La gauche est dans la même situation que la droite après sa défaite de 1997

Vincent Peillon
Entretien avec Vincent Peillon, porte-parole du Parti socialiste, paru dans le quotidien Le Monde daté du 12 décembre 2002
Propos recueillis par Daniel Psenny
 

Dans son opposition au gouvernement Raffarin, le PS reste inaudible. Comment expliquez-vous cette situation ?
Après l'installation d'un nouveau gouvernement, il y a toujours un temps d'attente par rapport à son action. Pour l'opposition, et particulièrement le PS, qui en est sa principale composante, il y a deux règles : avoir quelque chose à dire et avoir le sentiment d'être en connexion avec le réel, sans être dans un exercice formel.
Pour cela, il faut avoir défini un point de vue commun. La gauche est dans la même situation que la droite après sa défaite en 1997. Les socialistes doivent savoir maîtriser le temps et retrouver une clarté politique.

Malgré cinq ans de gouvernement, le PS a t-il encore une lisibilité politique sur les questions de sécurité ainsi que sur ses choix économiques et sociaux ?
Il est certain que notre lisibilité politique est brouillée. Après cinq années de gouvernement et de sérieux revers électoraux, il est nécessaire de s'interroger et de prendre du recul pour élaborer nos réflexions. Les échéances électorales sont encore loin. Il ne faut rien brusquer. Les Français ne jugent pas les hommes politiques sur leurs discours, mais sur leurs actes et leurs résultats. Pour l'instant, la droite agit en démolissant tout ce que la gauche a construit. Le projet de loi sur la sécurité de Nicolas Sarkozy fait illusion, mais le ministre de l'intérieur se contente de s'attaquer aux effets de l'insécurité, et non pas à ses causes. D'un point de vue économique et social, le gouvernement Raffarin renoue avec la spirale du chômage en appliquant une politique qui n'est pas au service des entreprises et encore moins au service des salariés. Il s'attaque aux 35 heures, foule aux pieds le dialogue social et remet en cause les dispositions qui encadraient les licenciements. La droite fait clairement des choix idéologiques.

Le PS ne contribue-t-il pas lui-même à brouiller son image politique en commettant quelques erreurs, comme par exemple d'envoyer Elisabeth Guigou porter la contradiction à Nicolas Sarkozy, lundi soir sur France 2  ?
C'était un exercice difficile pour Elisabeth Guigou, mais il était courageux. Cela étant, il faudra sans doute que certains responsables socialistes comprennent qu'une certaine distance avec les médias est parfois nécessaire. Un peu de retrait et de pudeur peut être utile à l'intérêt général. Il est sans doute regrettable que le choix de répondre à une invitation sur un plateau de télévision soit pris individuellement et non pas collectivement.

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