Cardiff
rencontre d'étape

Henri Nallet


Point de vue de Henri Nallet, secrétaire national aux questions européennes, paru dans L’Hebdo des Socialistes daté du 26 juin 1998


 
L'Union européenne peut se flatter d'avoir dirigé les deux rendez-vous européens majeurs du printemps écoulé : le lancement du processus d'élargissement aux pays d'Europe centrale et orientale, fin mars ; le lancement de l'euro, à Onze, sans la Grande-Bretagne mais avec son soutien, début mai. À Cardiff, le Conseil européen a poursuivi dans la voie d'une réorientation de l'union économique et monétaire vers la croissance et l'emploi. La nécessité d'une coordination étroite des politiques économiques des pays participants à l'euro, en contrepoint du rôle monétaire dévolu à la Banque centrale européenne, a été fortement marquée par tous. Chacun a admis aussi le besoin d'une articulation entre ce " pilotage économique ", commun aux pays ayant l'euro en partage, et la lutte pour l'emploi.

À Luxembourg, en novembre dernier, au sommet extraordinaire sur l'emploi convoqué à la demande de Lionel Jospin, les Quinze se sont fixés des objectifs communs pour lutter contre le chômage. En mai, chaque État a déposé à Bruxelles son plan national d'action pour l'emploi. Le nôtre a été unanimement jugé parmi les meilleurs. À Cardiff, les 15 et 16 juin, il était trop tôt pour faire l'évaluation de ces plans d'action. C'est à Vienne, en décembre, que les chefs d'État et de gouvernement ont rendez-vous pour faire le bilan d'une première année d'action en commun et pour donner de nouvelles impulsions à la lutte pour emploi.

Pour un élargissement maîtrisé

À Cardiff, nous avons aussi continué d'exiger que l'élargissement de l'Union à l'Est soit accompagné et maîtrisé. Une claire distinction, dans la programmation des dépenses, entre ce qui ira aux pays candidats et ce qui revient aux Quinze a été définitivement posée. Un calendrier indicatif a été fixé pour accélérer la réforme des politiques communes de l'Europe -- politique agricole commune et interventions structurelles dans les régions -- et pour préciser leur financement : il ne serait pas raisonnable que l'Europe s'ouvre à l'Est sans avoir, d'abord, remis de l'ordre dans ses affaires.

À Cardiff, nous n'avons pas non plus oublié de défendre notre exigence que l'Europe soit plus efficace, plus transparente, plus démocratique en somme. À 15, l'Union fonctionne de plus en plus difficilement, il faut donc aménager ces institutions avant de passer à 20 États membres ou plus.

À Cardiff, pour la première fois, tous nos partenaires ont reconnu que le chantier des réformes institutionnelles, qui n'avait pas pu être mené à bien dans le traité d'Amsterdam, devrait être repris aussitôt la ratification de ce traité assuré.

Les chefs d'État et de gouvernement ont souhaité ne pas borner là leur ambition et commencé à réfléchir à ce que sera l'Union européenne du troisième millénaire : comment mieux articuler la relation entre l'Europe et ses États membres ? Comment accroître la légitimité démocratique au sein de la construction européenne ? Autant de questions qu'une seule réunion ne pouvait épuiser. C'est pourquoi les chefs d'État et de gouvernement se sont donné un nouveau rendez-vous, à l'automne, sous la présidence de l'Autriche, pour poursuivre la réflexion.

Bien sûr, l'Europe, comme toujours, c'est le compromis. Par définition, quand on s'unit pour être plus fort, on ne peut tout obtenir, il faut parfois faire des concessions. Si Tony Blair dit sa fierté de son semestre de président européen, nous n'avons pas à rougir, de notre côté, de la réorientation de l'Europe que nous avons engagée depuis un an ; Cardiff en aura constitué une étape.



L’Hebdo des Socialistes, 26 juin 1998

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