Présider autrement
Congrès extraordinaire du Parti socialiste

 Discours de Lionel Jospin à la Mutualité, le dimanche 24 février 2002.
 

Mes chers amis,
chers camarades,

je suis extrêmement heureux d’être avec vous dans ce Congrès extraordinaire par lequel le Parti socialiste choisit son candidat à l’élection présidentielle.

Ce Congrès est, pour moi important, et je sais qu’il l’était aussi pour vous, qui souhaitiez qu’il y ait un Congrès. Il était normal que je sois candidat devant les français, je l’ai fait mercredi, en respectant ma parole, en ne perdant pas de temps, mais le moment était venu de s’engager, nous l’avons fait. Nous avons évoqué ensemble cette date avec le Premier secrétaire, François Hollande, nous l’avons décidée au moment qui nous est apparu le plus juste, mais en même temps, ma candidature devant les français n’a de sens que si elle est aussi celle des socialistes.

C’est le cas aujourd’hui après le vote des militants et d’ailleurs, cette candidature, aussi logique qu’elle ait pu paraître en raison des données politiques, aussi enracinée qu’elle soit dans ma propre détermination personnelle et dans l’appréciation que je porte sur le moment face auquel le pays est placé, n’aurait pu avoir lieu de ma part si elle n’était aussi la vôtre.

J’ai parlé du moment où le Parti socialiste choisit son candidat, et que veut dire " choisir " puisqu’il n’y en a qu’un ?

La situation est effectivement différente de celle que nous avons connue dans cette même salle, souvenez-vous, en 1995. Nous avions eu alors à choisir entre deux candidats, deux hommes qui n’ont pas des visions très différentes de l’engagement politique, mais enfin, chacun avec sa sensibilité. Henri Emmanuelli et moi avions été ensemble au vote des militants et on avait dit à l’époque, souvenez-vous, à l’intérieur d’un Parti que l’on disait en difficulté, que l’on regardait souvent de haut, que c’était justement la dignité démocratique de cette confrontation, la fraternité du débat qui nous avaient, à la fois, opposés et unis devant les militants, qui avaient été source de la dynamique même de la campagne initiale, alors qu’à l’époque on nous assurait déjà que la droite aurait deux candidats au second tour.

Aujourd’hui, la situation est différente, il y a un seul candidat, je le suis, et c’est le résultat d’une situation politique que l’on connaît, mais aussi des responsabilités que j’ai assumées en votre nom et avec d’autres, notamment avec les Ministres depuis cinq ans, des responsabilités que j’ai assumées, moi, depuis un septennat.

Je voudrais vous dire en même temps que cette seule candidature ne prive pas le vote des militants de sa force, ni le Congrès de son sens symbolique. Il est bon, en effet, quelles que soient les circonstances et même si, aujourd’hui, un seul vote pratiquement s’exprime, que soit marqué que ce sont les militants et que ce seront toujours les militants socialistes qui désigneront leur candidat à l’élection présidentielle.

Après mercredi, il faut bien reconnaître que la procédure a été un tantinet accélérée…

J’ai dit à François (mais je ne connais plus bien, évidemment, le fonctionnement interne) : " Es-tu bien sûr qu’ils vont accepter comme cela, nos militants, de se réunir en deux jours, de faire leurs Congrès fédéraux, de venir dimanche pour un Congrès ? " Il m’a répondu : " Mais, tu es d’une autre époque ! Eux, maintenant, c’est le fax, l’Internet, la réaction rapide. Tu seras surpris ".

Et je dois dire que vous m’avez, ce matin, surpris et ravi !

Vous avez su organiser très vite le vote dans les sections… si vite que je n’ai pas eu le temps d’aller dans la mienne ! Mais j’irai m’excuser cette semaine auprès des militants de Cintegabelle et j’ai déjà adressé ma lettre au Premier secrétaire fédéral pour lui dire mes regrets. Ils ont bien voté d’ailleurs : 75 % de participation. Je les remercie tous, les Haut-Garonnais !

Vous avez organisé le vote des militants, vous avez tenu les Congrès fédéraux et nous sommes là, rassemblés, avec vous.

Je veux remercier le Premier secrétaire, les Premiers secrétaires de nos Fédérations, je veux vous remercier de votre promptitude et de votre disponibilité. Vous avez eu du mérite à agir ainsi, mais en même temps il fallait le faire, parce que, ainsi, le Parti socialiste, une fois de plus, a fait la démonstration de sa capacité d’adaptation rapide, de son sens politique qui fait qu’après tout, cette semaine, qui devait se terminer sur le succès de l’U.E.M., se termine sur le triomphe du Parti socialiste !

Sur le succès de l’U.E.M., après François, je reviendrai…

Aujourd’hui en tout cas, avec un vote de près de 70 % de nos adhérents qui ont dû réagir si vite, en pleines vacances scolaires, eh bien, tout simplement (et merci), je suis votre candidat à l’élection présidentielle.

Je veux vous dire ma fierté, je veux vous dire ma gratitude et je veux vous dire aussi, parce que je l’ai ressentie et elle m’a presque surpris, mon émotion.

