La volonté d'une nouvelle dynamique politique
Congrès du Mans - 19 novembre 2005

Discours de Vincent Peillon, député européen
Tribune du Congrès du Mans


 
Mes chers amis, mes chers camarades, on entend depuis ce matin des propos divers et parfois contradictoires. La synthèse serait souhaitable, pour certains nécessaire.

Pour d'autres, elle semble secondaire, voire inutile. Pour ce qui nous concerne, dans une démarche de totale sincérité, nous considérons, étant donné l'état du pays après trois années et demi d'un gouvernement de droite d'une dureté sans précédent qui gouverne par loi d'exception et par ordonnance sur le plan social ; qui en trois ans nous a plongés dans le pessimisme et aiguillonne les peurs et la détestation de la France à l'égard d'elle-même.

Nous considérons aussi, dans l'état du Parti que vous connaissez, que nous connaissons, que nous aimons ensemble, qu'il ne faut pas prendre le dialogue que nous avons noué dans ce congrès comme une affaire secondaire. Elle est au contraire l'essentiel de notre responsabilité de militant et tous ceux qui, à l'extérieur, souffrent des politiques de la droite, tous ceux qui n'ont pas renoncé à un élément d'espoir attendent de nous que, demain, nous annoncions ce rassemblement.

Le rassemblement des socialistes entre eux parce qu'il est la condition du rassemblement de la gauche et parce qu'il est la condition de notre rassemblement avec les Français. Jusqu'à la dernière heure de ce congrès, sans accepter aucun ultimatum, nous poursuivrons jusqu'au bout la nécessité de ce rassemblement.

Mais, mes camarades, les blessures existent, les quiproquos existent, la paresse existe, l'abaissement existe et nous nous y sommes tous livrés ces dernières années, ratées pour la gauche, dans l'opposition comme dans la proposition. Et il faut bien comprendre que, si nous ne voulons pas un rassemblement de façade, le même qu'à Dijon et qui explosa si violemment il y a un an, et dont nous voulons aujourd'hui recoudre les cicatrices, alors il faut que ce rassemblement soit sur ce qu'il y a de meilleur, de commun à toutes les motions. Et ce meilleur, c'est la volonté d'une nouvelle dynamique politique, de la justice sociale, de la réponse à la crise démocratique, institutionnelle, identitaire de la société française. Nous avons les éléments pour le faire, il faut y travailler.

L'Europe est en panne, que vous ayez été pour le oui ou le non, nous avons tous fait campagne ensemble en 2004 et maintenant l'Europe sociale, et leurs plus grands responsables socialistes européens, sociaux démocrates, disent aujourd'hui que le non français comme le non hollandais sont venus du non-respect et d'une des grandes promesses de l'Europe, celle évidemment de la prospérité. Nous avons besoin d'une grande initiative française pour l'Europe, nous avons besoin de réaffirmer ensemble notre engagement et il n'y a pas un Européen convaincu parmi les 25 qui attend cet engagement de Jacques Chirac.

C'est donc vers nous qu'ils se tournent aujourd'hui. Nous devons prendre ensemble cet engagement, nous l'avions pris il y a un an et demi, nous devons le reprendre, l'engagement d'un traité social européen pour relancer même la dynamique institutionnelle, l'engagement d'une Europe fédérale, l'engagement de pouvoir avancer plus vite avec un certain nombre de pays qui le souhaiteraient et la zone Euro est bien entendu la zone privilégiée pour cet engagement.

L'engagement aussi de revenir à la préférence européenne du Traité de Rome et de faire en sorte que, dans l'organisation des marchés régionaux, nous soyons en capacité demain de protéger nos industries et nos commerces comme le font par exemple les États-Unis. Nous avons besoin de construire cette synthèse sur des idées, sur un projet, sur une espérance pour notre jeunesse, pour la France et pour les Européens aussi qui nous attendent.

Nous avons besoin de comprendre ensemble et nous avons tous fait une bonne part du chemin, que la crise économique, que la crise sociale française, h résulte aussi de l'autisme de notre système démocratique, démocratie sociale, démocratie politique, et que le temps est venu de donner les moyens à ceux qui veulent lutter et réformer de pouvoir le faire.

Si pendant quinze ans à exercer les responsabilités nous n'avons pas réussi à faire tout ce que nous voulions, si nous ne sommes pas allés assez loin, c'est qu'il nous a manqué l'énergie de la société, c'est qu'il nous a manqué les moyens institutionnels pour le faire.

Jamais nous ne pourrons mettre en cause la volonté d'Untel ou Untel comme cela a été fait. Mais nous pouvons nous interroger nous interroger sur les instruments dont nous avons besoin pour mener demain les réformes fiscales, les réformes sociales dont nous parlons depuis tellement de temps car, vous l'aurez noté quand même dans nos diverses motions, la plupart des propositions, nous les avons déjà votées, y compris lorsque nous étions au gouvernement. Et le seul problème sérieux que nous devons nous poser, c'est pourquoi nous ne l'avons pas fait.

C'est la question des instruments.

Et c'est pourquoi, après la question européenne, après l'initiative européenne, la deuxième question dont nous parlons sérieusement dans ce congrès, c'est bien celle de la VIème République, d'une République démocratique, sociale, laïque.

Enfin, mes camarades, il va de soi qu'il faut choisir. Nous savons qui nous a quittés au 21 avril 2002, nous savons qui n'était pas présent au 29 mai, nous savons comment les populismes, comment les fascismes, comment les extrémismes se mettent en place là où le prolétariat, là où la classe ouvrière n'a plus de débouché politique et social. Cela reste, vous le savez et vous en avez peur, fort en France et en Europe. Cela reste aussi fort en Europe. Cela nous donne un impératif qui est non seulement économique, bien sûr, relancer la croissance sociale. Comment tolérer des travailleurs pauvres ? Mais aussi démocratique.

Le Parti socialiste doit se tourner en priorité vers les 15 millions de salariés français touchant entre une fois et deux fois le SMIC qui ont vu leurs conditions de vie (pouvoir d'achat, logement, transports, précarité) s'aggraver au cours des dernières années. C'est ceux-là que nous devons reconquérir pour gagner et battre la droite en 2007 !

L'Europe, la démocratie, la reconquête des bases sociales du Parti socialiste, voilà ce que nous devons faire pour accoucher ensemble d'une nouvelle dynamique politique. Et nous avons besoin, pour mener ensemble plus fraternellement, en nous parlant davantage sur le fond, moins d'arrière-pensées, nous avons besoin ensemble aussi d'accoucher d'un nouveau Parti socialiste, de rénover enfin nos modes de fonctionnement, de faire en sorte que nous puissions porter toutes ces idées ouvertes sur les Français, ouvertes sur le mouvement social, associant à nouveau la jeunesse et les intellectuels.

Voilà les quatre propositions que nous avons faites, celles sur lesquelles nous débattons aujourd'hui avec le Premier secrétaire, avec Laurent Fabius, et nous irons jusqu'au bout de la nuit pour faite que cette victoire soit la victoire de tous les socialistes et demain la victoire du peuple français !


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