On ne peut pas faire de maquillage sans renoncer à la vérité qu'il a incarnée lundi : celle d'une droite, divisée depuis 1974, voire depuis 1969, qui s'est ressoudée, a reconstruit une alliance, et est aujourd'hui dans une situation de «restauration», comme sous le pompidolisme. La reprise en main dans la haute fonction publique et dans l'appareil judiciaire, l'autoritarisme dans les prises de décision, comme pour les retraites ou les intermittents, la répression de plus en plus impitoyable du citoyen ordinaire, et enfin le contrôle du système médiatique donnent le sentiment d'être dans un système de nature berlusconien.
A vos yeux, Jacques Chirac n'est donc plus porteur de « l'esprit de mai » 2002 ?
Jacques Chirac a confirmé qu'il est l'auteur d'un vaste racket électoral. Il y a un an, il s'est présenté comme un rempart alors qu'il avait lui-même malmené les principes républicains. On ne peut pas faire comme si rien ne s'était passé en 2002. Comme si nous n'avions pas été victimes d'un viol collectif de nos consciences. Jacques Chirac a nommé Raffarin, il soutient Raffarin, Raffarin n'est que son chef de cabinet. Accréditer l'idée qu'il existerait une différence entre les deux serait servir l'hypocrisie du pouvoir.