Bien sûr, dans cette élection qui s’ouvre, je ne peux pas vous garantir le succès, il y a un Président sortant, je ne suis que le challenger, le rapport gauche/droite dans le pays est équilibré - mais gardons quand même le souvenir qu’en 1995 il était très déséquilibré en notre défaveur - mais je peux en tout cas vous assurer d’une chose : je ne suis pas, comme en 1995, candidat pour témoigner, candidat pour restaurer, candidat pour réhabiliter, non, je m’engage dans cette campagne, devant les Français et avec vous, pour gagner !

Je serai, mercredi au plus tard, si Jean Glavany et quelques autres font bien leur travail au siège de la campagne, que nous avons d’ailleurs eu envie d’appeler - parce que, après tout, c’est un beau symbole pour des socialistes - l’atelier de campagne plutôt que le siège de campagne.

L’atelier, c’est la production, c’est le lieu où les ouvriers se rassemblent, travaillent, combattent, expriment leur fraternité, l’atelier, c’est le lieu de l’artiste, du créateur, de celui qui apporte la novation et la beauté, c’est un beau nom pour nous servir de siège de campagne… et c’est quand même mieux que " Le Tapis rouge " !

Car, de même que je me souviens, ayant relu mon discours de 1995 ce matin - je dois dire un peu tard - et ayant constaté que ce n’était pas tout à fait la même tonalité, de même que je me souviens que j’avais dit à l’époque, à propos de M. Balladur, alors largement favori, qu’on ne se faisait pas nommer à la Présidence de la République, de même voudrais-je dire devant vous, très tranquillement, ce matin, qu’une élection présidentielle, un rendez-vous avec le peuple, ce n’est pas un tapis rouge que l’on déroule !

C’est une confrontation, c’est un débat, c’est un moment où l’on rend compte de ce que l’on a promis et de ce que l’on n’a pas tenu, c’est un moment où l’on avance aussi ses propositions vers les Français et nous aurons deux mois et demi pratiquement pour le faire.

Mercredi, donc, je serai au siège de la campagne, à l’atelier de campagne, je tiendrai une conférence de presse, je présenterai les équipes qui m’accompagneront dans ce mouvement et elles seront naturellement l’expression de ce que nous sommes.

Et puis, dans le même temps, je veillerai, avec les Ministres, avec les membres du Gouvernement, à ce que la France soit gouvernée, mais enfin je me consacrerai aussi pleinement à la campagne. On m’a assez dit ces derniers jours qu’il fallait que j’y aille pour qu’on ne me reproche pas de partir !

La situation qui est devant nous est assez originale.

Nous ne venons pas de l’opposition, comme en 1981, ni non plus comme en 1995. Nous n’avons pas le Président sortant, comme François Mitterrand, en 1988, a été à nouveau candidat et réélu par les Français. Mais, en même temps, nous gouvernons depuis cinq ans avec le même Gouvernement ; même si des changements d’hommes et de femmes se sont produits, c’est la même équipe, c’est le même Premier Ministre et c’est sans précédent dans l’histoire de la gauche, tout simplement, et assez rare même dans l’histoire de ce pays qui a l’habitude de changer assez souvent ses Gouvernements, et parfois pas moins sous la Vème que sous la IVème !

Et puis, juste après cette élection présidentielle, nous aurons les élections législatives, non pas cette fois, comme en 1981 ou 1988, parce que le Président élu dissout l’Assemblée nationale, mais simplement parce que le calendrier le veut ainsi, si bien que ces élections, les deux mois et demi de campagne présidentielle, le mois ou le mois et demi de campagne législative, vont former comme un couple politique, un couple indissociable et uni dans l’esprit des Français : ce Président qu’ils vont élire, ce Gouvernement qui devra agir, cette majorité qui devra exprimer la diversité du peuple à l’Assemblée nationale.

Je ne vais pas aujourd’hui vous parler de tous les points et, d’ailleurs, ayant l’occasion d’intervenir souvent dans les semaines qui viennent, je ne vais pas à chaque fois, bien sûr, décliner l’ensemble des propositions qui sont les nôtres. Cette campagne sera longue, il faudra donc que je choisisse, selon les moments, d’insister sur tel ou tel problème et c’est finalement l’ensemble du parcours qui donnera son sens à ce message que nous aurons fait passer auprès des Français.

I - Je voudrais d’abord m’interroger avec vous sur l’enjeu de cette élection présidentielle

Moi, je crois profondément que cette élection a à voir avec la vérité des intentions, avec le respect des engagements et avec la responsabilité des actes que l’on accomplit.

C’est, je crois, en raison de cette exigence de vérité, de respect et de responsabilité qu’à la première question que les Français vont devoir se poser - " Devons-nous réélire le Président sortant, après sept ans, pour cinq nouvelles années ? (et il n’a pas dépendu de lui qu’elles aient été sept, d’ailleurs) – je crois que la réponse, en conscience, est non. Mais c’est à eux qu’il appartiendra de le dire.

Deux ans de présidence infidèle, cinq ans de présidence passive, font sept ans de présidence contestée !

Pendant deux ans, quand le Président sortant pouvait agir librement, il a délégué le pouvoir à un Premier Ministre qui a fait une politique contraire aux engagements qu’il avait pris devant les Français.

Pendant cinq ans, confronté - dans des conditions, il est vrai, différentes - à un autre Premier ministre, il a été finalement le représentant d’une présidence presque protocolaire, inactive mais critique, alors qu’à mes yeux une présidence doit être active et positive.

