Pour un nouveau féminisme

Marion Paoletti
Marion
Paoletti

 Contribution thématique au congrès national de Dijon présentée par Laurence Rossignol, Marion Paoletti, Lucile Schmid, Lucie Marinier et Yvette Roudy.
18 janvier 2003

 
 Sa mère lui a raconté qu'elle avait du batailler ferme pour pouvoir porter des mini-jupes et aller au café. Natacha ne met jamais de mini-jupe et fuit les cafés. Il faut être transparente pour traverser la cité. C'est la condition pour avoir la paix. Se faire toute petite, ne pas exister. C'est comme cela que Samira s'est mise au voile. C'est pas pour l'Islam, c'est pour être tranquille !

 Depuis qu’ils ont fermé toutes les usines textiles, Maryse est passée du chômage au RMI, de la quarantaine à la cinquantaine, d’une famille à la solitude. Son propriétaire reprend son appartement. Elle connaît la suite. Depuis qu’elle écume les bureaux d’aide sociale, elle en en a croisé tellement d’autres dans lesquelles elle s’est reconnue deux ans plus tard.

 « Tout se joue avant trois ans » se répète Catherine en sortant de chez un client dont il a encore fallu encaisser les vannes grasses avec le sourire commercial. Et si tout était déjà joué, ce soir, quand elle ira chercher son marmot ?Je le récupère chez la nourrice déjà lavé, prêt à être mis au lit. Je le vois jamais ! C’est de ma faute...

 Farida a 25 ans, un BTS de technico-commerciale et des rondeurs. Elle est emploi-jeune, pourtant si elle voulait bien changer son prénom et perdre quelques kilos…peut-être aurait-on un job à lui proposer.

Pour elles, la parité n’a rien changé ! Les cités ont continué à se déglinguer et les garçons à dériver. Toujours pas de boulot pour Maryse. Et Catherine hésite encore pour le deuxième. Ce sont les femmes qui vivent en France. Elles, leurs mères, leurs sœurs. Bien sûr, certaines savent manier les outils de l’émancipation, ont appris à serrer les dents pour être les meilleures à l’école, les meilleures au boulot. A quel prix ? Bonnes mères, bonnes secrétaires, bonnes épouses, bonnes amantes, bonnes DRH, bonnes militantes. Jamais prises en faute, nulle part. Elles sont lasses. Fatiguées que les règles n’aient pas changé depuis qu’elles sont entrées dans le jeu. Leur pouvoir d’achat et leur autonomie n’ont pas pour autant fait d’elles des femmes qui ont accédé à l’égalité. A quelques pas de celles-ci, d’autres s’enfoncent dans la misère et l’échec.

Dans le monde, les femmes produisent 66% du travail, reçoivent 10 % des richesses et en possèdent 1 %. En France, leurs salaires sont en moyenne inférieurs de 25 % à ceux des hommes. Les 35 heures se sont traduites, pour elles, en temps supplémentaire pour s’occuper de la maison et, pour les hommes, en temps de loisir. 7 % des cadres sont des femmes. Les familles monoparentales sont, à 99 %, des femmes seules qui élèvent leurs enfants. 2 millions de femmes sont victimes de violences conjugales.

Ces quelques chiffres sont une raison suffisante pour refonder l’idéal socialiste en affirmant sa dimension féministe. Il n’y a pas de pente naturelle vers l’égalité entre les sexes. Seul un volontarisme politique conscient de l’oppression spécifique des femmes peut emporter la bataille culturelle en faveur de l’égalité entre les sexes et de l’émancipation des femmes. Ce combat féministe nous concerne tous, hommes et femmes. Il est la traduction directe de l’idéal égalitaire qui porte les socialistes. Lionel JOSPIN a été le premier homme d’État à se revendiquer comme féministe. Comme chef de gouvernement, il a consacré l’égalité dans les droits de la famille et des personnes et porté une loi fondatrice : la parité politique.

Mais les fruits de ces révolutions se sont dilués, faute d’être relayés et portés par le Parti Socialiste. La parité est devenue une politique de quotas. Les circonscriptions femmes ont constitué le fonds de réserve des accords avec les partenaires. Le PS a préféré payer l’impôt femmes, comme les entreprises achètent le droit de polluer. Faute d’avoir inscrit la parité dans un projet féministe global et plus vaste, faute d’avoir pris en compte la diversité des inégalités, l’avancée de la parité n’a pas concerné toutes les femmes.

