Nous revenons
de loin

Pierre Mauroy



Entretien avec Pierre Mauroy, ancien Premier ministre (1981-1984) paru dans le quotidien Le Parisien daté du vendredi 16 mai 2003
Propos recueillis par Frédéric Gerschel et Philippe Martinat
 

Pourquoi entend-on si peu les socialistes sur les retraites ?
Le parti va prendre ses responsabilités. Dès demain, le premier secrétaire fera une déclaration sur ce thème au nom de nous tous. La politique sociale du gouvernement Raffarin est si nocive et marque une telle régression que les socialistes se doivent d'être offensifs.

Le succès de François Hollande auprès des militants vous a-t-il surpris ?
C'est une très belle victoire, si l'on se réfère au scepticisme qui prévalait il y a encore quelques mois. Hollande n'a pas mené la bataille seul, mais c'est lui qui s'est porté constamment en avant. Il faut lui attribuer ce succès, sinon à qui d'autre ? Tant que Lionel Jospin était là, François était dans la position du second. Il faisait une sorte d'intérim. Aujourd'hui, il est en pleine charge. Moi qui avais déjà un préjugé très favorable, je pense qu'il est désormais en passe de devenir un excellent leader.

Les socialistes ont-ils digéré leur défaite ?
Nous revenons de loin. Je suis un vieux militant, j'ai occupé presque toutes les fonctions : Premier ministre, premier secrétaire... J'ai connu des hauts et des bas avec François Mitterrand. Mais je n'avais jamais vu des socialistes aussi déboussolés qu'après notre échec du 21 avril. Nous avons enfin surmonté ce mauvais passage. Il faudra encore attendre que nos alliés verts et communistes se soient remis de leurs émotions pour envisager l'alternance.

Dans le Nord, la motion majoritaire a été rudement chahutée par Marc Dolez...
C'était un premier secrétaire fédéral dans lequel j'avais placé toute ma confiance. Mais, progressivement, il s'est mis à attiser les rancœurs des militants en jouant la carte populiste. Je crois que Bernard Roman, qui se présentera contre lui jeudi prochain pour diriger la fédération du Nord, peut l'emporter. Les militants voient bien qu'on les a conduits dans une impasse.

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