On ne sait sans doute pas exactement ce que serait la politique de Jacques Chirac. Il a changé souvent de convictions, il a fait dans les deux premières années le contraire de ce qu’il avait promis, il est vraisemblable qu’il déléguerait à nouveau à un Premier ministre le soin de diriger la politique française, comme il l’a fait entre 1995 et 1997 avec Alain Juppé, et c’est donc bien sur cette politique-là qu’il faut s’interroger, bien plutôt que sur les discours qui seront tenus par le candidat.

Or, on devine ce que serait la politique de la droite.

Elle a voté contre l’essentiel de nos projets, j’y reviendrai. Son orientation, telle qu’elle se dessine dans les engagements de l’U.E.M., dans les programmes des partis, dans la soumission dans laquelle elle est aux propositions actuellement avancées par le Medef directement dans la vie politique française, est extrêmement conservatrice aux plans économiques et social et extrêmement archaïque dans la conception du rapport aux citoyens.

C’est cela aussi, l’enjeu de l’élection présidentielle suivie de ces élections législatives.

C’est pourquoi, mes chers amis, j’ai axé le début de cette campagne sur la nécessité de restaurer profondément la fonction présidentielle.

Présider autrement, voilà ce qui est devant moi et derrière moi.

Présider autrement, ce n’est pas un slogan, même si c’est aussi un slogan, une dérive, une phrase destinée à marquer ce que l’on veut faire.

Présider autrement, ce n’est pas une définition nouvelle de la présidence à laquelle je me présenterai, même s’il est vrai que le quinquennat et le rapport au temps va changer la relation du Président au Gouvernement, au Parlement.

Présider autrement, ce n’est pas vouloir je ne sais quel changement institutionnel, ce n’est nullement mon propos, même s’il faudra traiter la question du statut juridictionnel du Président de la République. Le Président de la République ne doit plus bénéficier d’un privilège de juridiction, il ne peut pas être, lui, le premier des Français, le seul des Français, qui ne se soumet pas à la loi commune.

Il ne s’agit pas là des personnes, il s’agit d’un principe et pour autant que les principes soient incarnés par des personnes, je m’engage personnellement à changer très vite cet aspect de la Constitution, de façon à ce que le Président puisse se comporter comme un citoyen normal, préservé des jeux de la politique par un filtrage qu’un certain nombre de magistrats auront à opérer.

Le Président de la République doit être responsable des actes détachables de sa fonction.

Pour moi, ces deux mots " présider autrement " sont au cœur même de ce qui est en jeu à l’occasion de cette élection.

C’est lié à la conception même de la politique que nous devons à nouveau faire vivre, devant les Français, et que nous nous sommes efforcés de traduire dans l’action pendant ces 5 ans.

Le président de la République qui est d’abord candidat - car j’ai eu l’occasion de dire, il y a quelques jours, que la présidence de la république commence au moment de l’élection devant les citoyens quand on fait des promesses non pas après, car il n’y a aucun candidat président, puis un Président qui n’a rien à voir avec le candidat - représente un ensemble qui doit garder sa cohérence et son respect des engagements.

Le Président de la République fixe de grandes orientations à l’occasion de cette campagne. Elles constituent les priorités de son quinquennat.

Il se préoccupe ensuite constamment du respect de ses promesses faites aux Français, il travaille avec le gouvernement en respectant son rôle. Il veille bien sûr aussi tout particulièrement - j’y reviendrai peut-être tout à l’heure - à l’affirmation de la France, à son engagement plein et constant dans l’Europe, à sa capacité aussi de proposer, pour une meilleure organisation du monde. Un Président acteur et actif, engagé vis-à-vis des Français sur des orientations et sur des choix clairs, travaillant en cohérence avec le Gouvernement et respectueux du Parlement   telle est l’affirmation qui est la mienne. Aussi vous comprendrez bien que cette présidence restaurée doit être aussi une présidence rénovée.

Et c’est pourquoi on comprend que le choix des équipes qui travailleront ensemble pendant les prochaines années est très important. Il va falloir choisir un Président. Il va falloir ensuite que soit choisi un Premier ministre, il va falloir constituer une équipe gouvernementale, et que se forme à l’Assemblée nationale, une majorité pour construire, par des votes, l’action du pays.

Il me semble que pour le choix de ce Premier ministre, ou de ces membres du gouvernement, que pour l’expression de la vie parlementaire, les personnalités qui émanent de la majorité sortante, qui animent et honorent la formation politique à laquelle j’appartiens, et qui sont justement physiquement et personnellement devant moi ce matin, il me semble que ces personnalités, par leur qualité, par la nature même des rapports qu’elles sont capables de nouer entre elles, par la philosophie du travail en commun qui les animent sont, je pense, une garantie de sérieux, d’avancer pour les français, à l’occasion de cette élection présidentielle.

Naturellement je ne vais pas à cette candidature comme un homme seul. Je m’appuie sur la force du Parti socialiste. J’espère bien avoir ensuite le rassemblement des forces de la gauche et même aussi attirer vers nous ces centaines de milliers d’hommes, de femmes, de français qui ont une conception digne de la République et qui veulent que notre pays puisse avancer la tête haute mais nous aurons aussi besoin de ces hommes et de ces femmes, capables de travailler au quotidien, dans des fonctions de responsabilités et, pour cela, même si c’est aux Français qu’il appartiendra d’en juger, je crois qu’il est préférable à l’occasion de ces deux élections, de faire appel à la gauche plutôt qu’à la droite.

