Intégrer le droit de l'homme à l'environnement à la Constitution

Geneviève Perrin-Gaillard
Entretien avec Geneviève Perrin-Gaillard, députée de la 1ère circonscription des Deux-Sèvres, publié sur le site Internet du Nouveau Parti socialiste
Propos recueillis par Alexis Bachelay
décembre 2002
 

En 1999, le naufrage de l'Erika avait provoqué une vive émotion. Depuis quelques semaines, une nouvelle catastrophe frappe l'Europe et on pourrait avoir le sentiment que depuis 3 ans, il ne s'est pas passé grand chose. Qu'en est-il réellement ?
Comme l'a rappelé l'actuelle ministre en charge de l'écologie, certaines choses avaient été faites à la suite du naufrage de l'Erika : exercices antipollution, formation des services déconcentrés, nomination d'un comité d'experts et amélioration des connaissances sur la dérive des nappes. On a préconisé un ensemble de mesures désignées paquets Erika 1 et 2 qu'il faut appliquer rapidement. Puisque justice a été faite au précédent gouvernement, de bonne grâce je partage le constat de Madame Bachelot, ce n'était pas suffisant mais plutôt que de faire porter l'essentiel de l'effort sur la connaissance des écosystèmes et de leurs capacités de régénération, sur le nettoyage écologique des plages et sur la gestion des déchets ramassés, ce qui nous place dans la réaction et dans l'hypothèse fataliste de la gestion de ces crises écologiques, il me semble plus pertinent de mettre le " paquet " puisque c'est ainsi qu'on nomme le panel de mesures à prendre, sur la prévention par le rehaussement des exigences réglementaires françaises et européennes. Ainsi il est urgent d'accélérer la mise ne place des mesures de ce type contenues dans les paquets Erika 1 et 2 ; renforcer le contrôle des bateaux dans les ports et pour cela prévoir des effectifs permanents en hausse, créer un corps de gardes côtes européens permettant notamment le contrôle en haute mer, interdire les navires à risque (simple coque) dans les eaux françaises, et plus radicalement, mais cela ne dépend pas que de nous, européennes ; inciter à davantage de prudence et d'éthique en instituant un système de responsabilité qui soit d'une ampleur à couvrir l'intégralité des dommages de telles catastrophes écologiques.

L'année passée, tu as fait partie des 35 députés signataires de la proposition de mise en accusation de Jacques Chirac. Aujourd'hui, la droite veut imposer la tolérance zéro aux catégories sociales les plus fragiles. Qu'en penses-tu ?
Le choix d'une politique tolérance zéro implique un débat, elle peut se défendre et se discuter, dès lors que nous sommes placés dans l'hypothèse où ce choix a été fait clairement. La question posée est celle de l'universalité de la loi, admettre des applications disparates ajoute aux inquiétudes, ce que suscite, par exemple, l'esprit de la réforme de la décentralisation proposée par la droite.

Tu as été réélue en juin dernier alors que tu n'avais plus aucun mandat local. Peut-on gagner des élections en ayant des pratiques politiques plus respectueuses des citoyens et en refusant le cumul des mandats ainsi que nous le souhaitons au sein du nouveau PS ?
Je ne pense pas qu'un mandat local si j'en avais exercé un aurait été un désavantage… la question doit s'apprécier au fond, d'un point de vue structurel et non conjoncturel où son unique dimension est tactique aux fins de satisfaire à l'objectif des élections. En effet, respecter les citoyens c'est régler cette question indépendamment de toute visée électoraliste. Alors la question devient le cumul empêche-t-il le bon exercice d'un mandat ? Je ne suis pas favorable au principe du cumul des mandats, même s'il convient de distinguer les types de cumuls, ainsi le cumul d'un mandat législatif et d'un mandat exécutif local ne me choque pas, je trouve au contraire qu'il apporte une approche complémentaire au bénéfice des administrés. Par cumul, je crois que nous devrions aussi entendre cumul des mandats dans le temps tant de véritables baronnies s'installent et nuisent au dynamisme de la représentation.

Aujourd'hui, au sein du Parti socialiste, tout le monde semble d'accord pour promouvoir le développement durable et une exigence environnementale plus forte. Comment va t-on passer de la parole aux actes ?
L'exemple donné par le Président de la République tend à vérifier l'adage populaire qui veut que plus on en parle moins on en fait, je crois que nous devrions toute proportion gardée nous appliquer ce précepte. Le temps de la théorisation touche à sa fin, il est temps d'agir, intégrer le droit de l'homme à l'environnement à la Constitution, idée qui fait son chemin depuis les années 70, elle me semble utile si tant est qu'on élève ce droit en liberté individuelle et fondamentale, donc qu'on le rattache au bloc de constitutionnalité. Mais cette étape franchie, le temps ne sera qu'à l'application, qu'au bouleversement radical de nos modes de productions et de consommation, qu'à l'affirmation de la place de l'homme dans le développement durable. Agir suppose donc être prêt à un soutenir un tel bouleversement, en avoir le courage politique, sacrifier le confort du compromis face à l'urgence et la gravité des choix à opérer aujourd'hui pour nous et les génération futures.

L'appel pour un nouveau PS, vu de l'extérieur, c'est d'abord 3 garçons dans le vent…
Sous forme de boutade, j'ai envie de dire que c'est aussi des filles ! Car la parité constitue une des valeurs du nouveau parti socialiste… Mais je crois surtout que l'esprit du nouveau Parti socialiste consiste précisément à ne pas s'occuper du vent qui ne détermine que les girouettes !
Nouveau PS, ce n'est pas une usine stratégique ou un faire valoir personnel, il est conçu comme l'émergence d'idées et de valeurs fortes de la gauche, d'une orientation au bénéfice de tous les militants du Parti, la traduction du rappel au socle dans le contexte du progrès et de la préparation de l'avenir, bref une dynamique où les chefs de files sont les militants.

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