La loi SRU
7 disposait l’obligation pour chaque commune, à partir d’une certaine taille, de
comprendre 20 % de logements sociaux sur son territoire en 20 ans ou de payer une amende. Est il
normal d’offrir à une ville la possibilité de ne pas réaliser de logements sociaux ? Ce dispositif législatif
doit être renforcé en profondeur :
le mécanisme d’incitation doit être renforcé, et l’amende à
payer réévaluée au prorata des ressources municipales.
Les documents d’urbanisme comme les Programmes Locaux de l’Habitat (PLH), les Plans Locaux d’Urbanisme (PLU) ou les Schémas de Cohérence Territoriale (SCOT) doivent être redéfinis, essentiellement dans la partie proposant des axes d’actions pour l’avenir.
Les
dispositions du Code de l’Urbanisme permettant aux communes de fixer l’obligation de réalisation d’un quota de logements sociaux dans tout nouveau programme neuf, d’instaurer des zones où cette obligation s’appliquera au
regard des équilibres locaux
8 ou
de grever des parcelles d’une servitude pour la réalisation de logements ou d’équipements publics
9 doivent être systématiquement mobilisées.
Dans cette perspective, avec des règles clairement exposées, les promoteurs immobiliers
privés ont évidemment un rôle central à jouer. Acceptant les règles du jeu, ils les intègrent dans leur
programme et participent du développement de la Ville, au regard des normes imposées par les collectivités.
Les règles précisant les hauteurs de bâtiments, les gabarits ou les Coefficients d’Occupation des Sols (COS) devront être pensées au regard des nouveaux besoins recensés par les collectivités. Le concept de tours de grande hauteur ne doit pas être assimilé à un relent du passé. Leur réalisation pourra faire l’objet de concours ambitieux faisant émerger de nouveaux architectes de qualité.
Il est
important que la qualité architecturale soit proposée à tous les types de populations, dans
tous les quartiers. De nouveaux modes d’habiter et d’usage existent aujourd’hui ; il est nécessaire de
les prendre en compte pour la réalisation des logements.
Les normes de
développement durable et de
Haute Qualité Environnementale (HQE) sont impératives. Elles fondent l’avenir serein des bâtiments mais surtout de leurs habitants. Leur respect est essentiel à l’idée que le Parti socialiste, soucieux du long terme, se fait du vivre ensemble.
Elles ne doivent plus être réservées aux programmations bénéficiant de financements privés. Elles
doivent être généralisées à l’ensemble de la production sociale.
L’augmentation du nombre de logements sociaux dans chaque commune, à la lumière des équilibres existants, doit être affirmée comme une priorité absolue. Il importe de rééquilibrer les efforts consentis par les communes. C’est au niveau régional que doivent être anticipées ces mesures.
Les
frontières municipales doivent être dépassées au profit de bassins d’habitat intercommunaux.
A cette fin, la création d’établissements publics fonciers devra être favorisée par des
incitations financières conséquentes. Ces structures auront pour mission première le recherche
des potentialités foncières disponibles et leur aménagement, en harmonie avec les besoins recensés
localement. Elles permettront une position de force pour la négociation avec l’Etat, propriétaires de
parcelles et de biens dont la gestion doit revenir aux collectivités locales. La signature de
chartes de
coopération et de partenariat entre communes doit être encouragée. Cela permet d’accentuer le
développement de l’intercommunalité informelle. Ces documents contractuels stipulent les mesures à
anticiper pour le développement harmonieux de l’aménagement urbain et foncier. Les programmations
au titre du logement et de l’habitat sont concernées au premier chef. Les bailleurs sociaux,
professionnels de l’aménagement, doivent être associés plus en amont dans ces démarches.
La programmation en logements et équipements publics sociaux devra faire l’objet d’une réflexion concertée entre représentants des différentes collectivités territoriales concernées.
Afin d’approfondir le mouvement de décentralisation, les conventions de délégation de l’Etat en direction de ces collectivités devront être développées. Dans ce cadre, c’est également
la
question des modalités d’attribution des logements sociaux qui doit être posée.