Cela se remarque d’ailleurs dans la façon même de concevoir l’action politique et de la conduire.

J’ai parlé de vérité. J’ai dit que ce qui justifiait l’autorité de chacun était l’acceptation de sa propre responsabilité et il est vrai qu’il y a un lien entre la vérité et la responsabilité parce que si nous n’avez pas dit la vérité sur vos intentions, comment seriez-vous tenus responsables des actes que vous accomplissez ensuite ? Il va s’agir dans cette élection d’une question de respect à l’égard des Français, et c’est pourquoi la façon dont les uns et les autres agissent à l’égard des autres, à l’égard des formations politiques ou des personnalités politiques, est, à mon sens, en ce début de campagne, tout à fait éclairante.

Ma conviction profonde est que c’est en respectant les autres qu’on peut se donner les moyens de rassembler. Ce n’est pas ce qui se passe à droite. La réunion de l’UEM hier, à Toulouse, a été à cet égard singulièrement révélatrice. Nous ne savons pas ce qu’était ce rassemblement. Nous ne savons pas si c’est une formation politique nouvelle, ou simplement une construction chaotique sur des propositions éclatées pour l’instant d’une campagne.

Ceux que dans la vie politique française on appelle " les chiraquiens " ont toujours pratiqué la division de leur propre camp. Ils l’ont fait en 1974, en 1976, en 1981, en 1988, et même aussi entre eux, en 1995 et ils reproduisent aujourd’hui ce schéma devant nous.

Il y a un candidat de Démocratie Libérale, il s’appelle M. Madelin, il a ses caractéristiques, il a ses convictions, il les défend devant les français, nous respectons tous cela, et que voit-on ? On suscite à l’intérieur de sa formation politique, un concurrent, un homme qui l’abandonne, Monsieur Raffarin, pour aider un autre candidat.

Il y a un candidat de l’UDF, Monsieur Bayrou et que fait-on ? On suscite immédiatement à l’intérieur de sa formation politique, un concurrent, un compétiteur qui l’abandonne au moment de l’action politique.

J’imagine que l’on croit que ces méthodes sont efficaces. Moi je pense profondément qu’elles suscitent la division, qu’elles provoquent des rancœurs et qu’elles expliquent au fond pourquoi la droite aurait le plus grand mal à gouverner la France, à diriger le pays dans l’harmonie si le scrutin s’égarait. D’ailleurs au lieu d’harmonie, par un singulier renversement, c’est de cacophonie qu’il a été question hier. Moi je dois dire très sincèrement comme François - je le dis sans aucune arrière-pensée - que j’ai trouvé comme un réflexe de dignité l’acte de Monsieur Bayrou de se rendre là où il n’était pas attendu, de provoquer ce grain de sable humain, d’un homme qui en a eu assez d’être humilié, daubé, critiqué, manipulé, qui a un réflexe humain de dire " je viens parler devant vous ", si bien que c’est lui qui a eu la vedette de cette construction organisée.

Alors vous ne nous imaginez pas agissant ainsi. Pour reprendre cette affaire de Raffarin ou de Douste-Blazy, c’est un peu comme si moi j’empruntais Marie-Georges Buffet ou Jean-Claude Gayssot à Robert Hue, ou bien si je subtilisais Yves Cochet à Noël Mamère ou à Dominique Voynet… j’allais dire " si je prenais Georges Sarre à Jean-Pierre Chevènement... mais ce n’est pas un bon exemple, parce que personne n’aurait envie d’emprunter Georges Sarre.

La question ne se pose pas car aucune des femmes ou des hommes que j’ai cités n’accepterait de se prêter à une telle opération politique et que nous-mêmes, notamment moi-même, nous ne leur proposerions cela.

Notre conception d’agir, est toute différente. Nous respectons nos partenaires, nous cherchons à rassembler. C’est ce que j’ai fait personnellement pour contribuer avec plusieurs ici à la construction de la majorité plurielle. C’est ce que j’ai veillé à maintenir pendant 5 ans au gouvernement. C’est ce que nous manifesterons constamment dans cette campagne à l’égard de nos partenaires et concurrents de la gauche, et aussi d’ailleurs dans la confrontation avec nos adversaires de droite.

C’est pourquoi, profondément, nous, nous serons capables de reprendre une action ensemble au lendemain de l’élection si des responsabilités nous sont confiées.

Cette façon de faire est très importante mes chers amis, parce que comment peut-on prétendre rassembler la France quand on ne sait que diviser son camp ?

II - Ceci m’amène au projet que le Parti socialiste a élaboré, un projet sous l’animation et la responsabilité de Martine Aubry

Ce projet est conçu à la fois pour l’élection présidentielle et pour les élections législatives.

J’ai émis moi-même des réflexions après des échanges que j’ai eus avec un certain nombre de responsables du Parti Socialiste dans un livre qui sortira dans quelques jours.

J’ai éprouvé le besoin de répondre d’un certain nombre de mes engagements et de mon action avant d’aller dans cette campagne.