Pour nous, la parité n’est pas justifiée par le présupposé que les femmes feraient naturellement de la politique autrement, mais par l’idée que le partage de l’espace démocratique bouleverse l’ordre établi et change la politique. Le féminisme est à la fois, un ferment idéologique de progrès et de transformation sociale et un outil de résistance à la sainte alliance du désordre libéral et de l’ordre moral !

Deux facteurs rendent plus difficile le combat féministe : le premier est certainement la diversité des situations des femmes par rapport au travail, à l’éducation, à la famille, à la place dans l’espace public et l’espace privé. La parité est une avancée symbolique essentielle et doit se traduire concrètement. Mais aujourd’hui combien de femmes ont d’abord des difficultés de vie quotidienne, d’organisation des temps de leur vie, de solitude face à leurs responsabilités au travail et dans leur famille ? La situation des femmes recouvre de vraies urgences sociales. Le second facteur tient à ce que nous vivons une nouvelle étape du féminisme. Aujourd’hui plus que de conquêtes spécifiques pour les femmes il s’agit de repenser l’organisation même de la société : travail, loisirs, éducation. Il s’agit aussi de repenser une répartition de tâches qui relèvent de l’espace privé et qui touchent à une forme d’intimité et à des habitudes culturelles. On comprend donc que ce nouveau féminisme est tout aussi important que celui des années 1970, mais qu’il est très ardu à mener. On comprend aussi que parce qu’il touche à l’espace privé et aux habitudes culturelles, s’il n’est pas porté par des institutions comme l’école, le risque existe qu’il ne se diffuse pas de la même manière au sein de la société. Et que la différence des conditions entre femmes s’accentue.

Le sort réservé aux femmes est le miroir grossissant de notre société Les inégalités de salaires, l’enfermement dans le travail précaire traduisent le retour d’un capitalisme d’exploitation. Les violences subies par les femmes sont aussi la conséquence des situations d’exclusion, de chômage, de dégradation du lien social qui touchent un nombre croissant de personnes. Nous sommes une société qui discrimine, qui enferme et exclut les femmes, particulièrement celles de milieux défavorisés. Et ce n’est pas un hasard si c’est par des jeunes filles issues de l’immigration que s’exprime aujourd’hui la synthèse d’un nouveau féminisme qui s’insurge tout à la fois contre les violences, l’enfermement, la négation de leur liberté sexuelle et les inégalités sociales.

Mener la bataille culturelle pour la mixité et l’égalité, porter les propositions qui la traduiront, sont aussi une méthode pour refonder la gauche.

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I/ Tout se partage !

 
Les femmes sont massivement entrées dans le monde du travail, en en assumant seules les conséquences : l’organisation des entreprises n’a pas évolué, les services publics n’ont pas suivi, la redéfinition des rôles hommes/femmes change lentement.

Les femmes continuent à assurer plus de 80% de la production domestique en plus de leur travail et de leurs autres activités. La déréglementation et la flexibilité les fragilisent encore d’avantage, elles constituent la majorité des salariés qui travaillent le dimanche. Notre objectif est double : libérer les femmes des tâches domestiques qui leur incombent quasi-exclusivement. Libérer les hommes du travail pour les autoriser à vivre leur identité plurielle de père, de fils, d’amant, d’ami, de militant… Il s’agit de traduire que le travail n’est pas la seule richesse d’une société. Une action publique multi-formes est nécessaire pour assurer un équilibre dans les rôles remplis par les deux sexes, source d’égalité et d’épanouissement.

Par l’égalité professionnelle

       Après l’incitation, la sanction ! 20 plus tard et malgré la volonté politique qui la portait, la loi ROUDY n’a contraint ni la fonction publique, ni les entreprises privées à faire progresser l’égalité professionnelle. Les écarts de salaire, de qualification et la précarité se maintiennent à niveau quasi-constant. Nous sommes au terme de ce que nous pouvions espérer d’un dispositif incitatif. Il est donc temps de compléter la loi de 1983 d’un volet de sanctions permettant à l’Inspection du travail de dresser des procès-verbaux, sur la base desquels, le juge pourra exiger le respect de la loi.

