Le vote des régionales doit aider à délivrer le pays de la malédiction de 2002

Jack Lang


Entretien avec Jack Lang, porte-parole de la campagne du PS pour les régionales de 2004, accordé au quotidien Le Monde daté du 16 janvier 2004
Propos recueillis par Isabelle Mandraud


 

Quel rôle voulez-vous jouer dans la campagne pour les régionales et les cantonales ?
François Hollande m'a proposé d'animer notre campagne et de devenir porte-parole national. Son désir est aussi d'associer les principales personnalités du Parti socialiste dans une équipe représentative et combative. Ce sera une œuvre collective animée par une volonté de victoire. Un seul mot d'ordre : tous sur le pont !

Pas question pour autant de me substituer à l'actuelle direction, qui constitue l'armature de notre parti. Je sillonnerai le pays partout où l'on souhaitera ma présence. Je commencerai mon périple par la Bretagne et l'achèverai par la région Midi-Pyrénées. Je vais également me battre activement dans ma région du Nord-Pas-de-Calais à la demande de Daniel Percheron (président PS sortant). Bref, nous voulons redonner la pêche à la gauche !

Cette campagne ne constitue-t-elle pas un tour de chauffe pour des prétendants à l'élection présidentielle de 2007 ?
Que dirait-on si les principales personnalités du PS étaient restées sous leur tente ? C'est un atout pour le PS, et non une faiblesse, de disposer d'une pléiade de talents. C'est notre devoir commun d'être très présents auprès des candidats de notre parti quand ils le souhaitent. Notre esprit de camaraderie contrastera avec la droite, qui s'entre-déchire déjà et qui offre en ce moment un spectacle navrant...

Quel type de campagne, le PS doit-il mener ?
Le temps du réveil a sonné. Le double traumatisme du 21 avril et du 5 mai 2002 a profondément ébranlé notre pays et l'a longtemps tétanisé. Le front républicain du printemps 2002 a volé en éclats. Beaucoup espéraient, après le 5 mai, une double ouverture sociale et démocratique. Or, c'est l'inverse qui s'est produit : le gouvernement mène une politique sectaire plus claquemurée que jamais, au service des privilégiés. Les Français se sentent blousés, trompés. Ils sont meurtris dans leur vie par les mesures antisociales, anti-école et anti-jeunes de la droite. Ils sont blessés dans leur conscience civique par les mensonges permanents du gouvernement. Le vote des régionales et des cantonales doit donc aider à délivrer le pays de la malédiction du 21 avril et du 5 mai et provoquer un sursaut populaire. Puisse le prétendu printemps de Raffarin être emporté par les giboulées de mars !

L'enjeu est national, dites-vous, mais les têtes de liste socialistes souhaitent mener une campagne de "proximité"...
C'est tout à fait justifié. Les actions menées par les présidents de région et de départements de gauche apportent des changements infiniment plus importants que dans ceux dirigés par la droite, qu'il s'agisse d'éducation, de formation, d'action sociale, d'environnement ou de rénovation des quartiers. Je prendrai un exemple : en Ile-de-France, grâce à l'action conjuguée de la région et de la Ville de Paris, la métamorphose est profonde avec, notamment, les plans ambitieux de rénovation des universités et la création d'un nouveau Quartier latin sur la rive gauche de la Seine, ou le développement des transports urbains. Sur le plan local, la gauche et la droite, ce n'est pas blanc bonnet et bonnet blanc !

Sur le plan national, vous appelez à un vote sanction ?
Le vote du mois de mars devra avoir une double nature, à la fois de sanction et de dissuasion. Ce sera d'abord un vote sanction : s'ils le veulent, les Français auront une chance unique d'exprimer leur ras-le-bol par un " non " franc et clair. Ce sera, aussi, un vote de dissuasion : s'ils n'opposent pas un barrage ou un bouclier à la politique de démolition des services publics, les Français donneraient un blanc-seing pour trois ans à la droite. Elle se déchaînerait alors pour casser plus vigoureusement encore la santé, la Sécurité sociale, l'école, la recherche... La France serait totalement " thatchérisée ". Mais ce vote de censure sera un vote d'espérance et une invitation à changer profondément la vie et la société.

Contestez-vous le bilan sur la lutte contre l'insécurité présenté par Nicolas Sarkozy ?
Un certain nombre d'améliorations a pu être apporté, notamment sur les liens entre la police et la gendarmerie et, plus encore, dans le domaine de la sécurité routière. Pour le reste, nous savons que la violence persiste dans les quartiers populaires et qu'elle augmente contre les personnes.

Voterez-vous la loi sur la laïcité à l'école ?
Nous n'avons pas encore tranché cette question au PS. Mais trêve de tartufferie : oui ou non, l'école doit-elle être un lieu de neutralité religieuse ? Si oui, la réponse doit être carrée. Je reproche aujourd'hui au projet de loi de ne pas placer les religions sur le même plan d'égalité. Si on veut une loi de pacification, alors il faut interdire tout signe visible.

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