Rendre la gauche possible
seconde partie



 Contribution générale au congrès national du Mans présentée par le Nouveau Parti socialiste (NPS) (12 juillet 2005).



Benoît
Hamon


Arnaud
Montebourg


Christian
Paul

Vincent
Peillon


Geneviève
Perrin-Gaillard


Barbara
Romagnan


Yvette
Roudy


IV – RENOVER LA GAUCHE EN FRANCE

Depuis trois ans la droite agit avec agressivité, brutalité, rapidité. Elle est armée d'une cohérence idéologique forte. Elle est soutenue par des intérêts économiques puissants. Face à cette droite, il faut faire front et mener le combat avec une égale cohérence et une égale détermination. C'est ce que les françaises et les français de gauche attendent de nous. Ils veulent de la clarté et de la force, dans l'opposition comme dans la proposition. L'époque est dure: elle ne se satisfait pas des demi-teintes et des précautions. Nous devons sortir des postures défensives à l'égard du libéralisme pour passer à l'offensive sur les valeurs du socialisme démocratique.

Le projet de Sarkozy, celui auquel il est en train de convertir progressivement toute la droite française, est clair: ultralibéralisme en économie, politique sécuritaire et répressive pour l'ordre public et les nouvelles classes dangereuses, communautés pour gérer les renoncements de l'état laïc. L'argent, la prison, la communauté, voilà les trois piliers du projet de Sarkozy. C'est le modèle américain devant lequel il est allé se prosterner outre-atlantique. C'est la fin du pacte républicain et social. Ce discours volontaire en séduit plus d'un car il se construit et se nourrit des difficultés, des ratés, des échecs du modèle français.

A ce modèle cohérent proposé par la droite américaine, nous devons opposer une autre énergie, une autre volonté, une autre modernité: un pacte républicain et social rénové qui ne fasse pas l'impasse sur ses échecs et affronte ses propres hypocrisies, qui accepte de se rénover en profondeur afin de réconcilier ses valeurs et ses pratiques, son idéal et sa réalité. Il y a une majorité de françaises et de français pour refuser l'aventure proposée par Sarkozy à la condition que nous soyons en capacité, sur nos valeurs, de répondre concrètement aux difficultés existantes et de tracer les perspectives d'un autre avenir. D'autant plus que les françaises et les français sont lucides. Ils savent que Sarkozy, Ministre de l'Intérieur, puis des Finances, puis à nouveau de l'Intérieur, toujours numéro des gouvernements et patron de l'UMP, premier parti de l'actuelle majorité, est comptable du bilan collectif de la droite depuis 2002 comme de son bilan individuel. Pour le bilan collectif il est simple et sans appel: augmentation du chômage, de la précarité et de la pauvreté; déficits des comptes sociaux et des comptes publics, explosion de la dette; diminution des investissements et faiblesse du commerce extérieur; mise à sac des entreprises publiques, appauvrissement de l'éducation nationale, blocage des dépenses d'avenir; baisse du pouvoir d'achat des salariés du privé et du public, mais augmentation de la pression fiscale sur les couches populaires et moyennes. Tout cela au prix de reculs sur les retraites, la protection sociale, le droit du travail.... Ce gouvernement est le plus mauvais gouvernement que la France ait connu depuis le début de la Vème République, pire encore que le gouvernement Juppé, et il fait de la France la lanterne rouge de l'Europe. Quant au bilan personnel de Sarkozy, s'il parle beaucoup, promet plus encore et se met en scène sans pudeur, il est soit nul, soit négatif. Immigration, Corse, collectivités locales, cultes, mais aussi, prix, impôts, dette publique, autant d'échecs de son action et de difficultés aggravées pour la nation!

Nos concitoyennes et nos concitoyens attendent de nous que nous disions clairement ce que nous voulons faire et que nous assumions pleinement, sans complexe, notre projet et nos valeurs. Pour tirer les leçons du 21 avril 2002, pour ouvrir une perspective mobilisatrice et remettre notre pays en mouvement, pour le réconcilier avec lui-même, nous devons nous adresser en priorité aux dix-sept millions de françaises et de français gagnant entre un et deux fois le SMIC que nous avons vocation à représenter, à défendre et à promouvoir, mais qui sont les oubliés de la croissance et des politiques publiques des dernières décennies, ceux qui supportent le poids de la crise.

Toutes les politiques publiques, fiscalité, éducation, travail, formation, logement, santé, services publics, transport doivent être mobilisées et conduites en leur direction prioritaire pour leur permettre de retrouver les chemins de l'optimisme. C'est la condition pour sortir notre pays de l'ornière.

1) D'abord rénover le projet

En France, les chantiers d'un nouveau projet seront aussi urgents qu'innombrables :

    a) Renouveler nos actions pour la croissance et l'emploi

      Renouveler nos actions pour la croissance et l'emploi

    Le premier chantier pour la rénovation de l'action publique en matière économique consistera à faire contribuer le capital aux efforts pour l'emploi quand les profits générés, notamment dans les grands groupes, ne font plus ni l'investissement de demain ni l'emploi d'après demain.

    Cela suppose de s'attaquer aux situations de rente pour mettre l'investissement au service de l'emploi.

    Cela suppose de remettre en cause la politique de la concurrence et d'être capable de s'en servir comme d'un outil de responsabilité sociale des entreprises et cela implique l'utilisation rénovée de la fiscalité des entreprises pour peser sur le partage de la valeur ajoutée. De nouveaux outils doivent être inventés pour discipliner l'économie de marché en imaginant des formes nouvelles d'encadrement des distributions de dividendes.

      Créer des emplois rémunérateurs

    Il faut développer des politiques salariales qui permettent notamment d'améliorer les conditions de vie des 17 millions de salariés qui vivent péniblement avec des salaires compris entre 1 et 2 fois le SMIC et dont le pouvoir d'achat est en gros bloqué depuis 10 ans, quand celui de 1/3 de nos concitoyens les plus aisés a nettement progressé grâce aux baisses d'impôts.

    La question du partage des richesses est au cœur des problèmes que rencontrent les travailleurs : depuis plus de vingt années, depuis l'ouverture en 1983 de la " parenthèse " dans le projet socialiste, la frontière entre salaires et profits s'est peu à peu déplacée au profit des revenus financiers.

    Reprendre ce qui a été ainsi perdu doit permettre tout à la fois de retrouver des marges de manoeuvre pour l'action collective en faisant sauter le tabou stupide de la baisse des prélèvements obligatoires, et d'ouvrir des pistes nouvelles à la nécessaire reprise de la progression du pouvoir d'achat de ceux qui vivent de leur travail.

    Notre pays est en effet marqué par l'importance de plus en plus grande prise par les emplois à bas salaires et par la paupérisation relative de beaucoup parmi les travailleurs les moins qualifiés. Depuis trois années, les salaires stagnent, voire régressent.

    Aujourd'hui 16% des salariés à temps plein sont payés au niveau du SMIC. Revaloriser les salaires est une nécessité sociale absolue, mais revaloriser le seul SMIC n'est pas suffisant. La situation actuelle, en effet, aboutit à ce que les salariés ne touchent que le SMIC pendant de longues années, sinon pendant toute leur vie professionnelle. Il n'y a donc plus de progression de carrière et la seule espérance de pouvoir d'achat supplémentaire est dans la recherche d'heures supplémentaires.

    Cette situation est liée à l'insuffisance des salaires hiérarchiques, tels qu'ils apparaissent dans les accords salariaux : le salaire négocié est une virtualité, le SMIC est le salaire réel. Telle est la réalité.

    Revaloriser les salaires suppose de revitaliser la négociation et de développer la démocratie sociale.

    Pour cela, en s'appuyant sur l'obligation annuelle de négocier que les lois Roudy-Auroux ont instaurée, nous proposons que la discussion salariale dans les branches et les entreprises fasse l'objet d'un suivi collectif régulier : une conférence sur les salaires se tiendra chaque année dans le cadre d'un Conseil d'Orientation des Salaires, instance permanente réunissant l'ensemble des partenaires sociaux et les représentants des principaux groupes présents au Parlement.

    Elle examinera les évolutions macroéconomiques (productivité, croissance, emploi) et les conditions d'évolution du partage des richesses ; elle constatera les évolutions salariales et l'état des négociations dans les différents secteurs. Les manquements à l'obligation de négocier seront sanctionnés et une norme générale d'évolution sera proposée qui s'appliquera en cas de carence de négociation.

      Créer des emplois solides et durables

    Contrairement à ce qui est parfois prétendu, le marché du travail français est déjà ultra flexible. A ceux qui mettent en avant le Danemark, parce que 30% des salariés y changent d'emploi dans l'année, il faut opposer qu'en France ce chiffre est de 40% –hors intérim- ! Nous avons la flexibilité, mais pas la sécurité.

    Lutter contre cette situation nécessite de faire reculer la précarité, c'est-à-dire la flexibilité subie par le salarié. Pour nous, la logique de la flexibilité est incompatible avec l'ordre public social. Les Socialistes ont la responsabilité de le faire respecter et de le renforcer pour protéger les salariés.

    L'intérim, les CDD et le temps partiel subi, qui concerne majoritairement les femmes, ne peuvent s'appliquer que dans des situations particulières, limitativement énumérées par le Code du travail. Chacun sait que ce n'est pas le cas : l'inspection du travail doit avoir les moyens de faire respecter les dispositions légales, elle devra être renforcée.

    Au-delà, ces dispositions seront revues, afin de conduire à un meilleur encadrement, notamment - mais pas seulement - financier : les indemnités de fin de mission ou de contrat seront revalorisées et portées à un niveau supérieur aux 10% actuels et les prélèvements sociaux à la charge de l'employeur (chômage et retraite) seront relevés.

    De même, les dispositions protégeant les salariés du licenciement seront renforcées. Dans le cas de plan sociaux liés à une difficulté économique mettant sérieusement en cause l'existence de l'entreprise, une reconversion conforme aux vœux des salariés devra être systématiquement recherchée.

    Dans le cas de licenciements " boursiers " et de délocalisations, c'est-à-dire de suppressions d'emplois liées non à une difficulté réelle et sérieuse pour l'entreprise mais à la seule recherche d'un taux de profit supérieur, ce sont les procédures préalables à la définition du plan social qui seront renforcées afin d'assurer un véritable contrôle de la part des salariés, les pouvoirs publics doivent pouvoir refuser de telles opérations. De façon plus générale, l'organisation de plus en plus fréquente des groupes en réseau d'entreprises spécialisées et le développement de la sous-traitance en cascade, permettent aux donneurs d'ordre effectifs d'échapper aux responsabilités qui sont les leurs. Celle-ci devra pouvoir être mise en cause ; pour cela des instruments juridiques adéquats seront développés, comme, par exemple, la notion d'unité économique et sociale.

    b) Protéger
    (Cf. contribution thématique NPS : Retraites, santé, chômage et précarité. Face aux insécurités sociales et économiques : conforter la solidarité)

    Et d'abord repenser nos systèmes de protection sociale, les sécuriser dans leur financement et dans leur pérennité. Du côté des dépenses, les évolutions sont connues : le vieillissement déjà engagé de la population et le choc démographique qui s'enclenche à partir de 2006. Le nombre de personnes de plus de 60 ans va doubler en 50 ans, le rapport actif/inactif sur lequel repose le financement des retraites passera de 2 à 1. Ce choc, combiné aux coûts plus élevés du système de santé résultant des progrès technologiques crée l'explosion des besoins financiers pour la retraite et la santé. Le poids des retraites dans la richesse produite passera de 12 % du PIB à 20 % en 2050. Le régime général de sécurité sociale a " perdu " plus de 10 MD d'euro en 2003 après 3,5 MD en 2002. Les seuls gains de la croissance économique ne résoudront pas ces problèmes de financement.

