, assez vigoureux, bouleversant la vie pour ceux pour qui elle est la plus difficile, peut-être pas, mais je ne crois pas qu’on puisse dire ne sont pas des changements dans la vie quotidienne : 900 000 chômeurs de moins, une loi contre les exclusions, cinq millions de personnes qui n’accédaient pas de façon correcte aux soins aujourd’hui et qui sont couverts par la couverture maladie universelle, l’allocation personnalisée d’autonomie qui va permettre d’assumer les situations de dépendance pour des personnes âgées ; la prime pour l’emploi, distribuant des sommes significatives à près de 10 millions de personnes au niveau du Smic. Au-delà du respect des engagements, au-delà de la démarche sincère et sérieuse qui a été la nôtre pour apporter des changements concrets dans la vie quotidienne de nos concitoyens et notamment de ceux pour qui la vie est la plus difficile, il faut aussi rappeler que la conquête de la République, cela a été aussi dans notre pays la conquête du suffrage universel, que des hommes et des femmes sont morts parfois sur les barricades pour conquérir ce droit de s’exprimer. Il faut rappeler qu’à travers le monde, des centaines de millions d’hommes et de femmes voudraient pouvoir s’exprimer, élire leurs dirigeants, voudraient pouvoir être enfin des citoyens et ce n’est pas parce que la démocratie est devenue chez nous comme l’air qu’on respire, qu’elle a été une conquête qui maintenant est là et vit au milieu de nous qu’il ne faut pas exercer ce droit essentiel. Le suffrage universel a été une conquête et un droit, il doit rester fondamentalement pour nous tous un devoir. Alors, comme l’a dit François tout à l’heure, je ne prends pas, dans cette campagne, les Français catégorie électorale par catégorie électorale, pour leur tenir à chacun des promesses qui entre elles sont par ailleurs contradictoires. Je connais leur diversité, je la respecte, je m’en inspire, la diversité c’est le bonheur d’un pays. Mais en même temps je veux créer entre tous les citoyens ce lien social, je veux les rassembler autour d’un projet commun, je veux les conduire dans une direction qui n’ignore pas les intérêts particuliers, qui n’enferme pas non plus ceux qui appartiennent à telle ou telle catégorie ou à telle ou telle corporation, mais qui dégage un chemin commun, un projet commun, auquel chacun peut adhérer en restant lui-même mais en même temps en appartenant à la communauté nationale plus vaste. Parmi ces valeurs de liberté, d’égalité et de fraternité, il me semble qu’aujourd’hui la valeur de la laïcité est une valeur précieuse entre toutes. Elle a été longtemps un combat et une arme, elle est aujourd’hui une référence précieuse et une protection. Mes chers amis, nous sommes tous, presque désespérés par la tragédie que connaît à nouveau le Proche-Orient, alors que le chemin de la paix s’était ouvert. Conduit d’ailleurs par des socialistes, Rabin et Pérès, et c’est la droite et l’extrême droite qui a aujourd’hui fermé le chemin en Israël. Je suis passionnément attaché à la sécurité d’Israël et je condamne de la façon la plus solennelle les attentats suicides, et je suis attaché aussi et tout autant au droit des Palestiniens de se construire un destin national et de bâtir leur Etat aux côtés d’Israël. Et c’est pourquoi je condamne la répression massive lorsqu’elle désespère le peuple palestinien et qu’elle nourrit la volonté et le désir de colère et de revanche. Nous sommes, nous socialistes, dans le camp de la paix. C’est pourquoi j’ai proposé qu’une force d’interposition et d’observation soit, sous l’égide des Nations unies, installée, projetée pour qu’on sépare ceux que la haine aujourd’hui opposent et que l’on retrouve le chemin du dialogue et de la paix. Cette idée n’est pas reçue aujourd’hui, mais il faudra bien qu’elle fasse son chemin. C’est aussi pourquoi, après avoir discuté avec le gouvernement israélien, et en partant des propositions faites par un certain nombre d’organisations non gouvernementales, Charles Josselin et le gouvernement avons envoyé en israël, mais pour les Palestiniens et notamment pour la Croix-Rouge, un avion humanitaire destiné à apporter une solidarité concrète à ceux qui souffrent sur cette terre. Nous sommes pour la paix au Proche-Orient, mais nous sommes aussi pour la paix civile en France. Nous ne voulons pas que soient importées dans notre pays les passions qui flambent sur cette terre. Nous ne