J’ai adressé aux Françaises et aux Français une courte lettre qui représente 5 engagements fondamentaux pour les 5 ans qui viennent.

J’aurai l’occasion de les décliner, de les préciser tout au long de la campagne et je sais d’ailleurs que cette lettre aux Français, les militants vont la diffuser à partir de ce week-end massivement et partout , portant, d’une certaine façon, ce qui est l’engagement d’un homme, manifestant par là que cet homme lui-même est au cœur d’un mouvement collectif.

Nous adresserons un peu plus tard mes propositions au pays de façon précise et formalisée, toujours après un échange collectif et sur ces propositions nous nous engagerons devant le pays.

Ce projet est présenté par un socialiste. Ce projet est inspiré par les valeurs de la gauche ce qui est déjà plus large et il est aussi crédibilisé par la pratique gouvernementale qui a été celle de la majorité sortante pendant ces années.

Cette majorité gouvernementale, ces politiques du gouvernement de la gauche en France, m’a-t-il semblé, on les a vues notamment à Porto Alegre . J’ai noté d’ailleurs, je le disais à Tony Blair hier à qui cela a arraché un sourire, que j’avais à la fois des Ministres à Porto Alegre et à New York Davos et que je souhaitais qu’ils soient présents dans les deux. J’ai même dit : " j’en ai un tout petit peu plus à Porto Alegre mais Tony, n’en tire pas de conclusions ! "

Il ne m’a pas semblé qu’à Porto Alegre ou dans d’autres instances l’action du gouvernement de la France, les propositions qui sont les nôtres, la thématique de cette gauche que nous rassemblons, étaient particulièrement centristes, ce qui est de nature à me rassurer et vous aussi !

Ce projet est destiné aux Français qu’ils soient socialistes ou qu’ils ne le soient pas. Nous leur proposons des orientations qui seront sans doute au centre du débat politique et elles le sont déjà en ce début de campagne, d’autant qu’on ne connaît pas celles des autres, en tout cas du principal candidat de la Droite. Ces propositions représenteront pour eux une démarche de progrès et surtout des choix clairs car présider et gouverner cela veut dire faire des choix.

Pourquoi faudrait-il que je donne ou que nous donnions de ce projet une définition étroite ou que je l’enferme à l’avance dans une terminologie particulière fut-elle familière à nos oreilles ? Je ne le ferai certainement pas.

Un thème à la mode est aussi de dire qu’il n’y aurait pas de différence désormais entre la Gauche et la Droite et à mes yeux rien ne me paraît confirmer cette proclamation ou ce postulat bien évidemment critique.

Certes, nous ne sommes pas dans une phase de l’histoire très idéologique, nous savons tous les évolutions du monde qui viennent de se produire, mais en même temps si vous regardez ce qui a été fait par la Droite entre 1993 et 1995, si vous regardez vous-mêmes les valeurs qui ont fondé notre action et les actes concrets que nous avons posés entre 1997 et 2002, si vous regardez aussi et j’y reviendrai rapidement, l’attitude qui a été celle de la Droite, concrètement, pendant ces cinq ans, je crois qu’il y a une différence très claire entre la gauche et la droite non pas dans les proclamations idéologiques mais en partant des réalités politiques, en regardant ce qu’ont été les projets qui ont été faits et les votes sur les projets.

Je constate simplement que rares ont été les moments de consensus, ou de confusion.

Le bilan de cette législature a bien sûr ses ombres et ses lumières, il a connu des avancées, des succès, et un certain nombre d’échecs et nous en rendrons compte honnêtement. D’ailleurs, nos concitoyens sont en mesure de savoir ce qui ne va pas encore et ce qui doit être amélioré, mais au moins chacun désormais dans notre pays reconnaît-il que nous avons un bilan et tout le monde ne peut pas en dire autant.

Chacun aussi admet, je crois, que ce bilan est conforme aux engagements que nous avions pris devant les Français.

Eclairons simplement l’attitude de la Gauche et de la Droite, à propos de questions concrètes, de questions qui ont souvent concerné dans leur vie quotidienne ou pour leur avenir des millions d’hommes et de femmes, des centaines de milliers de jeunes.

Sur l’emploi : nous avons fait voter les emplois jeunes, les 35 heures, nous avons adopté la loi de modernisation sociale.

Dans la lutte contre les exclusions et les discriminations, nous avons fait voter une grande loi de lutte contre les exclusions. Nous avons adopté la Couverture Maladie Universelle, permettant l’accès à l’ensemble des hommes et des femmes qui, jusque là, ne pouvaient pas le faire.

Nous avons pris des mesures contre la discrimination à l’embauche ou dans les licenciements de façon à ce que la couleur de la peau ou l’origine ne soient pas un critère de choix.

Nous avons fait adopter l’allocation personnalisée d’autonomie qui va changer les conditions de vie dans des familles par rapport aux personnes dépendantes, et nous savons tous avec quelle force, avec quelle humanité, avec quelle connaissance des problèmes Paulette Guinchard-Kunstler défend cela à travers le pays.

Nous avons fait adopter la loi solidarité et renouvellement urbain pour faire avancer la mixité sociale, pour réduire les quartiers ghettos, pour faire que l’on répartisse les HLM de façon à ce qu’il n’y ait pas des communes qui laissent à l’écart les logements sociaux.

