Reconstruire un outil perdu au Mans

Arnaud Montebourg
Entretien avec Arnaud Montebourg, député de la Saône-et-Loire, paru dans le quotidien 20 Minutes daté du 12 décembre 2005.
Propos recueillis par Arnaud Sagnard


 

Après l’implosion du Nouveau Parti socialiste au congrès du Mans fin novembre, vous fondez le courant Rénover maintenant. Que peut-il apporter de plus ?
Nous sommes en train de reconstruire un outil perdu au Mans. Rénover maintenant est situé à l’intérieur du Parti socialiste, mais tourné vers l’extérieur. Nous allons mobiliser les énergies, les militants et ceux qui ne le sont pas pour amener leurs idées au candidat socialiste à la présidentielle de 2007. Nous allons peser de tout notre poids pour qu’elles s’inscrivent dans le projet socialiste. Il reste dix-huit mois avant le scrutin. J’invite tous ceux qui le veulent à nous rejoindre, à l’intérieur comme à l’extérieur du PS.

Quelles sont vos pistes de réflexion ?
Rénover maintenant va commencer un grand tour de France. Des ateliers de la Rénovation vont être créés, ils se retrouveront une fois par mois dans des laboratoires de la Rénovation. Nous allons proposer des mesures notamment sur la lutte contre les délocalisations, l’emploi ou les banlieues avant la convention du projet socialiste au printemps.

La VIe République n’a pas été retenue par le PS. Elle fait peur ?
Pas au parti mais à ceux qui s’inscrivent dans la stratégie du trône présidentiel. C’est une nécessité inéluctable, préalable à toutes réformes car elle réinstalle le citoyen à tous les étages de la démocratie.

Avec le recul, que s’est-il passé au Congrès du Mans ?
Certains socialistes ont préféré laminer des idées nouvelles pour permettre la synthèse du parti. Nous pensons qu’il faut au contraire les implanter dans la tête des socialistes et dans l’opinion publique avant la présidentielle. Au final, le parti du 21 avril s’est reconstitué. Les socialistes doivent faire leur révolution pour affronter la mondialisation, la crise européenne et la radicalisation extrémiste de la droite incarnée par Nicolas Sarkozy. Si le PS se contente de ce qu’il est aujourd’hui, il diminue ses chances.

Pourtant le climat est favorable au débat de société...
Il y a une crise sociale et une crise démocratique. Les Français ne veulent pas de la mise aux normes ultralibérales de la société. D’autres comme les Allemands ne l’ont pas supportée. A cela s’ajoute la croyance que la démocratie ne sert plus à rien. C’est le cas pour certains émeutiers, des gens désorganisés, irresponsabilisés, sans discours politique. Il y a des raisons sociales à cela, ils sont issus de territoires où le chômage dépasse les 50 %.

Certains d’entre-eux ont écopé de prison ferme...
Ces peines sont justifiées mais pour que la justice soit sévère à leur égard, il faudrait que toute l’activité de son ministère ne soit pas consacrée à l’enterrement des affaires de délinquance en col blanc. L’avènement d’une justice des privilégiés est aussi grave que les problèmes qui ont provoqué les émeutes.

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