Il n'y aura aucune alliance avec Fabius

Vincent Peillon
Entretien avec Vincent Peillon, député européen, paru dans le quotidien Le Parisien daté du 14 octobre 2004
propos recueillis par Philippe Martinat


 

Le débat sur la Turquie renforce-t-il votre combat pour le non à la Constitution européenne ?
Le fait que les calendriers se télescopent, c'est, au contraire, une source de confusion. Nous considérons qu'il n'y a, pour l'instant, aucune raison de clore les discussions avec ce grand peuple musulman. Cependant, dans les conditions actuelles, nous ne sommes pas pour l'entrée de la Turquie. Pour une raison forte : l'Union européenne ne s'est donné ni les moyens institutionnels ni les moyens budgétaires pour accueillir dans de bonnes conditions les nouveaux membres.

Pourquoi avez-vous choisi le non à la Constitution ?
Avec la Constitution, l'Europe risque soit la paralysie soit la zone de libre-échange. Les partisans du oui admettent que le texte proposé (qu'ils évitent d'appeler Constitution) pose des problèmes lourds, mais qu'il faut les accepter car on ne pourrait « avoir mieux ». Nous pensons, nous, qu'un refus est la meilleure manière d'imposer un nouveau rapport de force. C'est la technique des Britanniques qui, à force d'imposer des blocages, finissent par obtenir ce qu'ils veulent. Et, notamment, des dérogations sur le plan social et le refus d'une harmonisation fiscale.

Voter non, disent vos adversaires, c'est ouvrir une crise en Europe...
La crise, elle est déjà là. Il y a en Europe deux fois plus de chômage qu'aux Etats-unis, et la croissance y est deux fois moins importante. La stratégie de Lisbonne qui devait doter les Européens des instruments économiques dont ils ont besoin est un échec.

Comment sortir de cette crise ?
La Constitution ne nous fournit pas les moyens d'intervention et de régulation dont les Américains eux-mêmes se sont dotés.

Comment vous considère-t-on à Strasbourg, où le groupe PS est très favorable à la Constitution ?
Au début, nous passions pour des Hurons dans cet univers du politiquement correct. Mais, petit à petit, nos idées cheminent. Il en va de même en France au sein du PS. Les militants ont compris qu'on leur proposait un débat de fond. Ils l'apprécient d'autant plus qu'ils restent, comme tous les Français, sur une frustration après la présidentielle de 2002.

Si le non l'emportait, feriez-vous équipe avec Laurent Fabius ?
Il n'y a ni alliance, ni accord, ni projet commun avec Laurent Fabius et ses amis. Il n'y a entre nous qu'un combat commun sur le non à la Constitution. Seul le débat sur le traité nous intéresse, pas la rivalité Hollande-Fabius. En cas de victoire du non, cela ne remettrait donc en cause ni la fonction de Hollande ni sa personne. Notre projet, c'est le renouvellement des idées.

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