Combattre le protectionnisme et la tentation du repli

Bernard Poignant

Point de vue de Bernard Poignant, député européen, daté du 22 avril 2005


 
Jamais en France on a autant débattu de l’Europe. Jamais les Français ne se sont autant interrogés sur leur choix historique de l’après-guerre : faut-il le confirmer ou lui tourner le dos. Ils se sentaient encore à l’aise chez les 12 de Maastricht. Ils se trouvent plus noyés chez les 25 et demain 27 de la Constitution.

Ne serait-on pas mieux tout seuls ? Sans contrainte, sans obligation, mais aussi sans partage avec les autres qui coûtent si cher ?

Dans chaque réunion publique que je fais, ces interrogations reviennent, révélant une poussée de protectionnisme et de repli, témoignant d’un recul de l’esprit internationaliste et de solidarité entre les peuples. Les questions sur les services publics illustrent souvent cet état d’esprit : l’Europe les démantèle, les sape peu à peu, les soumet à la concurrence, oubliant qu’ils le sont déjà. Même si le traité constitutionnel les protège beaucoup mieux, il n’est pas facile de convaincre. La méfiance est trop installée.

Craintes sociales ensuite : les autres devraient s’aligner sur notre système mais ils ne le font pas et surtout ne le veulent pas. Pourtant les directives sont nombreuses qui fixent des normes pour le travail, prévoient l’égalité des hommes et des femmes, interdisent toute discrimination,... Le traité en cours de ratification intègre une charte des droits, inscrit des objectifs sociaux et environnementaux, prévoit une clause sociale générale pour toutes les lois, érige le dialogue social en méthode et oblige à un sommet tripartite pour l’emploi tous les ans. Bon à prendre si on accepte le réformisme de gauche.

Chaque réunion amène aussi à préciser que l’Union européenne ne doit pas s’occuper de tout. Il vaut mieux qu’elle ne se mêle pas de retraites, d’assurance-maladie, d’indemnisation chômage ou d’allocations familiales. Ces domaines relèvent de choix nationaux, souvent remontant à loin. Chaque peuple y tient. Chaque Etat y veille.

Enfin il y a deux conditions à remplir pour bâtir une Europe sociale : la paix garantie et toute dictature abolie. Sans cela la démocratie ne marche pas. Sur ce plan, nul ne conteste que l’Europe soit un engagement tenu. La Constitution permet de faire que ce soit une promesse définitive.


Page précédente Haut de page

PSinfo.net : retourner à l'accueil

[Les documents] [Les élections] [Les dossiers] [Les entretiens] [Rechercher] [Contacter] [Liens]