       Des campagnes d’information pour le respect des femmes dans les entreprises, pour que la maternité et l’éducation des enfants ne soient plus vécues par les femmes comme une maladie honteuse.

       La défense et la refonte des 35 heures ! Pour libérer les femmes des tâches domestiques, il faut libérer les hommes du travail ! La réduction du temps de travail est loin d’être achevée.

       85 % des salariés à temps partiel sont des femmes. Alors que les femmes sont entrées sur le marché du travail à temps plein, elles ont progressivement été contraintes au temps partiel. 60 % des temps partiel sont subis et non choisis. Encouragées, par des exonérations de cotisations, à développer le temps partiel, les entreprises en ont fait un mode d’organisation du travail qui s’est retourné contre les femmes. Il est donc urgent de supprimer ces exonérations, pour garantir un vrai temps partiel choisi par les hommes comme par les femmes. Il est aussi nécessaire de protéger les salariés qui sont déjà à temps partiel d’une flexibilité qui fait varier les horaires au mois ou à l’année et perturbe gravement la vie familiale.

       Des mesures de discrimination positive pour assurer la promotion des femmes. Une fonctionnaire qui passe des concours internes doit bien souvent choisir entre promotion et enfants !

Par une politique familiale féministe et l’adaptation des services publics aux besoins nouveaux des parents.

    De réformes en réformes, la politique familiale n’a plus de sens collectif. Celle que nous proposons doit afficher son ambition : libérer les femmes de la double journée et de la double culpabilité qui freinent leur épanouissement et leur égal accès à l’emploi. Pour toutes, qu’elles vivent ou non seules, la prise en charge publique des modes de garde individuels et collectifs est la clef de voûte.

       La priorité doit aller aux modes d’accueil collectifs car c’est là que l’écart entre le besoin et l’offre est le plus grand. Cette priorité doit obéir aux règles du service public, en particulier d’égalité d’accès des usagers et d’obligation de financement par les collectivités territoriales. Aujourd’hui, seulement 8 % des enfants sont gardés en crèche. Il faut se fixer un objectif de doublement des capacités d’accueil en crèches dans les cinq années à venir dans l’ensemble des grandes agglomérations, en donnant la priorité aux quartiers défavorisés.

       Après la création du congé de naissance pour les pères, qui facilite les liens père/enfant, il faut poursuivre dans cette direction d’une éducation partagée. Nous optons, par ailleurs, pour l’extinction de l’APE qui n’est qu’un salaire maternel déguisé et le transfert des sommes qui y sont consacrées sur le développement des modes de garde.

       L’imposition séparée est indispensable à la mise en œuvre d’une politique égalitaire d’accès au travail et aux revenus dans la mesure où elle ne se traduirait pas par une augmentation des impôts pour les familles.

       L’incitation faite par la loi aux collectivités locales de développer les « bureaux des temps » est nécessaire. Il s’agit non seulement d’expériences nécessaires à l’harmonisation des vies professionnelles et privées mais aussi des démarches prometteuses de démocratie locale.

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II/ Le droit à la dignité

 
Qu’elles soient célibataires ou en couple, au travail, au chômage ou au foyer, au minimum vieillesse ou à l’allocation de parent isolé, assujetties à l’impôt sur la fortune ou dans des quartiers d’immigration, lesbiennes ou hétérosexuelles, les femmes sont victimes de discriminations spécifiques et toujours soumises à des humiliations inhérentes à leur sexe.

La loi antisexiste tant attendue doit enfin être déposée, et faire l’objet d’une campagne de masse du Parti socialiste. Cette loi doit s’articuler avec les dispositifs prévus en matière de harcèlement moral et de discriminations au travail.

C’est non seulement contre la violence faite aujourd’hui au corps et à la sexualité des femmes qu’il faut lutter, mais aussi contre les stéréotypes sexués véhiculés en direction du plus jeune âge.

Lutter contre la marchandisation du corps

    Tout ce qui s‘achète se vole ! Aussi longtemps que les corps seront exposés et considérés comme des objets, il sera toujours possible d’en abuser au mépris du consentement et du désir de l’autre.