L’approfondissement de l’Etat de droit : entrée et séjour des étrangers, réforme du code de la nationalité pour revenir au droit du sol contre le droit du sang qui n’est pas la tradition républicain française.

La loi sur la présomption d’innocence, même s’il a fallu la rééquilibrer devant les réalités et là encore nous avons montré que nous étions pragmatiques, que nous tenions compte des réalités avec l’aide de Julien Dray, nous avons fait voter les amendements qui rééquilibrent le pôle de la liberté et le pôle de la sécurité et de l’ordre.

La modernisation de nos institutions  l’inscription automatique des jeunes sur les listes électorales, la limitation au moins partielle du cumul des mandats, même si la Droite et le Sénat nous ont empêchés d’aller plus loin, la lutte contre l’insécurité avec la loi sur la sécurité quotidienne, l’égalité entre les hommes et les femmes avec la parité, non pas le mot inscrit dans la Constitution parce que le Président n’a pas voulu de ce mot, qui était si simple, si fort, si symbolique, mais moi j’ai une satisfaction, ce n’est pas simplement d’entendre Madame Alliot-Marie s’y référer, c’est aussi de voir que c’est le mot finalement qui s’est imposé dans la conscience de tous, dans le vocabulaire de chacun parce qu’il était porteur de symbole ; l’égalité professionnelle hommes/femmes, l’accès à la contraception d’urgence, l’allongement du délai légal de recours à l’IVG, la réforme du nom patronymique votée, c’est la dernière loi, avec Ségolène Royal.

L’ouverture de droits nouveaux dans notre société : le PACS qui prend en compte le droit d’hommes, de femmes à vivre librement leurs désirs… puisque ce mot existe paraît-il en dehors du vocabulaire politique ! ; les droits des malades, les mesures contre le harcèlement moral dans les entreprises et notamment contre les femmes.

Je veux aussi parler d’une rénovation profonde et progressive du droit de la famille avec une place plus digne faite aux enfants adultérins, avec le renforcement des droits du conjoint survivant, avec la réforme de l’autorité parentale équilibrant la présence et le rôle de la femme et de l’homme, avec le congé paternel pour enfin nous permettre de nous occuper de nos enfants, avec d’ailleurs ce constat merveilleux : nous remarquons qu’au moment même où nous avons fait le PACS, le nombre des mariages dans ce pays n’a jamais été aussi élevé, ce qui prouve à quel point on peut avoir une conception nouvelle, moderne et rénovée de la famille tout en lui gardant son rôle d’institution fondamentale dans la société . De la même manière, avec le nombre des mariages ou des concubinages, il y a aussi le nombre des naissances en France qui atteint un nouveau record par rapport aux dernières années ce qui est un démenti contre le pessimisme de la Droite qui ne voit jamais que ce qui ne va pas, qui a une vision négative et sombre de la France alors que les Français, eux, veulent avancer.

Je pourrai parler aussi de l’aménagement du territoire, de la décentralisation, des grands enjeux de sécurité publique et de santé publique, de l’environnement, de la loi d’orientation agricole, et des retraites agricoles, puisque le salon de l’agriculture s’est ouvert hier.

Tous ces sujets, mes chers camarades, sont les marqueurs de notre identité, ils disent si oui ou non nous sommes des socialistes, ils fondent la légitimité de la démarche lorsque nous disons aux Français que nous sommes prêts à faire de nouveaux pas avec eux, parce qu’ils sont gages de notre crédibilité. Qu’a fait la Droite sur tous ces thèmes, sur tous ces sujets ?

Pour l’essentiel elle s’est opposée, quand elle pouvait bloquer au Sénat ou à la Présidence elle l’a fait, elle a parfois, mais du bout des lèvres, rejoint des projets qui étaient les nôtres quand visiblement il lui était difficile de marquer une opposition mais ce fut rare et elle a même aussi quelquefois regretté de ne pas nous avoir suivis lorsque manifestement sur certains sujets de société en particulier elle s’est sentie à contre-courant de la sensibilité de la société moderne.

C’est vrai qu’il n’y a pas eu au cours de ces années toujours une opposition frontale, car nous étions en cohabitation, mais faut-il vraiment le regretter ? La démocratie n’est pas une guerre civile civilisée, les distinctions ne sont pas aussi idéologiques qu’elles l’ont été par le passé, mais enfin il n’a échappé à personne que quelques grandes évolutions s’étaient produites, que l’Union soviétiques avait implosé, que l’organisation du Monde en deux systèmes antagonistes, en deux pôles contradictoires s’était défaite, que dans la vie intellectuelle de notre pays dans le domaine des idées ou de l’idéologie nous avions assisté à une quasi disparition du marxisme.

Nous avons aussi eu à prendre en compte les conséquences sur notre pensée, sur nos concepts, sur nos propositions de la réelle confrontation par nous des réalités du pouvoir.

Mais les différences sont là et restent bien là. Elles sont dans le style mais elles sont dans les projets, mais elles sont dans les valeurs, mais elles sont dans les pratiques, dans les personnes, et elles sont aussi dans les candidats.