L’Etat se
désengage progressivement de ses responsabilités en déléguant aux collectivités locales ses
droits de désignation. Il appartient aux responsables politiques de promouvoir et d’exercer la
transparence la plus absolue dans le domaine de l’attribution des logements. Chaque demandeur doit
voir sa demande bénéficier du même traitement et de la même attention de la part des élus.
Il en va
non seulement de la crédibilité des dirigeants politiques mais également du respect de
l’éthique républicaine.
Les collectivités publiques ne doivent pas être les seules entités concernées par cet effort
national. Les entrepreneurs et les travailleurs doivent voir le fruit de leur contribution versé au pot
commun de la solidarité nationale. A cet égard, c’est bien le mode de fonctionnement du 1% patronal
qui doit être repensé. Au regard des évolutions que rencontrent le monde du travail et de l’entreprise,
et de la crise économique et sociale profonde que connaît notre pays, l’on assiste à un renforcement
du stigmate entre celui qui travaille et celui qui ne le peut pas.
Dans ce cadre, le dispositif permettant le prélèvement de 0,45 % sur l’activité des entreprises de plus de dix salariés doit être repensé
dans la perspective d’un reversement des fruits de la collecte dans le budget global du logement. Ainsi, les personnes privées d’emploi ou travaillant
dans une entreprise de moins de dix salariés ne seraient plus pénalisées.
Au niveau budgétaire, un effort sans précédent doit être consenti, non seulement au niveau de la masse financière et nationale globale consacrée au logement, mais également concernant la répartition des aides. Les aides à la personne ne permettent pas de solvabiliser de façon pérenne les citoyens, leur impact est très largement atténué, voire annulé, du fait de la hausse
constante des prix de l’immobilier et des loyers. En revanche, les aides à la pierre permettent une
baisse de la charge globale des loyers et une pérennisation du logement.
Il importe donc que les
aides à la pierre soient développées et distribuées de façon plus forte.
Concernant les aides fiscales allouées, 60 % des investissements privés sont supportés par le budget national, sans que ces mesures n’aient pu faire la preuve de leur pertinence et de leur efficacité face à la crise actuelle de l’immobilier en France. Alors que le budget du logement ne cesse de diminuer, il y a lieu aujourd’hui de mesurer l’impact réel des mesures d’aide fiscale en direction des
divers investisseurs. Celles-ci, à l’évidence, n’ont pas permis de régler la grave crise du logement que
connaît aujourd’hui notre pays.
Le Parti socialiste réaffirme solennellement le besoin pour la cité de s’enrichir des différences sociales et culturelles portées par chacun de ses habitants. A cette fin, le
développement du logement social, selon diverses catégories de financement permettant non
seulement de favoriser la mixité sociale localement mais également au sein même des immeubles,
doit être mobilisé comme force première. La ville doit se donner les moyens de loger de façon
pérenne ceux qui la font vivre, ses éboueurs, ses fonctionnaires, ses médecins et avocats, ses
chômeurs et ses exclus du système classique de redistribution économique…
Les familles ne doivent plus être exclues des villes, contraintes par l’augmentation constante des prix. Les collectivités doivent pouvoir leur offrir la possibilité d’y demeurer.
Des dispositifs d’aide à l’acquisition doivent être développés. La ville doit se donner prioritairement
les moyens d’offrir aux plus fragiles (SDF, femmes victimes de violences, travailleurs migrants,
personnes malades, personnes âgées et/ou handicapées, demandeurs d’asile, gens du
voyage…) les moyens de vivre un parcours résidentiel de qualité et plein d’espoir. Dans cette
perspective, les structures d’accueil de type pensions de familles, maisons-relais, centre
d’hébergement d’urgence et résidences sociales devront être prioritairement développées.
Celles-ci
ne doivent plus être programmées au regard des besoins estimés mais au prorata du nombre
d’habitants. Cette modification irait dans le sens d’une meilleure justice sociale et d’une plus grande
répartition des obligations de solidarité. C’est également
en direction des étudiants et des jeunes
travailleurs que l’effort national doit se développer. Le nombre de logements prévus et réalisés pour
eux est très largement inférieur à ce que notre pays devrait pouvoir leur offrir pour faciliter leur
intégration et leur autonomie.