nions pas les appartenances, nous connaissons les liens de solidarité, les engagements spirituels, mais en même temps, il ne faut pas que ce sentiment d’appartenance ou de solidarité conduise à un enfermement communautarisme, il ne faut pas que cela dresse une communauté contre une autre. Il faut que chacun se rappelle, en ces moments de tension, que la première et l’ultime communauté à laquelle nous devons nous rattacher dans l’esprit de la laïcité, c’est la communauté nationale. C’est pourquoi j’ai été heureux, de participer, avant-hier, à l’invitation de SOS Racisme et de l’Union des étudiants juifs de France à une discussion autour de l’esprit de tolérance, autour du respect des religions, autour du respect des communautés, qui justement condamnaient l’antisémitisme et aussi toutes les formes de racisme. Je veux que vous sachiez que mon gouvernement, la ministre de la justice ici présente, le ministre de l’intérieur, avec qui je me réunirai demain sur ce point, nous serons absolument implacables dans la lutte contre l’antisémitisme. Que cela soit clair, rien à nos yeux ne pourra justifier de tels actes. Cette République, je veux la faire pleinement entrer dans notre temps. Je veux une République moderne, prenant en compte les mouvements de la société et les aspirations des citoyens d’aujourd’hui. La République n’est pas plus faible mais plus forte parce qu’il y a désormais la parité entre les femmes et les hommes, parce que nous avons reconnu la diversité des familles, parce que nous avons veillé à la protection et aux droits de l’enfant, parce que nous avons fait en sorte que le Pacs prenne en compte l’évolution dans la façon dont les personnes voulaient vivre leur amour. Je veux une République plus démocratique accordant pour cela plus de pouvoir au peuple, soulignant mieux la responsabilité de l’élu, et d’abord du premier d’entre eux, le président de la République. C’est pourquoi je m’engage à réformer le statut juridique du Président de la République si je suis élu à cette fonction. Je veux une République démocratique et sociale où la négociation entre partenaires sociaux ait toute sa place, mais où la loi garantisse en même temps la fidélité au progrès social, c’est pourquoi je propose une conférence économique et sociale pour aborder les grands sujets économiques et sociaux qui se posent à notre pays. Je veux une République une et indivisible, mais je ne confonds pas l’unité et l’uniformité. Je ne veux pas assimiler à l’indivisibilité l’oubli, le mépris ou la négation de la diversité. C’est pourquoi je suis fier que mon gouvernement ait signé la charte européenne des langues et cultures régionales, et que je regrette que le président n’ait pas voulu engager le processus qui aurait permis d’engager sa ratification. Pour que vive cette diversité, je veux approfondir la décentralisation. La décentralisation, là encore, c’est la gauche. François Mitterrand, Pierre Mauroy, Gaston Defferre puis Pierre Joxe ont donné des libertés nouvelles aux villes, aux départements et aux régions. Voilà encore une réforme historique dont on se réjouit aujourd’hui, dont tout le monde se réclame, mais que la droite avait à l’époque combattu durement, prétendant, là encore, que ça remettrait en cause l’unité de la République. Au sein de mon gouvernement, Jean-Pierre Chevènement puis aujourd’hui Daniel Vaillant ont continué le sillon de la décentralisation ; la Bretagne le sait bien, là où peut-être la politique des pays rencontre le plus vif succès. Je veux ouvrir une nouvelle étape de la décentralisation, transférer de nouvelles compétences aux régions et structures intercommunales. Elire au suffrage universel dès 2007 les exécutifs des structures intercommunales en même temps que les élections municipales. Instaurer un pacte de solidarité pour une plus grande justice entre les collectivités locales. Mes chers amis, mes chers camarades, vous le savez bien, vous ici rassemblés, la Bretagne riche de son identité, attachée à la France est en même temps profondément européenne, peut-être la région de France la plus européenne. Comme vous, je me sais Français, je me sens européen, et je veux une France forte dans une Europe unie, forte d’une histoire dont nous sommes fiers, forte d’un espace placé au centre de l'Europe, au croisement des échanges, entre l’Atlantique et l’intérieur des terres, entre le Nord et la Méditterranée, un territoire dont