« C 6 R », mode d'emploi

Arnaud Montebourg
Arnaud Montebourg, député PS de Saône-et-Loire, lance, ce soir à l'Assemblée nationale, sa Convention pour la sixième République. Cette « C6R » vise à rassembler des citoyens soucieux d'exercer leur contrôle démocratique et à plaider pour une nouvelle Constitution.


 Entretien accordé au journal Libération daté du 2 mai 2001
 Propos recueillis par Didier Hassoux


 

Lors de sa dernière intervention télévisée, Lionel Jospin a moqué votre «combat solitaire». Le lancement de votre mouvement est-il une réponse au Premier ministre ?
Ce n'est pas parce qu'on est le premier qu'on est seul. Lionel Jospin ne va pas tarder à s'apercevoir de la soif de citoyenneté, du désir d'une justice plus égalitaire, du désir des citoyens d'être plus actifs, de leur volonté de rompre avec une Constitution fatiguée. La solitude est un état temporaire. Surtout lorsqu'on se bat pour reprendre les combats qui appartiennent au patrimoine de la gauche.

François Hollande estime que votre proposition de résolution portant mise en accusation de Jacques Chirac est « vouée à l'échec ». Que lui répondez-vous ?
Nous allons vivre la même situation que le peuple et le Congrès américains lorsque l'affaire du Watergate a éclaté. Des députés républicains, amis personnels de Richard Nixon, ont voté la mise en accusation du président des Etats-Unis. Tout simplement parce que cette affaire était trop grave. Et parce que s'ils ne faisaient rien, c'était la Constitution des Etats-Unis qui s'effondrait. Il est en de même de la crise de régime que nous devrons affronter courageusement. François Hollande se plaint d'un « déni de justice » au profit du chef de l'Etat. Mais il en est le premier responsable lorsqu'il appelle les députés à rester inertes devant un tel déni. Ce qui est un pur scandale. Il faudra que le premier secrétaire du PS s'explique publiquement. François Hollande fit partie, en 1992, des 58 signataires d'une proposition de résolution tendant à la mise en accusation devant la Haute Cour de justice de Laurent Fabius, Georgina Dufoix et Edmond Hervé dans l'affaire du sang contaminé. Il faudra qu'il m'explique aujourd'hui pourquoi -  alors qu'il s'agit de délits gravissimes (détournement de fonds, trafic d'influence) constatés par deux magistrats indépendants - il choisit de rester inerte. Un socialiste digne de ce nom ne peut tenir une position pareille.

Où en êtes-vous de la rédaction de votre proposition de résolution ?
J'ai bientôt terminé mon travail. Il n'est pas encore totalement achevé. J'ai dû accomplir un gros travail de documentation, d'analyse d'archives. Car je souhaite que cette proposition de résolution soit précise, rigoureuse et très argumentée.

Il vous faut obtenir la signature de 58 députés pour que ce texte soit débattu par l'Assemblée. Combien en avez-vous réuni jusqu'à présent ?
Je ne pourrai répondre précisément à cette question que lorsque la proposition de résolution sera définitivement rédigée et proposée à mes collègues. Ce qui ne saurait tarder.

Le mouvement que vous lancez aujourd'hui n'est-il pas qu'un prétexte pour médiatiser votre combat contre Jacques Chirac ?
Le combat que je mène pour la mise en accusation du président de la République est le même que nous devons mener contre l'opacité de certaines collectivités décentralisées, le féodalisme dans les conseils généraux ou l'irresponsabilité de certains pouvoirs. La question qui se pose c'est celle de la soumission à l'Etat de droit, c'est celle de la responsabilité attachée à l'exercice du pouvoir. Quel qu'il soit d'ailleurs: judiciaire, législatif, exécutif ou administratif.

D'autres, avant vous, ont plaidé pour l'avènement d'une sixième République. En quoi votre mouvement est-il différent des précédents ?
C6R est une boîte à outils. Nous aidons les citoyens actifs à demander des comptes aux élus, aux administrations, aux titulaires de l'autorité judiciaire. A réclamer des référendums. Partout où les citoyens le peuvent. Mais C6R est aussi une machine à transformer la République. C'est-à-dire à imposer des réformes dont la classe politique conservatrice ne veut pas.

Certains parient déjà que C6R disparaîtra après la présidentielle, que c'est un leurre au service du PS...
C6R n'aura plus de vocation d'être lorsqu'une nouvelle Constitution sera soumise aux Français par référendum. Et seulement à ce moment-là.

Subissez-vous des pressions pour cesser votre combat ? Si oui, d'où viennent-elles ?
Je préfère ne pas répondre à cette question.

Reproduit avec l'aimable autorisation du quotidien
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