Cessons d'injurier nos camarades

Vincent Peillon


Entretien avec Vincent Peillon, député européen, cofondateur du Nouveau Parti socialiste, paru dans l'hebdomadaire L'Express daté du 4 juillet 2005
Propos recueillis par Elise Karlin


 

Le Nouveau Parti socialiste, dont vous êtes l'un des cofondateurs, présentera sa motion au congrès du Mans, cet automne. Autour de quels thèmes allez-vous la structurer ? Comment la gauche doit-elle se préparer pour l'emporter en 2007 ?
Voilà notre impératif ! Il faut sortir notre pays de la situation catastrophique dans laquelle il s'enfonce : chômage des jeunes qui explose, pouvoir d'achat en berne, croissance encore revue à la baisse - aujourd'hui, 15 millions de Français sont en situation de difficulté. Ils dérivent vers des votes extrêmes, alors qu'il s'agit de la base électorale de la gauche! C'est à eux que nous devons nous adresser prioritairement en proposant une nouvelle offre politique qui puisse leur redonner confiance. Cela suppose de cibler vers eux les politiques publiques (travail, formation, fiscalité, salaires, logement) et, pour réussir, de changer les instruments de l'action publique : réformer l'Etat, les institutions, la démocratie sociale et locale. Cela suppose aussi d'apprendre à penser et à agir dans un contexte européen et globalisé en y menant les combats nécessaires.

Ces questions de fond sont inaudibles, au PS, à cause des querelles de personnes. Vous y participez d'ailleurs largement, Arnaud Montebourg ayant donné l'impression que NPS avait choisi Fabius !
Il s'agit là d'expressions maladroites qui ne correspondent pas à la ligne collectivement adoptée par NPS. Nous refusons le « bloc contre bloc », nous refusons que les querelles de présidentiables soient encore une fois au cœur du débat. Cessons d'injurier nos camarades ! Occupons-nous d'abord de la droite ! Le congrès du Mans sera celui de la dernière chance : il doit être celui du changement d'orientation politique, de la rénovation et du changement d'équipe, et, sur cette base et cette base seulement, du rassemblement de tous. Le “ TSF' ' (Tout sauf Fabius) est ridicule et inadmissible ! Nous ne l'accepterons pas. Mais l'inverse ne vaut pas mieux!

Seriez-vous prêt, comme on l'entend souvent dire dans les couloirs du PS, à être un premier secrétaire d'alternance ?
Quand il n'y a plus de débats de fond, il n'y a plus que des débats de personnes. A mes yeux, c'est d'ailleurs là le véritable échec de François Hollande : tout est désormais, au PS, une question de personnes. La motion Hollande se prépare à nouveau comme celle du grand bazar et des petits calculs personnels : chaque jour, l'un de ses soutiens nous annonce sa candidature à la présidentielle ! Est-ce vraiment la priorité ? Nous devons être acharnés à construire, ensemble, une alternance crédible. Persister dans les erreurs du congrès de Dijon, ce que semble vouloir faire François Hollande, c'est prendre le risque de donner les clefs de la République française à Nicolas Sarkozy.

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