Qu'on arrête de me menacer !

Jean-Luc Mélenchon



Entretien avec Jean-Luc Mélenchon, sénateur de l'Essonne, paru dans le quotidien Le Parisien daté du 24 janvier 2005
Propos recueillis par Frédéric Gerschel
 

La direction du PS estime que vous ne respectez pas le choix des militants...
C'est absurde. Je ne nie pas le résultat du référendum interne et je ne conteste pas que le parti s'engage sur cette seule position majoritaire. Mais dois-je pour autant renoncer à mes convictions ? A tout ce qui fait ma vie de socialiste ? Il n'en est pas question.

Que ferez-vous concrètement ?
D'abord, en tant que sénateur, je m'abstiendrai lors du vote sur la révision constitutionnelle, première étape avant le référendum. C'est la position que tous les tenants du non socialiste vont adopter. Ensuite, pour la campagne proprement dite, il y aura plusieurs fronts : diffusion d'un badge « Pour moi, c'est non », qui annonce la couleur et provoque la discussion ; mise en place à travers la France de « cours du soir », séances d'explication citoyenne sur le contenu réel de la Constitution ; enfin, déploiement de l'association Pour la République sociale, qui participera à des collectifs contre le texte.

Ne craignez-vous pas d'être lourdement sanctionné, voire exclu du PS ?
Rien n'est plus étranger à notre tradition que la police de la pensée. En 1991, j'ai voté au Parlement contre la première guerre du Golfe - avec Julien Dray, membre de la direction actuelle. Pour autant, François Mitterrand ne nous a pas exclus ! Aujourd'hui, je demande qu'on me laisse exprimer mon point de vue tranquillement, qu'on arrête de me menacer. Surtout si ces menaces servent de prétexte pour intimider d'autres comme Laurent Fabius ou les innombrables élus locaux qui n'ont pas envie de se couper de leur base populaire.

Les Français seront-ils tentés de sanctionner le gouvernement lors de ce référendum ?
Oui. Car les raisons pour lesquelles les électeurs sont mécontents du pouvoir en place correspondent exactement à ce qui est institutionnalisé dans le traité européen. Ce qui est en cause dans les deux cas, c'est bien la politique libérale. J'ajoute que si le non l'emportait, on aurait une chance de faire partir Chirac plus tôt que prévu : ce serait une grande économie de souffrances sociales pour le pays.

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