    L’égalité ne peut s’accommoder de la prostitution qui n’est ni un mal nécessaire, ni le plus vieux métier du monde. Nous sommes abolitionnistes par philosophie. Ce débat, ainsi que celui des représentations et des images des femmes (et aussi des hommes…), doivent être portés devant la société pour déterminer le cadre législatif le plus pertinent pour lutter contre la prostitution et le sexisme. Face au mouvement en faveur de la liberté de prostitution, nous affirmons n’avoir rien à partager avec cet esthétisme bourgeois travesti des oripeaux du féminisme. Dans le même esprit, la complaisance et la confusion qui s’installent dans nos propres rangs ou chez nos compagnons de route doivent être débattues et combattues : quelle tristesse de lire sous la plume d’Elisabeth Badinter que la liberté de prostitution relève du droit de disposer de son corps comme la liberté d’avorter ! Quelle inquiétude d’entendre notre camarade Alain Vidalies dire que l’expression « travailleur du sexe » ne doit pas être taboue !

    Et pour soutenir le développement du clonage thérapeutique, sont ils prêts à accepter la création d’un grand marché des ovocytes, prélevés par des interventions lourdes sur des femmes qui n’ont rien d’autre à vendre ? A celles-ci réserverons nous le statut de travailleuses des ovaires ?

       Pour ce qui relève de la loi française, le prélèvement d’ovocytes chez les femmes, indispensable au clonage thérapeutique doit être soumis à leur consentement « libre et éclairé » comme dans tout don d’organes.

       La possibilité d’accoucher sous X devra être préservée en aménageant la possibilité pour l’enfant de connaître ses origines, sous réserve de l’acceptation de la mère.

Lutter contre les violences spécifiques

    Sous le mot « insécurité » se cachent des réalités différentes. Que les incendies de voitures diminuent est une bonne chose. Mais pour la même année 2002, les viols ont augmenté de près de 10 % et les crimes de 26 %. Les victimes des violences sexuelles et conjugales ne sont pas asexuées : ce sont principalement des femmes. Dans nos analyses et nos propositions, nous devons clairement dire qu’il existe une violence spécifique qui s’exerce à l’encontre des femmes et qu’elle appelle un traitement spécifique. Pour cela, les statistiques et les enquêtes sur les victimes doivent être sexuées (comme les chiffres du chômage ou de la pauvreté).

    Il est nécessaire d’accroître la formation et la sensibilisation des personnels de police aux violences que subissent les femmes et de féminiser les corps de fonctionnaires de police. Pour une plus grande efficacité de la justice et un meilleur accueil des victimes il est utile de créer, dans les tribunaux, un pôle spécifique chargé des violences sexuelles, au même titre qu’ il existe un pôle financier ou un pôle antiterroriste.

Enseigner le respect de l’autre pour promouvoir une sexualité choisie pour chacun

    La régression que dénoncent les jeunes filles les plus exposées au machisme, aux phénomènes de bande et à la violence est la partie émergée de la domination masculine. Sommées de choisir entre l’enfermement et l’humiliation, elles sont progressivement exclues de l’espace public, renvoyées à la préhistoire des femmes.
    Aujourd’hui, la norme dominante, quoiqu’en disent les procureurs du procès contre mai 68, est celle des hommes hétérosexuels et virils. Elle n’opprime d’ailleurs pas que les femmes : bon nombre d’hommes refusent de s’y conformer !

    C’est avant tout une bataille culturelle qu’il faut mener, et dans les quartiers populaires, il faut la conduire avec des moyens et des objectifs clairs :les politiques sociales, associatives et éducatives dans les quartiers doivent être prioritairement orientées vers les filles pour les soutenir. Les politiques de prévention doivent avoir comme première perspective de présenter aux garçons une autre image positive d’eux mêmes que celle de la violence machiste et du mépris. L’égalité entre les hommes et les femmes est une idée laïque, contraire à l’ensemble des religions et la vigilance par rapport à la laïcité est une dimension indissociable du féminisme. L’espace public laïque est celui dans lequel chacun évolue en toute égalité, quels que soient son sexe, sa religion, son origine.