les régions, toujours mieux reliées entre elles, toujours plus ouvertes vers le monde peuvent faire valoir leurs ressources. Forte d’un art de vivre que le monde entier nous envie, qui marie les beautés du patrimoine culturel et architectural, les spécialités des terroirs et les œuvres de l’esprit. Forte d’une population dont la natalité en Europe, juste après la très catholique Irlande, est la plus vigoureuse d’Europe, ce qui témoigne d’ailleurs par le nombre des mariages et des naissances que nos jeunes, contrairement à ceux qui prônent le contraire, ont confiance dans l’avenir et ont du bonheur à vivre dans la France d’aujourd’hui. La France ne doit pas craindre l'Europe. Elle peut y trouver son épanouissement. L'Europe offre à la France l’occasion d’accroître son influence. Les Français l’ont d’ailleurs montré dans le passage à l’euro. Mais la France doit peser en Europe. Pour cela, elle doit en connaître le fonctionnement, et l’équipe que j’ai réunie autour de moi a appris à bien maîtriser les circuits européens. Cette expérience sera précieuse demain. Mais surtout, la France doit proposer des idées fortes, et aucune, en sept ans, et c’est sans précédent dans l’histoire européenne n’est venue de la Présidence. Je veux une Europe politique unie. Je propose de construire la fédération européenne des Etats-nations, scellée par une Constitution dont la Charte des droits fondamentaux sera le préambule. Je veux une Europe plus démocratique, associant les Parlements nationaux, désignant le Président de la Commission au sein de la majorité au Parlement européen pour faire vivre la démocratie, réformant le scrutin européen. Je veux une Europe plus efficace : c’est pourquoi je propose de renforcer le rôle du conseil des ministres, de créer un conseil permanent des Ministres chargés des Affaires européennes. Cette Europe politique doit pouvoir fonctionner une fois l’élargissement réalisé. Je veux réussir l’élargissement de l'Europe, en veillant à nos intérêts mais aussi en veillant aux acquis des intérêts communautaires. Je n’accepterai, Président élu, ni la dissolution de l’ambition européenne, ni la renationalisation des politiques communautaires notamment celles de la politique agricole commune et celle des fonds régionaux. Je veux une Europe qui approfondisse son modèle social. Pour cela, il faudra créer les conditions d'un dialogue social européen avec les syndicats, avec une lutte résolue contre le dumping social ou fiscal, en promouvant des services publics européens forts et efficaces, développer l'Europe de la santé et de la sécurité sanitaire, et de la sécurité maritime. C’est pourquoi je veux aller vers un traité social européen. La France peut délivrer au monde un message de solidarité, de diversité culturelle, de justice et de progrès social. Un message de diversité culturelle et de fraternité. J’ai parlé de diversité culturelle. C’est pour moi l’occasion de parler des changements de direction qui se sont produits à la tête de Canal+ et qui ont été provoquées par des décisions du PDG de Vivendi Universal. Je n’ai pas à trancher ces problèmes de direction à l’intérieur d’un groupe privé, mais ce qui pour moi est essentiel et guidera mon action, déjà pour quelques semaines encore comme premier ministre, veillant aux engagements qui ont été pris, c’est l’identité de Canal+, sa liberté de ton, son esprit de liberté et d’impertinence. C’est l’indépendance de Canal+ que le Pdg d’universal s’est engagé formellement à respecter, ce qui a permis d’autoriser par le CSA la fusion. C’est l’apport essentiel de Canal+ au cinéma dans notre pays à la création et à l’identité culturelle. Alors, je veille, comme premier ministre, au respect des engagements qui ont été pris, c’est pourquoi j’ai saisi le Conseil Supérieur de l’audiovisuel pour qu’il veille à l’application de la loi et des engagements d’Universal. C’est pourquoi j’y veille comme candidat, que je m’exprime avec force sur ces questions où la droite est fort embarrassée parce que cela ne va pas dans le sens de ce qu’elle souhaite et c’est pourquoi je peux vous dire que j’y veillerai davantage encore si les Français m’élisent président. Oui, nous voulons une Europe où les médias sont indépendants et libres. Voulons-nous une Europe où les travailleurs dans des grandes entreprises ont des droits et sont consultés ? Voulons-nous une Europe où l’on évite que le pouvoir politique, par