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Le PS a-t-il renoncé, malgré vos souhaits, à « rompre avec le capitalisme » ?C'est incontestablement l'intention de François Hollande, qui veut opérer un revirement idéologique. Mais les événements récents et l'irruption du mouvement social ont fait, ces derniers jours, évoluer singulièrement son discours. Voilà que, sur les retraites, François nous parle maintenant d'augmenter les cotisations, et de faire payer le capital. L'inverse de ce qu'il disait depuis six mois...
Pour vous, la rue se serait, en somme, mobilisée trop tard ?C'est clair. Si le mouvement s'était déclenché une semaine plus tôt, notre motion Nouveau Monde aurait fait cinq points de plus. Mais je ne vais pas être mauvais joueur. Je reconnais notre défaite. Notre stratégie très offensive contre le premier secrétaire n'a pas marché. Les militants ont considéré que le risque d'implosion du PS était trop grand. Et que notre radicalité politique n'était pas adaptée aux attentes du moment. Hollande a su habilement dramatiser l'enjeu. Et, pour lui, cela s'est révélé payant.
Présenterez-vous quelqu'un contre lui pour le poste de premier secrétaire ?Pour quoi faire ? Les militants ont déjà voté. Il n'y a pas de majorité alternative.
Comment voyez-vous demain votre rôle dans la minorité du parti ?Je n'ai aucune envie de jouer la mouche du coche. Je connais trop les limites d'une posture d'opposant dans l'opposition. L'échec de notre motion, reconnaissons-le, tient aussi au fait que la gauche mouvementiste et antimondialisation ne nous a pas aidés. Il faut dire que cette gauche-là est de plus en plus extérieure à tous les partis. Elle leur tourne même carrément le dos. Avec Henri Emmanuelli, notre tâche est cependant de maintenir avec elle le dialogue, et d'éviter une rupture qui serait lourde de conséquences pour toute la gauche.
Le tandem Montebourg-Peillon (Nouveau Parti socialiste) ne cherche-t-il pas à vous doubler sur votre gauche ?Ils ont, en effet, commencé leur campagne interne comme de gentils garçons. Et ils finissent beaucoup plus à gauche qu'ils n'avaient débuté. Mais ce n'est pas moi qui vais m'en plaindre.
Les Français semblent sceptiques sur la capacité du PS a proposer un projet alternatif...C'est normal. Après la raclée que nous avons prise le 21 avril 2002, il y a eu la période de la guerre en Irak qui a gelé le débat. Je comprends que, pour l'instant, les gens aient du mal à croire que nous puissions inverser la tendance. Tout reste à faire. Ce qui va tous nous mettre d'accord, c'est la lutte contre la droite. Et, sous cet angle, je fais le pari que les lignes politiques internes bougeront encore.
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