    Une forte croissance et une baisse importante du chômage, faciliteront la solution aux problèmes de déséquilibres financiers qui demeureront. La gauche doit les affronter sauf à laisser la droite les régler par le démantèlement et la privatisation des prestations. Il faudra donc nécessairement faire contribuer plus les revenus du capital au financement de la protection sociale quant aujourd'hui 6 % seulement des recettes en proviennent.

    Les socialistes portent haut et fort la remise en question de la loi Fillon. Ils doivent orienter leur projet de sauvetage du système de retraite vers l'égalité véritable en s'appuyant et en les corrigeant sur les écarts d'espérance de vie et de pénibilité dans le travail. Il est injuste et inacceptable que ceux qui cotisent le plus et le plus longtemps en profitent le moins.

    En moins de trois années, c'est rien moins que l'essentiel de l'édifice de protection face aux insécurités sociales et économiques construit en un peu plus d'un siècle par le mouvement social, qui a été mis à mal. C'est sur ces ruines que nous devrons, demain, reconstruire une protection sociale solidaire et efficace devant l'âge, les problèmes de santé et ceux du chômage et de la précarité devant l'emploi.

    La CSG, qui est une recette fiscale se substituant aux cotisations des salariés, a été créée par les socialistes en 1990 pour assurer le financement des prestations familiales ; elle a, par la suite, été étendue au financement de l'assurance maladie. Il faut compléter cette évolution en créant une CSG se substituant aux cotisations retraites pour autant qu'elles financent la part non contributive des régimes de base, c'est-à-dire celle qui assure à chacun un minimum de retraite. Cette substitution permettra de dégager un gain de pouvoir d'achat pour les salariés.

    Il faut enfin poursuivre ce mouvement par une modification radicale du financement par les employeurs en créant une recette fiscale assise sur la valeur ajoutée. En élargissant l'assiette du financement au capital engagé, on permettra de réduire le coût du travail et ainsi de favoriser les secteurs fortement utilisateurs de travail.

    S'il n'y a aucun tabou particulier à avoir en ce qui concerne la nature et le niveau des "prélèvements obligatoires", il ne faut pas, pour autant, s'interdire d'aller chercher toutes les sources de financement possibles ni de combattre énergiquement les situations de gaspillage avéré et de rente abusive qui se sont créées dans le système de santé, au détriment des assurés sociaux, c'est-à-dire de nous tous. Or les possibilités qu'offre la récupération de l'argent ainsi perdu sont très importantes.

    Si l'on observe la politique du médicament menée par la France, notre pays a la dépense de médicament par tête la plus importante au monde: 537euros par habitant. Toujours en volume et par tête, notre consommation est 2,5 fois supérieure à celle des Danois, 2 fois supérieure à celle des Hollandais et des Suédois, de 80% supérieure à celle des Britanniques et de 50% à celle des Allemands. Même si l'on peut trouver bien des explications à cette surconsommation, elle n'en est pas moins un problème, aussi bien financier que de santé. Les économies envisageables sont, pour le moins, très loin d'être négligeables. Pour prendre les deux références extrêmes, la dépense de médicament et de dispositifs médicaux liée aux soins de ville représentant 20 Mrd d'euros en 2002 (131 Mrd F), l'économie serait de 12 Mrd d'euros, si notre consommation par tête était alignée sur celle des Danois, et, au pire de 6,7 Mrd d'euros, si elle l'était sur celle de nos voisins allemands. Une ferme rationalisation s'impose, source - sans aucun doute, la principale - d'économies qui seraient mieux utilisées ailleurs.

    On connaît, au quotidien, l'impact des maladies professionnelles dans la morbidité. Il est scandaleux de constater que les dépenses de soins stricto sensu du régime accidents du travail et maladies professionnelles, qui est censé les couvrir, représentent moins de 3% des dépenses de santé, (soit environ 3,5 Mrd d'euros)! Il y a là une sous-estimation manifeste du coût réel des maladies professionnelles, dont une partie est ainsi indûment mise à la charge des assurés sociaux, alors qu'elle devrait être intégralement financée par les seuls employeurs. On ne peut accepter plus longtemps que des montants dérisoires soient reversés à la Sécu (330 M d'euros en 2003), alors que les sommes concernées représentent vraisemblablement plusieurs milliards.

    Au total, il est très loin d'être évident que des hausses de prélèvements soient à court terme nécessaires, dès lors que ces deux propositions seraient sérieusement appliquées. Une estimation modérée de leurs effets permet, en effet, de penser qu'elles suffiraient largement à combler le déficit actuel. Pour peu qu'une véritable politique d'emploi, d'une ambition et d'une ampleur identique à celle mise en œuvre de 1997 à 2002, soit simultanément mise en place, on peut être assuré qu'il serait possible de mener une politique de santé ambitieuse sans qu'il soit besoin de hausses des prélèvements avant longtemps.

    c) Redistribuer par la fiscalité

    La rénovation du projet, c'est aussi le courage de s'attaquer à l'injustice fiscale. Le chantier de la redistribution est fondamental tant les correctifs apportés au développement des inégalités issues de la place dans le processus de productif ou du patrimoine hérité sont insuffisants.

    L'impôt en France n'assure pas la redistribution des richesses, le salarié payé au SMIC (les femmes étant les plus souvent concernées), supportant un taux proche de celui qui gagne 15 fois le SMIC (45 % contre 56 % de prélèvements obligatoires). Il n'incite pas à créer des emplois stables, est indifférent aux pratiques des entreprises dans la gestion de leur main d'œuvre. Il pèse presque exclusivement sur le travail. Le constat est connu, reste à définir les voies de la réforme.

    Une première piste doit être de repenser la fiscalité du capital et des revenus du capital. Dans les grandes entreprises les dividendes reçus sont taxés à 30 % quand les revenus du travail le sont à plus de 48 %. On doit rapprocher ces taux de prélèvements à l'égard des grandes entreprises non créatrices d'emploi. Au-delà, la modulation si ce n'est la suppression des abattements existants sur les dividendes payés par les entreprises au regard du niveau d'investissement engagé par celles-ci au regard de leurs résultats devra désormais s'imposer : les actionnaires d'une entreprise réalisant de forts bénéfices parce que celle-ci sous-investit, ne doivent pas pouvoir bénéficier d'avantages fiscaux sur les dividendes distribués.

    Concernant l'imposition des salaires, les baisses d'impôt des catégories les plus favorisées doivent être stoppées. La logique de la baisse de l'impôt ne fait pas partie de notre logiciel, elle implique nécessairement des conséquences en terme de perte de recettes et pénalise les politiques publiques déjà difficiles à financer. La fiscalité est un instrument de redistribution que nous devons pleinement assumer et utiliser. Le poids de la dette devra nous conduire à assumer la nécessité devant l'urgence nationale d'augmenter les impôts sur les catégories qui ont bénéficié des baisses.

    Enfin, une réforme d'ampleur de la fiscalité locale doit être décidée. Il faut mettre fin à l'explosion des inégalités territoriales et à l'impossibilité pour des élus locaux de boucler leur budget sans renoncer à des services publics locaux quand des villes ou des départements regorgent de recettes provenant par ailleurs d'impôts absolument injustes et parfois même aberrants dans leur assiette. Une réforme d'ampleur, globalisée et planifiée de la fiscalité locale est désormais indispensable dans notre pays. Corollaire d'une décentralisation qui doit se combiner avec le maintien de principes égalitaires sur tout le territoire, elle doit assurer des ressources stables et justement répartie aux collectivités territoriales dans les charges s'alourdissent au moment où les ressources deviennent plus rares.

    d) Redistribuer par les services publics
    (cf. contribution thématique NPS : Pour rénover l'action publique)

    Avec l'avènement de la mondialisation, sous l'effet de la concurrence sans entraves et sans frontières entre pays, entreprises et individus, l'Etat-Providence serait devenu un luxe archaïque. Le raisonnement est simpliste : la compétitivité d'une économie, son taux de croissance, son niveau d'emploi, seraient inversement proportionnels au degré d'intervention de la puissance publique. Les fameuses réformes exigées avec impatience par la Commission européenne comme par l'OCDE obéissent d'ailleurs toutes à la même logique : il faut s'en remettre aux lois du marché plutôt qu'aux politiques publiques pour régler les problèmes. Il n'y aurait d'authentiques réformes que celles qui visent à libérer l'initiative, en allégeant les législations économiques, sociales et environnementales, en levant les filets de protection et en démantelant l'ensemble des outils qui fondent l'intervention de la puissance publique (Etat, collectivités locales, entreprises publiques, organismes de protection sociale).

    Et il n'est qu'à écouter Nicolas Sarkozy pour se persuader que l'un des axes forts de la campagne présidentielle de la Droite sera l'instauration d'un nouvel équilibre entre le marché déréglementé et la puissance publique cantonnée au maintien de l'ordre. Les socialistes ne doivent pas se laisser enfermer dans l'alternative entre l'immobilisme défensif et le fatalisme libéral. Pour cela, il ne lui suffit plus d'énoncer un nouveau " ni-ni ". Il lui faut reformuler sa conception de l'action publique.

      L'Etat rendu à nouveau responsable des grands services publics

    Pendant plusieurs dizaines d'années, grâce à ses grandes entreprises publiques qui en étaient les fers de lance, la France a disposé d'un modèle de développement original, soucieux de l'équilibre entre la performance économique, la cohésion sociale et l'aménagement équitable du territoire. Engagée en Europe dans les années 1990, la libéralisation des services publics a changé radicalement les conditions dans lesquelles toute une série de biens et de services fondamentaux sont fournis à nos concitoyens. Cette mutation considérable n'a fait l'objet d'aucun véritable débat national. Elle est révélatrice d'un déplacement dangereux du rapport de force entre pouvoir économique et pouvoir politique.

      La désintégration des entreprises publiques : les activités profitables à court terme pour des opérateurs privés (la commercialisation des services) ont été séparées de l'exploitation des réseaux, maintenue dans le secteur non concurrentiel. La gestion du réseau ferré (RFF) a été dissociée de la circulation des trains (SNCF) ; l'ensemble EDF-GDF a été saucissonné en sept entités indépendantes.

