| Redoutez-vous que Laurent Fabius choisisse le non ?Il se prononcera en son âme et conscience. Je le connais depuis longtemps, et j'ai pour lui une réelle amitié. J'aimerais tant que nous soyons en harmonie sur un sujet qui a toujours rassemblé la majorité des socialistes. Ce que je regrette surtout, c'est que le PS se soit mis lui-même dans cette situation surréaliste. Les socialistes vont se déchirer à propos d'un référendum qui n'aura, finalement, peut-être pas lieu, et dont on ne sait rien : ni la date ni les modalités d'organisation. Quel gâchis, alors que nous aurions pu engranger les bénéfices de deux belles victoires électorales et préparer l'avenir !
Personnellement, restez-vous un fervent partisan du oui ?Je me renierais si, pour des raisons politiques ou tactiques, je faisais dire au traité ce qu'il ne contient pas. Il y a tout de même, dans cette affaire, un devoir de vérité. Ce texte est certes insuffisant : comme tout traité international, il n'est qu'un compromis. Mais la réalité, c'est qu'il comporte de nombreuses avancées.
Lesquelles ?Il s'agit tout simplement du texte le plus social adopté depuis le traité de Rome (1957). Pour la première fois, le droit au travail, le rejet de l'exclusion, la lutte contre les inégalités sont inscrits en toutes lettres. Ne pas reconnaître les vertus de ce texte - qui rend également plus démocratiques les institutions européennes - serait, pour moi, un acte d'autocontrition : cette Constitution est en droite ligne de tout ce que la gauche a entrepris depuis vingt ou trente ans, notamment sous l'impulsion de François Mitterrand.
Le PS peut-il encore éviter une crise ?On le peut. En nous retrouvant autour d'un oui conditionnel. Notre approbation du traité dépendrait du respect par Jacques Chirac de plusieurs exigences : l'ouverture de négociations sur l'harmonie fiscale, l'augmentation du budget de l'Union européenne, l'assouplissement du pacte de stabilité.
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