Cette équipe est dans l'impasse

Jack Lang


Entretien avec Jack Lang, député PS du Pas-de-Calais, accordé au quotidien Le Parisien daté du 27 mars 2004
Propos recueillis par Frédéric Gerschel


 

Les difficultés s'amoncellent pour le gouvernement...
Malheureusement, cela ne m'étonne pas car aucune vraie leçon du scrutin des régionales n'a été tirée. On a le sentiment d'un divorce profond entre l'éxécutif et le peuple. Cette équipe est dans l'impasse.

Jean-Pierre Raffarin est-il condamné à passer rapidement la main ?
Je ne sais pas mais, franchement, c'est de plus en plus difficile pour lui. Son gouvernement ressemble à un gouvernement provisoire. Si nous étions en été, je dirais, un peu méchamment, à un gouvernement balnéaire. Il y a une cruelle absence de vision. Un pays comme le nôtre a besoin d'un souffle, d'un dessein, d'une ambition fédératrice. Aujourd'hui on replâtre, on démine, on bricole. Mais ça ne suffit pas. Après le Waterloo électoral de mars, il faut procéder à des changements profonds.

Que pensez-vous de la démission de Dominique Ambiel, jusqu'ici conseiller en com de Matignon ?
J'ai pour principe de ne pas me mêler de la vie privée des gens. On ne peut quand même pas reprocher à Jean Pierre Raffarin un fait qui met en cause, peut être injustement d'ailleurs, on n'en sait rien, un de ses collaborateurs. Il y a des sujets infiniment plus graves qui se posent au pays.

Certains, à droite, estiment que Nicolas Sarkozy est désormais l'homme providentiel...
Ce n'est pas une question d'homme, c'est une question de politique. Car, aujourd'hui, tous les moteurs de la croissance sont éteints. Depuis deux ans, le gouvernement refuse obstinément d'agir sur les leviers qui pourraient permettre de la relancer. C'est-à-dire le pouvoir d'achat, les investissements, les exportations. Les rentrées fiscales sont catastrophiques. On a dépensé des milliards pour satisfaire des clientèles électorales. Sous le gouvernement Jospin, la France était le meilleur élève de la classe européenne. Désormais, nous portons le bonnet d'âne.

Le gel des crédits annoncé par Bercy va-t-il dans le bons sens ?
Non, au contraire. On va asphyxier encore un peu plus des services publics déjà en mauvaise posture. Au final, ce sont les Français qui en pâtiront. D'ailleurs, pour être honnête, on devrait parler d'annulation, et non pas de gel.

Comment trouver une issue au conflit des intermittents ?
Le gouvernement ne peut pas se permettre de poursuivre son bras de fer. Il doit suspendre l'accord actuel. Mais que de temps perdu, que de dégâts causés à la vie artistique !... Jean-Jacques Aillagon a été sacrifié sur l'autel du cynisme gouvernemental.

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