L'écurement remonte aux lèvres. Non d'avoir défendu fièrement nos convictions et nos engagements, mais de faire partie de cette camarilla politicienne, à l'esprit étroit, qui a triomphé une nouvelle fois d'une grande réforme. La classe politique de droite (la caste politique, devrait-on dire) minoritaire dans le pays mais majoritaire à Versailles au Congrès, refusant l'abandon du cumul de leurs mandats et avantages a tué notre réforme de la justice.
Nous autres, à gauche, engagés dans cette révolution judiciaire douce, allons-nous accepter l'abandon de nos espérances ?
Il ne peut en être question. Allons-nous accepter le chantage misérable de ces parlementaires de droite qui veulent nous marchander maintenant leur vote contre une autre réforme que la nôtre ?
Que les élections législatives ou présidentielles soient victorieuses pour le camp de la réforme que nous incarnons, elles ne changeront rien à la composition du Congrès, ni à l'immuable Sénat, pas davantage à la nature de l'opposition à l'Assemblée.
Telles sont les raisons de réclamer un référendum sans délai. Parce que c'est le dernier moyen politique de faire passer sans concession cette réforme fondamentale, qui accomplit le progrès républicain de séparer les deux pouvoirs, exécutif et judiciaire, trop longtemps confondus par la survivance monarchique.
Parce que c'est là une réforme simple et compréhensible par tous, résumée en un article unique à inscrire dans le marbre constitutionnel.
Le président de la République qui prétend être favorable à notre réforme, n'aura plus qu'à le prouver, lui qui appelle les autres à «prendre leurs responsabilités» pourra ainsi agir sans tarder.
Mais il refusera pourtant avec obstination ce référendum parce qu'il y ferait détruire et désavouer par le peuple ce qui
lui reste d'amis politiques dans ce pays. Pourtant, gaulliste, il devra s'y plier, qu'importe le prix politicien qu'il devrait y laisser. Lançons dès aujourd'hui cette grande campagne nationale en faveur du référendum parce qu'on ne peut pas priver un peuple d'une réforme qu'il désire avec force et raison.
par | Marie-Pierre de la Gontrie, vice-présidente du conseil régional d'Ile-de-France et déléguée nationale à la justice Adeline Hazan, secrétaire nationale chargée de la justice Arnaud Montebourg, député (PS) de Saône-et-Loire Christian Paul, député (PS) de la Nièvre Vincent Peillon, député (PS) de la Somme, secrétaire national aux études |