      L'abandon des territoires et des catégories sociales les moins favorisés : dans une logique financière, les services publics se désengagent des secteurs non rentables à court terme. La Poste a engagé un plan drastique de fermeture de ses bureaux de plein exercice, transformés en simples points de contact gérés par des communes consentantes ou des commerces de proximité. Un processus de banalisation de la banque postale, jusqu'ici destiné à l'accueil des comptes des plus démunis et au financement du logement social, a été enclenché. La Poste est redevenue bénéficiaire en 2004 mais, pour son président, un résultat net de 3 % est insuffisant ; il faut tendre vers 7 ou 8 % comme certains concurrents privés…

      L'énorme gâchis financier : à l'échelle de l'Europe, les entreprises nationales des différents Etats-membres, voire du même pays (EDF et GDF), se sont lancées dans une guerre économique sans merci. Sur chaque marché, leur perspective est devenir le champion européen ou de mourir. La course à la dimension internationale a suscité de multiples opérations hasardeuses. Au début des années 2000, France Télécom (mariage malheureux avec Deutsche Telekom, acquisitions du britannique Vodafone, de l'allemand MobilCom, du polonais TPSA, de l'américain Equant…) s'est retrouvé avec des pertes abyssales et une dette de 70 Mds€, le record mondial en la matière. EDF a vu ses comptes plombés durablement par une série échevelée d'acquisitions tous azimuts (Light au Brésil, Edenor en Argentine, Seeboard en Grande-Bretagne, EnBW en Allemagne, Edison en Italie) dont elle commence à se remettre péniblement aujourd'hui.

      En attendant les immenses besoins financiers nés de ces déboires ont servi de prétexte pour ouvrir le capital des entreprises, prélude de leur privatisation, et donner la priorité à la valeur boursière plutôt qu'aux valeurs du service public.

      Le mensonge économique : les avantages théoriques de la libéralisation ne résistent pas à l'épreuve des faits. Myope et imprévoyant, guidé par la quête de profits immédiats, le marché est inapte à piloter les grandes industries de réseaux qui nécessitent des investissements particulièrement importants, souvent indivisibles, rentables à moyen et long terme. Il privilégie les productions au moindre coût quitte à sacrifier l'avenir.

      Sur le marché de l'électricité destiné aux entreprises, où la concurrence est désormais totale, les prix n'ont pas baissé. Ils sont devenus plus volatils et plus spéculatifs. La déréglementation a introduit un risque grave de sous-investissement. Ses effets désastreux sont déjà visibles dans les pays européens où elle est la plus avancée (Royaume-Uni, Suède, Danemark, Espagne, Italie) : les pannes de courant sont de retour. Malgré ce constat inquiétant, l'Union européenne n'a en rien revu son dispositif de libéralisation : en vertu de la directive de juin 2003, l'ouverture de la concurrence devrait totale pour les particuliers le 1er juillet 2007 !

      En Grande-Bretagne, la dérégulation des chemins de fer (création de 25 compagnies privées) a entraîné des problèmes inextricables de billetterie, des retards et des accidents à répétition. Elle s'est finalement soldée en 2001 par la mise sous administration judiciaire de Railtrack, la société chargée de gérer les voies, marquant ainsi l'échec retentissant de la privatisation, engagée par le conservateur John Major et poursuivie par le travailliste Tony Blair, contraint de décider la recapitalisation par l'Etat avec la création de Network Rail. Un bel exemple de la réussite du modèle britannique en matière de services publics !

      Dans les télécommunications, la baisse des prix, présentée comme une certitude scientifique, est en réalité bien difficile à démontrer. La différenciation des services proposés aux consommateurs aboutit à une telle complexité des barèmes que plus personne n'est capable de dire si une offre téléphonique est moins chère qu'une autre.

      L'option libérale peut faire illusion un temps, en profitant des infrastructures construites et amorties sous la responsabilité de la puissance publique. Mais, dès qu'elle peut être jugée sur son aptitude à anticiper les besoins de l'économie et des particuliers, sa dangerosité resurgit. La déréglementation n'a véritablement d'intérêt que pour les milieux financiers. Le dépeçage des entreprises publiques permet aux groupes privés d'accéder à d'énormes gisements de profit en exploitant des investissements réalisés par d'autres.

      La déréglementation des services publics participe de la crise de nos démocraties occidentales. Avec ou sans privatisation totale, elle prive les Etats de leur capacité à piloter des politiques publiques dans des domaines essentiels à la lutte contre les inégalités sociales, à l'équilibre des territoires, au développement durable. Dans le même temps, dépourvue de véritable légitimité démocratique, l'Union européenne fait la démonstration permanente de ses blocages institutionnels, plus terribles encore depuis son élargissement mal préparé. Ce double constat de l'impuissance publique pousse immanquablement les citoyens vers l'indifférence civique ou la tentation du populisme.

      En France, l'Etat et les collectivités locales doivent reprendre le pilotage des entreprises de services publics. Nous devons réaffirmer la légitimité de la puissance publique à incarner l'intérêt général. Les effets profondément néfastes de la déréglementation ont au moins le mérite de rappeler que l'intervention directe de l'Etat et des collectivités locales est incontournable pour garantir sur le long terme la production des biens publics indispensables tant à la cohésion sociale et territoriale qu'à l'efficacité économique. La puissance publique doit retrouver la maîtrise des entreprises qui, dans de vastes secteurs stratégiques (transports, énergie, télécommunications, poste) sont les instruments indispensables de la lutte contre les inégalités, de la politique de l'emploi, de l'effort de recherche-développement, de l'amélioration de la compétitivité économique. En les abandonnant à la logique financière, le pouvoir politique s'enferme délibérément dans l'impuissance.

      Cette réaffirmation de la capacité du politique à définir l'intérêt général a un préalable déjà souligné : l'établissement d'une nouvelle démocratie des usagers qui en fasse les acteurs du débat sur l'analyse des besoins et l'évaluation des résultats de l'action publique.

      Elle a aussi un corollaire : reprendre le pilotage des entreprises de services publics, retrouver le pouvoir d'en fixer la stratégie, d'arrêter le point d'équilibre entre missions d'intérêt général et rentabilité financière, implique de leur procurer les ressources nécessaires à leur développement raisonnable.

      Nous proposons la création d'un pôle financier public, spécialisé dans l'apport des fonds propres indispensables au développement des services publics. L'Union européenne ne l'interdit pas dès lors que ces placements sont rémunérés. La Caisse des dépôts et consignations, rendue à sa vocation originelle, peut jouer le rôle de l'actionnaire stable. Il suffit de redéployer ses actuelles participations dans de nombreuses sociétés privées (20 milliards d'euros), notamment la moitié des sociétés du CAC 40 (Accor, Schneider, Saint-Gobain, Michelin, Air Liquide, LVMH, Véolia, etc.).

      La gestion de l'eau : mettre fin aux rentes de situation. Deux ou trois groupes multinationaux en situation d'oligopole se partagent les contrats de distribution de l'eau et de l'assainissement. Ils réalisent sans risques, sur de longues périodes, des bénéfices considérables, avoués ou non ("frais de siège" invérifiables), qu'ils réinvestissent ensuite à leur guise dans d'autres secteurs de l'économie. Le contrôle par la puissance publique de la qualité et du prix des prestations devient impossible faute de disposer d'une véritable capacité d'ingénierie. Les collectivités locales doivent donc reprendre la maîtrise de ces services publics fondamentaux.

      Nous proposons que la durée maximum des contrats de délégation de services publics de l'eau et de l'assainissement soit portée à six ans, afin que tout maire ou président d'exécutif intercommunal ait la possibilité, une fois au cours de son mandat, de ramener ces services en gestion publique en s'appuyant, le cas échéant, sur une structure d'assistance technique, à créer, à l'échelle départementale ou régionale.

    e) Education : pour une politique de l'égalité
    (cf. contribution thématique NPS : Pour une nouvelle politique éducative)

    De l'école à l'université, le système éducatif ne tient pas la promesse d'égalité de la République. Malgré l'accès de près de 70% d'une génération au baccalauréat, les redoublements, les orientations subies, les sorties sans qualification, les inégalités territoriales frappent d'abord et massivement les familles les moins favorisées. Le "tri social " est à l'œuvre.

    Les valeurs mêmes de l'école sont contestées. égalité, autonomie, laïcité, respect…se voient préférer compétition, consumérisme, individualisme.

    La loi Fillon nous a donné un avant-goût du renoncement et du désengagement qui menacent l'Education nationale.

    Pour reconstruire le service public performant que les Français attendent pour leurs enfants, nous appelons non à une ultime et bureaucratique réforme de façade, mais à une refondation.

    Depuis le service public de la petite enfance permettant la scolarisation dès 2 ans, jusqu'à l'Université où la Nation doit réinvestir massivement, nous dessinons une politique de l'égalité pour l'Education dans la vie République.

      Refonder l'école républicaine par la co-éducation

    Il n'y aura pas de réussite scolaire sans mobilisation générale autour de l'éducation.

    L'ouverture de l'école aux parents progressera s'ils sont acceptés non comme des usagers mais comme les acteurs à part entière du réseau éducatif local, associant au-delà des enseignants et des familles, les intervenants périscolaires pour le sport, la culture, l'aide aux devoirs, mais aussi psychologues, médecins, travailleurs sociaux. Le budget participatif, dans les collèges et dans les lycées, permettra d'associer chacun à une vraie démocratie locale.

    Cette refondation ne sera possible sans un nouvel engagement des enseignants, confrontés à l'impuissance dans un contexte social dégradé. Mieux formés, mieux rémunérés, mieux soutenus et moins isolés, les enseignants doivent s'engager dans cette " bataille " de la réussite scolaire pour tous, en privilégiant le travail en équipe, l'innovation, la pédagogie différenciée, l'évaluation.

    La mobilisation des territoires scolaires renforcera la coéducation, pour bâtir dans chaque quartier et chaque village de France un projet éducatif et culturel local. C'est à ce prix que l'école républicaine échappera à la marchandisation des savoirs.

      Refonder l'éducation prioritaire

    Non seulement l'éducation doit redevenir, de façon irréversible, le premier service public et le premier budget du pays, mais il importe de dire où vont porter les efforts. Sachons faire le bilan des ZEP, qui ont tenté de limiter la dégradation, sans parvenir à empêcher la constitution de véritables ghettos scolaires.

    Un renfort massif et mieux ciblé doit être apporté aux établissements concentrant les enfants des familles en difficulté avec un taux élevé d'échec scolaire. Régulièrement évalué pour ne pas devenir une rente automatique, ce renfort en encadrement et en crédits pédagogiques doit pouvoir atteindre 50% et permettre ainsi le dédoublement de classes, les travaux en groupes, et l'accompagnement personnalisé, pendant et après les heures scolaires.

    L'égalité territoriale nous impose de revaloriser l'offre scolaire dans les établissements ruraux trop souvent victimes de fermetures de classes, d'options et de filières.

      Refonder la culture commune

    La scolarité obligatoire n'est pas le temps de la sélection, même fondée sur le mérite. Elle doit apporter à tous une culture commune, gage d'égalité et d'émancipation. Or, cet apprentissage se heurte au collège à des disciplines trop cloisonnées dictées par un élitisme révolu, comme à la dévalorisation des talents manuels, artistiques et sportifs.

    L'éducation est l'affaire de tous. C'est à la communauté éducative de définir les connaissances et les compétences que chaque jeune citoyen(ne) doit avoir acquis à l'issue de la scolarité obligatoire. Il faudra créer une plus grande communication entre les savoirs et un réel équilibre entre compétences intellectuelles et apprentissages techniques et manuels. De quoi permettre une orientation réussie pour tous.

