Les illusions d'un plan B

Pierre Moscovici
Point de vue de Pierre Moscovici, député européen (24 mai 2005)


 
On entend beaucoup parler d'un éventuel plan B en cas d'une victoire du non le 29 mai prochain en France. Au lieu de spéculer sur l'existence d'un tel plan, je crois que l'essentiel est de poser les questions que soulève une telle perspective. J'en vois au moins deux.

La première est de savoir qui négociera ce plan B au nom de la France. Ce sera bien évidemment Jacques Chirac qui a annoncé qu'il resterait président, quoi qu'il arrive. Peut-on espérer qu'il entendra les voeux d'une Europe plus sociale ? Assurément non.

La seconde interrogation concerne le contexte européen. S'il existe un plan B, ce dernier devra être négocié avec les gouvernements qui sont actuellement au pouvoir, et ils sont en très large majorité de droite. Parmi eux, certains en profiteront certainement pour revenir sur les avancées difficilement acquises du traité constitutionnel : l'insertion de la Charte des droits fondamentaux, l'absence de référence au christianisme, la garantie des services publics, la clause sociale. Toutes ces avancées ont été largement inspirées par le couple franco-allemand qui a joué un rôle moteur au sein de la Convention européenne. Un rejet du traité constitutionnel par la France sera immanquablement source d'incompréhension outre-Rhin et marquera une rupture avec nos partenaires allemands.

Le seul plan B qui existe est donc au mieux le statu quo, c'est-à-dire l’application du traité de Nice. Le seul virage possible pour l’Europe serait un virage à droite vers une Europe plus conservatrice, plus libérale, moins laïque. Le plan B est donc un mauvais plan. Il ne peut pas satisfaire ceux qui aspirent à aller plus loin dans l’intégration européenne. Une seule perspective répond à cette ambition : le OUI.


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