    L’attention portée à la condition des femmes dans les quartiers doit donc aller de pair avec une vraie éducation à la citoyenneté pour tous, hommes et femmes de toutes générations. Respect de l’espace public et des lois, participation associative, contrôle de l’intégrisme religieux sont au coeur de ce processus. Il implique une présence active des services publics, notamment sociaux dans ces quartiers qui doivent rester des lieux de présence prioritaire de l’État. Cela doit se traduire dans les moyens et les choix budgétaires.

Une culture de l'égalité

    Il ne faut pas sous estimer les résistances culturelles à l’égalité entre les sexes, surtout quand le désordre libéral consonne avec l’ordre conservateur. Tous les leviers culturels seront mobilisés, en particulier des campagnes d’information pour le respect des femmes dans les entreprises mais aussi une véritable politique antisexiste dans l’éducation, la transmissions des connaissances et l’orientation scolaire. Pour cela, il est nécessaire d’inciter les enseignants à lutter contre la reproduction des inégalités sexuées.

    L’enseignement de l’histoire des rapports entre les sexes devra être développé. Plus largement, la féminisation de la langue française devra amener notamment à parler de droits humains à la place de l’expression historiquement située de « droits de l’homme ». Il faut résister à la campagne engagée contre la mixité scolaire au prétexte qu’elle amplifierait la violence scolaire et fragiliserait les garçons ! Bien que l’école reproduise les inégalités sexuées, comme les inégalités sociales, l’école mixte est une condition nécessaire aux progrès de l’égalité et le lieu où filles et garçons apprennent à vivre ensemble. Pour les mêmes raisons, nous nous opposons à la suppression du collège unique qui réserverait la mixité à l’élite.

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III/ Développer la contraception et assurer l’égalité d’accès à l’IVG

 
La loi du 4 juillet 2001, a été incontestablement pour les femmes une nouvelle avancée. Cependant de nombreuses difficultés persistent : Quelle réponse donner aux femmes, et tout particulièrement aux mineures, qui demandent une IVG au-delà des douze semaines légales ? Quels moyens budgétaires pour l'information à la contraception et à l'avortement ? Où en est la formation des personnels dans les milieux hospitaliers ? L’information dans les établissements scolaires reste très insuffisante. Peu de postes d’infirmières scolaires et la sexualité reste un sujet tabou. Il y a peu de structures adaptées notamment dans les quartiers en difficulté.

Nous proposons donc :
     Un véritable statut pour les personnels médicaux des centres de contraception et d’IVG.
     La mise en place de programmes de formation et de sensibilisation à destination des travailleurs sociaux, des infirmières et des médecins amenés à participer aux IVG : non seulement pour valoriser à leurs yeux le droit à l’avortement mais aussi pour les préparer à affronter les commandos anti-IVG
     Une meilleure formation des personnels à l’accueil des femmes : enseignement médical et psychologique, avec des professionnels plus disponibles et plus nombreux
     La création de structures de formation permanente avec la participation du mouvement associatif.
     Pour les mineures et les femmes qui ont dépassé le délai de 12 semaines le recours à l’IVG doit pouvoir être rendu possible lors de situations dramatiques
     Le remboursement à 100 % des moyens de contraception et des spermicides.
     L’accès sans condition à l’IVG pour les femmes d’origine étrangère (disparition des conditions de résidences)
     Toutes les femmes étrangères de moins de 18 ans qui en font la demande doivent pouvoir avoir accès à la pilule du lendemain gratuitement en pharmacie, sans prescription ni autorisation parentale.
     Des sanctions pour toute entrave à l’application de la loi : plusieurs hôpitaux ont continué d'exiger des femmes qu'elles produisent l'attestation d'entretien social alors que ce n'est plus obligatoire depuis le 5 juillet 2002. Ils exigent également, pour les mineures, la présence des parents alors que même l'autorisation parentale n'est plus obligatoire.
Les liens historiques que le Parti socialiste avait su tisser avec les associations agissant en faveur de la maîtrise des naissances doivent être maintenus et renforcés.

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IV/ Pour une mondialisation féministe

 
 Par solidarité internationale, la France doit reconnaître le statut de réfugiée politique à toute femme menacée de mutilation sexuelle ou toute autre atteinte à ses droits fondamentaux (intégrité physique, liberté d’aller et venir, droit à l’éducation et au travail).