      Refonder la formation des adultes : le droit à une " deuxième formation "

    Plus inégalitaire encore que la formation initiale, la formation des adultes va d'abord aux salariés les plus qualifiés des grandes entreprises les plus prospères. Les avancés récentes qu'il faut consolider (validation des acquis, droit individuel à la formation…) ne répondent pas aux situations les plus cruciales de chômage comme de pénurie.

    Nous proposons pour tous les Français, un droit à une " deuxième formation ", pouvant aller jusqu'à deux ans, en particulier pour les chômeurs, pour ceux dont la formation initiale fut la plus brève, pour ceux qui sont brutalement ou durablement exclus de l'emploi. Elle aura pour objectif un nouveau métier, une autre qualification ou l'apprentissage de nouvelles techniques.

    Ce droit sera ouvert à tous, modulable en fonction du capital scolaire et de la situation de chacun, négocié avec les collectivités publiques et les partenaires sociaux, et facilité par une rémunération.

    Sa mise en œuvre s'appuie sur l'offre de formation des adultes, renforcée par l'Education nationale et privilégie la proximité sur les territoires.

    Mais regardons les choses en face : qui peut croire qu'il suffira de définir des objectifs d'actions renouvelées pour régler ces problèmes dont certains se posent avec continuité depuis 20 ans ? Qui peut croire que des mesures nouvelles, des actions plus fortes suffiront à réformer ces terrains de la réforme impossible ? Qui peut croire encore qu'il suffirait de rajouter des moyens supplémentaires pour venir à bout des maux profonds de notre pays ?

    La redéfinition de notre projet et de ses objectifs de transformation de la société n'y suffiront pas. A ces objectifs nouveaux doit nécessairement s'ajouter la transformation de nos façons de faire et de pouvoir faire : l'une et l'autre sont indissociablement liées.

    Il en va de la réussite même de la rénovation de gauche.



V – LA REVOLUTION DEMOCRATIQUE, CONDITION DE REUSSITE DE LA RENOVATION DE LA GAUCHE

 
Comment faire évoluer nos institutions pour rendre la transformation possible ? Comment rebâtir un système démocratique légitime qui reconstitue la confiance quand l'état de défiance généralisée emporte la Vème République finissante ? Comment enfin créer les conditions pour que ce changement institutionnel libère les forces de la société et les réveille afin que puissent être réalisées les réformes possibles parce que comprises, partagées et co-décidées ?

L'instauration d'une vie République, démocratique et sociale et l'encouragement des forces vices de la société sont les réponses auxquelles nous croyons.

1) Une VIème République démocratique
(Cf contribution thématique NPS : Instaurer une VIème République pour réconcilier les citoyens avec la démocratie)

Est-il utile encore de décrire la lente décomposition du système politique à laquelle nous assistons depuis plusieurs années ? Impunité politique et judiciaire du Président de la République, confusion permanente des pouvoirs, enfermement et isolement des dirigeants, disparition de la délibération politique sur les grands choix nationaux, absence de contrôle démocratique sur les finances publiques, manipulation de la justice par l'exécutif et prise de contrôle indirecte des autorités administratives indépendantes, abus d'autoritarisme des gouvernements successifs et absence, désormais totale, de contre-pouvoir. La Vème République proclame dans son article 2 " le Gouvernement du peuple, par le peuple et pour le peuple ", elle est devenue le gouvernement d'un seul, sans le peuple et contre le peuple.

Parce que la population ne se sent plus représentée ou se ressent dans l'incapacité de se faire entendre, s'installe dangereusement la violence politique et le populisme. Au fur et à mesure de la désagrégation de la démocratie, le champ s'ouvre de plus en plus aux démagogues pour leurs aventures : ils se prévalent d'un lien personnel avec le peuple au lieu de reconstruire les mécanismes de délibération démocratique en commun pour surmonter dans l'intérêt du plus grand nombre la crise sociale et civique qui détruit à petit feu la démocratie française.

Le 21 avril 2002 fut le premier symptôme grave de cette agonie démocratique : 14 millions d'abstentionnistes, 6 millions d'électeurs jetés dans les bras de l'extrême droite, moins de la moitié de la population en âge de voter soutenant un parti de gouvernement, l'actuel Président de la République choisi au premier tour par seulement un français sur dix. Le 29 mai a bien sûr sanctionné les partis de gouvernement, mais il ne s'agit ni de populisme, ni de désespoir. C'est d'abord un message fort et un signe de confiance dans la vie démocratique : aller voter peut servir à quelque chose. A nous de ne pas décevoir l'électorat de gauche qui s'est exprimé ce jour-là, à nous de lui apporter les réponses politiques, sociales et démocratiques qu'il réclame.

Chacun a diagnostiqué l'affaissement irréversible de la confiance accordée à un système politique auquel nous avons eu grand tort de nous accrocher. Il n'est pas notre œuvre dans l'histoire. Il a discrédité sans aucune exception tous ceux qui s'y sont logés en croyant y trouver leur confort. En se complaisant ainsi dans les institutions de la Vème République, la gauche a sacrifié une part considérable et précieuse de son identité.

Non content de museler le peuple et ses représentants avec un Parlement qui à tant d'égards s'apparente à une chambre d'enregistrement (multiples outils de " maîtrise " du débat démocratique : ordre du jour décidé par le gouvernement, vote bloqué sans les amendements parlementaires, ordonnances, engagement chimérique d'une responsabilité gouvernementale devant un Parlement soumis avec l'article 49-3, etc), pas rassasié de freiner toute modernisation de la vie démocratique entre cumul des mandats et barrières de toutes sortes à l'accès des jeunes, des femmes, ou des personnes issues des quartiers populaires aux responsabilités politiques, le pouvoir de la Vème République verrouille toutes les institutions dans ses mains.

Les socialistes savent depuis toujours que la démocratie est le seul instrument du progrès économique et social et la dernière arme contre la toute puissance du marché. Une République vivante, profondément démocratique, doit s'appuyer sur la délibération collective et rejeter les pratiques féodales ou oligarchiques, donner toute sa place aux citoyens, et permettre à ceux-ci d'imprimer leur marque sur les choix politiques qui deviendraient les leurs.

Partout où la démocratie est absente (dans l'économie capitaliste, dans l'Union européenne, au sein des instances internationales), la concurrence des intérêts privés, la loi des marchés et la maximisation du profit, le droit du plus fort l'emportent. La VIème République qui devra installer le citoyen en son cœur, est un projet global, à la fois politique, économique et social, culturel et européen.

Tous les grands dirigeants socialistes ont fait de la République et des outils qu'elle offre à leurs projets, le point névralgique de leur combat. Jean Jaurès décrivait la République comme " l'humus du socialisme ", une sorte de terreau fertile sur lequel pouvait germer le projet social. Léon Blum, au congrès de 1934 de la SFIO, s'interrogeait à son tour sur la nature de l'exercice du pouvoir à l'intérieur d'une République qui asséna au Front Populaire le coup fatal. Pierre Mendès-France, dans " La République moderne " (1962) et François Mitterrand dans " le coup d'Etat permanent " (1964), ont décrit avec froideur et ironie l'inspiration bonapartiste de nos institutions, leur caractère autoritaire, anti-délibératif, anti-parlementaire. La reconquête des années 70, le rassemblement des forces de gauche, puis leur triomphe en 1981 se sont appuyés sur la critique radicale, parfois violente, du système politique français auquel les socialistes se sont tristement ralliés jusqu'à ce jour. C'est cet étendard, tombé à terre, que nous devons relever et qu'il nous faut à nouveau brandir.

Fonder, en 2007, la VIème République sera le remède de choc contre le danger populiste. Elle permettra de reconstruire l'adhésion perdue à la démocratie politique, de réconcilier le peuple avec ses dirigeants, de réarmer le politique dans un monde déréglé et dérégulé où nos adversaires voudraient que nous nous habituions à vivre sans règle et sans autre loi que celles dictées par le marché.

Avec des hommes et des femmes de confiance placés à tous les leviers de l'action publique, le pouvoir de la Vème République s'assure une totale irresponsabilité politique.

C'est ainsi que le Président de la République, Jacques Chirac refuse de démissionner après une dissolution manquée de l'Assemblée Nationale ou après un référendum sur la constitution européenne sur lequel il s'était pourtant profondément engagé, et qui tourne à un désaveu par près de 55 % du peuple français.

Plus grave encore sans doute, ces institutions discréditées aux yeux des citoyens, et contrôlées par la droite freinent et parfois empêchent toute véritable alternance démocratique telle que dessinée par le jeu électoral et le choix des électeurs sur les projets politiques pour lesquels ils se prononcent.

L'exemple de la gauche plurielle devra rester présent dans tous les esprits.

Paralysé entre un Sénat, toujours à droite, encourageant une course de lenteur sur toutes les lois voulues par la gauche, et un Conseil Constitutionnel dont la composition et plus encore la saisine ne sont pas démocratiques, combien de lois auront été édulcorées voire censurées par ces institutions de droite ?

Quel autre bilan la gauche n'aurait-elle pas eu avec davantage de moyens pour mettre en place les politiques pour lesquelles elle avait été élue ?

S'il ne fallait donner qu'un seul exemple de la pertinence de notre analyse, parmi la multitude des résignations auxquelles le gouvernement de Lionel Jospin a parfois dû céder, du fait de ces organes aux ordres du pouvoir conservateur, on pourrait citer la loi de modernisation sociale.

Fruit d'un compromis entre communistes et socialistes, cette législation ambitieuse en matière d'encadrement du licenciement économique fut totalement détricotée par le travail de sape des institutions de la Vème République.

Le Conseil Constitutionnel censurant " l'amendement Michelin " qui entendait lutter contre les licenciements boursiers, c'est tout un symbole de la gauche luttant contre l'ordre établi et les forces du capital qui est apparu anéanti.

Et certains s'étonnent encore que beaucoup d'observateurs pensent qu'au fond droite et gauche mènent à peu près les mêmes politiques, a fortiori en matière économique et sociale…

Peut-être, mais pour nous cette constatation est liée à l'absence de démocratie politique.

Le candidat socialiste devra placer le mandat constituant au cœur de la campagne présidentielle afin d'engager un référendum de même nature.

    a) La VIème République réhabilite la responsabilité politique

    Dans cette République nouvelle, les pouvoirs doivent rendre des comptes, c'est-à-dire s'exercer sous le contrôle d'un autre pouvoir. C'est la condition de l'adhésion populaire à toute politique.

    Dans la VIème République, le Président, qui reste élu au suffrage universel direct, conserve et accroît ses pouvoirs d'arbitrage. Ses pouvoirs de gouvernement sont transférés au Premier ministre. Il s'agit d'un système primo-ministériel à l'anglaise, à l'allemande ou à l'espagnole, dans lequel le Premier ministre dispose de la diplomatie, de la défense, de la politique européenne, de la totalité des nominations et révocations aux principaux postes de direction de l'administration ainsi que du droit de dissolution. Le Premier ministre dispose de la plénitude des moyens de gouvernement.

    b) La VIème République est un régime de stabilité politique

    Ce régime de responsabilité ne remet pas en cause la stabilité politique dont le Gouvernement a besoin pour agir. La principale innovation est la motion de censure constructive, inspirée de la Loi Fondamentale allemande, obligeant les parlementaires désireux de censurer le Gouvernement, de désigner dans leur motion de censure le nom d'un nouveau Premier ministre, empêchant ainsi les alliances de circonstance. Aucun gouvernement ne pourra donc être censuré si l'opposition ne de vient pas majoritaire et ne s'est pas mise d'accord sur un nouveau Premier ministre. Ce dernier ne peut être démis que par le Parlement et ne peut être démissionné par le Président de la République.

