Mettre en cohérence nos discours et nos actes

Vincent Peillon
Intervention de Vincent Peillon, co-animateur du Nouveau Parti socialiste, lors du Conseil national du Parti socialiste du 3 avril 2004.


 
Chers amis, chers camarades,

Ce qu’a enseigné cette campagne que nous avons su faire, rassembler dans le Parti et rassembler à gauche, c’est que les Français, qui souffraient déjà plus que nous le pensions et plus que nous l’aurions souhaité en 2002, souffrent encore bien davantage.

Cette campagne a été une campagne régionale, mais aussi une campagne cantonale. Et donc nous sommes allés à la rencontre et au contact des uns et des autres. Et nous avons pu voir comment les politiques conduites depuis deux ans ont fragilisé profondément le pacte républicain et social, et plongé et rejeté des centaines de milliers de nos concitoyens dans des situations, qu’ils soient jeunes, qu’ils soient personnes âgées, dans des situations aujourd’hui littéralement invivables.

Par rapport à cela, nous avons un certain nombre d’exigences à avoir, et d’abord car nous sommes au centre de ce qui doit et de ce qui est attendu dans ce pays, des exigences vis-à-vis de nous-mêmes. La première, c’est que, si l’on est cohérent et juste, effectivement il n’y a pas contradiction entre le scrutin de 2002 et celui-ci.

Ce qui s’exprime, c’est bien, non pas une crise de la demande politique dans ce pays depuis des années, mais une crise de l’offre politique. Les Français sont prêts à répondre à ceux qui leur traceront un chemin, un chemin de modernité bien sûr, mais aussi un chemin de justice.

Par rapport à cela, ce qui nous a permis de gagner dans cette élection, ce sont des choix de méthodes, le rassemblement du Parti, le rassemblement de la gauche. C’est une orientation politique contre la droite, frontalement, et en même temps dans nos propositions. Nous n’avons pas fait campagne, mes camarades, sur la baisse de la tranche supérieure de l’impôt sur le revenu. Non. Nous n’avons pas fait campagne sur l’ouverture des entreprises de service public. Nous n’avons pas fait campagne, mes camarades, sur l’idée qu’il fallait introduire dans les mécanismes de protection sociale la concurrence. Et nous ne pourrons pas faire croire aux Français que ce que nous jugeons juste au niveau des cantonales et des régionales, ne le serait plus au niveau des politiques nationales et européennes.

Laurent l’a dit fort justement : la question des délocalisations est une question centrale, c’est celle d’ailleurs de l’emploi. Or, dans les politiques que nous avons conduites, y compris lorsque nous étions aux responsabilités, lorsque nous avons voulu intervenir, souvenez-vous de la loi de modernisation sociale, peut-être trop tard, peut-être pas assez, mais pour mettre en place des éléments pour lutter contre ces plans de licenciements, il y avait chez nous malheureusement des voix divergentes.

De la même façon, lorsque nous condamnons les patrons voyous, ceux du Prestige et il y a la question de l'environnement, ceux de Métal Europ dans le Pas-de-Calais, eh bien nous savons et faisons attention à cela, que ce ne sont pas nos présidents de conseils régionaux ou de conseils généraux qui pourront demain apporter des réponses à ces problèmes. C’est au niveau européen et c’est au niveau de la régulation mondiale.

Alors, la vérité de l'Europe, attention à ne pas faire le grand écart. C’est qu’aujourd’hui ce qui se débat en Europe, c’est la semaine de 48 heures. La vérité, c’est que l’harmonisation fiscale n’a pas progressé d’un iota et que ce qui est en train de se passer, c’est la baisse de l’impôt sur les sociétés dans la plupart des pays européens, et une concurrence fiscale qui demeure extrêmement dommageable.

Au cœur de cette campagne, sur le plan local, nous avons eu la question démocratique. Combien elle se pose aussi au niveau européen. Les échéances qui viennent sont de deux sortes : d’abord l'Europe et, c’est cardinal pour notre projet, ensuite le projet.

Sur l'Europe, nous avons à travailler tous ensemble, François, tu as raison, c’est le talisman, gardons-le. Mais nous avons aussi à faire au niveau européen ce que nous avons été capable de faire dans les dernières années au plan national, faire attention à mettre en cohérence nos discours et nos actes. La question est devant nous. Vous avez vu l’installation de Michel Barnier, lui aussi est pour la gouvernance économique, lui aussi est pour une Europe plus sociale. Mais il faudra dire, si nous voulons aussi, comme tu l’as dit, rassembler toute la gauche, alors trouver quelles sont les vraies lignes jaunes, les vraies lignes de clivage. Nous avons besoin d’un débat européen vrai, sincère et juste.

La deuxième rencontre, c’est le projet. Nous sommes prêts à nous y investir. Chacun a compris que nous avons besoin d’un nouveau contrat social, d’un nouveau contrat républicain. Il faut défendre et protéger, mais nous savons aussi qu’il faudra faire des propositions neuves parce que la protection ne suffit pas et parce que, dans le fond, les vieux mécanismes suscitent eux aussi de nouvelles inégalités contre lesquelles nous avons à lutter.

Mais attention, car il y a eu avant la victoire deux campagnes dans la campagne : la campagne du Parti rassemblé et la campagne des candidats à la candidature.

Nous, notre candidat, ce sera et ce ne sera que le projet, le projet de tous les socialistes. Et il faudra veiller, ce sera la responsabilité du Premier secrétaire, nous l’aiderons dans cette direction, à ce que le travail qui commencera après les élections européennes, soit un travail collectif au service d’une ambition, l’ambition de toujours des socialistes, d’abord la lutte pour l’égalité des conditions.


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