Je reviens au PS pour le changer

Pierre Larrouturou



Entretien avec Pierre Larrouturou paru dans le quotidien Le Figaro daté du 19 octobre 2002
Propos recueillis par Elsa Freyssinet
 

Vous allez prendre votre carte du PS la semaine prochaine. Pourquoi ?
Je reviens au PS pour contribuer à le changer. Face à la crise morale, sociale et politique que traverse notre société, la solution ne peut venir que de la social-démocratie. A condition qu'elle renouvelle son projet et ses méthodes. Le PS est dominant à gauche : c'est en son sein qu'il faut peser.

De quel courant ou personnalité socialistes vous sentez-vous proche ?
La situation est tellement chaotique qu'on a du mal à s'y retrouver. Beaucoup d'amis socialistes sont écœurés par les querelles de boutiques. Les dirigeants du PS sous-estiment la gravité de la situation. Tous formulent des idées intéressantes mais, à l'exception d'«Utopia», sur la question du travail, je ne vois nulle part de vrai projet ni de véritable explication de la défaite. L'enjeu du congrès n'est pas « qui sera le candidat aux présidentielles ? » mais « comment élabore-t-on collectivement un projet à la hauteur des enjeux ? ». Nous n'avons plus droit à l'erreur.

Vous défendez la semaine de quatre jours alors que plusieurs dirigeants socialistes pensent que les 35 heures ont contribué à la défaite du 21 avril...
Dès 1999, avec Marie-Claire Mendès France, Stéphane Hessel et une soixantaine de responsables associatifs ou syndicaux, nous avions publiquement alerté le gouvernement sur les dangers des lois Aubry. Ce n'est pas le principe de la réduction du temps de travail qui est en cause mais la méthode utilisée, brutale sur la forme et molle sur le fond. Le gouvernement a braqué les patrons en imposant cette réforme sans débat et déçu les salariés parce que la réduction du temps de travail est restée virtuelle pour beaucoup d'entre eux. On a ainsi discrédité l'idée d'une régulation de l'économie par le politique, alors qu'elle est, plus que jamais, nécessaire.

Comment comptez-vous peser au sein du PS ?
Ancien militant, j'ai gardé de nombreux amis au sein du PS. Nous avons constitué un réseau informel pour travailler sur les questions de fond. Depuis quelques semaines, nous sommes rejoints par des élus locaux et des membres de la Convention pour la VIe République qui se détournent d'Arnaud Montebourg et préfèrent notre vision des questions européennes. Il y a une telle soif de débat et d'efficacité chez les militants que nous pensons pouvoir influer en apportant des idées neuves. Nous nous donnons du temps : notre objectif est de peser sur le projet de 2007.

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