    Le Gouvernement persiste à disposer de certains instruments de représailles à l'encontre d'une majorité qui refuserait de travailler avec lui : tel est le cas du pouvoir de dissolution transféré au Premier ministre, tel est le cas du vote bloqué néanmoins maintenu dans certaines conditions, ou de l'article 49-3 utilisable exclusivement pour les lois de finances. On notera que s'agissant de la diplomatie européenne ou des opérations militaires extérieures, le Gouvernement dispose de l'initiative et le Parlement du contrôle a posteriori.

    Ce régime - nouveau - aura des conséquences bénéfiques et installera peu à peu dans le paysage politique la confrontation des idées et des projets plutôt que celle des hommes et de leurs histoires personnelles. Les députés et les sénateurs défendront collectivement les positions de la coalition dont ils se réclament et les solutions apportées aux problèmes que les citoyens souhaitent voir réglés. Le système de mise en responsabilité conduira les Gouvernements à engager des politiques en rapport avec l'adhésion populaire. Elle obligera donc les Gouvernements à surmonter la tentation démagogique et à exprimer courageusement les voies et les moyens qu'ils entendent faire prévaloir pour régler avec les citoyens, et non pas contre eux, les problèmes de la Nation.

    Cette République devenue moderne est la République tant désirée par Pierre Mendès-France. Un dirigeant politique présentera les obstacles à son action, cherchera à surmonter ceux-ci avec l'aide de ses concitoyens après avoir exposé les difficultés auxquelles il sera inévitablement confronté. Cette VIème République est l'outil de la réconciliation de la Nation avec elle-même, de la réconciliation de la population avec ses dirigeants, de la réconciliation des Français avec l'action politique. Nul doute qu'elle fera émerger des dirigeants d'une autre qualité que ceux auxquelles la Vème République nous a habitués. Une République d'élus tout entiers consacrés à leur mandat nationaux, une vision contractuelle et courageuse de l'action publique, l'impossibilité de la démagogie et du populisme.

    c) Dans la VIème République les citoyens acquièrent une place nouvelle

    La VIème République tient la promesse de réconcilier les citoyens avec leur système représentatif. Tel est le sens de la participation des citoyens à la décision politique. La VIème République supprime toute forme de suffrage indirect, permettant ainsi le contrôle direct sur les élus, notamment locaux, membres des intercommunalités. Les élus disposent d'un statut constitutionnel. La Constitution assure enfin l'éligibilité et la participation aux élections locales des étrangers communautaires et non communautaires, assurant ainsi à ceux qui payent l'impôt local de participer à l'élaboration des choix politiques qui en sont la conséquence. Le référendum national à l'initiative des citoyens est instauré. Il s'exerce sous le contrôle de la Cour constitutionnelle qui vérifie la conformité aux engagements internationaux et à la Constitution de la proposition de loi référendaire et vérifie la réalisation des conditions de quorum fixés à 1/10ème des électeurs inscrits sur les listes électorales. La Constitution garantit également à tout citoyen l'accès aux informations détenues par l'administration, inversant la règle du secret, en la limitant à quelques exceptions fixées par la loi, qui est la garantie que les agents publics et la dépense publique pourront faire l'objet d'un juste droit de regard par tout citoyen. Il restera possible également à faire inscrire pour débat et vote au Parlement sur le bureau de l'Assemblée nationale toute proposition de loi, à l'initiative des citoyens, par voie de pétition.

    La Cour constitutionnelle pourra être saisie, soit par le Président de la République lui-même avant la promulgation de la loi, soit par tout citoyen y ayant intérêt à l'occasion d'un procès devant une juridiction après la promulgation de la loi. Cette disposition limite l'intervention de la Cour constitutionnelle au cas les plus graves et dépolitise son intervention en plaçant l'Etat au service des citoyens plutôt qu'arbitrant des conflits politiques entre la majorité et l'opposition.

    Les mécanismes de mise en jeu de la responsabilité du pouvoir judiciaire pourront être activés puisqu'un Conseil Supérieur de la Justice chargé de veiller au respect de l'égalité des citoyens devant la justice pourra être saisi par tout citoyen à travers un membre du Parlement. C'est un progrès considérable, afin de lutter contre les dysfonctionnements du système judiciaire. Par ailleurs, les citoyens sont invités à participer à l'œuvre de justice en étant associés à la composition des juridictions autant que le législateur le jugera nécessaire.

    En matière de démocratie locale, le mandat unique des parlementaires a pour but de séparer clairement les fonctions représentatives nationales et les fonctions représentatives et électives locales assurant aux citoyens la garantie d'une séparation de deux ordres d'actions. Par ailleurs, les référendums d'initiative populaire sur le plan local, la séparation des exécutifs et des organes délibérant dans les collectivités locales, la responsabilité des exécutifs devant les assemblées délibérantes feront progresser la démocratie à l'échelon local au profit des citoyens.

2) Une VIème République sociale et laïque

Les socialistes ont toujours considéré la démocratie comme l'âme d'un véritable progrès social. En liant partage du pouvoir et partage des richesses, on ouvre des perspectives nouvelles pour le développement des droits sociaux, la protection sociale et la redistribution. Démocratie, progrès social et dynamisme économique se conjuguent : Fragilisée si elle ne repose pas sur une égalité suffisante, la démocratie, dans l'entreprise notamment, assure la pérennité du développement et renforce l'efficacité de l'organisation économique.

Plus que jamais devant l'ampleur des réformes sociales à engager en matière d'emploi, de travail, de redistribution, de protection sociale et d'évolution des services publics, l'approfondissement de notre démocratie sociale. Qui peut croire, qu'on réformera puissamment ces champs d'action sans dialogue social, par la seule loi ? Et qui peut aussi croire que les négociations sociales rendront possible les réformes si l'on ne consolide pas d'abord les partenaires sociaux dans leur rôle, leur légitimité et leur représentativité ?

C'est pourquoi, nous pensons qu'il faudra engager sans tarder une refonte des bases de la démocratie sociale :
     L'élaboration de nouvelles règles en matière de représentation syndicale est indispensable et préalable à toute réforme. La représentativité syndicale doit désormais être fondée sur le vote des salariés. Une réflexion sur la représentation des salariés dans les PME-PMI précèdera l'organisation d'une consultation nationale sur une journée, dans laquelle l'ensemble des salariés des secteurs publics et privés choisiront leurs représentants. Ainsi, relégitimés les partenaires sociaux pourront aborder la négociation, fort de leur représentativité renouvelée. La mise en place d'un financement public des organisations sociales, à l'image de ce qui se fait pour les partis politiques, complètera le dispositif institutionnel nouveau qui reconnaîtra ainsi pleinement le rôle des acteurs sociaux.

     La généralisation de l'accord majoritaire à tous niveaux de la négociation collective, la généralisation de la représentation syndicale et du personnel dans toutes les entreprises, les renforcements du droit d'alerte, de l'accès à des experts indépendants et en matière d'hygiène et de sécurité complèteront le nouveau dispositif.

    a) Le pacte pour la justice sociale

    Pourra alors s'engager la conférence nationale tripartite (syndicats, patronat, pouvoirs publics) qui aura la charge de refonder l'organisation sociale du pays à travers la négociation d'un nouveau contrat social, un Pacte pour l'emploi, la justice sociale et la croissance où seront débattues des orientations et propositions de réforme des politiques d'emploi, de la protection sociale, de modernisation des services publics et de valorisation du travail (minima, classification, conditions de travail, mobilité des salaires et sécurité sociale professionnelle).

    Les réformes à engager seront d'importance comparable à ce qui avaient été entrepris en 1945, après la seconde guerre mondiale et les travaux préparatoires du Conseil National de la Résistance. Mais on ne pourra définitivement assurer un avenir au modèle social français que par la globalisation des chantiers, lors de la négociation d'un nouveau Pacte pour l'emploi, la justice sociale et la croissance, dont les conséquences législatives seront assumées.

    La relégitimation des partenaires sociaux, dans les six premiers mois de mise en place de la VIème République en est le préalable politique.

    La VIème République sera ainsi sociale et privilégiera la négociation entre partenaires sociaux, à l'instar d'autres grandes démocraties européennes dont les succès doivent beaucoup à cette méthode de progrès social.

    b) Une République laïque : l'égalité véritable

    La laïcité s'inscrit au cœur de la bataille culturelle contre le repli communautaire et l'enfermement de l'individu dans ses déterminants sociaux, éthiques et religieux. La reconquête républicaine, la réponse à la crise de la citoyenneté supposent de se battre pour les valeurs communes qui permettent de vivre ensemble.

    Chacun mesure à quel point l'idéal laïc constitue à la fois un recours contre les régressions qui nous menacent, les évolutions que nous ne savons pas maîtriser, les tentations toujours récurrentes , et un projet pour refonder le lien civique et le vouloir vivre ensemble.

    La séparation stricte de l'espace public et de l'espace privé, le respect de la liberté de conscience et des choix personnels, l'apprentissage du jugement par l'éducation et la reconnaissance de l'universel en chacun, l'affirmation d'une dignité d'égalité de tout citoyen comme de toute personne, sont des exigences qu'il nous appartient de faire revivre et de défendre au-delà même de nos frontières, parce que la laïcité a une vocation universelle.

      Un nouveau féminisme
      (Cf. contribution thématique NPS : Un nouveau féminisme pour un nouveau socialisme)

    Depuis quelques années, les femmes ont à faire face à de nouvelles oppressions. En effet, le nouveau capitalisme et l'intégrisme religieux se liguent à travers le monde et en France pour faire replonger les femmes dans un monde de soumission et d'obscurantisme.

    La situation des femmes dans notre société reste profondément inégalitaire (partage des taches familiales en panne ; horaires de travail atypiques ; violences domestiques à l'encontre des femmes ; emplois déqualifiés et à temps partiels ; rémunérations inférieures ; situation de sur-chômage ; retraites de misère).

    Force est de constater que face aux coups de boutoir du nouveau capitalisme et de l'intégrisme qui touchent les femmes, les socialistes ont du mal à considérer le combat féministe comme une priorité politique.

    Le féminisme est par définition une bataille culturelle pour un changement des pratiques, des mentalités, des rapports sociaux.

    Fidèle à notre conviction profonde que c'est la qualité de la démocratie qui créé les conditions politiques permettant de faire progresser l'égalité, il importe que le nouveau socialisme intègre le féminisme dans ses valeurs fondatrices.

