L' | euro va devenir notre monnaie, c'est-à-dire un élément important de notre identité. Il faut donc donner du sens à cette formidable
entreprise historique.
L'euro n'est pas une fin en soi. Il doit être un levier pour la croissance. Nous en bénéficions déjà, l'Europe constitue aujourd'hui le principal
espace de croissance dans le monde. Pour autant, elle ne peut pas se désintéresser des crises qui affectent d'autres régions du monde. L'Europe doit se poser en pôle de stabilité et de croissance pour elle-même d'abord, mais aussi pour le monde dans son ensemble. A cet égard, l'euro doit nous inciter à accélérer les travaux sur la réforme institutionnelle de
l'Europe et favoriser l'émergence d'une Europe politique, capable de peser de tout son poids dans le concert mondial.
L'euro doit aussi être un levier pour l'emploi. Lors du Sommet extraordinaire de Luxembourg, en novembre de l'année dernière, nous avons adopté
des objectifs communs dans le domaine de l'emploi et des politiques de l'emploi: nouveau départ offert aux jeunes chômeurs, nouveau départ offert aux chômeurs de longue durée,
effort de formation en direction des chômeurs. Nous avons ensuite élaboré un plan national d'action pour satisfaire à ces objectifs communs. La qualité de notre plan national a été
saluée par la Commission européenne. Et nous allons évaluer les premiers résultats des plans nationaux des Quinze, au Conseil européen de Vienne, dans cinq semaines.
Il faut maintenant faire vivre cette démarche communautaire profondément novatrice
sur les questions d'emploi, épanouir toutes ses potentialités et l'enrichir progressivement. Nos partenaires européens y sont disposés, l'Allemagne de Gerhard Schröder en tête.
Chez nous, l'attente créée dans le monde du travail commence à grandir. L'euro rend cette concertation sociale indispensable sur l'ensemble des questions européennes, et tout particulièrement sur l'accompagnement social de l'euro. Nous devons rénover de fond
en comble le dialogue social sur les questions européennes, l'améliorer rapidement en régularité, en densité, et lui assurer un ancrage par rapport aux nouveaux espaces de décision publique que crée l'euro. C'est le sens des propositions formulées par Philippe Herzog, à qui j'avais confié l'année dernière la mission de faire rapport au gouvernement sur ces questions.
Incontestablement, une étape s'achève le 1er janvier prochain, avec le lancement de la troisième phase de l'Union économique et monétaire. Elle a été conduite avec succès, et c'est à l'évidence une grande chance pour l'Europe. Il faut que cet investissement porte tous ses fruits. Les Français sont en droit maintenant d'attendre les
dividendes de l'euro, pour l'emploi, pour une croissance plus forte et plus équilibrée, pour la promotion d'un modèle social européen que nous devons défendre et consolider. C'est le
principal défi européen qui nous attend demain.
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