L’accent doit être mis prioritairement sur une action ambitieuse contre le logement insalubre et indécent. Celui-ci est le refuge de la plus grande misère, il permet l’exploitation des plus
fragiles et des plus démunis et les expose aux dangers sanitaires les plus grands, non seulement le
saturnisme mais surtout la mort en cas d’incendie ou d’effondrement. Une action de tout premier ordre
doit être anticipée :
la résorption programmée de toutes les poches d’insalubrité urbaine e t
l’interdiction formelle de louer des logements ne répondant pas à des normes minimales
d’hygiène et de confort. Ces mesures posent naturellement
la délicate question du relogement
préalable des habitants de ces immeubles, pour partie issus de l’immigration sub-saharienne et
maghrébine. C’est dans ces immeubles que la République peut perdre son âme si elle n’intervient pas
de toute urgence.
La République française est riche de sa diversité sociologique et culturelle. Elle
reconnaît à tous ses citoyens, mais également aux étrangers réguliers présents sur son territoire, le
droit à la reconnaissance publique. Elle doit également accorder sa protection aux demandeurs
d’asile, particulièrement fragilisés.
Les missions sociales visant à la décohabitation progressive
des familles polygames, à l’accueil des familles nombreuses ou à la réfection des locaux
devront être redéfinies. Enfin, les mécanismes juridiques fondant les procédures d’expulsion ou
d’évacuation (Loi Vivien, pénalisation des propriétaires et obligation de relogement…) doivent être
repensées dans le sens d’une meilleure efficacité de l’action publique et d’une plus grande justice
sociale dans leurs répercussions.
Le développement et l’aménagement urbain doivent être entièrement redéfinis. Le principe de la destruction de logements ne peut être considéré que comme la dernière des solutions.
Doivent être privilégiées les missions visant à réhabiliter les logements, à favoriser la mixité sociale
par la création de nouveaux programmes permettant de diversifier les peuplements et les fonctions, à l’échelle des quartiers.
Les missions de l’Agence Nationale pour le Renouvellement Urbain (ANRU) 10 ou ,
de l’Agence Nationale pour l’Amélioration de l’Habitat (ANAH) et de la Foncière Logement doivent impérativement faire l’objet d’une meilleure définition, permettant la réalisation progressive
d’une réelle mixité sociale dans les territoires les plus fragilisés. Le logement privé est également
concerné par ces missions. La paupérisation progressive des copropriétés les plus fragilisées rend
nécessaire une action de premier ordre de la part des pouvoirs publics.
Les Opérations
Programmées d’Amélioration de l’Habitat (OPAH) doivent être renforcées dans leurs objectifs
afin de juguler l’effet pervers qu’elles peuvent provoquer, à savoir l’exclusion des populations les plus
modestes des quartiers concernés et la hausse des prix. Dans ce but, leurs conventions doivent être
améliorées significativement et disposer précisément l’objectif de mixité sociale par le développement
du parc locatif conventionné et le maintien de la diversité sociale.
La problématique des
ventes à la découpe et des
congés pour vente est devenue pour les locataires privés une véritable épée de Damoclès pesant sur leur avenir et leurs projets personnels. La puissance publique doit se saisir de ces questions et proposer les mesures qui
permettent d’assurer à ces personnes une meilleure protection juridique. Comme cela se pratique
dans l’Etat de New-York, les pouvoirs publics doivent avoir les moyens de vérifier préalablement les
conditions de la vente, au regard des ressources des locataires, et d’
autoriser ou d’interdire la
procédure de vente. Doit être posée comme condition à la validité de la procédure l’assurance que
les locataires les plus fragilisés (personnes âgées par exemple) se verront reconnaître
le droit au
maintien dans les lieux. Enfin, les ressources conférées aux collectivités locales au nom du droit de
préemption doivent
prendre en compte des objectifs de rachat des immeubles concernés.
C’est dans cette perspective que
l’investissement des partenaires financiers les plus importants (Caisse des Dépôts et Consignations, institutionnels, Foncière…) doit être repensé dans ses priorités, majoritairement en direction du maintien des diverses couches de population au sein de la ville mais également du développement maîtrisé du logement social et des équipements publics.