Union européenne : | |
Point de vue de Henri Nallet, secrétaire national aux questions européennes, paru dans L'Hebdo des Socialistes daté du 5 juin 1998 |
On peut constater, un an plus tard, que le chemin parcouru nous a permis d'éviter ces écueils. Nous avons fait l'euro; et avec la monnaie commune, c'est un pas décisif qui a été franchi dans la construction de l'Union. Et nous l'avons fait avec les pays du Sud, évitant ainsi la fracture en Europe. L'euro devient ainsi l'instrument monétaire de la première puissance économique mondiale; il existera face au dollar et entraînera, inévitablement, quelles qu'en soient les formes, une coordination des politiques économiques, budgétaires et fiscales des pays concernés. Le Conseil de l'euro commence à exister et les réunions régulières des ministres de l'Économie et des Finances des pays européens constitueront le contrepoids politique naturel de la Banque centrale européenne. Avec l'euro, nous avons aussi mis l'emploi au cur des priorités européennes. Le Conseil des chefs d'État et de gouvernement a décidé la mise en commun des bonnes pratiques de lutte contre le chômage, le prochain Conseil de Cardiff examinera les plans pour l'emploi présentés par chaque gouvernement. Dès à présent, le plan français a été considéré comme exemplaire; et, là encore, cette démarche commune n'était pas une évidence, il y a un an. Parallèlement, la commission a introduit, avec un document intitulé "Agenda 2000", des propositions de réforme de la politique agricole commune et des fonds structurels. Comme tout changement, ces propositions suscitent inquiétudes et débats. Il appartiendra aux ministres concernés de défendre nos intérêts et le dernier mot reviendra, non pas comme on le dit souvent à "une technocratie anonyme", mais aux chefs d'État et de gouvernement qui sont l'autorité politique légitime de l'Europe en construction. Cependant, ce que nous appelons "l'Europe politique" cherche encore sa dimension définitive. Le principe de l'élargissement a été accepté par tous et les négociations avec les pays candidats s'engagent. Nous avons regretté l'échec de la Conférence intergouvernementale à propos des réformes institutionnelles nécessaires pour permettre un bon fonctionnement de l'Europe élargie. Il est clair qu'à nos yeux l'approfondissement précède l'élargissement et que tous les pays membres de l'Union doivent maintenant prendre conscience de la nécessité d'une redéfinition des pouvoirs qui porte à la fois sur la pondération des voix, l'extension du vote à la majorité qualifiée et la réforme de la Commission. Mais la construction de l'Europe est moins un problème institutionnel qu'une volonté politique des peuples concernés. La création de l'euro, la mise en place d'un gouvernement économique, la réforme des politiques communes, l'élargissement sont des étapes. C'est à l'occasion des élections européennes de juin 1999 que les citoyens interviendront de façon décisive dans ce processus. Les partis socialistes européens ont décidé d'unir leurs efforts en ce sens. Un manifeste du PSE permettra en fin d'année d'aborder cette campagne électorale sur des bases communes. Ainsi, peu à peu, l'Europe se construit sans effacer les cultures, les histoires particulières de chacune des nations qui la composent. Cette Fédération d'États-nations n'obéit ni à un modèle préexistant ni à une idéologie constituée. Elle est ce que nous en ferons, ce que les peuples, les partis, les gouvernements voudront qu'elle soit. Les socialistes doivent y participer avec détermination. |
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