Maintenir le clivage oui-non affaiblit la gauche


Entretien avec Bruno Le Roux, député de Seine-Saint-Denis, secrétaire national aux élections, paru dans Le Figaro daté du 10 septembre 2005.
Propos recueillis par Myriam Lévy


 

La direction du PS sera représentée a minima à la Fête de L'Humanité. Les relations sont-elles toujours aussi mauvaises entre le PS et le PC ?
La délégation de cette année représente la direction collectivement et témoigne du respect que nous avons pour ce moment de la vie politique de notre pays. La délégation sera conduite par le secrétaire national Daniel Vaillant, en charge des relations avec les partis politiques et les syndicats, et moi-même. A part l'année dernière, où François Hollande avait fait un tour à la fête, les autres années, j'étais souvent seul à représenter le PS de façon officielle.

Laurent Fabius, lui, participera à un débat. Y a-t-il désormais deux lignes au PS, et faut-il inviter un ouiiste et un noniste ?
La tradition, c'était que le PC s'adressait à la direction du PS. Cette année, ils ont souhaité lancer des invitations individuelles et mener des débats à partir d'un clivage qui nous semble dangereux. Vouloir poursuivre le débat politique à gauche sur le clivage oui-non est dangereux pour la gauche dans la perspective de 2007. Il affaiblit la gauche plutôt qu'il ne la renforce. Nous souhaitons, nous, dépasser ce clivage. Et je m'interroge sur le fait que des socialistes prêtent individuellement leur concours à cette tentative.

Cette attitude leur sera-t-elle reprochée au PS ?
Nous sommes dans une période de congrès. Donc le débat se passe en interne, pas à la Fête de L'Humanité. Nous n'avons pas besoin d'arbitres, ni au PC ni à l'extrême gauche. Je constate que Laurent Fabius a quitté l'Université d'été sans écouter ses camarades socialistes pour aller à la Fête de L'Huma discuter avec l'extrême gauche. Je trouve ça un peu bizarre.

Emmanuelli crée son courant et défendra sa motion au congrès. Une bonne nouvelle pour Hollande puisque ça émiette le camp du non.
Henri Emmanuelli montre un véritable attachement au parti et manifeste l'envie de réussir 2007. Alors que d'autres sont dans la posture ou n'ont comme seul argument que ce serait leur tour de devenir premier secrétaire... Le travail qu'il va faire nous amène à avoir une discussion sur l'orientation du parti, le calendrier d'ici 2007 et le débat avec toute la gauche.

Avec la multiplication des candidats à la présidentielle dans la majorité hollandaise, n'y a-t-il pas un risque qu'elle explose après le congrès ?
Pas un seul militant ne se plaint aujourd'hui qu'il y ait beaucoup de candidats de qualité. Ils ont envie de gagner en 2007 et ils savent que ça ne se fait pas avec un homme providentiel. A nous de définir une bonne orientation pour le parti et de construire la dream team de la majorité, comme il y avait une dream team dans le gouvernement Jospin. Et, le moment venu, nous choisirons le meilleur pour gagner.

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