Hollande cherche de mauvaises querelles

Vincent Peillon

Entretien avec Vincent Peillon, député européen, coanimateur du Nouveau Parti socialiste, paru dans le quotidien Le Progrès de Lyon daté du 4 novembre 2005
propos recueillis par Nathalie Mauret
 

La violence dans les banlieues fait tache d'huile et le discours de Sarkozy irrite son propre camp. Quelle est votre analyse ?
Cela prouve le travail que l'on a à faire pour désarmer les banlieues et donner aux uns et autres le sentiment qu'ils ont leur place dans la République. C'est donc un constat d'échec inquiétant. Il faut être ferme et respectueux des uns et des autres. Certains élus sont très inquiets de l'effet des propos de Sarkozy. Il devrait présenter ses excuses pour remettre un peu de sérénité. Il faut parfois savoir reconnaître ses dérapages et ses fautes.

Le congrès du Mans peut-il répondre au désarroi de certains Français ?
Pour l'instant, non. Le débat s'est organisé autour d'enjeux de pouvoir présidentiel, du refus d'un vrai débat serein par François Hollande, et de l'affichage permanent par Laurent Fabius d'une ambition pour après. Ces enjeux ont confisqué ce congrès. Il est urgent de se ressaisir.

Qu'attendez-vous de ce congrès ?
Il devrait donner le sentiment que les socialistes entendent ce qui se passe dans la société et ont des propositions à faire. Le pays est en carafe. Si l'espoir doit revenir, cela doit être du côté des socialistes. C'est l'attente à notre endroit et pour l'instant elle est déçue.

Quelle doit être l'idée phare ?
Réconcilier la base politique du parti socialiste et sa base sociale. En France, il y a près de 15 millions de gens qui travaillent mais dont les conditions de vie sont devenues difficiles. Cet électorat nous a souvent quittés. Nous devons leur dire qu'il y a une perspective collective, qu'ils n'ont pas à se radicaliser contre les élites et contre les exclus. Il faut aussi apporter des réponses. Cela suppose de repenser nos orientations et nos outils.

Quel est votre objectif pour ce congrès ?
Concilier responsabilité politique et changement. Pour créer les conditions d'une discussion entre tous les socialistes, il faut que la motion de François Hollande soit en dessous de 50 %. Car il y a chez lui la tentation dangereuse de dire qu'à 51 %, il a gagné. Nous sommes candidats à proposer ce rassemblement, sur les bases d'une orientation ancrée à gauche et moderne, et d'une rénovation de nos pratiques politiques et de nos équipes.

Votre alliance avec Fabius alimente les débats et François Hollande vous demande de choisir votre candidat...
François Hollande cherche de mauvaises querelles. Nous voulons un rassemblement sans exclusive. Et nous ne sommes pas d'accord avec un congrès qui se construirait entièrement sur des mises au pas, des rancunes. Nous ferons ce rassemblement avec Laurent Fabius car il y a là une logique politique de fond, mais aussi avec tous ceux qui le souhaiteront dans la motion 1, Dominique Strauss-Kahn, Bertrand Delanoë ou Martine Aubry.

Si vous étiez premier secrétaire, que feriez-vous de mieux que François Hollande ?
Je proposerai réellement un fonctionnement différent du parti, pour en faire non pas le lieu d'affrontement, d'écuries de personnes, mais un lieu de production d'idées et d'engagement citoyen.



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