 La reconnaissance des droits des femmes notamment à disposer de leur corps (contraception et IVG) doit être une condition incontournable pour l’accès des pays candidats à l’Union Européenne. La Constitution Européenne en préparation doit nécessairement proclamer l’égalité entre hommes et femmes.

 Le développement actuel au niveau mondial de la commercialisation du corps des femmes (prostitution, réseaux de mères porteuses, trafic d’ovocytes) rend obligatoire une condamnation mondiale sous l’égide de l’ONU.

Le mouvement pour une autre mondialisation, tel qu’il s’exprime et se construit autour du Forum Social de Porto Alegre, est un point d’appui fort pour combattre la surpauvreté des femmes dans le monde. Nous en sommes aussi partie prenante, à ce titre.

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V/ La rénovation féministe du Parti socialiste

 

Changeons la politique et la démocratie !

    La Vème République est peu favorable aux femmes. Les logiques implacables de la Vème République leur ont été très défavorables, alors même qu’elles avaient jusque là exercé de manière prometteuse leur tardive citoyenneté. La conception verticale et présidentialiste du pouvoir incarné par un homme avec l’élection présidentielle est en cause. De même que la prime au notable territorialement implanté avec le mode de scrutin uninominal majoritaire à deux tours. Cette présidentialisation du pouvoir ne s’est d’ailleurs par arrangé avec une décentralisation qui consolide la logique des fiefs. Le pouvoir des patrons de collectivité locale est fortement personnalisé.

    C’est pourquoi nous voulons rompre avec cette conception verticale et descendante du pouvoir. Par une République ouverte, aérée par une limitation stricte des mandats et par un statut de l’élu. Contre la culture de la technocratie et de l’irresponsabilité politique, il s’agit d’assurer une meilleure représentation politique et une plus grande participation, un plus fort contrôle citoyen et de promouvoir une culture et une obligation de compte-rendus chez les élus.
    En ce sens, notre objectif est la généralisation des scrutins de liste, aménagés pour assurer une majorité. Le mandat unique doit imprimer une nouvelle façon d’exercer la politique qui mette un terme aux baronnies et au monopole des pouvoirs. Et la mise en place du statut de l’élu, qui semble faire consensus, permettra d’ouvrir au plus grand nombre l’accès aux fonctions électives. La loi sur la parité doit être aménagée et étendue aux exécutifs ainsi qu’aux intercommunalités en rendant impossible après l’élection la modification de l’ordre de la liste présentée aux électeurs. Pour les élections sénatoriales et législatives, vue l’application cynique de la parité, les partis ne respectant pas la parité se verront refuser dorénavant la totalité de leur subvention. Les réformes électorales doivent être conçues ou combattues en tenant compte du critère de la parité : le font-elles progresser ou reculer ? Dès maintenant, il faut s’opposer au projet de réforme des élections européennes s’il doit mette en cause la représentation paritaire de la France à Strasbourg.

    L’exigence de parité dans la représentation ne doit pas être limitée à la représentation politique, elle doit aussi s’appliquer à tout le champs de la démocratie sociale et s’appliquer dans le même esprit aux organisations syndicales et aux élections représentatives des salariés : élections professionnelles, prud’homales, caisses de sécurité sociale etc…

Changeons le Parti socialiste

    Les citoyens sans plan de carrière ont souvent du mal à trouver leur place dans le Parti socialiste. Nombreuses sont les femmes qui considèrent qu’on y perd, au mieux son temps, au pire son âme !
    C’est toute la pratique militante d’une machine purement électorale, professionnalisée, verticale, notabiliaire qui est rejetée.

    La parité ne sera égalité que lorsque les femmes ne seront plus choisies et parrainées par des hommes, heureuses bénéficiaires du fait du prince ou de ses barons.

    Lorsque les secrétaires nationaux chargés de compter les mandats, de préparer les congrès et de désigner les candidats seront des femmes alors, l’égalité aura progressé ! Pour y parvenir, il convient, d’abord, d’appliquer dès ce congrès la parité dans toutes les instances, des bureaux de section au secrétariat national !

    Mais il ne suffit pas que les statuts changent. Les pratiques doivent évoluer. Celles qui consistent à faire prendre en charge la parité par les minorités dans les listes proportionnelles, par exemple. C’est une culture qui doit évoluer : nos structures de formation ou de recherche (l'Ours, Condorcet, Jean Jaurès) doivent intégrer dans leur travaux l’histoire des femmes, de leur oppression, de leurs luttes.