    Enfin, après avoir voté une loi d'exception, la parité, la France se trouve à nouveau dans une situation exceptionnelle : elle est au rang des derniers pays européens s'agissant de la possibilité effective des citoyennes de voter la loi. Elles sont 12,3% à l'Assemblée Nationale. Les partis ont préféré payer en 2002 plutôt que d'appliquer la parité. Le nôtre a préféré perdre près de 2 millions d'euros dans le cadre du financement public des partis politiques plutôt que de permettre à des camarades de devenir députées.

    Approfondir les dispositions législatives en faveur de la parité. Comme aucun progrès vers l'égalité entre les sexes ne se fait spontanément, les listes soumises au vote des électeurs lors des scrutins de listes seront intouchables, notamment pour la composition des exécutifs locaux régionaux et municipaux. Les structures intercommunales seront soumises au principe paritaire, leur mandat comptera dans les lois venant limiter le cumul des mandats. L'assemblée nationale comme les conseils généraux ne seront plus des bastions masculins : les sanctions financières seront remplacées par un refus d'enregistrer l'ensemble des candidatures d'un parti en cas d'irrespect de la parité. La parité s'appliquera aux communes de moins de 3 500 habitants.

    Le combat des socialistes est celui de l'égalité. Les femmes représentent la moitié de l'humanité. En France et dans le monde, les femmes continuent d'être victimes d'inégalités que rien ne justifie.

    Elles assument toujours en priorité les taches domestiques au détriment de leur activité professionnelle ; elles sont soumises aux diktats religieux ; elles sont les principales victimes de violences conjugales ; elles subissent les pires conditions de travail ; elles sont les plus nombreuses parmi les plus pauvres ; elles sont les plus nombreuses à la tête de famille mono-parentale .

    Etre socialiste, c'est être féministe. Les socialistes doivent inscrire une nouvelle étape pour l'égalité des droits des femmes au cœur de leur projet . Les socialistes ne doivent pas se contenter d'être novateur dans leurs idées mais également dans leurs actes. Ils doivent mener par des actes concrets le nécessaire changement culturel qui permette de construire ensemble " une société réellement mixte ".

    Etre socialiste, c'est être démocrate. Il ne peut y avoir de démocratie accomplie sans la parité. Il ne peut y avoir de rénovation de la démocratie sans que les femmes y trouvent juste leur place mais toute leur place.

    Représentation politique, délibération collective, partage des responsabilités doivent permettre enfin l'égal exercice politique des hommes et des femmes.

      Ni discriminations, ni quotas
      (Cf. contribution thématique NPS : Citoyenneté, discriminations : quelle République pour demain ?)

    Sarkozy et la droite tentent de relancer artificiellement le débat sur l'immigration, pour une fois de plus l'instrumentaliser et faire comme si la France souffrait d'un trop d'étrangers dans notre pays. Une nouvelle fois c'est la confusion qui domine dans leur discours: confusion entre immigration et intégration, simplification abusive concernant les sources de l'immigration cherchant à faire croire qu'il y aurait "une bonne immigration", l'immigration économique, et une mauvaise immigration qui recouperait les sans papiers,les demandeurs d'asile et les candidats au regroupement familial. De là à englober immigration et insécurité il n'y a qu'un pas qui sera de plus en plus vite franchi à mesure que se rapprocheront les échéances électorales.

    Il faut s'opposer fermement à ce mensonge, il n'y a pas trop d'étrangers en situation régulière en France, ce ne sont pas eux qui prennent les emplois et les logements des français, qui créent un climat d'insécurité,ni qui creusent le trou de la sécurité sociale, ou mettent en cause nos services publics, mais le gouvernement libéral qui poursuit sa politique de destruction sociale.

    Au contraire, ils travaillent dans des métiers les plus souvent pénibles auxquels personne ne postule, sont discriminés dans l'accès au logement, cotisent à la Sécurité Sociale en recevant moins de prestations en moyenne que le reste de la population, et souffrent comme tous ceux qui vivent dans les quartiers populaires du retrait des services publics de proximité.

    La politique des quotas d'immigration n'a aucune justification. D'abord pour des raisons économiques. Partout où elle a été pratiquée (Etats-Unis, Canada) elle n'a jamais permis de meilleur ajustement entre les prévisions d'emplois et l'immigration et a en revanche été utilisée pour réduire les possibilités de regroupement familial. Les travailleurs immigrés qui peuvent obtenir un contrat de travail et un permis de séjour, conditions de leurs séjours réguliers, sont les bienvenus chez nous, toute autre régulation est attentatoire à leur dignité, et remet en cause les engagements internationaux de la France et les traditions humanistes et d'accueil auxquelles elles se rattachent. Par contre, rien ne justifie qu'ils soient encore privés de leur citoyenneté de résidence. Intégrons dans le grand chantier de la VIème République le droit de vote des résidents étrangers aux élections locales.

    En réalité, la droite cherche encore à utiliser les difficultés de cohabitation dans les ghettos urbains où les couches populaires sont parquées, et en particulier les enfants français, même depuis plusieurs générations, des travailleurs venus des ex-colonies de la France. La droite et Sarkozy pointent du doigt les immigrés jetant la suspicion sur ces jeunes français, tout en prétendant offrir à ceux-ci une illusoire " discrimination positive ", au mieux des quotas (encore, sic), pour leur promotion sociale. Sarkozy les " assigne à résidence communautaire ", les obligeant à se situer par rapport à leur appartenance communautaire, pour espérer au compte goutte avoir leur place dans l'emploi et les responsabilités. La discrimination positive par l'origine doit absolument être récusée et combattue. Elle n'est qu'une discrimination de plus.

    Nous devons opposer à cette politique, celle de l'égalité véritable, qui combat énergiquement toutes les discriminations, par l'éducation, par l'application de la loi, et par la sanction contre ceux qui contournent le principe d'égalité républicaine dans l'accès à l'emploi ou au logement.

    Que serait notre société, si pour espérer avancer socialement, il fallait, en s'appuyant sur son organisation communautaire faire pression et négocier des quotas ? Le communautarisme est le pendant de la pseudo discrimination positive. Mais il est aussi le résultat des discriminations elles-mêmes. C'est pourquoi, nous devons lui opposer une politique républicaine, laïque et sociale, qui investit massivement pour assurer l'égalité des chances dans les quartiers populaires, assurant les mesures de rattrapage en faveur des territoires et des populations qui en ont le plus besoin, en matière d'éducation, de formation professionnelle et d'accès au logement. Notre parti doit veiller à permettre en son sein et pour les investitures électorales, cette égalité entre toutes et tous.

    En revanche, il doit être clair, que la République n'est ni blanche, ni mâle, ni hétéro, elle est celle de tous ses enfants quels que soient leur sexe, leur couleur de peau, leur orientation sexuelle, leur handicap, leur religion, leurs convictions philosophiques. Elle n'est pas celle d'un groupe dominant, mais celle qui doit aider chacun à briser les chaînes des dominations et des aliénations. La République laïque, celle de l'égalité réelle, est émancipatrice.

    Face à la montée des actes racistes et antisémites, face aux intégrismes religieux, et aux velléités communautaristes, nous devons rappeler ces principes républicains, et passer rapidement aux actes concrets pour en finir avec les discriminations quotidiennes que subissent des millions de citoyens français.

3) Une République vivante et créatrice

    a) Démocratisation culturelle
    (cf. contribution thématique NPS : Pour une politique culturelle démocratique)

    La politique culturelle, fruit d'un volontarisme politique, est aujourd'hui à réinventer. L'enjeu politique, l'enjeu militant et l'enjeu d'émancipation que représente la culture ont été suppléés par une approche technicienne et gestionnaire. La question de la culture, comme tant d'autres, est à repolitiser. Il convient ici d'analyser les conséquences de l'hégémonie libérale : les valeurs promues et les intérêts à l'œuvre. Cette indispensable repolitisation concerne l'ensemble du processus culturel, la création, la diffusion et la réception. La création culturelle constitue une production de richesses. Nous devons nous interroger sur les conditions de production de cette richesse et sur son partage, sur la politique de redistribution à mettre en œuvre. La construction d'une alternative à la logique économique libérale et la démocratisation sont les deux piliers autour desquels s'articulent notre réflexion et notre ambition.

    Le constat de départ est édifiant : 70 % de la population n'est jamais allée au théâtre, plus de 80 % n'est jamais allée à l'opéra. Ces chiffres ne sont pas nouveaux, ils sont connus. Une très large majorité de nos concitoyens n'est pas concernée par l'offre culturelle actuelle. Pourtant cette offre s'est, à la fois, développée sur l'ensemble du territoire, et diversifiée. L'échec de la démocratisation culturelle est tout aussi saisissant que celui de l'enseignement supérieur. Nous y retrouvons les trois mêmes principales caractéristiques : un développement du maillage territorial (qui demeure certes inégal et incomplet), une augmentation du nombre absolu de " participants " (spectateurs ou étudiants) et une diversification de l'offre.

    Il est frappant de relever ce décalage entre la politique de l'offre et l'absence de réelle démocratisation. Nous devons donc, en premier lieu, tordre le coût à une idée reçue : non la politique de l'offre n'entraîne pas de démocratisation. Elle encourage les inclus dans la sphère culturelle à y participer encore plus. Quand l'offre théâtrale augmente, ce sont d'abord des habitués qui en bénéficient.

    Cette politique de l'offre est pourtant à la base de la politique culturelle depuis Malraux et la création d'un ministère de la culture en 1959. C'est dans cette démarche que s'inscrivent également les actions menées sous l'impulsion de Jack Lang. Augmenter l'offre et la diversifier, que ce soit à travers des événements populaires comme la fête de la musique ou les journées du patrimoine ou à travers une valorisation des " nouvelles cultures " comme la bande dessinée ou le cirque ne peut pas répondre seul à l'enjeu de démocratisation. Nous restons là dans une logique de massification : faire participer le plus grand nombre, mais sans faire partager les clefs d'accès.

    Or, cet enjeu de démocratisation est, pour nous, essentiel. Une politique culturelle de gauche doit avoir comme premier objectif de corriger les inégalités qui minent, fragilisent et divisent la société. La culture est un champ de reproduction social édifiant. Elle est d'abord perçue comme une manifestation de distinction, distinction sociale, distinction de classe. Cette réalité, celle d'une société injuste, est encore accentuée dans une société soumise à l'offensive libérale où prédominent les réflexes de compétition entre individus. L'avantage culturel, la maîtrise de codes, devient ainsi un atout concurrentiel à préserver. Face aux valeurs et aux réflexes promus par le libéralisme, cette concurrence, mais aussi la consommation, le zapping et le repli sur soi, la politique culturelle doit afficher des priorités fortes, à rebours de la prétendue modernité : démocratisation et lutte contre les inégalités.

    b) Poser la question des medias
    (cf. contribution thématique NPS : Média, pour une reconquête démocratique)

    Notre vie démocratique de citoyen et notre ambition démocratique de socialiste sont aujourd'hui gravement entravées par l'hégémonie culturelle libérale. L'information et la création ne sont pas libres, dès lors que l'on considère le cadre économique et social de leur production. Et même à bien considérer le seul cadre institutionnel, nous ne pouvons que constater qu'il ne garantit nullement une totale séparation des pouvoirs politiques, économiques et médiatiques que les mutations du capitalisme et les évolutions technologiques rendent pourtant indispensable. La financiarisation, l'hyperconcentration et la collusion des intérêts sont les principales caractéristiques de l'industrie médiatique. Une telle domination ne peut que renforcer l'inégalité dans l'accès à la culture et à l'information. Une fois de plus ce sont les hommes et les femmes les plus fragiles économiquement et socialement, les moins armés culturellement, qui se trouvent confrontés à une criante inégalité et à une forme d'exclusion. Pour toutes ces raisons, nous avons à mener une vraie bataille culturelle face à la mainmise néolibérale. Gramsci le disait déjà, et nous le rappelons régulièrement : la notion d'hégémonie culturelle est indispensable à tout processus de conquête du pouvoir.