Alors elles sont à mon sens, ces différences, largement suffisantes pour permettre un débat plein d’intérêt pour polariser l’élection présidentielle dans son premier tour, puis dans son second tour, pour offrir des choix clairs aux Français dans ce moment clef pour éclairer le sens du vote qu’ils vont avoir à émettre, d’abord pour écouter chacun et donner à chacun sa part du vote des citoyens à l’occasion du premier tour et puis ensuite au deuxième tour pour écarter celui qui devra l’être et choisir le Président.

Pendant cette élection, je serai votre interprète, j’écouterai les Français mais je leur donnerai aussi mes réponses, nos réponses, ma vision de la France, de son rôle dans le monde, de la force de son engagement européen, une France forte mais disponible pour les autres !

Je vous ai dit que ce matin, je ne déclinerai pas les grands axes de notre projet, je vais avoir largement le temps de le faire.

III Je veux pourtant évoquer simplement un thème, celui de la France forte

Celui de la politique étrangère de notre pays, pour dire que ces cinq années impliqueront que nous abordions avec maîtrise, constance mais aussi avec une faculté de rénovation et de proposition un certain nombre de grandes questions.

Je n'en cite que quelques-unes :
 La place de la France dans le monde.
 La France est un pays qui, en raison de son histoire, de sa culture, du rapport des gens à la politique et à l'action internationale, garde fondamentalement le désir d'une identité.
 La France est un pays qui conserve une vision universelle du monde ou universaliste du monde.

La France continue à vouloir jouer un rôle dans la vie de la planète. Elle est un pays, alors que tant de nos amis parfois ou de nos partenaires s'alignent volontiers, qui est au fond animé par le refus de la soumission.

Et je veux profondément porter cela aux responsabilités, si l'on me fait confiance, mais je veux le faire sans un repli national qui serait pour nous mortel, sans une frilosité européenne qui nous interdirait de jouer notre rôle dans notre espace naturel de civilisation, mais aussi sans dilution dans cette globalisation où les règles du libéralisme et l'uniformisation de la culture et des pensées menacent.

C'est ainsi que je concevrai le rôle de la France à partir de son identité, mais une identité qu'elle offre aux autres pour la confrontation et le débat.

Cela pose une deuxième question qui est celle de la force motrice de la France dans l'Europe.

Nous avons réussi magnifiquement le passage à l'Euro, et je veux, à cet égard avec bien d'autres ministres, remercier Dominique Strauss-Kahn et Laurent Fabius qui, tous les deux, ont fait que ce passage se fasse comme il s'est passé, même si, naturellement, nous avons, les uns et les autres, salué tous les acteurs de cette magnifique réussite.

Nous devons donc nous appuyer sur ce succès que personne n'aurait laissé entendre, qui est un événement majeur de la création d'une monnaie à 12 pays, avant que d'autres aussi s'y joignent, pour réussir les prochaines étapes.

Dans l'élargissement nous devrons légitimement défendre nos intérêts comme tout pays doit le faire dans des négociations internationales, mais nous devons aussi veiller à accueillir les nouveaux candidats l'esprit ouvert car il s'agit d'une grande aventure collective, et nous devrons aussi veiller avec eux à ce que cet élargissement sans précédant de l'Union européenne n'aboutisse pas à la dilution du modèle européen. Nous l'avons toujours dit, nous ne voulons pas transformer la communauté européenne, l'union des nations européennes, la fédération des nations européennes en une simple zone de libre-échange. Ce n'est pas pour cela que nous nous sommes battus pendant des décennies !

Le défi de l'élargissement, le défi de l'avenir de l'Europe.

J'ai fait à cet égard, après en avoir parlé avec beaucoup, que ce soit au Parti Socialiste ou à la délégation européenne au Parlement européen que j'ai reçu un certain soir à Matignon, et que ce soit après en avoir parlé avec Jacques Delors notamment, j'ai fait des propositions sur l'avenir de l'Europe dont je suis convaincu, nous en avons déjà eu quelques témoignages, qu'elles se situent au centre de gravité de ce que pourra décider l'Union européenne après les travaux de la convention.

Cet avenir de l'Europe passe aussi par l'affirmation de son modèle de civilisation et par la constance de sa présence au monde.

Une troisième question sur laquelle je voudrais dire quelques mots, qui commence à surgir dans les débats européens, qui a provoqué quelques échanges un peu difficiles avec nos partenaires américains, est justement la question de la puissance et de la présence américaine au monde.

Nous avons affirmé totalement notre solidarité à l'égard du peuple américain et des dirigeants américains après les tragiques attentats du 11 septembre. Nous sommes à leurs côtés dans la lutte contre le terrorisme, nous sommes engagés en Afghanistan et nous poursuivrons avec détermination une lutte globale contre le terrorisme.

Mais tous les problèmes du monde ne se ramènent pas au seul terrorisme. La sécurité du monde n'a pas qu'une dimension militaire, même si la dimension militaire est évidemment essentielle.

Le monde est trop complexe, trop pluraliste pour qu'une seule puissance puisse aborder les problèmes du monde et prétende les résoudre à la lumière seule de ses intérêts nationaux.

Je l'ai dit, hier, à Stockholm, comme l'avait dit déjà Hubert Védrine précédemment, et je constate d'ailleurs que ce sont jusqu'à maintenant seulement des responsables socialistes et des responsables de Gauche qui se sont exprimés sur cette question cruciale, pour tenir une parole nette, amicale, respectueuse mais nette.