    Dans les mois à venir, le Parti organisera une convention sur la nouvelle étape de transformation sociale qu’exige l’évolution des rapports hommes/femmes et de leurs rôles respectifs. Cette réflexion s’inscrira dans l’élaboration du programme de gouvernement que le Parti se doit de proposer au pays.

    Que le Parti socialiste se dise féministe et qu’il fasse ce qu’il dit, et nous pourrons être fiers de sa mixité et de son action pour l’égalité.

Contribution présentée par :

Laurence Rossignol SN, membre du conseil national, Oise  Marion Paoletti Gironde  Lucile Schmid Hauts-de-Seine  Lucie Marinier Paris  Yvette Roudy  Mohamed Abdi Val-de-Marne  François Adibi Paris  Yannick Ainouche Val-d'Oise  Hicham Affane  David Assouline Paris  Magali Audebert, Sarah Benichou Paris  Guillaume Balas Paris  Delphine Batho membre du bureau national, membre du conseil national, Essonne  Armand Bonammy membre du bureau fédéral, Isère  Corine Barlis Paris  Corinne Bord CCF, Hauts-de-Seine  Dominique Boy-Mottard membre du bureau fédéral, Alpes-Maritime  Dominique Bouissou Paris  Colombe Brossel Paris  François Carbonnel membre du bureau fédéral, Haute-Garonne  Antoine Casini membre du bureau fédéral, Calvados  Sandrine Charnoz Paris  Anne-Julie Clary Alpes-Maritime  Suzanne Coulet membre du secrétariat fédéral du Gard  Emmanuel Chumatchier membre du secrétariat fédéral de l'Isère  Elyette Croset-Bay CF, DF Isère  Olivier Daronat Paris  Harlem Désir membre du conseil national, membre du bureau national Seine-Saint-Denis  Jean-Jacques Dret Val-de-Marne  Julien Dray membre du bureau national, Essonne  Aude Évin Paris  Frédéric Faravel Val-d'Oise  Christiane Farigoule Loire  Gérard Filoche membre du conseil national, membre du bureau national, Seine-et-Marne  Nathalie Fortis Paris  Samia Ghali membre du conseil national, membre du bureau fédéral des Bouches-du-Rhône  Olivier Giradin Paris, délégué national  Benoît Hamon membre du bureau nationalEssonne  Adeline Hazan secrétaire national, membre du conseil national, Marne  Régis Juanico membre du conseil national, Loire  Denis Lapoire Gironde  Claire Leflecher Paris  Magali Lefrançois membre du bureau fédéral Calvados Olivier Leonhardt Essonne  Annie Claude Leuliette Somme  Yann Librati Alpes-Maritime  Sonia Marcelot Marne(  Bertrand Masson 54  Laure Masson secrétaire fédéral de l'Isère  Delphine Mayrargue membre du conseil national, secrétaire fédéral du Nord  Sonia Marcelot Marne  Bernadette Merchez membre du conseil national  Arnaud Montebourg Saône-et-Loire  Ghislaine Marot Paris  Hugues Nancy, Jean-François Noel membre du conseil national, Essonne  Pascal Noury Essonne  Hélène Orain Paris  Vincent Peillon membre du conseil national, membre du bureau national, Somme  Geneviève Perrin-Gaillard Deux-Sèvres  Yannick Piau Val-de-Marne  Laurent Pieuchot Hauts-de-Seine  Josy Pouyeto membre du conseil national, 64  Eric Quenard Marne  Pernelle Richardot membre du conseil national, Bas-Rhin  Jacques Rigaudiat Hauts-de-Seine  Michèle Rivasi 26  Barbara Romagnan membre du secrétariat fédéral du Rhône Isabelle Rauch  Ségolène Royal Deux-Sèvres  Jérôme Saddier Rhône  Nathalie Samidi membre du conseil national,CF 62  Elsa Seys Paris  Nassera Si-Ali Essonne  Françoise Seligman Paris  Rémi Skoutelski Paris  Séverine Tessier Hauts-de-Seine  Catherine Veyssy Gironde  Pauline Veron Paris
Et avec, Denise Cacheux et Véronique Neiertz



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