    Dans ce contexte défavorable à ceux que nous voulons représenter et aux valeurs que nous défendons, il est de notre responsabilité de définir le cadre particulier que nous voulons donner à la production de l'information et de la culture. Dans ce domaine-là, comme en toute chose, les enjeux, pour les Socialistes, peuvent se résumer ainsi : définir strictement ce qui doit être préservé de la loi du marché et déterminer le niveau d'intervention publique à mettre en œuvre.

    b) Une volonté d'agir pour le développement scientifique du pays
    (cf. contribution thématique NPS sur la recherche)

    La droite oscille entre une totale démission de l'Etat et un pilotage sur projets financés à base de recettes de privatisations. Le mouvement hélas prend ses racines près de 20 ans en arrière avec un constant recul de l'effort public évalué en % du PIB, même si la Gauche lorsqu'elle est revenue aux responsabilités a inversé la tendance, mais avec trop de lenteur et de prudence. Un Etat ambitieux devra trouver les ressources nécessaires à financer 1% de PIB en dépense publique de recherche hors militaire et grands programmes technologiques (aéronautique/espace, énergie et télécom). C'est une affaire de choix des allocations de crédits. Nous devons faire le choix d'engager résolument tous les partenaires publics ou para-publics dans une démarche de préparation de l'avenir. Ainsi pour prendre un exemple, les budgets dits " de la Sécurité Sociale ", représentent aujourd'hui une dépense supérieure à celle du budget de l'Etat quasiment sans aucun investissement dans la recherche. Une contribution de 0.3% du budget de l'Assurance Maladie doublerait les crédits de la recherche en Sciences de la vie sans affecter sérieusement le déficit présent tout en oeuvrant pour une amélioration durable de la santé donc des comptes sociaux.

    Nous vivons une période exceptionnelle avec le renouvellement de 30 à 50% des effectifs scientifiques d'ici à 2012. Nous n'avons donc pas trop d'étudiants, du moins globalement. Bien au contraire, toutes les projections montrent que la France va manquer d'ici peu de scientifiques, de médecins, de chercheurs, d'ingénieurs et, dans de nombreux secteurs, d'universitaires. Il y a quelque paradoxe aujourd'hui à vouer au chômage, à la précarité ou à l'expatriation, les doctorants dont nous disposons encore. Montrer, au travers d'un plan pluriannuel de l'emploi scientifique, que les débouchés publics existent, est une nécessité. Ouvrir aux doctorants les trois fonctions publiques est impératif. Il conviendra aussi, grâce aux rapports de l'INSEE ou du Plan de montrer que d'importants débouchés existent également dans le privé. Il convient donc d'améliorer la situation matérielle des étudiants, leur condition d'étude et d'encadrement, de lutter contre les inégalités dans l'accès au savoir, d'attirer les meilleurs étudiants étrangers. Cette priorité exige aussi une redéfinition de la place et du statut des doctorants, de porter à 1500 euro/mois, net et indexé sur le smic, le montant des allocations de recherche en y associant le complément issu d'une participation à l'enseignement supérieur, la diffusion des savoirs ou un premier pas dans l'industrie, d'en accroître le nombre en fonction des besoins de qualification et de mettre fin au système des libéralités en assurant à tout contrat une couverture sociale régulière.



IV – POUR UN NOUVEAU PARTI SOCIALISTE

 
Les difficultés que nous avons rencontré ces dernières années, dans l'exercice des responsabilités comme dans l'opposition, sont essentiellement dues à notre incapacité à proposer de nouvelles perspectives et à faire droit aux exigences et aux attentes issues de la société, que ce soit du point de vue démocratique, sociale, économique, culturel, environnemental ou sociétal. Cette incapacité à entendre, et d'abord à écouter, nous a conduit à ne plus proposer de perspectives mobilisatrices et fédératrices. Nos difficultés et celles de notre pays aujourd'hui se confondent. Nous manquons d'ouverture sur le monde, d'énergie pour entreprendre, innover et créer, de générosité pour produire, défendre, partager. Alors qu'autour de nous de nombreux pays ont retrouvé dynamisme et goût de l'avenir, notre volonté est de redonner à la France la même ambition et la même force.

Le monde a changé, l'Europe a changé, la France a changé: nous devons changer aussi. Et si notre ambition doit être de changer la société française, nous nous devons d'être capable de changer nous-mêmes. C'est pourquoi, pour mieux écouter, mieux agir, vivre davantage au rythme de la société, voir plus loin, plus large, plus juste, nous devons changer nos pratiques militantes et notre organisation.

Des engagements avaient été pris au Congrès de Dijon: ancrage du PS dans la société, ouverture vers l'extérieur, majorité solide, direction solidaire. Il n'est pas inutile, même s'il est cruel, de les rappeler: une conférence militante annuelle chargée de veiller à l'application de l'orientation du Parti; une convention nationale sur une " autre mondialisation " en lien avec les acteurs sociaux; une convention nationale sur "la sécurité sociale professionnelle, l'emploi, la conférence sociale" en lien avec les partenaires sociaux. Ces engagements n'ont pas été tenus.

Un grand objectif avait été affiché: doubler le nombre des militants. De Dijon au Mans, le nombre des adhérents aura baissé. Le principe du non cumul entre liste européenne et liste régionale avait été posé: il a été oublié. Une modification de l'organisation des conseils nationaux pour les rendre plus vivants avait été proposée: elle n'a, c'est le moins qu'on puisse dire, jamais vu le jour.

Et pourtant chacun le comprend, notre Parti a besoin de retrouver vitalité, unité, fraternité. Il a besoin, pour transformer demain la société, de se transformer lui-même aujourd'hui. Ce n'est pas, quoi qu'on en dise, un sujet secondaire. C'est au contraire la condition et la garantie d'une véritable action réformatrice demain. Car dans la double transformation, celle des objectifs et celle des instruments de l'action, que nous proposons, nous devons compter au rang des instruments, aux côtés des institutions, de la démocratie sociale, de la réforme de l'Etat, de celle de l'organisation des territoires, celle du Parti lui-même, puisque il concourt, selon notre constitution elle-même, à l'expression et à l'organisation de la démocratie.

Nous avons besoin de repenser nos modes d'organisation. Nous avons besoin de repenser nos pratiques d'action. Nous avons besoin de repenser nos modes de délibération, de participation et de décision. Nous avons besoin d'un acte de refondation du Parti socialiste, qui permette, sur de nouvelles bases, à tous ceux qui attendent un signe de changement de notre part pour nous rejoindre, de pouvoir le faire. Nous avons besoin d'un nouveau Parti socialiste.

Gagner en 2007

Alors que la droite gouverne de façon si brutale et si inefficace, malgré le fait qu'elle a déjà été censurée plusieurs fois dans les urnes, les socialistes et la gauche ne sont pas pour autant encore en situation de pouvoir proposer une alternative en 2007. Depuis trois ans, nous avons perdu trop de temps. La gauche est aujourd'hui désorientée et divisée. Les socialistes le sont aussi. L'unité est entièrement à reconstruire. Elle ne pourra l'être que par la voie des idées et du projet. Aujourd'hui, tous nos efforts doivent être portés vers un unique objectif: battre la droite en 2007. Tel est le fil conducteur qui nous guidera dans ce Congrès.

Le Congrès du Mans conditionne notre capacité à gagner en 2007. Des millions de Français ne peuvent plus attendre, ne peuvent en reprendre pour 5 années de libéralisme avec son cortège d'exclusion, de drames individuels et de distanciation du lien collectif. C'est pourquoi le congrès du Mans doit être celui du sursaut et d'un nouveau départ. Les trois conditions de la victoire sont: changer la ligne politique, l'ancrer à gauche pour répondre en priorité aux besoins de notre base sociale : lutter contre la pauvreté et engager une véritable politique de redistribution ; rénover nos pratiques militantes et renouveler les équipes dirigeantes pour porter ce nouveau projet ; rassembler les socialistes sans exclusive sur ce nouveau projet et dans ce nouveau parti pour être en capacité de rassembler la gauche.

C'est notre conviction. C'est une affaire d'engagement et de militantisme.

C'est ce que nous disons, et c'est ce que nous allons faire.

C'est ce que nous proposons, à toutes les militantes et les militants socialistes, dans la clarté et la détermination.

Premiers signataires :

