La période ordonne de jouer collectif

Jack Lang
Entretien avec Jack Lang, député du Pas-de-Calais, paru dans le quotidien Libération daté du 4 décembre 2004.
Propos recueillis par Didier Hassoux


 

La victoire du oui, c'est la victoire de Hollande ?
C'est d'abord la victoire des militants. Par leur participation élevée, par leur réponse claire et sans ambiguïté, les militants socialistes ont fait la démonstration de leur attachement à l'Europe. Naturellement, ce vote est également une relégitimation de l'équipe nationale et de son premier secrétaire. Mais moi-même j'ai fait campagne en demandant aux adhérents du parti de dire deux fois oui. Oui à l'Europe et oui à l'équipe dirigeante et à François Hollande. Je crois donc avoir été entendu.

Cela veut-il dire que vous revendiquez une nouvelle place dans le parti ?
Cela veut surtout dire que l'Europe a triomphé. Secondairement, que les militants m'ont accordé leur confiance, ainsi qu'aux autres défenseurs du oui.

Au vu de votre cote de popularité au sein du parti comme dans l'opinion publique, le moment n'est-il pas venu de vous déclarer candidat à l'investiture du PS pour la présidentielle de 2007 ?
Plus que jamais, la période ordonne de jouer collectif. Je ne confonds pas les échéances, je ne les précipite pas non plus. Il nous faut d'abord gagner le référendum en France, puis construire un projet réellement porteur d'audace. La désignation du candidat à la présidentielle viendra après. Les militants auront à choisir celui d'entre nous qui incarnera le mieux le projet socialiste, celui qui sera le plus à même de faire gagner la gauche.

La victoire du oui doit-elle ouvrir la voie à une réorganisation de la direction du PS ?
Le non aurait été à l'origine d'une grave crise interne et externe. Tout au long de la campagne, j'ai mis en garde mes amis contre l'hypothèse d'une tempête. J'ai plaidé en faveur d'une stabilité de l'équipe dirigeante. Pourquoi être maintenant à l'origine d'une rupture, d'une division interne que nous avons conjurée par notre vote positif ?

Faut-il que Fabius reste numéro 2 du parti ?
Le oui est porteur d'unité. Nous devons rassembler tous les talents dans un esprit de fraternité. En même temps, il nous faut respecter scrupuleusement la ligne idéologique clairement européenne consacrée par le vote des militants. Nous ferons campagne sur nos valeurs pour que, le moment venu, le oui l'emporte dans le pays. Tout en veillant à ce que le chef de l'Etat et le gouvernement déconnectent la question du traité constitutionnel d'enjeux politiques nationaux. Laurent Fabius est, je le crois, solidaire de cette vision.

L'issue de ce vote ne change donc rien à la ligne du Parti socialiste ?
Je le répète : nous devons tous soutenir une seule et même ligne : oui à l'Europe, oui à la transformation sociale de la France, oui à l'unité du parti. Il nous faut mettre toutes nos forces dans l'élaboration de notre projet. Le parti doit se doter d'une équipe d'action et d'imagination. Je ne suis pas certain que l'influence morale et intellectuelle de l'un ou de l'autre se mesure à l'ampleur supposée de son maroquin. Pour ma part, je ne suis candidat à rien d'autre qu'à poursuivre mon travail militant. Je ne revendique aucune fonction particulière. Plus que jamais, je vais me battre pour le Parti socialiste, pour nos valeurs communes. Ma seule ambition : faire gagner la gauche en 2007.

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