Le NPS s'inscrit dans la durée et défend une voie nouvelle



Entretien avec Arnaud Montebourg, député de la Saône-et-Loire, cofondateur du courant Nouveau Parti socialiste (NPS).

Paru dans Journal de Saône-et-Loire daté du 29 juillet 2003
Propos recueillis par Jean-Philippe Chapelon


 

N'avez-vous pas été déçu par le score de 16,88 % obtenu par le Nouveau Parti Socialiste, qui traduit certes une percée, mais reste loin des 25, voire 30 % que vous attribuaient quelques observateurs avant le vote des militants ?
d'abord, il faut mesurer ce qui s'est passé au PS. Près de 40 % des militants ne soutiennent pas la direction sortante, fait quasi sans précédent, alors qu'elle réunit 95 % des anciens ministres, parlementaires et grands dirigeants. 22 fédérations échappent à la direction sortante, ce qui est considérable. Si on regarde l'histoire, on voit que les positions originales et nouvelles défendues par Mitterrand à Épinay, Mauroy ou même Rocard à Metz n'avaient recueilli respectivement que 16 %, 13 % et 20 %. Nous pouvons considérer nos 17 % avec l'énorme satisfaction d'avoir réuni 16 000 militants en l'espace de 6 mois, dans le contexte d'une très forte participation. Le NPS s'inscrit dans la durée et défend pour l'avenir une voie différente et nouvelle. 

Avez-vous conclu des accords avec les motions minoritaires, susceptibles de vous assurer le contrôle d'autres fédérations que la Saône-et-Loire ?
Des accords ont été noués en fonction des affinités sur le terrain, et dans tous les sens, avec Dolez, avec Emmanuelli, parfois d'Emmanuelli avec la motion A. Nous n'avons pas d'autre géographie que celle dessinée par le terrain.

Vous avez déclaré que vous ne vouliez pas « diluer (nos) idées dans je ne sais quel assemblage curieux ». Cela signifie-t-il que vous refusez la synthèse et que vous êtes prêt à en assumer la responsabilité ?
Nous sommes dans le dialogue. Nous avons rencontré François Hollande de façon agréable et intéressante. Mais nous avons des idées fortes à défendre. Nous devons les faire entendre à l'extérieur, pour qui ce que nous disons représente une différence. 

Il n'y aura donc pas de synthèse.
Il est trop tôt pour le dire. La décision sera prise par les délégués des militants du NPS samedi soir lors du Congrès. 

Ce Congrès de Dijon ne doit-il pas être celui du rassemblement et du renouveau qu'attendent les socialistes, mais aussi le « peuple de gauche » dans son ensemble ?
Les socialistes sont unis dans ce Congrès face à la droite et à l'extrême-droite, mais ils ont besoin de s'enrichir au contact les uns des autres. Comme j'ai déjà eu l'occasion de le dire, chaque fois que François Hollande prendra une décision allant dans le sens du renouvellement de ses positions, de ses orientations ou de son projet, nous le soutiendrons. Mais chaque fois que ses décisions se rattacheront au conservatisme, nous dirons notre désaccord. Nous voulons être des stimulants amicaux. 

Vous avez justement rencontré M. Hollande hier matin. Comment s'est passé votre entretien ?
Dans un désir mutuel de dialogue et un respect prononcé pour les idées des uns et des autres. Nous avons mis en valeur nos points de convergence face à nos adversaires de droite. 

Présenterez-vous un candidat contre lui au poste de Premier secrétaire national ?
Il s'agit là encore d'une décision à prendre collectivement et démocratiquement, conformément aux principes qui régissent notre fonctionnement. Le choix sera fait samedi soir, ce qui correspond au délai limite de dépôt des candidatures. 

A titre personnel quelle est votre position ?
J'ai un avis personnel, que je ne partage qu'avec mes camarades.

Faut-il ouvrir la direction du PS, et croyez-vous que François Hollande sera en mesure de le faire ?
C'est tout le problème de la victoire de François Hollande. Est-ce une victoire des éléphants aux pattes desquels il est enchaîné et qui l'ont fait triompher, ou une victoire du désir de s'en affranchir, nul ne le sait pour l'instant. S'il décide de trahir ceux qui l'ont hissé sur le pavois, il aura gagné en autorité et en légitimité pour guider le PS vers de meilleurs horizons. Je ne désespère de rien. 

Dans quel esprit comptez-vous travailler au sein de la Fédération de S-et-L dont vous allez devenir le Premier secrétaire ?
J'ai dit à la tribune à Saint-Gengoux que pour des raisons de clarté, de nombreux camarades soutenant la motion du NPS avaient décidé de présenter ma candidature. J'ai accepté ce choix, parce qu'il est celui de la clarté et de l'absence de divisions internes en Saône-et-Loire. Nous ne pouvons réussir à imprimer une marque nouvelle et à marquer de nouveaux points face à la droite départementale que si nous sommes tous rassemblés. J'y veillerai personnellement.

Quelles sont vos propositions sur le dossier des retraites, et envisagez-vous de participer à une déclaration commune des socialistes sur ce sujet à Dijon ?
Le gouvernement Raffarin impose des baisses autoritaires de pensions et l'augmentation de la durée de cotisation, mais il ne garantit pas le système par répartition. Il contribue à son amenuisement, ménageant dans le système des retraites une place considérable aux mécanismes d'assurance privée. Cette baisse de la solidarité nationale entraînera des chutes de revenus pour nos anciens, qui commencent déjà à se faire sentir par l'application du décret Balladur de 1993. Il va de soi qu'un message ferme de soutien au mouvement social et de défense de l'intérêt des salariés du public et du privé tous deux attaqués dans leurs droits, doit être celui de tous les socialistes.

Les élections régionales se profilent à l'horizon 2004. Il se mumure que Christian Paul, député de la Nièvre, pourrait y porter les ambitions du NPS.
Il est beaucoup trop tôt pour évoquer et même penser à ce scrutin. Laissez nous terminer notre Congrès, nous y verrons plus clair après. 



© Copyright Le Journal de Saône-et-Loire

Page précédente Haut de page

PSinfo.net : retourner à l'accueil

[Les documents] [Les élections] [Les dossiers] [Les entretiens] [Rechercher] [Contacter] [Liens]