 Gaëlle Abensour, (Paris)  Paul Alliès (Tarn)  M. Antoine, conseiller régional (Jura)  Philippe Arcillon, conseiller général (Somme)  Béatrice Arruga, conseillère régionale (Loir-et-Cher)  David Assouline, sénateur (Paris)  Anna Aubois, conseillère régionale (Puy-de-Dôme)  Xavier Aucompte (Haute-Vienne)  Jérôme Auslender (Puy-de-Dôme)  Guillaume Balas, conseiller régional IDF (Paris)  Claudine Barthelemy, conseillère régionale (Meurthe-et-Moselle)  Daniel Baudin (Deux-Sèvres)  Michèle Baullard, conseillère régionale de Picardie (Aisne)  Céline Baumel, conseillère régionale IDF (Yvelines)  Philippe Baumel, conseiller régional de Bourgogne (Saône-et-Loire)  Alain Bavay (Pas-de-Calais)  Rémi Baziller MJS (Yvelines)  H. Belakhdar (Seine-Saint-Denis)  Hubert Belz (Territoire de Belfort)  S. Ben Abdesselem (Seine-Saint-Denis)  Emmanuelle Benard (Morbihan)  Gaëlle Benize-Thual, conseillère régionale des Pays de la Loire  Francine Benoist (Jura)  V. Benoit (Aude)  K-Y Ben Saada, conseiller régional de PACA  A. Bentaha (Loire-Atlantique)  F. Berdah (Somme)  K. Berger (Hautes-Alpes)  Linda Bessieres, conseillère régionale (Tarn)  D. Bezaz, conseiller régional (Meurthe-et-Moselle)  A. Bihel (Calvados)  J. Bilirit, conseiller général (Lot-et-Garonne)  Jean-Pierre Blazy, député du Val-d'Oise  Jean-Gabriel Bliek (Alpes-de-Haute-Provence)  Claudine Boisorieux, conseiller régional (Nièvre)  M. Bolomey, conseiller général (Ardèche)  André Bonin, conseiller général (Charente-Maritime)  Guy Bono député européen, membre du Bureau national (Bouches-du-Rhône)  Corine Bord (Seine-Saint-Denis)  Claude Bosom (Aude)  Abdel Bougnit (Yonne)  Jérôme Boujot (Loir-et-Cher)  P. Bouldoire (Hérault)  Martial Bourquin, conseiller régional (Doubs)  L. Brocheton (Aisne)  Charlotte Brun, conseillère régionale IDF (Val-d'Oise)  L. Bruno (Lot)  Gwenegan Bui (Ille-et-Vilaine)  H. Cabanel (Hérault)  P. Caillet (Tarn-et-Garonne)  P. Camani (Moselle)  Claude Campagne (Drôme)  D. Carème (Nord)  Vincent Carlotti  Antoine Casini (Calvados)  C. Castagna FFE  Juliette Castaings (Pyrénées-Atlantiques)  Rémi Chaintron, conseiller général (Saône-et-Loire)  François Charité (Haut-Rhin)  D. Charlet (Doubs)  Cyril Chattet (Charente-Maritime)  Marie Chevalier, conseiller régional (Morbihan)  M. Chiappa (Doubs)  F. Cieutat (Haute-Garonne)  Anne Julie Clary, conseillère régionale  L. Cleret, conseiller général (Eure)  Jean Codognès (Pyrénées-Orientales)  François Colcombet (Allier)  J. Collette (Seine-Maritime)  Marc Colombani (Ariège)  T. Corompt, conseiller régional (Rhône)  V. Corre (Loiret)  S. Cotillot-Jacquemot, conseiller régional (Haute-Marne)  Ch. Cotta (Loire-Atlantique)  S. Coulet (Gard)  E. Couillerot, conseiller général (Saône-et-Loire)  Christian Coulom, conseiller général (Rhône)  E. Coutenceau, conseiller régional (Gironde)  E. Croset, conseiller régional (Isère)  Yves Daudigny, président du Conseil général (Aisne)  R. Daverdon, conseiller régional (Haute-Marne)  M. L. Davoine, conseiller régional (Nord)  S. Degioanni, conseiller régional (Bouches-du-Rhône)  A. Deguis, conseiller général (Haute-Marne)  AC Delafontaine, conseiller général (Oise)  J.O. Delb (Eure-et-Loir)  Jean-Karl Deschamps (Manche)  J-M. Du Plaa conseiller général (Hérault)  I. Duran-Belot (Jura)  O. El arti (Loire)  S. Elies (Finistère)  Brigitte Eude (Seine-et-Marne)  Gérard Eude, conseiller général (Seine-et-Marne)  Aude Evin, conseiller régional (Paris)  Michèle Eybalin, conseiller régional (Drôme)  G. Eymery, conseiller général (Nièvre)  A. Fabre-Pujol (Gard)  C. Farigoule, conseiller régional (Loire)  B. Farion, conseiller général (Eure-et-Loir)  J-P. Favre (Drôme)  Luc Flandre (Somme)  D. Fleury (Nièvre)  Stéphane Fraize (Bas-Rhin)  D. Frau 2A  A. Gaben-Toutan, conseiller général (Aveyron)  N. Gautreau, conseiller général (Indre-et-Loire)  G. Gayerie (Corrèze)  Pascale Gérard, conseillère régionale de Paca (Alpes-Maritimes)  S. Ghali, conseiller régional  Olivier Girardin (Paris)  Karine Giroud (Yvelines)  E. GoegerSN MJS (Bas-Rhin)  Paul Goossens (Paris)  J-J. Gourhan (Côtes d'Armor)  M. Gricourt, conseiller régional (Loir-et-Cher)  V. Gris, conseiller général (Val-d'Oise)  P. Grosvalet, conseiller général (Loire-Atlantique)  P. Guerineau (Tarn)  E. Gueugneau, conseiller régional, (Saône-et-Loire)  P. Guiraud conseiller général (Ille-et-Vilaine)  Sylvie Guittard (Paris)  Benoît Hamon député européen, membre du Bureau national (Essonne)  E. Hanon (Pyrénées-Atlantiques)  C. Haurou-Bejottes (Hautes-Pyrénées)  A. Heckmann (Vaucluse)  Cécile Helle, conseillère régionale de PACA (Vaucluse)  M. Herment (Aveyron)  Jacques Heuclin (Seine-et-Marne)  Pierre Jacob (Saône-et-Loire)  C. Jacquot (Vosges)  Dominique Jourdain, maire de Château-Thierry (Aisne)  Régis Juanico, conseiller général (Loire)  R. Juif (Haute-Saône)  M. Jung, conseiller régional, (Bas-Rhin)  Fawaz Karimet (Aisne)  Mathieu Klein, conseiller général (Meurthe-et-Moselle)  Valérie Kum, conseiller régional, (Somme)  D. Lacombe, conseiller général  G. Laeron (Isère)  P. Lafite (Oise)  Anaïs Lanfrey MJS (Paris)  A. Langevine (Pyrénées-Orientales)  S. Lardoux, conseiller général (Lot-et-Garonne)  J. Launay, député (Lot)  B. Lauret (Val-de-Marne)  C. Lebail, conseiller régional, (Loire-Atlantique)  P. Le Breton 974  Gilbert Le Bris, député (Finistère)  Claire Le Flécher, conseillère régionale (Paris)  Magali Le Francois, conseillère générale, membre du Conseil fédéral (Calvados)  Jean-Jacques Lejeune, conseiller régional (Essonne)  D. Lelievre SN MJS (Isère)  Christophe Leonard (Ardennes)  Annie-Claude Leuliette, conseillère régionale (Somme)  L. Leuliette (Somme)  Yann Librati (Alpes-Maritimes)  M. Lobry (Hauts-de-Seine)  A. Lubrano (Hérault)  J. Luccioni (Cantal)  Bernard Maclet, premier fédéral (Ain)  C. Madura, conseiller régional (Val-d'Oise)  C. Maglica (Côte-d'Or)  D. Maillot, conseiller général (Haute-Marne)  P. Mammoser, conseiller régional (Bas-Rhin)  A. Mandement (Ariège)  Thierry Mandon, conseiller général (Essonne), membre du Bureau national  René Mangin, conseiller régional (Meurthe-et-Moselle)  M. Marchal, conseiller régional (Haut-Rhin)  C. Martin, conseiller régional (Var)  S. Martin, conseiller régional (Saône-et-Loire)  P. Martinerie, conseiller général (Saône-et-Loire)  J. Marziot, conseiller général (Saône-et-Loire)  Bertrand Masson (Meurthe-et-Moselle)  Henri Matéos (Haute-Garonne)  Gilbert Mathon, conseiller général (Somme)  G. Martin (Ain)  O.Maurin (Ardèche)  Delphine Mayrargue (Paris)  Alexandre Medvedowsky, conseiller général (Bouches-du-Rhône)  Françoise Mesnard, conseillère régionale de Poitou-Charentes, membre du Bureau national (Charente-Maritime)  J. Meurisse (Cher)  Colette Michaux, conseiller régional (Somme)  P. Mignot (Aisne)  J-R. Millet MJS (Hérault)  H. Mira, conseiller régional (Ardèche)  T. Mirebeau (Vienne)  E. Moeglen, conseiller régional (Bas-Rhin)  J.-P Moille, conseiller régional (Haute-Savoie)  M. Moine (Creuse)  M. Molina (Loire)  Gabriel Montcharmont (Rhône)  Arnaud Montebourg, député, membre du Bureau national (Saône-et-Loire)  M. Moglia, conseiller régional (Nord)  B. Morin (Val-d'Oise)  Etienne Morin (Haute-Garonne)  MA Morin, conseiller régional (Côte-d'Or)  Marie-Françoise Müller, conseillère régionale (Saône-et-Loire)  Hugues Nancy (Paris)  R. Nicoux, conseiller régional (Creuse)  C. Nivou (Hautes-Alpes)  Jean-François Noël (Essonne)  F. Ombret, conseiller régional (Nièvre)  N. Paganelli (Indre)  Marion Paoletti (Gironde)  D. Parison Prés. Un. Reg Champagnes-Ardennes (Aube)  Béatrice Patrie, députée européenne  Christian Paul, député, membre du Bureau national (Nièvre)  Benoît Payan (Bouches-du-Rhône)  Vincent Peillon, député européen, membre du Bureau national (Somme)  E. Pellegrin CES Languedoc-Roussillon  Geneviève Perrin-Gaillard, députée (Deux-Sèvres)  O. Peverrelli, conseiller général (Ardèche)  Michèle Pilot, conseillère générale (Meurthe-et-Moselle)  JP Pinon, conseiller régional (Marne)  A. Piveteau (Deux-Sèvres)  S. Poppe, conseiller régional (Ille-et-Vilaine)  Y. Prat (Haute-Loire)  Christine Priotto, conseiller général (Drôme)  Josy Poueyto, conseillère générale, membre du Bureau national (Pyrénées-Atlantiques)  Emmanuelle Prouet (Paris)  E. Quénard, conseiller général (Marne)  Ronan Quentel MJS (Ille-et-Vilaine)  I. Rauch (Côte-d'Or)  Pierre Réga (Gers)  J-M . Renard (Haute-Marne)  C. Renaudin (Côte-d'Or)  A. Reuter, conseiller régional (Aisne)  C. Revault d'Allones, conseiller régional (Val-de-Marne)  J. Reymond (Savoie)  Marie-Line Reynaud députée européenne  Jacques Rigaudiat (Hauts-de-Seine)  Jean-Baptiste Roger (Yvelines)  Barbara Romagnan, membre du Bureau national (Doubs)  Yvette Roudy, membre du Bureau national  Gérard Roujas, sénateur (Haute-Garonne)  J-P. Roussarie (Dordogne)  A. Rouxel (Manche)  S. Saadi (Côte-d'Or)  Jérôme Saddier (Paris)  Hervé Saulignac, conseiller régional, secrétaire fédéral (Ardèche)  C. Saunier, sénateur (Côtes d'Armor)  J. F. Sauvaget (Haute-Marne)  M. Schami (Loire)  Lucile Schmid, conseillère régionale IDF (Hauts-de-Seine)  Françoise Séligmann (Paris)  J. Severien 971  Fleur Skrivan, conseiller régional (Bouches-du-Rhône)  A. Sol (Oise)  T. Sother (Haut-Rhin)  Yves Tavernier (Essonne),  Gilbert Temmerman, conseiller général (Somme)  J. Terracher (Vienne)  Pascal Terrasse, député (Ardèche)  P. Terrier, conseiller régional (Côtes d'Armor)  S. Tessier (Hauts-de-Seine)  Liliane Tetsi (Bas-Rhin)  Michel Teychenné (Ariège)  G. Thieriot (Bouches-du-Rhône)  Jean-François Thomas (Meuse)  Jean-Jacques Thomas premier fédéral (Aisne)  M. Tregan, conseiller régional (Bouches-du-Rhône)  E. Treille (Sarthe)  T. Troël (Côtes d'Armor)  F. Trouve (Alpes de Hautes-Provence)  D. Van Maele (Orne)  Michel Vauzelle, président du conseil régional de PACA  C. Veyssy, conseiller régional (Gironde)   Pierre Vigné, conseiller général (Ardèche)  J. Vigreux (Côte-d'Or)  F. Vilcocq, conseiller régional (Lot-et-Garonne)  Michel Weber (Moselle)  Lilian Zanchi, conseiller général (Rhône)  Frédéric Zory, conseiller régional (Haute-Savoie)

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