| Vous êtes favorable à l'adhésion de la Turquie à l'Union. Quand les négociations doivent-elles s'ouvrir, selon vous, et à quelle échéance doivent-elles se terminer ?Je suis un partisan raisonné de l'adhésion. L'entrée de la Turquie dans l'Union européenne peut être une chance pour une présence plus forte vis-à-vis du Moyen-Orient, pour garantir la sécurité dans l'Union élargie, pour jouer réellement le dialogue des civilisations. Le Conseil européen doit décider d'ouvrir les négociations sans évoquer d'autre hypothèse que l'adhésion. Si on souhaite qu'elles s'ouvrent en 2005 après le référendum sur la Constitution européenne, je n'y vois pas d'obstacle. Les négociations seront longues, elles ne pourront pas être conclues avant 2014, après le vote du budget européen pour la période 2013-2020. Mais l'adhésion n'est pas automatique. Les négociations seront longues et difficiles. Elles peuvent déboucher sur autre chose.
Que pensez-vous de l'idée d'un partenariat privilégié ?Les conditions que la Turquie doit remplir sont importantes : démocratie, respect des minorités, laïcité, égalité homme-femme, reconnaissance du génocide arménien... Il y a du chemin à parcourir. Si ces conditions ne sont pas remplies, une troisième voie peut être imaginée. Mais elle ne doit pas être souhaitée. L'UE a une parole. L'objectif des négociations d'adhésion, c'est l'adhésion. Pas d'hypocrisie là-dessus.
L'adhésion de la Turquie ne modifierait-elle pas le projet européen ?L'entrée de la Turquie ne représente pas un changement de nature de l'Europe. L'Europe aujourd'hui intègre des pays libéraux, d'autres qui le sont moins, des pays atlantistes, d'autres qui le sont moins... L'Europe est très diverse depuis l'entrée de la Grande-Bretagne. La Turquie ajouterait à cette diversité, elle ne la créerait pas.
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