différents moyens, mettent la main sur tout et notamment sur la libre information ou bien sur la production culturelle ? Oui, je veux rapprocher ces décisions dont on parle aujourd’hui, des mouvements sociaux qui ont eu lieu en Italie. Bien sûr, je n’ai pas à m’immiscer dans la vie politique intérieure italienne, et je ne porte pas de jugement sur telle ou telle personne, mais en même temps, comment peut-on dire que l’on veut construire l'Europe, une Europe démocratique et une Europe des peuples et nier qu’il y ait aussi une vie politique européenne, des débats culturels et d’identité européenne ? Je vais vous le dire : je ne veux pas que ce qui arrive en Italie arrive dans mon propre pays. Mes chers amis, je suis heureux d’avoir tenu ici, en Bretagne, au cœur du Grand Ouest, avec vous, ma dernière grande réunion publique avant le premier tour. Vous m’avez offert un accueil formidable. La terre bretonne est, pour la gauche, une terre importante, hier terre de mission, aujourd’hui terre d’ancrage et de fécondité. La Bretagne apporte beaucoup à la France et à la République. Trois jours nous séparent du premier tour, il nous faut un premier tour dynamique pour un second tour victorieux. C’est pourquoi il faut aller chercher la victoire voix après voix autour de vous. Entraîner ceux qui sont convaincus ; conduire vers les urnes ceux qui disent qu’on aura le temps, qu’on verra bien au deuxième tour, qu’il sera toujours le temps de nous apporter les voix au second tour et que la période un peu malheureuse des vacances - mais nous ne pouvions pas faire autrement avec les élections législatives - entraîne vers d’autres rivages parfois. Il faut montrer à ceux que tentent d’autres votes pourquoi voter pour un socialiste, pour celui qui s’est efforcé à incarner une majorité de gauche et d’écologistes pendant 5 ans a un sens, y compris pour assurer mieux l’avenir Jusqu’à la dernière minute, il faut que vous alliez convaincre. Je sais pouvoir compter sur vous, sur votre mobilisation, sur votre conviction. Vous savez, vous, ce qui se joue à l’occasion de cette élection, vous savez pourquoi je veux, pour vous, avec vous, pour tous les Français présider autrement une France plus juste. En vous voyant rassemblés ici, je sens la force de la Bretagne qui me porte et c’est pourquoi j’ai confiance. En 1995, j’ai fait campagne avec vous tous dans des conditions difficiles. Des millions de Français, au premier tour d’abord, puis au deuxième tour ensuite, m’ont fait confiance, nous ont fait confiance, mais la force de leurs voix, dans le contexte de l’époque, nous a conduit seulement au bord de la victoire. Deux ans après, en 1997, après l’échec avéré du début du septennat de Jacques Chirac, a été tentée la ruse d’une dissolution surprise pour essayer de surprendre le peuple de notre pays, désabusé et trompé par le reniement des promesses qui avaient été faites. Mais notre peuple ne s’est pas laissé surprendre et il nous a donné la victoire. Depuis cinq ans, nous gouvernons notre pays, la France. Nous n’avons certes pas tout réussi, mais nous avons tenu nos engagements, nous avons su tenir la maison France, gérer en même temps que nous réformions et que nous accomplissions de grandes réformes sociales. Nous avons obtenu des premiers résultats. Nous nous sentons aptes, moi à un autre poste, à poursuivre le chemin sur lequel nous avons commencé à avancer. Aujourd’hui, à la fin d’un septennat sans relief mais d’une législature féconde, que nous est-il proposé par le candidat sortant si ce n’est le retour à la politique menée au début du septennat, la même politique avec les mêmes hommes, comme entre 1995 et 1997 ? Je sollicite la confiance des Français, qui ont eu le temps de mieux me connaître pendant ces cinq ans, de me jauger, de m’apprécier, de me tester, de me faire confiance, de me critiquer, de m’envoyer parfois des coups de semonce, mais dont je pense que, au bout de cinq ans, et quel que soit le destin qu’ils me réservent, ils me respectent. Sur la base du respect des Français et de celui que moi-même je leur porte, je sollicite la confiance des Français pour une autre mission, avec les mêmes valeurs, adaptées au temps qui vient, mais avec d’autres défis dont j’ai tenté honnêtement de parler dans cette campagne. Je qu’il faut maintenant dans ces derniers jours, c’est nous mettre en position solide, le 21 avril, pour obtenir la victoire le 5 mai. |
|