Nous ne voulons pas que les Etats-Unis se situent en retrait du monde. On voit bien de quel poids pèse le fait qu'ils n'interviennent pas comme l'avait fait Bill Clinton courageusement sur le théâtre du Proche-Orient pour tenter de freiner l'engrenage de la violence, de la terreur entre les Palestiniens et Israéliens sur cette terre des grandes religions qui doit être faite pour la paix, pour la concorde, pour le rassemblement, et qui se déchire à nouveau.

Non, nous ne voulons pas que les Etats-Unis soient en retrait du monde, mais nous voulons qu'ils soient présents au monde avec les autres, en respectant des règles, en partageant l'esprit de dialogue, en s'inscrivant dans les grands problématiques des organisations internationales qui ont à traiter des grandes questions du monde. Je l'ai dit, hier, à Stockholm, à ceux qui étaient mes amis et mes partenaires.

Et puis, j'en termine, nous devrons être, Français, plus actifs et présents encore que nous l'avons été, et l'unité de pensée, si elle nous est donnée, permettra cette cohérence, cet esprit d'initiative, cette capacité à faire des propositions, sans quoi sont constamment à rechercher des consensus, des équilibres, des compromis ou qui se présente ou qui ne se présente pas, ou qui va là ou qui n'y va pas ?

Nous devrons, si on nous fait confiance, agir car nous ne pouvons pas laisser aller le monde tel qu'il est.

Sa violence ouverte ou latente, ses injustices effroyables et qui s'accentuent dans une partie du monde sous-développé, notamment en Afrique, les risques éclatants et vénéneux de la montée du fanatisme, les progrès de la criminalité internationale… tout cela doit être abordé, combattu, mais doit recevoir aussi des solutions positives.

Ce monde, nous devrons l'infléchir, le redresser, l'organiser, le rendre moins injuste, et c'est là une des missions possibles de la France, et c'est là un des rôles essentiels d'une présidence active.

Mes chers amis, mes chers camarades, je conclus.

A travers ce que j'ai esquissé, à travers l'approche qui est la nôtre de la politique, si l'on regarde les thèmes, les engagements que nous avons proposés aux Français, que nous allons maintenant nourrir, expliciter, préciser, on voit bien que nous voulons affirmer et que je veux porter une ambition pour les Français : celle d'une société qui, dans la fidélité à l'idéal républicain, dans la croissance et le progrès qu'il nous appartient de faciliter, concilie les aspirations individuelles, l'intérêt général et l'harmonie sociale.

Nous allons, mes chers amis, avoir deux mois et demi de campagne, deux mois presque jusqu'au premier tour, quinze jours entre le premier et le deuxième tours et tout cela nous conduira au 5 mai. Ce sera plus long que certains ne le pensent et ce sera aussi en même temps assez pour donner aux Français les éléments du choix qui sera le leur.

Il faudra assurément tenir la distance. Je peux vous garantir que je la tiendrai.

Il faudra garder son calme et je sais que nous le garderons.

Il faudra monter progressivement en puissance et je connais assez la force du Parti socialiste, de ses militants, de ses adhérents, de ses responsables, de ses élus, de tous ses hommes et ses femmes qu’en outre ils vont entraîner avec eux pour cette campagne pour savoir qu’au moment où certains commenceront à sentir la fatigue, nous, nous serons en plein élan pour aller jusqu'au bout.

Il faudra répondre aux critiques, mais il faudra surtout proposer de façon positive les bases d'une nouvelle étape à accomplir ensemble avec les Français.

Aujourd'hui, je me suis exprimé dans un Congrès Extraordinaire des socialistes et j'ai parlé comme il convenait, en militant.

Sans oublier le militant que je suis, fidèle à notre engagement collectif, à travers la campagne, dans d'autres occasions, dans d'autres lieux, de multiples lieux à travers la France, devant d'autres publics, je n'aurai pas une pensée différente, je ne serai pas animé par d'autres valeurs mais j'aborderai, bien sûr, les questions avec une tonalité qui permettra de conduire nos propositions et notre message vers les Français dans leur diversité, même si nous savons bien que nous ne les rassemblerons pas tous.

Alors, cette nouvelle étape à accomplir avec les Français, j'y travaillerai avec vous. On dit que l’élection présidentielle est le rendez-vous d'un homme avec un peuple. Je n'ai jamais conçu ce rendez-vous comme solitaire ou narcissique, je le conçois comme mené au milieu d'autres citoyennes et d'autres citoyens. François l’a dit, la France n'appartient à personne, personne ne peut prétendre s’exprimer totalement en son nom, nous émanons tous d'une réalité pluraliste, nous sommes l'expression de forces mais, en même temps, nous devrons être capables de les dépasser, de nous concilier avec d'autres, de prendre en compte des intérêts contradictoires, de connaître l'adversité, de partager, non pour les approuver, les réticences, les oppositions ou les demandes de ceux qui ne pensent pas comme nous, mais en même temps il faut bien proposer des choix principaux, une orientation, et c’est ce que je ferai, moi avec vous et devant les Français.

C’est si nous travaillons ainsi, mes chers amis, que nous sera donnée la chance de la victoire et c’est pour cette chance que, dans les semaines qui viennent, avec vous, je me battrai.


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