35 heures :
Si nous revenons au pouvoir, il faudra faire le bilan

Jean Le Garrec
Entretien avec Jean Le Garrec, député du Nord, paru dans le quotidien Le Figaro daté du 1er février 2005
Propos recueillis par Nicolas Barotte


 

La semaine dernière, les députés PS ont quitté la réunion de la commission des affaires sociales de l'Assemblée au moment de l'examen de la proposition de loi sur les 35 heures. S'agit-il d'un refus de toute discussion sur le sujet ?
Cela n'a rien à voir. Ce texte nous a été soumis dans des conditions formelles inacceptables. Notre protestation était liée à la présentation d'une prétendue proposition d'origine parlementaire, qui n'est qu'un cache. Elle ne trompe personne. La preuve en est qu'elle est inscrite à l'ordre du jour prioritaire du gouvernement. En passant par une proposition de loi, le gouvernement n'a pas assumé ses responsabilités en Conseil des ministres, il n'y a pas eu d'avis du Conseil d'Etat. Surtout, il n'y a eu aucune concertation préalable avec les organisations syndicales, aucune étude d'impact. On ne discute pas de choses aussi difficiles dans des conditions aussi médiocres.

La défense des 35 heures est-elle symbolique pour la gauche ?
C'est une volonté politique pour la gauche. C'est surtout un symbole pour la droite. Dans les lois que nous avons votées, le contingent d'heures supplémentaires était fixé à 130 heures. M. Fillon a fait passer ce contingent à 180 heures, puis M. Borloo, par décret le 22 décembre 2004, à 220 heures. A cela s'ajoutent sept heures de travail par an non payées [la suppression d'un jour férié]. La moyenne des heures supplémentaires utilisées par les entreprises est de 59 heures. Pourquoi 220 heures, puisque manifestement cela ne correspond pas à une demande ? Si on veut envoyer un signal aux entreprises qui sont frileuses pour embaucher, voilà un bon signal ! Ce texte correspond à un affichage politique, symbolique, presque idéologique. Ne retournez pas la question.

L'application des 35 heures avait suscité des appréciations diverses au sein du PS. Ces différences ont-elles disparu ?
Je le crois sincèrement. Comme toute loi d'une telle importance, il ne me choque pas qu'il y ait eu des analyses aiguës et des critiques, même si elles n'ont pas toujours été justement posées. La loi sur les 35 heures a abouti à 100 000 accords négociés. Il est vrai, certains étaient de grande qualité, d'autres moins. Quelle est notre concept fondamental ? Le processus de réduction du temps de travail est historique. Il concerne tous les pays ultradéveloppés. Même s'il peut y avoir quelques variations dans le temps, ce processus est continu. Deuxièmement, dans une économie ultramoderne, je pense que la qualité du travail est une clé d'évolution.

Si c'était à refaire, faudrait-il procéder de la même manière pour mettre en œuvre la réduction du temps de travail ?
Nous avions essayé de prendre toutes les précautions. Il y a eu la loi Robien, la loi d'incitation, ensuite la loi de généralisation. Peut-être que j'aurais un souci plus grand des risques d'intensification du travail. Si nous revenons au pouvoir, il faudra regarder le bilan. D'une manière générale, les pouvoirs publics doivent valoriser la négociation.

© Copyright Le Figaro


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