Régionales 2004 : Bretagne
Nous avons un rôle de stratège et de gouvernement

Jean-Yves Le Drian



Entretien avec Jean-Yves Le Drian, président du conseil régional de Bretagne, paru dans le quotidien Le Monde daté du 4 avril 2004.
Propos recueillis par Isabelle Mandraud
 

Comment expliquez-vous le succès obtenu, pour la première fois, par la liste de gauche que vous conduisiez en Bretagne ?
Il y a, c'est vrai, un côté stupéfiant dans le score de la gauche, qui a recueilli près de 59 % des voix. Je vois deux raisons à cela. D'abord l'effet national, le rejet de la politique du gouvernement. Et puis, aussi, la volonté d'avoir un vrai pouvoir régional. Ce sentiment d'appartenance dans une région où l'identité et l'histoire sont très présentes a contribué à amplifier notre victoire. J'avais senti, durant la campagne, cette aspiration à un pouvoir régional fort.

J'ajouterai un troisième élément : la Bretagne est en mutation. Ses fondamentaux, l'agriculture, la filière agroalimentaire, l'électronique, l'industrie navale, sont en train de s'effriter. D'où une incertitude, un doute, de l'anxiété. Or, même si nous n'avons pas tous les pouvoirs, nous pouvons agir, représenter le collectif et le défendre. C'est cela qui compte.

Les régions de gauche ont-elles vocation à devenir des zones de résistance face au pouvoir national détenu par la droite ?
Le 28 mars a vu une vraie révolution des régions. Comment pourrait se poursuivre la décentralisation sans tenir compte de cette nouvelle donne ? Ou bien nous obtenons une décentralisation équitable, responsable et financièrement clarifiée, ou bien nous pourrons exercer un sérieux pouvoir de résistance. Mais les régions doivent également faire des propositions. Elles peuvent devenir de vrais laboratoires.

J'ai l'intention d'organiser régulièrement des conférences régionales territoriales avec les présidents de conseils généraux et les maires des grandes villes pour essayer de déterminer nos propres priorités et cohérences. La première vice-présidente, Marylise Lebranchu (ancienne ministre de la justice), s'occupera de la politique des territoires et du développement de cette démocratie régionale.

Comment concevez-vous votre rôle ?
Je précise avant tout que l'exécutif que je préside est strictement paritaire, et que tout le monde, parmi les partenaires de gauche, a trouvé sa place sans difficultés. Nous avons d'abord un rôle de stratège puisqu'il nous revient de définir les grandes orientations, anticiper sur les évolutions et établir les cohérences. Nous avons ensuite un rôle de gouvernement, en agissant avec nos propres compétences. Nous avons enfin un rôle de mise en œuvre de l'appartenance régionale dans les 21 pays de Bretagne.

Quels sont vos engagements prioritaires ?
Je vais commencer par créer une présidence de commission sur les solidarités avec des compétences qui ne relevaient absolument pas, jusqu'à présent, de la région. Cette commission s'occupera du logement, de la santé, de l'accompagnement de la vieillesse, de l'insertion. Nous allons créer pour cela un établissement public foncier régional qui aura pour mission, notamment, de seconder les municipalités afin de faciliter l'accès au logement des jeunes.

Nous créerons, également, une agence régionale de développement chargée des filières d'emploi, de l'action internationale et de l'accueil des entreprises, alors que ces domaines étaient complètement éclatés jusqu'à présent. Et puis, bien sûr, je compte m'occuper de la gratuité des livres scolaires.

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