« Être nationaliste
ce n'est pas un délit »

Bruno Le Roux
Bruno Le Roux, 35 ans, député et maire PS d'Epinay-sur-Seine (Seine-Saint-Denis), rapporteur du projet de loi gouvernemental sur la Corse.


 Interview accordée au quotidien Le Parisien - Aujourd'hui, parue le dimanche 7 janvier 2001.
 Propos recueillis par Gérard Davet


 

Que pensez-vous de la « réapparition » d'Yvan Colonna, l'assassin présumé du préfet Erignac ?

Sa lettre n'a d'intérêt que si elle est suivie d'explications devant un juge. Il sera arrêté un jour, de toute façon. Qu'il aille donc devant un magistrat pour donner sa version des faits !

Le mouvement clandestin Armata Corsa menace de poser des bombes…

Il y a forcément des soubresauts dans le processus. Mais le débat politique ne peut passer par des communiqués clandestins. La solution est d'ordre judiciaire. Car des menaces de ce type sont inadmissibles. Comme il est inacceptable que l'engagement de José Rossi, le président de l'Assemblée de Corse, en faveur des accords de Matignon le ravale au rang de cible.

Jean-Pierre Chevènement, l'ex-ministre de l'Intérieur, vous accuse de dialoguer avec les terroristes…

Nous sommes dans un processus politique. Il n'y a pas eu la moindre tractation secrète. Et aucune concession n'a été faite à ceux qui manient le terrorisme. C'est même quelque chose de très nouveau. Jean-Pierre Chevènement est dans une escalade de procès d'intention. Il en arrive à remettre en cause l'action qu'il a lui-même menée pendant trois ans ! Il a choisi un mauvais angle d'attaque : la discussion avec le nationaliste Jean-Guy Talamoni, c'est lui qui l'a engagée…

Et les critiques récentes de Jacques Chirac ?

Ceux qui critiquent aujourd'hui feraient bien d'avoir en tête le poids de leurs échecs passés. Nous, nous ne nous sommes jamais mis à la botte de ceux qui utilisent les armes. Pasqua et Debré ne peuvent en dire autant. Et Chirac, comme président ou comme Premier ministre, a connu, lui aussi, de graves échecs sur ce sujet.

En Corse, le gouvernement a-t-il mis un frein aux enquêtes antiterroristes ?

Non, je ne crois pas. Mais être nationaliste, ce n'est pas un délit. Tuer ou voler, si. Ce n'est pas parce qu'on est nationaliste qu'on peut s'accorder ce droit. La police doit faire son travail. Il faut juste veiller à ce que ce soit un travail antiterroriste, pas antinationaliste. Par exemple, tenir une conférence de presse clandestine pour annoncer une trêve, ça ne mérite pas une enquête « antiterroriste ».

Le texte définitif du projet de loi est-il prêt ?

Le gouvernement a transmis un texte au Conseil d'État, tenant compte des avis exprimés en décembre dernier par l'Assemblée de Corse. On ne doit pas craindre l'avis du Conseil d'État. Je veux un débat parlementaire sérieux. On va auditionner tous les responsables politiques corses dans les semaines à venir, puis, avec des députés de tous bords, on se rendra dans l'île au début de février pour y dialoguer avec les différentes composantes de la société corse. Il ne faut pas que le débat soit médiocre : on peut trouver une majorité autour de ce texte. (...)
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